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Figure 17 : Analyse de Similitude, corpus de presse associative (IRaMuTeQ & Gephi)

Le premier constat qui s’impose lorsque l’on observe cette ADS est l’absence des faits de violence dont on a vu qu’ils étaient pourtant symptomatiques du cadrage journalistique des quartiers populaires. Ici, c’est la vie associative du quartier qui est mise au premier plan. Elle est abordée plus particulièrement sous l’angle des activités menées et proposées au public ; à ces activités sont associées un agenda mentionnant les dates et lieux des activités. Au-dessus apparaissent des informations relatives aux services publics et les centres culturels du quartier. À droite, d’autres acteurs, destinataires ou partenaires de la vie sur le quartier sont évoqués : l’habitant, les « conseils » citoyens, municipal, régional, les « jeunes », les « enfants »107. En

vert turquoise, apparaît une petite communauté articulée autour des projets associatifs ou pro- jets pour le quartier et le « travail » qu’ils nécessitent.

Les relations entre les associations et plus généralement le quartier avec la ville sont rendues visibles à partir de la forme « toulouse », autour de laquelle se structurent également des élé- ments relatifs à l’espace physique et son occupation (« rue », « place »).

Cette analyse met en visibilité le travail associatif (d’information, d’animation voire de mé- diation) qui confère aux journaux un rôle de promotion particulièrement prononcé des asso- ciations de quartier, au risque de tomber dans les travers d’une information « miroir » (Bous- quet, 2015). Les informations paratextuelles, relatives aux propositions d’adhésion aux di- verses associations, vont dans ce sens. Un des buts du journal est aussi, tout simplement, de collecter de nouveaux adhérents.

Ainsi, entre « info-service » et « info-miroir », la presse associative de quartier comporte des caractéristiques communes à la PQR. Elle semble répondre à l’objectif de rassembler le public et les acteurs du territoire autour d’une couverture positive et dynamique d’une actualité cul- turelle et consensuelle (Rampon, 2013), au risque de ne fournir qu’une information dédiée. La gratuité de tous ces titres (grâce aux subventions et/ou aux annonceurs), corrobore cette pre- mière fonction identifiable de la presse associative de quartier.

Néanmoins, une lecture linéaire de ces différents titres de presse associative constitue une formidable mine de connaissance, certes éclatée, sur l’histoire de Toulouse, de ses quartiers et les grands enjeux qui les animent (densification de l’habitat, transformation des pratiques en matière de circulation, souci de circulation entre les quartiers, équipements et services publics, éducatifs, culturels et sportifs, architecture, insertion). Cette richesse, d’apparence triviale, tend à nuancer le caractère limité d’une information miroir. S’il n’est pas, dans le présent tra- vail, de notre ressort de rendre compte de ces histoires plurielles qui mériteraient d’être ap- puyées par une approche historique, la CHD nous permet cependant de dresser des portraits prototypiques de ces titres et des dispositifs associatifs qui les publient. Cette presse associa- tive rend compte de mécanismes de cogestion de la production d’information micro-locale avec les acteurs du territoire parmi lesquels les associations, mais aussi les habitants, occupent une place prépondérante.

Figure 18 : Classification Hiérarchique Descendante, corpus de presse associative de quartier (77 % de segments classés) (IRaMuTeQ),

Cette CHD fait apparaître deux sous-ensembles lexicaux, le premier, à gauche est relatif à l’aménagement de l’espace physique du quartier (urbanisme, équipements), relevant des orientations politiques décidées en matière d’urbanisme, de développement social et écono- mique et donnant éventuellement lieu à concertation et/ou controverses locales (classes 3, 8, 1 et 4). Le second, plus sensible, renvoie à la vie de quartier, son animation, aux discours pro- duits sur la vie du quartier sous forme de témoignages, de débats (classes 10, 9, 7, 5, 6). C’est le quartier tel qu’il est mis en mots par ses occupants, plus qu’en infrastructures, enjeux so- ciaux et politiques, et espaces. La classe 2, tout à fait à gauche est l’agenda des activités ayant lieu sur le quartier (culturelles, sportives, réunions publiques, repas, etc.).

Figure 19 : Analyse Factorielle de Correspondance appliquée aux classes lexicales, corpus de presse associative (IRaMuTeQ)

L’AFC appliquée aux classes matérialise les distances lexicales entre ces formes d’expression des enjeux du quartier. Trois classes se distinguent ainsi nettement, celle vouée à l’urbanisme et l’aménagement de l’espace urbain, tout particulièrement les questions de circulation et de cheminement (classe 3), celle relative à la vie institutionnelle des associations (associations d’habitants/comité de quartier) et les relations entretenues avec la mairie (classe 8), qui semble entrer en partie en résonance avec les temps institutionnels de la démocratie locale, enfin, la classe consacrée à l’agenda des animations et réunions ayant lieu sur le quartier (classe 2).

Ces oppositions permettent d’interpréter les deux axes en fonction de leur portée événemen- tielle, ponctuelle ou diffuse (axe vertical), puis de la part accordée au lexique relevant de l’aménagement du territoire, très matériel et lié à la temporalité institutionnelle des projets d’aménagement (PLU par exemple) ou celle laissée à l’expression de la vie de quartier, dans

ses dimensions parfois immatérielles, idéelles, associatives, patrimoniales, sensibles (axe ho- rizontal). Cet ensemble, situé en bas à droite de l’AFC correspond aux expressions plurielles du « vivre-ensemble », tel que dépeint et transmis par les journaux de quartier.

Ces classes ne sont pas investies de la même façon par tous les journaux et cet investissement différencié fait apparaître des disparités importantes. Celles-ci tiennent aux différentes confi- gurations associatives, leurs logiques de publications et leur contenu thématique.

Figure 20 : Coefficient de liaison (chi2) des modalités de la variable « source » aux classes lexicales (corpus de presse associative) (IRaMuTeQ)

Ce graphique construit à partir du coefficient de liaison des classes aux sources (chi2), fait apparaître une première distinction considérable, entre le journal Candie d’abord, puis les

Coursives d’Empalot et le reste du corpus. L’AFC ci-après appliquée aux spécificités par

Figure 21 : Analyse Factorielle de Correspondance des sources en fonction de leurs spécifici- tés lexicales (corpus de presse associative) (IRaMuTeQ)

Celles-ci s’expliquent par le rôle des associations et celui attribué aux journaux, sur lequel nous reviendrons ultérieurement. Cette différence nous a invité à réaliser un autre graphique à partir des pourcentages de segments de chaque journal par classe (ci-après, pourcentages em- pilés) afin de voir se dessiner, de façon plus nette, les micro-différences entre les autres sources, écrasées par les coefficients de liaison particulièrement forts entre les classes 8 et 3 et le journal Candie108.

108 Nous avons également réalisé des analyses en retirant le journal Candie du corpus, afin de valider nos inter-

prétations, mais nous avons fait le choix de ne pas les présenter ici, afin de conserver ces effets de contraste particulièrement prononcés.

Figure 22 : Part (en % de segments) des différents titres dans chaque classe

La plupart des journaux investissent, selon des degrés variables, toutes les classes lexicales mais trois titres témoignent d’un cadrage de l’information plus exclusif : Candie, les Cour-

sives d’Empalot et Reynerie Miroir. Tous les trois sont implantés dans des quartiers inscrits

dans la géographie prioritaire. Candie ne traite pas des éléments relatifs à la vie de quartier, tandis que Reynerie Miroir, y accorde une place bien plus importante qu’aux politiques d’aménagement du territoire. Il en va de même pour les Coursives d’Empalot. Si ces ten- dances sont moins marquées pour les autres titres, elles tendent à s’articuler autour de la place concédée respectivement aux thématiques liées à l’aménagement du territoire et/ou aux récits de la vie du quartier (son histoire, celle de ses habitants, son patrimoine bâti, ses enjeux poli- tiques et sociaux).

Ces oppositions dessinent deux figures prototypiques des associations de quartier liées aux rôles qu’elles se sont attribuées : fonction d’interpellation vis-à-vis des pouvoirs locaux et des habitants quant aux aménagements et équipements sur le quartier pour la première, et fonction de transmission de savoirs et de médiatisation de la vie du quartier pour et par ses occupants, pour les deux autres. Cette seconde fonction est tournée vers le maintien, ou le développement d’un « vivre-ensemble » local, en accordant une place toute particulière aux expressions des habitants et usagers du quartier. Dans le contexte de stigmatisation médiatique dont ces quar- tiers sont victimes, parler autrement de la vie du quartier, en laissant la parole aux occupants revêt une dimension symbolique et politique plus importante vis-à-vis de l’extérieur. Ce ne sont pas les caractéristiques sociales des quartiers qui expliquent ces différences mais des choix d’éditorialisation qui relèvent de stratégies et de fonctions distinctes : de l’interpellation à l’inversion de stigmate. 0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00% 90,00% 100,00% *source_bavard *source_7notrequartier *source_reynerie_miroir *source_candie *source_gazette_pradettes *source_coursives_empalot *source_Canalinfos *source_gazette_chalets *source_echos_rangueil *source_cqb

10.2.LES JOURNAUX DES ASSOCIATIONS D’HABITANTS, DEFENSE DES HABITANTS ET ECHO

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