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La position des femmes élues dans l’échiquier électoral

Encadré 7 : La sociologie électorale au Togo vue par un spécialiste

2/ La position des femmes élues dans l’échiquier électoral

« L’implication des femmes dans la vie politique reste encore un vœu pieux dans la région (Afrique de l’Ouest) compte tenu des obstacles à franchir »357

. De quelles entraves parle-t- on ? Régulièrement, ce que l’on appelle la « division sexuée des sociétés » (LETOURNEUR O., 2007, p. 21) est régie par ce que l’on nomme la géographie des genres ou gender

géography358. En Afrique de l’Ouest, « la femme était, jusqu’à une période récente, dévolue

aux tâches domestiques que lui incombaient ses responsabilités, et avait accès, par ailleurs, à un espace plus restreint que celui des hommes, la sphère de la vie privée » (Ibid, 2007, p.21). La presse elle-même réduit le rôle de la femme à une vocation pour les tâches ménagères et l’éducation des enfants. « Dans de nombreux villages, elles assument le prix du condiment, cultivent, font du petit commerce, du maraîchage, exercent dans le secteur informel »359.

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POSSÉMÉ-RAGEAU G., 2008, o. p. cit, p. 9.

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Initiée par Susan Hanson, Présidente de l’association américaine des géographes au début des années 1990, cette nouvelle géographie s’explique par le fait que la femme occupe une part de plus en plus prépondérante dans les débats de société. Outre les États-Unis, il faudra attendre 1995 et CLAVAL P., pour que le terme « genre » apparaisse en géographie. « Il y a des modes aussi. Par exemple en France, il n’y a pas de géographes qui pratiquent la géographie des genres. C’est-à-dire qui écrivent des thèses pour étudier la géographie de la femme par rapport à la géographie de l’homme ». Au bout du compte, aujourd’hui, la géographie des genres se matérialise plus spécifiquement comme une « géographie de l’inégalité entre les genres »., (source : la

Géographie de l’inégalité des genres, Centre de Recherche pour le Développement international, accessible à

l’URL : http://www.idrc.ca/fr/ev-42964-201-1-DO_TOPIC.html Récemment, certains analystes se sont appropriés cet objet de recherche comme thématique centrale pour leurs recherches. Nous pouvons citer des spécialistes de la question ou une géographe qui s’est intéressé ponctuellement à cette question : RAIBAUD Y. (2007) ; GUÉTAT-BERNARD H. (2011) ; DI MEO G. (2011).

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La rhétorique s’inverse lorsque l’on aborde le thème du développement. « Sans elles, le développement est impossible » (Ibid, 2007, p. 3).

Figure 9 : La femme et le développement

Source : LAIDIN C. (2004), « Femmes et développement. L’approche genre, un outil d’analyse »,

Transrural, numéro 257, 16 mars.

Si l’on se penche sur la figure 9 on a l’impression que les médias africains se sont réapproprié les théories « développementalistes »360 occidentales. En accordant une place prépondérante à la femme dans le développement, ils tentent de masquer le rôle incontestable que les femmes pourraient occuper au niveau politique. La réalité préfigure un tout autre visage que celui du développement. Selon une enquête sur « l’accès des femmes aux postes de décision », effectuée par le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille en juin 2006, les femmes361 participent peu à la prise de décision dans le pays. Elles n’occupent que 10,79 % des postes à responsabilités dans les instances de prise de décision. Il existe bien une femme présidente d’une société d’assurances, mais le Mali compte 14 femmes sur 147 députés, soit 9,52 % ; 5 femmes sur 27 ministres soit 18,51 % ; 7 femmes sur 703 maires, soit 0,99 %.

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Le raisonnement développementaliste repose sur l’hypothèse de « l’universalité des formes linéaires de progrès social » Source : DUFFIELD M. (1994), « Les situations d’urgence complexes et la crise du développementalisme », IDS bulletin : Linking Relief and Development, volume 25, numéro 3, p. 50.

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Les femmes représentent 50,5 % de la population totale malienne au dernier recensement de 1998. (Source : données démographiques, Africastat).

Plus récemment, lors des élections communales de 2009 (cf carte n°12)362, les candidatures féminines ne représentaient que 16 % du total des candidatures déposées auprès de la Cour constitutionnelle et 8,66 % des élus dans les conseils communaux363. Malgré les visions pessimistes qui semblent être l’apanage des analystes en la matière, la situation évolue positivement. En arrêtant notre regard sur la carte n°13, on voit que la proportion d’élus féminins va croissant. Spatialement, en 2004, les élues se concentrent principalement dans le sud autour de quelques pôles urbains (Sikasso, Ségou, Koutiala et, dans une moindre mesure, Bamako). On serait tenté de parler de « périurbanisation sudiste » de la localisation des femmes élues. De la même façon, en 2009, on conserve le même paradigme de départ à quelques nuances près : le nombre d’élues a augmenté et leur positionnement s’est diffusé aux régions excentrées. Les régions de Kayes et de Mopti voient s’accroître leur pourcentage de femmes élues. En revanche, le septentrion ne comporte que quelques élues (4 élues à Kidal). Le constat d’un déséquilibre territorial entre le nord et le sud est manifeste. Dans la région de Kidal, sur les 350 candidats inscrits, 78 étaient des femmes. Cependant aucune d’entre elles dans les cercles du Tin Essako et d’Abeibara n’étaient en position favorable. Si, nous concentrons, désormais, notre raisonnement sur la carte n°13 sur les taux de variation d’élus féminins par cercle entre 2004 et 2009, on constate que la proportion de femmes élues dans le septentrion a diminué très fortement dans presque la moitié364 de la zone, jusqu’à ne plus compter la présence d’élues. La situation est similaire à l’échelle nationale, seuls neuf cercles du pays ont augmenté leur taux de représentation féminine. Par voie de conséquence comment peut-on interpréter ces différentiels de situations entre les échelles d’analyses, à savoir qu’à l’échelon national, le taux de femmes élues s’est accru de 27,17 % entre 2004 et 2009 ?

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Cf annexe n 1 sur la méthodologie de la cartographie.

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928 élus sur 10 772 aux conseils communaux. Source : KANE F. (2012), « Accès des femmes aux postes électifs : défis, enjeux et perspectives », L’ESSOR, le 12 mars, accessible à l’URL : http://www.essor.ml/actualite/article/acces-des-femmes-aux-postes

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