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L’industrie de média de masse et sa diffusion

Chapitre 4. Les « Kansaïens (Kansaï-jin) », la langue et le monde littéraire

2. La littérature

3.1. L’industrie de média de masse et sa diffusion

Tous les représentants nationaux réunis pour la session parlementaire, les organismes administratifs, les leaders économiques, tout le centre de l'information, à commencer par les médias de masse; tout ce qui est concentré à Tokyo est maintenant complètement enfermé dans ce « nuage ».

[…] Les plus à plaindre sont les habitants du Kantō où le service télévisé est couvert en grande partie par NHK et par les stations-clés des télédiffuseurs privés qui n’ont pas de programmation locale propre à eux, contrairement aux stations affiliées des autres régions. Après un certain temps de confusion, les quelques stations indépendantes de la région du Kanto (Gunma TV, Chiba TV, Tochigi broadcasting et Ibaraki broadcasting) ont recommencé leur diffusion, enregistrant ainsi un taux d’écoute sans précédent.

[…] Le gouvernement, le bureau central des journaux et les stations-clés de télévision et de radio, qu’elles soient publiques ou privées, ont tous disparu dans ce nuage. Nous sommes officiellement déconnectés de ceux qui ont la responsabilité de nous informer sur ce phénomène hors du commun. Par conséquent, nous sommes paralysés. C’est logique; nous ne savons pas vers où nous tourner pour trouver une vision objective et officielle de l’état des choses […] Puisque 90 % des éditeurs de publications japonaises, de magazines hebdomadaires et mensuels ainsi que de livres sont concentrés à Tokyo, la disparition de la capitale entraîne graduellement des répercussions sévères sur les consommateurs254. (Komatsu Sakyō 1986)255.

Comme Komatsu (1986) le démontre dans son roman de fiction intitulé Shuto shōshitsu (La disparition de la capitale), les médias de masse sont l’un des domaines les plus représentatifs de la concentration à Tokyo. Par exemple, dans l’industrie de l'imprimerie, les compagnies de distribution sont concentrées à Tokyo. D’abord, le Nippan et le Tohan, basés à Tokyo, occupent plus de 75 % (Nagahama 2009) du réseau de publication256. La plupart des

autres plus petites compagnies de distribution ont aussi leurs bureaux dans le quartier Kanda. Les livres et les magazines sont vendus à travers ces réseaux. Les maisons d’édition produisent les livres et les magazines qui sont ensuite envoyés aux distributeurs qui, à leur tour, les

254 Traduction libre.

255 Dans Shuto shōshitsu (La disparition de la capitale).

256 Osakaya, ayant son siège social à Osaka, se trouve au 3e rang. Mais son budget est 4,5 fois moins important

expédient aux librairies. Dans ce système, tous les produits (livres et magazines) passent par Tokyo257, même s’ils sont produits et vendus à Osaka. À Osaka, il faut prévoir une journée

entière pour le transport du produit jusqu’au centre de distribution. Pour cette raison, plusieurs considèrent qu’il vaut mieux produire à Tokyo. Par conséquent, presque tous les magazines japonais sont créés à Tokyo. En fait, les distributeurs de livres et de magazines existaient partout au Japon avant 1941, mais ils ont été forcés à se consolider en une seule société d’État, Nippai 日本出版配給(日配), en raison de la politique menée pendant la guerre. En 1949, l’armée américaine d’occupation ordonne la dissolution de Nippai et de nouveaux distributeurs sont créés à Tokyo. Nippai devient alors le grand distributeur Nippan (Araki Toyoomi 2000).

Quant à la télévision, la NHK (Office de la radiotélédiffusion publique japonaise), dont l’équipe de haute direction est nommée par le gouvernement258, commence sa diffusion radio

en 1926 en englobant trois stations de radio : Nagoya, Osaka et Tokyo qui avaient commencé leurs activités en 1925. Elles sont converties respectivement en station de Tokai, Kansaï et Kanto. Le directeur général de la station de Tokyo est nommé président-directeur général de NHK. Cette dernière a pour mandat la diffusion d’émissions de radio à l’échelle nationale et la croissance de son réseau à travers le Japon. En novembre 1928, la NHK rend possible la diffusion simultanée partout au Japon. En novembre 1941, l’armée impériale japonaise nationalise toutes les agences de presse et tente de contrôler l’information. Durant la Seconde Guerre mondiale, toutes les publications et les nouvelles diffusées sont des communiqués du quartier général de l’armée impériale à Tokyo. Après la Seconde Guerre mondiale, le 1er février

1953, la NHK lance sa chaîne de télévision basée sur la législation de 1950 en matière de radiodiffusion. La station principale de radiotélédiffusion de la NHK se situe dans l’arrondissement de Shibuya à Tokyo. C’est dans ce centre que leurs émissions diffusées à l’échelle nationale sont créées. Ce centre assume aussi la production des émissions diffusées dans le Kantō-Kōshin’etsu (Yamanashi, Nagano et Niigata).

257 Le centre de distribution du Nippan se situe à Ōji (à Toshima dans le département de Tokyo) et celui du Tohan

se situe à Okegawa (dans le département de Saitama).

258 Avant la Seconde Guerre mondiale, le ministère responsable des communications nommait le directeur

général de la NHK. Après la Seconde Guerre mondiale, le conseil d’administration est nommé par le cabinet du premier ministre.

Télévision commerciale Télé- diffusion nationale Réseaux NNN (Nippon News Network) FNN (Fuji News Network) JNN (Japan News Network) ANN (All-nippon News Network) TXN (TV Tokyo Network) NHK Fuji Media

Holdings Inc. Tokyo Broadcasting System Holdings Inc. TV Tokyo Holdings Corporation Stations- clés + Zone de Kantō Nippon Television Network Corporation Fuji Television Network Inc. Tokyo Broadcasting System Television Inc. TV Asahi

Corporation TV Tokyo Corporation

Stations affiliées :

Zone de Kinki (Kansaï)

Yomiuri TV Kansaï TV Mainichi Broadcasting System ASAHI hōsō TV OSAKA Stations affiliées : Zone de Chūkyō Chūkyō Television Broadcasting Tokai Television Broadcasting Chubu-Nippon

Broadcasting Nagoya Broadcasting Network

TV Aichi Broadcasting

29 stations

affiliées 27 stations affiliées 27 stations affiliées 24 stationsaffiliées 5 stations affiliées Figure 14 : Télédiffuseurs japonais

Quant aux télédiffuseurs privés japonais, le Nippon Television est le premier du genre, lancé en août 1953. Depuis, plusieurs autres compagnies sont créées. Ces télédiffuseurs commerciaux japonais se voient attribuer des zones de diffusion par département ou région dans le but d’empêcher l’apparition d’un monopole sur le marché et sur l’information. Les compagnies de télévision établies dans les métropoles japonaises commencent à former des réseaux. La diffusion partout au Japon est devenue possible grâce à la formation de ces réseaux par des stations appelées « station-clé ». Aujourd’hui, il y a cinq grandes compagnies de télédiffusion : Nippon Television, TV Asahi, Tokyo Broadcasting System Television (TBS), TV Tokyo et Fuji Television. Les sièges sociaux de ces compagnies sont tous situés à Tokyo. Ces stations-clés produisent des émissions qu’ils diffusent à travers leur réseau de stations affiliées. Ces compagnies de télévision affiliées, qui ne sont pas des stations-clés, créent leurs propres émissions, en leur donnant une moins grande place dans la plage horaire259.

259 Récemment, on assiste à un changement du marché en raison de la diffusion par Internet, de la télévision par

satellite ainsi que de la télévision numérique terrestre. Dans ce contexte, les stations affiliées commencent à vendre leurs émissions à l’extérieur de leur réseau respectif. Les stations-clés continuent de produire des émissions de divertissement et d’information.