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La référence à la Théorie de l’Activité (TA)

3. Activité et interaction médiatisées pour la Gestion de connaissances

3.3. Conséquences sur notre approche de l’activité

3.3.3. La référence à la Théorie de l’Activité (TA)

Notre conception de l’activité est ici en accord avec les travaux sur la Théorie de l’Activité (TA) des écoles russes [VYGOTSKY 97] [LEONTJEV 78] puis scandinaves [ENGESTRÖM 99] [KUUTTI 95]. Prenant ses racines disciplinaires dans les travaux de Lev Vygotsky en psychologie du développement dans la première moitié du XXè siècle, la TA met en jeu une hiérarchie de trois niveaux, qui s’appliquait au départ à l’activité individuelle et a ensuite été étendue à l’activité collective, ce pourquoi elle est l’une des sources de référence privilégiée en TCAO18. La « cellule de base » ou « unité d’analyse » de l’activité [VYGOTSKY 97] [CLOT 99], que nous allons maintenant détailler, présente l’avantage d’être bien adaptée à l’activité de groupe dans le problème qui nous occupe. Les auteurs scandinaves ont de plus complété la TA, en développant une approche de la médiatisation par l’outil, qui tire les conséquences des bases posées quelques décennies auparavant par les auteurs soviétiques (le sujet comme le groupe, agissant intentionnellement sur son objet, ne peuvent se passer de la médiation d’un outil fût-il abstrait, langagier ou organisationnel).

En ce qui nous concerne, la TA propose une grille et des définitions de base qui nous apparaissent pouvoir être adaptés pour l’essentiel à l’activité socio sémantique que nous cherchons à décrire, même si d’autres éléments devront intervenir en complément (cf. §3.3.5, §3.3.6, et §3.4) du fait des spécificités de notre objet d’étude et des avancées récentes du TCAO. Il nous faut en effet être beaucoup plus précis que ne le fait la TA, en ce qui concerne les actions, interactions et transactions particulières mises en jeu par l’activité socio sémantique coopérative distribuée. Les auteurs de cette théorie recommandaient d’ailleurs de spécifier davantage la TA en fonction des types de cas auxquels elle serait amenée à s’appliquer.

17 Sans aller chercher très loin, un motif d’activité socio sémantique personnelle peut être illustré par le problème, rencontré par tout utilisateur intensif de bureautique, de cartographier par un répertoire pertinent ses documents personnels ou ses courriels, et de faire évoluer ces répertoires.

18 Nous nous contenterons ici de mentionner certains aspects de la Théorie de l’Activité qui concernent notre approche, en renvoyant le lecteur intéressé par de plus amples détails, en particulier pour les applications dans le cadre du TCAO, à la thèse de Gregory Bourguin [BOURGUIN 00]

3.3.3.1. Les trois niveaux de la Théorie de l’Activité

Dans la TA, qui est davantage un cadre conceptuel général qu’une théorie prédictive, le plus haut niveau est celui de l’activité. Il est réalisé à travers des actions (niveau intermédiaire) elles-mêmes réalisées au travers d’opérations (niveau le plus bas). C’est pourquoi nous avons déjà employé cette terminologie dans les paragraphes précédents, par exemple pour la coopération dans notre « groupe de peintres », en considérant que les définitions de la TA sont valides pour toute activité de « co-pensée », en particulier l’activité socio sémantique à laquelle nous nous intéressons19 dans le champ que nous avons circonscrit.

Cette référence à la TA a d’abord pour but de favoriser un accord sur la terminologie utilisée. Dans le langage courant, l’action et l’activité sont souvent synonymes, et du point de vue scientifique, certains auteurs des Sciences de gestion et d’autres branches des SHS situent même l’action comme un concept plus général que celui d’activité, donc suivant une hiérarchie inverse de celle de la TA. De même, certains auteurs considèrent que ce sont les opérations qui sont plus générales que les actions, et non l’inverse. Nous adopterons quand à nous la terminologie des psychologues de la TA, avec, selon une hiérarchie descendante : 1) l’activité, 2) les actions et 3) les opérations.

Dans la TA, les définitions des concepts descriptifs et de leur hiérarchie sont strictes, mais un phénomène observé peut toujours changer de niveau de description: une action peut devenir une activité ou inversement ; une opération peut devenir une action ou inversement. De telles transitions ont une portée importante, que nous reprenons à notre compte, car elles signifient que les moteurs qui poussent les humains à agir changent de nature (différence entre le motif d’une activité et le but d’une action) ou que le contrôle sur l’action et la conscience de son but sont plus ou moins explicites ou au contraire intériorisés de façon « automatique » (différence entre action et opération). Une opération telle que « déposer une touche de peinture sur la toile » peut disparaître de la conscience, en se trouvant « diluée » dans une action consciente de plus haut niveau dont le but sera par exemple de « représenter fidèlement l’objet peint», cette transition manifestant l’absorption du détail par le tout. Elle peut au contraire être requalifiée en action à part entière s’il s’agit d’un novice ou d’un peintre pointilliste (ou pointilleux), cherchant à marquer une coexistence entre le point de vue du tout et le point de vue du détail (la touche de peinture).

Comme nous le verrons, la TA considère la possibilité de simultanéité de plusieurs activités. Elle admet ainsi une polysémie des actions. En fonction du but de l’action, l’action prend un sens différent suivant le sens de l’activité d’arrière-plan.

3.3.3.2. L’activité

Dans l’approche de la TA, l’activité « peindre ensemble le paysage » a pour moteur un motif général (par exemple « réaliser une performance de « co-peinture » où le groupe de peintres donne le meilleur de lui-même pour le paysage considéré »). Ce motif général, qui n’est pas forcément formulé de façon très précise, va être l’arrière plan qui donne un sens aux nombreuses actions que cette activité va entraîner (par exemple ce motif pèsera en arrière-plan lorsqu’il s’agira de l’action de « décider où placer l’horizon dans le tableau » ). Le motif d’activité subsiste même si les participants ne sont pas d’accord sur les actions. Le but d’une action n’a en général que très peu à voir avec le motif de

19 Avec bien entendu des spécificités importantes, que nous préciserons au fur et à mesure. Avec l’activité socio sémantique, nous sommes notamment confronté à une difficulté accrue concernant l’impossibilité de définir de façon simpliste une frontière entre actions et opérations. A ce propos, nous sommes peu enclin à partager une caractérisation purement « réflexe » de l’opération, comme la TA tend à la définir à un niveau quasiment biologique (sans doute parce que l’objet d’étude des psychologues favorise un certain type d’expérimentation grossissant ce trait). Par opposition, ce que nous avons mentionné au paragraphe précédent comme « opérations » – par exemple: un acteur utilise l’instrumentation Agoræ pour créer un thème, valider ou modifier sa position dans une carte, ce que nous appellerons ailleurs des « opérations effectives » sur l’artefact et s’apparente plutôt à un acte de langage – est un acte déjà très élaboré (il sera laborieux et pas du tout « automatique » pour un participant débutant), alors que la définition des opérations dans la TA en reste à des caractéristiques quasi « réflexes ». Pour un participant débutant, ou lorsque le cas exige la réflexion consciente de l’acteur ou du groupe, les opérations que nous définissons ont presque toujours une facette d’action au sens de la TA. De même pour un peintre, prendre de la couleur sur son pinceau peut être en apparence une opération « réflexe », tout en condensant une action à haute portée dans le contrôle du résultat (ce qui mène à la question de l’inconscient). Cependant pour un groupe qui serait habitué à utiliser un outillage comme Agoræ, comme technologie intellectuelle [GOODY 79], des opérations cruciales comme le positionnement d’un thème pourraient être accomplies de façon très fluide, aussi naturelle (ou culturelle) que nous le faisons dans la plupart des cas quand nous choisissions d’employer des mots pour parler.

l’activité qui l’inclut. Si l’action « placer ici l’horizon» a pour but « d’apporter une connotation tragique au tableau », on voit bien que, s’il existe un « chemin » du but de l’action vers le motif de l’activité, celui-ci est loin d’être causal. Il est tortueux, complexe, peu conscient, inégalement partagé dans le groupe, etc. Ce « chemin » peut prendre un sens après coup, comme il peut ne pas en prendre.

Un postulat fort de la TA est qu’il existe de nombreux enchaînements d’actions possibles pour réaliser l’activité et satisfaire son motif (les acteurs pourront par exemple choisir un genre, ou explorer diverses façons de répartir la tâche et de se coordonner). De même que la consolidation des buts dans le motif n’est pas « causale », la composition de l’activité en terme d’actions n’est pas déterministe. En particulier, dans les situations de « coopération structurellement ouverte » auxquelles nous nous intéressons, on peut considérer qu’il existe une infinité d’enchaînements d’actions possibles de la part des membres du groupe pour réaliser l’activité.

Nous considérerons que le motif de l’activité, en étant partagé par les membres d’une communauté, sera aussi l’un des motifs qui fonde l’existence de cette communauté. Les objectifs qui vont permettre à une communauté de se former et d’exister vont se situer à ce niveau, général et stratégique: la communauté se fixe comme horizon au moins une (ou plusieurs) activité(s) et c’est à ce niveau que se jouent les grands flux de création de sens qui irriguent la communauté et pèsent ensuite dans les interprétations des acteurs. Ainsi avons-nous pu dire des « usagers de la forêt » au §3.2.3 qu’ils se fixent pour activité commune de n’être pas seulement de simples occupants, passants ou individus géositués sur un territoire, mais des « usagers de la forêt » (la communauté), « ayant plus ou moins en commun la notion d’une ressource partagée qu’ils utilisent, même s’ils ne la nomment pas ni ne la perçoivent de la même façon» (le motif). La notion commune, donc le germe de la sémantique partagée, est ce qui transforme les occupants en acteurs capables d‘interagir pour en discuter selon différents points de vue et donc d’élaborer une ontologie sémiotique. Cela fait toute la différence entre une communauté, même composée d’acteurs et de sous-groupes concurrents et conflictuels, et un simple ensemble d’occupants d’un territoire. Nous reviendrons sur ce point au §3.3.3.5.

3.3.3.3. L’action

Nous avons vu que l’activité s’inscrit dans une motivation générale, pas forcément explicitée très précisément, équivoque du point de vue de la chaîne d’actions permettant de la réaliser. Par opposition, pour la TA, une action est toujours dirigée vers un but conscient et unique. C’est en ce sens que nous situions au §3.1 la conception comme une activité, et la résolution d’un problème précis comme une action.

Par exemple, pour un ou des peintres du groupe, décider de placer l’horizon à une hauteur précise du tableau sera une action visant un but esthétique. Un autre sous-groupe peut proposer de le placer différemment, ce qui constituerait une autre action. Mais on peut aussi considérer aussi une action extérieurement semblable, de placer l’horizon exactement au même endroit, mais dont le but serait psychologique (effet sur le spectateur, provocation pour susciter la discussion dans le groupe). Idem pour la même action visant un but relationnel (privilégier le compromis dans le groupe), ou encore considérée comme une résolution de problème par voie logique (par exemple pour se conformer à un raisonnement selon un arbre de décision ou un algorithme utilisant le « nombre d’or »). C’est la considération d’un de ces buts, et donc indirectement l’effet de l’action (d’esthétique, de cohésion, de vérité, de conformité…), qui fait que l’on va considérer quelle est précisément l’action qui a lieu.

Cette définition pragmatique de l’action dans la TA présente l’avantage de permettre de désambiguïser le cumul de plusieurs actions, comportementalement identiques (le placement de l’horizon à telle hauteur), mais chacune répondant à des buts différents (esthétique, relationnel, normatif, etc.). L’analyste ou les acteurs peuvent ainsi démêler grâce à la grille de lecture de la TA les différentes connotations de but d’une même action, ou du moins de ce qui se présente comme une même action.

3.3.3.4. La polysémie des actions

Nous bénéficions ici de ce que la TA est une approche pragmatique qui combine de façon cohérente des processus mentaux internes, des comportements externes et des processus

motivationnels pour réaliser des buts conscients. Une souplesse analogue intervient également au niveau supérieur, dans la façon d’envisager les rapports des actions à l’activité qui se trouve réalisée par elles. La TA prévoit notamment qu’une action puisse être motivée par plusieurs activités, reconnaissant ainsi qu’il est courant que plusieurs activités soient poursuivies en même temps par les acteurs et les groupes, les contours des communautés concernées par ces différentes activités pouvant aussi différer.

Par exemple, dans une première activité « peindre ensemble le paysage », l’action de placer l’horizon répond au motif général de cette activité (« réussir l’œuvre ») et aura un but esthétique. Mais l’action prend une connotation différente si on la considère en référence à une seconde activité où elle prend aussi son sens, par exemple l’activité (« réussir le groupe ») du leader ou des membres qui sont sensibles au motif de « sauvegarder/développer la cohésion du groupe » et pour lesquels la même action aura un but relationnel. De façon analogue, si un sous-groupe participant à l’expérience est constitué d’étudiants qui comptent sur le succès de cette performance pour obtenir un diplôme, ce sous-groupe va être impliqué en plus dans l’activité « obtenir le diplôme »: les actions de ses membres prendront un sens par rapport à cet autre motif. On comprendra mieux par exemple, sur fond de ce motif, que le but de l’action « placer l’horizon » soit la conformité avec tel point de vue académique présumé dominer dans le jury.

3.3.3.5. Activité et Communautés

Le modèle de la TA s’organise de façon hiérarchique, plus précisément sous la forme d’un treillis dans la mesure où un élément sous-ordonné peut correspondre à plusieurs éléments super-ordonnés: une opération peut être mise en œuvre dans le cadre de plusieurs actions différentes, des actions comportementalement identiques peuvent diverger par leurs buts et alors correspondre à plusieurs activités. En anticipant sur le §3.3.3.6, nous pourrions même rajouter un étage supérieur : plusieurs communautés peuvent partager plusieurs activités.

Cette structure hiérarchique nous intéresse de deux façons :

D’une part, elle exprime l’idée que les acteurs se forgent et partagent une représentation conceptuelle de leurs activités sous une forme générale de « réseau sémantique », ce qui va nous intéresser du point de vue de la représentation de l’activité de l’organisation par des ontologies sémiotiques, comme on le verra à la fin du présent chapitre, moyennant un certain nombre de précautions que nous évoquerons également.

D’autre part, au-delà de la simple représentation, cette structure exprime une solidarité des concepts de la TA sur le plan psychologique20. Cette structure est porteuse d’une connaissance qui peut aider l’acteur et le groupe à se comprendre lui-même et agir réflexivement, d’autant plus que c’est le groupe lui-même qui élabore cette connaissance. Ce double aspect est important pour nous, car il ne s’agit pas seulement d’obtenir une représentation conceptuelle (en réseau sémantique ou autre) d‘une organisation sociale, telle qu’un analyste ou un organisateur pourrait la dessiner de l’extérieur, mais dans une optique de modélisation engagée (cf. §3.5.1) de considérer l’implication des sujets individuels et collectifs, qui vont vivre dans leurs représentation et si l’on peut dire « dans leur chair » cette activité.

De ce double point de vue, la capacité d’explicitation que permet le modèle hiérarchique de la TA nous semble particulièrement adaptée à notre sujet d’étude car il permet d’assurer une certaine désambiguïsation de la polysémie des opérations et des actions, en les plaçant dans le contexte d’activités multiples impliquant des groupes précis d’acteurs. Ce modèle permet de mieux définir le contour des communautés et des sous-communautés par les activités qu’elles se fixent. Dans notre approche, pour appartenir à une communauté qui se fixe une activité, il faut et il suffit à un membre de participer à l’activité en en partageant le motif. La communauté peut correspondre à plusieurs

20 Solidarité concrète de la structure dont on peut se rendre compte au quotidien : si les « motivations » générales d’une activité, par exemple individuelle, sont inexistantes ou ne sont pas bien « en place », les actions auront beau avoir des buts précis, et les opérations de base être bien assimilées, l’activité risque de ne va pas bien se dérouler ou échouer. Il en est de même pour un groupe, ou en examinant d’autres schémas de pathologie de l’activité (activité motivée, mais mauvaise compétence conduisant à l’échec d’actions, etc.).

activités, comme nous l’avons vu pour le groupe de co-peinture qui pouvait inclure un sous-groupe de management interne, ou un sous-groupe de peintres étudiants en Beaux-Arts motivés par un diplôme. Chacune de ces activités possède un motif général, respectivement « réussir l’œuvre », « former un groupe convivial et soudé », « avoir chacun le niveau pour être admis à l’examen », la composition des actions permettant d’exprimer toutes sortes de compromis subtils liés à a superposition de ces activités de fond.

3.3.3.6. Activité et communautés dans l’exemple d’Agora

Les considérations précédentes éclairent donc mieux l’articulation qui existe entre communauté, membres et activités, pour ce qui concerne les ontologies sémiotiques. Dans l’exemple d’Agora, nous avons noté (cf. §1.4) qu’il existait une première communauté « large » d’utilisateurs dont l’activité était l’activité « métier » générale de l’entreprise considérée (visant à concevoir, fabriquer et vendre des produits, en utilisant au besoin l’information sur la R&D). Nous soulignions que celle-ci incluait une seconde communauté, plus restreinte, des éditeurs de la carte de thèmes, dont l’activité était motivée par la volonté commune de maintenir un artefact de catalogue en ligne selon une sémantique optimale par rapport aux besoins.

Les motifs respectifs de ces deux activités sont très différents. Qu’en est-il alors des actions ? Une action extérieurement identique, comme naviguer dans Agora vers le Thème « voyages » relevant du Point de Vue « usages », correspond dans la première activité à un but métier (par exemple pour un responsable marketing, chercher une piste de technologie à usage nomade innovant, pour répondre rapidement à une initiative de la concurrence par une nouvelle offre). Vue de l’extérieur, la même action par un autre membre correspond dans la deuxième activité « socio sémantique » au but de cet autre membre de vérifier que, sur la carte, le chemin menant au thème « voyages », ainsi que les rapports proximaux avec les thèmes parents et voisins et avec les projets rattachés, sont cohérents pour exprimer le domaine sous ce point de vue.

La même action a donc pour buts dans un cas, de trouver une piste R&D, dans l’autre de vérifier que le thème est adapté pour attacher et retrouver les projets R&D existants. Le sens n’est pas du tout élaboré de la même façon par l’acteur dans ces deux actions. D’un côté, on a une activité métier, tandis que d’un autre côté on a une activité socio-sémantique liée à l’artefact d’ontologie sémiotique, prenant du recul par rapport à l’activité métier. Ces deux activités complémentaires doivent être bien distinguées. Elles connotent différemment des actions en apparence semblables, ainsi que des appartenances communautaires distinctes pour leurs auteurs (et cela, bien qu’il puisse s’agir de la même personne, par exemple à des moments différents, comme nous le verrons au §3.3.4.2).