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L’ouverture économique dans le contexte de l’économie globale

Le changement des structures institutionnelles internes : un nouveau regard sur les effets de la mondialisation

3.3. Un nouveau regard sur le rôle de l’ouverture économique dans le changement des structures institutionnelles internes

3.3.2.1. L’ouverture économique dans le contexte de l’économie globale

Dans le chapitre précédent nous avons distingué les attributs du stade actuel de la mondialisation. Rappelons que l’économie globale qui caractérise le contexte contemporain, est marquée par la libéralisation poussée des échanges de biens et de services, le rôle important des investissements internationaux et des firmes multinationales, la place centrale des nouvelles technologies d’information et de communication (TIC) sans lesquelles la mondialisation ne serait pas possible et enfin, l’influence accrue des organisations internationales.

Dans cette optique, Dominique Plihon indique « qu’une nouvelle étape dans l’évolution historique du capitalisme peut être appelée le capitalisme mondialisé, dominé par la finance et qui s’inscrit dans la vague des nouvelles technologies »274

. Ainsi, l’ouverture économique dans le contexte contemporain suppose que les économies et les sociétés nationales s’ouvrent à tous les attributs de la mondialisation économique.

Il est évident que les paramètres caractéristiques de la mondialisation sont plus nombreux. Selon S. Strange (1996), « la globalisation est très vague car elle touche un vaste éventail des domaines d’Internet à un hamburger »275

Cependant, dans notre analyse de l’impact de l’ouverture économique sur les institutions internes, l’attention sera focalisée sur quatre attributs : 1/ la libéralisation des échanges commerciaux, 2/ la libéralisation des capitaux qui peuvent prendre les formes productives et improductives avec le rôle central des compagnies multinationales 3/ l’essor des technologies d’information et de communication qui rétrécissent l’espace et changent le mode de fonctionnement et enfin 4/ le rôle important des acteurs multinationaux comme les organisations internationales.

Justifiée par la théorie économique classique et néoclassique, la libéralisation commerciale a intégré dans son mouvement presque tous les pays du monde depuis la seconde guerre mondiale. La baisse des barrières tarifaires et non tarifaires est devenue le synonyme de la modernisation et du développement économique. Soutenu par le GATT/OMC le processus de la libéralisation des échanges a pris une ampleur considérable dans les vingt dernières années du XXe siècle. Pour les économies nationales la libéralisation commerciale signifie l’intensification de la concurrence sur les marchés intérieurs et l’augmentation des opportunités sur les marchés étrangers. La question qui nous intéresse est donc, comment ce processus peut affecter la structure des institutions internes ?

Ensuite, cette interrogation s’élargit aux autres changements liés à l’ouverture économique comme la circulation des capitaux en forme d’investissements directs à l’étranger (IDE) qui a connu une croissance marquante durant les trois dernières décennies. Les Etats rentrent désormais en concurrence pour accueillir les IDE des

274 Plihon Dominique, « Une autre mondialisation », Revue du MAUSS, 2002/2 n° 20, p. 107

275 Strange S., The Retreat of the State. The Diffusion of Power in the World Economy, Cambridge: Cambridge University Press, 1996, p. XIII cite par Jean-François Bayart, Le gouvernement du monde, Paris: Fayard, 2004, p.13

compagnies multinationales ce qui les conduit à augmenter en permanence l’attractivité de leurs territoires nationaux.

A ce propos, il faut noter que les IDE sont directement liés à la libéralisation des échanges car les compagnies multinationales organisent la production selon « le mode fragmenté ».276 Le processus de production est divisé en plusieurs étapes qui sont reparties entre deux ou plusieurs pays en provoquant les flux commerciaux considérables des composants entre les filiales d’une entreprise multinationales mais aussi les flux des travailleurs surtout du pays d’origine vers les pays d’installation des productions. En résultat, les firmes multinationales sont devenues d’une part, les catalyseurs du processus très poussé de la libéralisation commerciale et d’autre part, elles sont à l’origine de multiples déplacements de travailleurs, et d’échanges d’informations.

En même temps, une augmentation de l’internationalisation de la production est devenue possible grâce au progrès technique. A l’aide des nouvelles technologies d’information et de communication (TIC) la liaison entre les différentes filiales et la compagnie mère devient plus simple et plus accessible.

Ce nouveau capitalisme est désormais fondé sur le réseau. L’information devient « une nouvelle source d’énergie ».277 Les facteurs de production reposent sur la mobilisation et la mise en relation des savoirs, des connaissances et de l’information :

«Ces phénomènes donnent lieu à des économies fondées sur le savoir, qui confèrent aux activités concernées des performances améliorées en termes d’efficacité,

d’innovation et de qualité »278

.

En réduisant le temps et le coût de transfert d’informations, les nouvelles technologies ont rétréci virtuellement l’espace mondial et ont simplifié l’internationalisation des échanges et des productions. Cette nouvelle « société de l’information »279 est organisée dans le réseau mondial qui touche tous les domaines de

276 Levasseur Sandrine, « Investissements directs à l'étranger et stratégies des entreprises multinationales», Revue de l'OFCE, 2002/5 n° 83 bis, p. 103-152.

277 Sue Roger, La richesse des hommes : vers l'économie quaternaire, Paris : Odile Jacob, 1997, p. 83

278

Foray Dominique, « Economie fondée sur le savoir » dans La société de l’information, Paris : la Documentation française. 2004, p. 186

279

Apparue officiellement en 1969 au Japon, la notion de la société de l’information déterminait initialement l’objectif du développement économique japonais et a été représentée comme une étape supérieure de l’évolution de la société. Plus tard ce concept a été repris lors de la rencontre des G7 à Naples, en 1994 quand le Vice-président des Etats-Unis a proposé de se mobiliser autour de la société de l’information et notamment d’ouvrir des marchés des télécommunications et de l’audiovisuel. En 1995 la

la société. L’administration en ligne, les affaires en ligne, la santé en ligne, ou encore le e-Learning font désormais partie de la vie quotidienne.

De ce fait, le rôle de l’essor des technologies d’information et de communication dans le processus de changement institutionnel doit être évoqué même si notre analyse n’approfondira pas ce sujet.

Enfin, la mondialisation est soutenue par l’institutionnalisation internationale. Comme le passage de l’économie domestique à l’économie nationale est devenu possible avec la formation des institutions urbaines puis nationales, de la même façon, l’économie globale est basée sur les institutions internationales. Elles sont créées par les Etats et contrôlées par les Organisations internationales. Aujourd’hui il existe plus de 300 Organisations internationales dans des domaines différents. Ainsi, l’insertion de l’Etat dans l’économie globale reste partielle sans adhésion aux principales organisations internationales régissant l’ordre mondial. Il en ressort que les institutions internes sont nécessairement modelées selon des règles multilatérales.

Pour résumer, le contexte contemporain de la mondialisation qui influence les structures institutionnelles des pays différents est donc marqué par plusieurs éléments centraux. D’abord, la libéralisation des échanges internationaux des biens et des services apporte une forte pression concurrentielle du marché mondial sur les marchés nationaux. Puis, la libre circulation des capitaux au niveau international a changé le concept des frontières nationales en transformant les pays en territoires plus ou moins attirants pour les investissements. Ensuite, l’essor des nouvelles technologies de l’information et de communication a simplifié l’échange de l’information entre les représentants des cultures différentes. Enfin, l’institutionnalisation à l’échelle mondiale régulée par les organisations internationales a permis de coordonner les comportements des Etats devenus fortement dépendants les uns des autres.

Deux idées sont donc à retenir de la nature de l’ouverture économique du pays. D’une part, elle signifie « l’intégration de l’économie nationale dans l’économie mondiale par les échanges, les investissements directs étrangers, les flux de capitaux à court terme, les flux internationaux de travailleurs et d’individus en général, et les flux

rencontre des Ministres des sept pays plus industrialisés à Bruxelles a été consacrée spécialement à ce sujet. Il s'agissait de marquer la volonté d'encourager le développement d'une société mondiale de l'information ce qui signifiait avant tout la reconnaissance de la part des pays industrialisés du rôle des systèmes d’information dans leur développement économique, politique et social. Depuis, les organisations internationales ont commencé à créer les programmes du développement de la société de l’information dans le monde.

de technologie »280. D’autre part, cette ouverture est déterminée par la nature de l’encadrement des échanges. L’organisation des flux avec les autres pays peut être basée sur le cadre bilatéral relativement incertain, ou bien, elle peut être construite sur le principe multilatéral proposant une transparence et une certitude importantes. Ce dernier prévoit l’adhésion aux organisations internationales qui régissent l’ordre mondial, et notamment à celle qui règle les échanges commerciaux, l’Organisation Mondiale du Commerce.

Ces attributs de la mondialisation représentent les opportunités que les pays peuvent utiliser afin de stimuler leur développement économique. Dans l’environnement actuel « un pays isolé ne peut pas répondre à toutes les questions de dimension globale »281et il ne peut pas construire son développement sans rapport à l’économie globale. Or, l’ouverture économique n’est pas un synonyme de succès. L’espace mondial est un champ d’opportunités et de dangers. Chaque pays doit chercher à se protéger des dangers et nous avons pu constater dans le deuxième chapitre que l’impact de la mondialisation peut être destructif pour l’efficacité organisationnelle du système national. En même temps, les pays peuvent également saisir les opportunités de la mondialisation afin d’améliorer leurs performances économiques et politiques et c’est dans cette direction que nous allons poursuivre notre analyse du changement des structures institutionnelles.

3.3.2.2. Le renforcement de la concurrence économique et la qualité des

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