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Chapitre 1 Région : territoire, culture et identité

1. Cadre théorique

Comment, de nos jours, comprendre « la région » d'un point de vue anthropologique? Quelle est sa relation avec le régionalisme? Quelle est sa relation avec le régionalisme sous- étatique? Quelle place donner à l'ancrage territorial dans la construction de la région? Comment se manifeste-t-elle dans le contexte de globalisation actuel?

Les études en sciences sociales se sont développées en se divisant pour créer les différentes disciplines que l’on retrouve aujourd’hui. Ces divisions, phénomène plus récent dans l’histoire, incitent les chercheurs et scientifiques à se spécialiser dans une seule discipline, contrairement à l’époque de la Grèce antique, par exemple, où les grands penseurs se voulaient à la fois philosophes, mathématiciens, linguistes, etc. Selon Foucault, ce phénomène récent serait même à l’origine de la fin éventuelle des sciences humaines; dans les sciences humaines, pour Foucault, l’épistémè est la rationalisation excessive du sujet, l’homme, dans la société modernisée. C’est ce que Foucault a essayé d’éviter en clamant que les sciences humaines devaient voir au-delà de cette rationalisation excessive du sujet. Plus récemment, d’une part, il y a l’émergence des nouvelles disciplines, comme les études internationales, d’autre part, on parle de l’importance de l’interdisciplinarité dans les programmes d’études universitaires; le qualificatif « œcuménique » est devenu un terme souvent utilisé. Néanmoins, chaque discipline conserve ses caractéristiques, c’est-à-dire qu’elles abordent un même sujet, certes, mais d’un angle différent et à des fins différentes. On y remarque des approches convergentes et divergentes, comme dans le cas de la démographie se voulant une discipline croisée entre la géographie et la sociologie. Comprendre « la région » du point de vue anthropologique nous permet de comprendre l’interaction des humains, tant concrète (sur place) qu’abstraite (à distance), en utilisant des approches propres à l’anthropologie, tout en convergeant inévitablement avec des sujets de préoccupation touchant d’autres disciplines.

À l’aube des études portant sur les sciences humaines, entre 1820 et 1920, il existait deux conceptions de la notion de « région » ; la conception géographique, d’une part, telle que présentée par Paul Vidal de la Blache, et la conception sociologique, d’autre part, telle que

présentée par François Simiand. Pour arriver à comprendre l’intérêt des intellectuels de l’époque sur le sujet de la « région », Chartier (1980) intègre dans son discours le travail des statisticiens du début du 19e siècle qui tentaient de rendre déchiffrable et compréhensible l’analyse d’un

espace, mettant ainsi en évidence le sens socio-économique attribué à la distribution spatiale des écarts. Ensuite, il présente la théorie de la géographie humaine de l’école de Vidal de la Blache, selon laquelle la région constitue le seul espace où existe l’articulation entre les sollicitations du milieu naturel et les actions volontaires des groupes humains, plutôt que de prendre le parti du déterminisme causal qui estime que la région géographique naturelle conditionne l’évolution de la société humaine. Du point de vue vidalien, la région naturelle n’est pas superposable à l’espace historique ou au sentiment d’appartenance. Il reste donc à s’interroger sur les critères utilisés pour diviser les régions entre elles, le moyen de les articuler, ainsi que le moyen de conserver leur unicité malgré les différentes cultures, industries, coutumes et données naturelles présentes à l’intérieur de chacune d’elles.

Le sociologue François Simiand, quant à lui, constitue sa notion de région sur une base principalement économique, et critique la pensée vidalienne dont la méthodologie serait vouée à l’incertitude par sa réclusion dans le cadre étriqué de la description régionale. Selon lui, le découpage essentiel des frontières qui mérite d’être analysé et comparé est surtout celui du « phénomène » et non celui du territoire. Dans ce contexte de confrontation de point de vue, Chartier présente un autre géographe français, Maximilien Sorre, qui voyait la région comme un artefact servant à démontrer les possibilités d’interactions entre les milieux naturels et les modes de vie.

Le point de vue croisé entre l’anthropogéographie et la sociologie appuie l’approche de l’historien Lucien Febvre, un des fondateurs principaux de l'École des Annales, tout en s’opposant à celle de Simiand pour deux raisons : premièrement, Febvre affirme qu’il est illusoire de prétendre établir des « rapports généraux simples » préalablement à la description des ensembles territoriaux. Deuxièmement, à l’inverse, c’est seulement par l’accumulation des études localisées que pourra éclore l’analyse des formes complexes et de la distribution des faits sociaux fondamentaux, ce qui constitue un sujet propre aux sciences sociales.

Pour les historiens, les débats sur la notion de région ont eu une importance décisive en France, un des pays les plus centralisés au monde. L’historien Chartier (1980, 35) note

cependant que la raison de cette influence marquante dans l’historiographie française reste à préciser. Il en vient à s’interroger sur le fait que régionaliser l’histoire équivaudrait à délimiter des aires de pouvoir.

En rejetant l’idée que la région est prédéterminée par des limites naturelles ou historiques, les études régionales subséquentes vont se limiter aux thématiques, pouvant aller jusqu’à affirmer parfois que ce sont les villes qui créent les régions dans les pays de structure occidentale (Elissalde 1993). L’espace géographique produit des limites régionales selon un cadre donné, administratif dans la plupart des cas. Les études régionales, en général, déterminent avec difficulté les limites et les profils régionaux dans le cadre de la problématique de la persistance des « régions ». L’identité de la région subsiste, et ce, malgré les changements constants qui s’opèrent à l’intérieur de la société. Cette identité ne possède pour unique point de résistance que l’espace qu’elle utilise pour subsister, même lorsque les conditions socio- économiques lui sont rendues défavorables. Nous effleurons ici la question de la relation entre la temporalité de l’économie et celle de l’espace. En fait, les multiples structures spatiales d’une même région évoluent à des rythmes différents, ce qui a pour effet, non seulement de créer une dynamique unique à chaque région, mais aussi de créer un certain décalage avec les phénomènes économiques de la société dans laquelle elles évoluent.

L’anthropologie, science enracinée dans l’histoire coloniale, étudie la question des groupes ethniques ainsi que de leurs frontières et s’intéresse aux relations de pouvoir existant dans les différentes sociétés. Par conséquent, elle s’interroge sur les notions telles que la localité et la communauté, tout en portant particulièrement son attention sur le rituel et le symbolisme dans les relations de pouvoir. En fait, à l’ère de la modernisation, avec les changements sociaux survenus dans le monde entier au moment de l’industrialisation, il est devenu difficile pour les anthropologues de circonscrire leur champ d’études dans un cadre « exotique ». Parallèlement, les anthropologues ont pris conscience du fait qu’« exotiser » une certaine population devient un concept associé à l’idéologie impérialiste/colonialiste (MacClancy 2002).

Au début de l’ère du postmodernisme, bon nombre de chercheurs avaient commencé à travailler sur le terrain occidental en soulignant l’unique, le particulier et le local (Shurmer- Smith 1990) et en rejetant la présupposition d’une culture unitaire. L’anthropologie des sociétés industrielles et urbaines apparaissait dans les années 1970 en France, époque où la plupart des

ex-colonies de pays occidentaux (en Asie et en Afrique) acquéraient leur indépendance. Il faut toutefois noter qu’en cela, l’anthropologie apparue en 1970 diffère du folklore, en ce sens qu’elle tente de travailler sur la société actuelle, au lieu de rechercher des survivances ou traces de sociétés rurales.

En comparant avec les études sur d’autres sociétés effectuées par les anthropologues, par exemple Les Nuer (1939) de Evans-Pritchard, on assiste depuis quelques décennies à la naissance d’approches différentes dans le domaine des sciences sociales. Par exemple, Marc Abélès affirmait qu’il utilisait la notion de réseau, lui conférant un sens différent de celui trop formalisé utilisé dans les théories proprement sociologiques (associations, différents regroupements, élites politiques, etc.). Il tente de retrouver, avec la notion de réseau, ce que l’on a du mal à enfermer dans une seule catégorie : l’imbrication du politique dans le social, un type d’individu ou un phénomène en particulier (Abélès 27, 1990). Il a été amené à s’interroger sur l’identité locale et à intervenir dans des débats comme ceux sur la décentralisation, sur les rapports entre le central et le local dans sa propre société, en plus de se questionner sur la signification des différents types d’acteurs dans la société, tels qu’un élu du peuple, par exemple. Il croyait que cette interrogation était instructive, surtout dans l’optique où l’on observe une coexistence des différents types de territorialités, à une époque où la décentralisation a amplifié l’importance du rôle du département en France, où l’on note que les gens restent avant tout attachés à leur commune. Les enquêtes, en France, démontraient que, même si la mobilité se développe, les appartenances territoriales et le besoin d’un attachement restent très forts ; les gens se déplacent, certes, mais cherchent à s’enraciner. C’est le phénomène de la sédentarisation. En plus de la coexistence des différents types de territorialité, Abélès affirme qu’une personne peut s’identifier à plusieurs espaces à la fois, que ces espaces sont à la fois sociaux et imaginaires, et qu’ils sont, pour les citoyens, une société locale où l’on observe un rapport à son extérieur par des expressions linguistiques utilisées pour dénommer l’étranger, comme « le Parisien » pour le Marseillais qui veut dénommer ceux qui proviennent des environs de Paris, par exemple.

La place qu’occupent les notions de région et de régionalisme dans les sciences sociales est toujours un peu ambiguë. Le contemporanéiste Christophe Charle (1980) constatait que l’analyse du régionalisme prend souvent la forme de l’étude d’un particularisme dont les

résultats de recherche sont peu représentatifs, puisque souvent, la revendication d’une autonomie culturelle et linguistique régionaliste fonde les revendications pour d’autres libertés à base spatiale, libertés telles qu’encourager les études sur la langue locale. Cette revendication pour l’autonomie ne peut pas être comprise si on ne tient pas compte des forces sociales en rapport avec le phénomène régional. Charle a analysé le cas de la France, de l’époque de Napoléon à nos jours, et il conclut que l’ambiguïté de la situation des groupes qui essaient de promouvoir la région était causée par le fait qu’une partie seulement des notables locaux pouvait accéder au champ du pouvoir officiel ; le résultat étant que « ceux d’entre eux qui sont écartés du champ du pouvoir trouvent une compensation symbolique dans des investissements culturels en vue d’entretenir ou de développer la culture régionale.» En ce sens, pour ceux qui sont éloignés du pouvoir central, « le centralisme culturel et la dévalorisation des cultures locales au profit du champ culturel national en voie d’unification par les nouveaux moyens de communication tels que la presse, l’édition et le système académique, apparaissent, pour eux, plus problématiques que le centralisme politique » (Charle 1980, 39-40).

Bourdieu (1980) a analysé les textes de De l’Esprit des lois de Montesquieu et il remarquait la conjonction de l’appareil scientifique et du réseau de significations mythiques dans l’interprétation que ce dernier faisait des régions du Nord et du Midi de la France. La théorie des climats, dans l’ouvrage de Montesquieu, est caractérisée par la coexistence de deux principes embrouillés ; d’une part, une cohérence proclamée, en apparence scientifique, entre les deux régions, et d’autre part, une cohérence cachée, mythique dans son principe même. La partie qui traite de la distinction entre le Midi et le Nord est plutôt de l’ordre de la mythologie, de la combinaison de fantasmes sociaux et de fantasmes sexuels qui font partie de l’inconscient collectif : le Nord, par son climat froid, représente la virilité, la force du corps et de l’esprit ; la liberté, la monarchie et la république. Le Midi, par son climat plus chaud, représente la passivité physique et la faiblesse ; la servitude et le despotisme. Montesquieu n’a eu recours à aucune source scientifique pour mettre au point les principes fondamentaux de sa théorie. Bourdieu taxait d’imposition symbolique irraisonnable les projections de fantasmes sociaux et les préconstructions de préjugés engendrés par cette partie de l’œuvre de Montesquieu, qui se voulait scientifique. Pour Bourdieu, il fallait comprendre ces idées de Montesquieu dans l’optique de la logique spécifique de la mythologie. Car, selon lui, « dès que les traits et les

critères sont perçus et appréciés comme ils le sont, ils fonctionnent comme des pouvoirs » (Bourdieu 1982, 136). Pareillement, lorsque les provinces ont perdu leur plein pouvoir politique, la région de Bretagne émergeait en tant qu’objet culturel, en considération pour son climat (comme dans le cas du Nord et du Midi), sa langue, sa culture matérielle rurale (l’habitat, le costume traditionnel, etc.); autant d’éléments se figeant en stéréotypes. Ensuite, une fois que ces stéréotypes convergent avec le « nouveau régionalisme » (après 1968), on en considère une partie comme l’utopie d’une société agraire sans histoire et sans conflits (Bertho 1980).

En fait, le régionalisme d’autrefois baignait dans une atmosphère politique plutôt conservatrice, dans le sens où il cherchait, dans la nostalgie d’une société traditionnelle, une solution aux tensions engendrées par le changement social. Cependant, dans l’histoire plus récente, la région, en tant que colonie intérieure, commençait à envisager le modèle du nationalisme du Tiers Monde convergeant ainsi avec l’idée libératrice du marxisme (Touraine 1981). Pour analyser la prise de conscience régionale plus récente, Charle (1980) porte son attention sur les mouvements migratoires du monde industrialisé, c’est-à-dire l’exode rural, en partie à l’origine du changement d’orientation des revendications régionalistes.

Dans ce contexte, il est ressorti que certaines études traitant du nationalisme sous- étatique tel que celui qu’on retrouve au Québec, par exemple, auraient démontré que les mouvements revendicateurs sont apparus plutôt après l’arrivée d’une certaine industrialisation, c’est-à-dire au moment où l’écart entre les modes de vie et les différences culturelles s’était amoindri. En ce sens, le particularisme, qui se concentre sur l’analyse des particularités régionales n’ayant aucun lien direct avec les revendications régionales, n’apparaît d’aucune utilité aux mouvements régionalistes.

En fait, dans le cas de l’Italie aussi, les revendications régionalistes sont apparues très récemment sous la forme de la Ligue du Nord, créée initialement en 1991 à partir de la Ligue lombarde formée en 1984. Il est vrai que, même si la télévision et le système d’éducation ont favorisé la diffusion de la langue italienne, les dialectes sont en Italie demeurés comme une sorte de langue seconde ou une langue familiale. Mais, tant de son côté socioéconomique qu’en regardant sa sphère culturelle matérielle, l’Italie nous apparaît aujourd’hui plus homogène qu’autrefois (Cavazza, 2002).

Les théoriciens de la modernisation considéraient le territoire comme porteur de caractéristiques résiduelles d’une société prémoderne. Selon eux, l’avancement de l’industrialisation comportait des éléments tels que la division du travail dans le but de développer le marché, ce qui aurait diminué l’importance des régions. Finalement, les variations régionales se limiteraient seulement à des diversités superficielles. Par exemple, Durkheim concevait que l’organisation segmentaire perd de plus en plus de son relief à mesure que les sociétés se développent. Selon lui, peu à peu, ces dernières se fondent les unes dans les autres et s’unifient, alors que l’organisation familiale et les religions locales disparaissent sans retour, et que l’administration régionale perd son autonomie. Il a conclu que « les diversités locales ne peuvent se maintenir qu’autant que la diversité des milieux subsiste. Les divisions territoriales sont donc de moins en moins fondées dans la nature des choses et, par conséquent, perdent de leur signification. » (Durkheim (1960; 163) 1893). Si nous ne considérons que l’évolution linéaire de notre histoire, les traits régionaux ne seraient que des fragments qui demeurent à cause d’un processus inachevé. Faisant suite à cette théorie, Karl Deutcsh (1953) prévoyait, de façon imaginée, que la fin du nationalisme adviendrait avec l’unification linguistique et culturelle entre les nations, postulant que les nations sont un phénomène de communication.

Beaucoup de chercheurs observent une relation étroite entre le régionalisme et le nationalisme sous-étatique. Parmi eux, Agnew (1990) observait le retour des « lieux » et la reconnaissance de leur rôle après la nationalisation du pays où les « lieux » sont liés à l’État par le biais de son organisation administrative à plusieurs niveaux et de la géographie de son hégémonie. Mais sans être un phénomène purement politique, le régionalisme est plutôt une manifestation sociale et idéologique qui relève principalement des mouvements migratoires, des perceptions stéréotypées et des activités symboliques (Charle 1980).

Mais, avons-nous encore besoin de la notion de région? À la base, les réseaux passent outre les délimitations des territoires et, paradoxalement, aident à délimiter ceux-ci. (Lévy 1991, 102). Sous cette aporie, la notion de région est remise en question surtout chez les chercheurs qui se sentaient ballottés entre les sciences de la nature et les sciences humaines ; la région est délimitée par des concepts géographiques issus des sciences de la nature, mais la conceptualisation des notions géographiques est faite par les humains, donc relevant ainsi des sciences humaines. Ce débat rend difficile la délimitation des espaces, et ce malgré le besoin de

la notion de territoire pour étudier la région et le régionalisme. Pour analyser le phénomène de la région, qui est un espace vécu, on doit tenir compte des institutions en place et de leur condition de production ainsi que de la convergence de celles-ci avec les réseaux de communication. Pour la géographe Jacqueline Beaujeu-Garnier (Beaujeu-Garnier et al 1993), la région, en tant qu’objet de géographie, est définie par les interrelations entre l’homme et la terre, et non par l’étude séparée de l’homme et la terre.

Selon Cox (1990), la tendance à trop souvent négliger l’analyse de la société dans son contexte spatial est une caractéristique généralisée des sciences sociales du 20e siècle. Il observe

les tentatives récentes de remédier à cette négligence. Par exemple, on a longtemps considéré les localisations et les rapports marchands comme deux éléments distincts dans la théorie classique de la société, mais l'immobilité du capital matérialisé et la sédentarité du travail sont incontournables, car elles rassemblent les conflits de classe dans un contexte géographique précis. Du point de vue socio-économique, la viabilité de plusieurs petites entreprises dépend de leur relation de confiance et de prévisibilité avec certaines entreprises spécifiques pour lesquelles toute délocalisation entraînerait une longue période d'apprentissage. Aussi, les entreprises dont la rentabilité dépend de l'amortissement d'investissements à long terme ont une dépendance locale particulière. Les travailleurs prennent des engagements dans les espaces délimités. Ils sont aux prises avec des contraintes qui les incitent à demeurer au même endroit (lieu de travail, acquisition du logement, soutien de la famille), ce qui rend leur dépendance locale très complexe. Donc, pour Cox, le compromis de classe doit se faire dans des limites géographiques restreintes, même si l'échelle de ces limites peut être locale, régionale, voire nationale. Dans ce contexte, il conclut que le moteur de changement social n'est pas purement la lutte des classes, mais bien la concurrence des groupements territoriaux. La race et la religion ne définissent pas nécessairement des groupements territoriaux; en outre, l’importance des groupements territoriaux ne signifie pas la perte de pertinence de la lutte des classes. L’importance d’un facteur ou d’un autre dépend de la conjoncture historique et géographique particulière; enfin, il peut y avoir de multiples moteurs de changement agissant en même temps.