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Si le contrat de ville façonne en grande partie l’activité discursive des conseils, elle ne s’y réduit pas tout à fait pour autant. Un agir communicationnel se déploie en deçà du contrat de ville et il apparaît de deux façons distinctes. D’abord dans la volonté de trouver les meilleures manières d’« aller vers les gens » les habitants, pour construire l’image la plus fidèle possible des attentes et besoins du quartier (classe 6, 5, 17, 4, 11). Ensuite, dans le partage des expé- riences sensibles relatives aux problèmes du quartier, entre les membres du conseil citoyen (classes 15 et 16) sans que ceux-ci soient nécessairement réductibles au cadre de référence du contrat de ville. Ces choix stratégiques participent d’une connaissance du système complexe que constitue le quartier dans lequel s’insère le conseil citoyen, associée à une compétence propre à l’usage quotidien du quartier, c’est-à-dire l’habiter. Sa capacité à s’insérer dans le tissu associatif local, à occuper les espaces de vie comme les marchés et autres événements ponctuels voire à les susciter, relève ainsi à la fois d’un « agir communicationnel » constitutif d’un « vivre-ensemble » (Berger et al., 2011) local, faisant certes écho en partie à la théma- tique de la cohésion sociale du contrat de ville, mais témoignant aussi d’une réelle stratégie de légitimation, par le biais d’une communication relationnelle. Le conseil citoyen affiche ainsi sa volonté de s’imposer comme un acteur à part entière de la démocratie de proximité.

7.3.1. S’afficher, expérimenter, mettre en place

La plupart des conseils citoyens ont accordé une attention particulière à leur mise en visibilité, voire leur mise en scène. Celle-ci passe par :

- la création de blogs, sites internet ou logos ;

- la volonté d’occuper les espaces, moments de vie et de rencontre comme les marchés, les festivals et autres animations ponctuelles du quartier.

Ils ont également cherché à prendre part à cette vie locale en réfléchissant à l’organisation de repas de quartier, à la participation (à titre individuel ou collectif) à des événements organisés par les associations (locales ou non) ou à la façon dont ils pourraient s’insérer dans des locaux municipaux leur conférant une visibilité et leur permettant d’assurer d’éventuelles perma- nences.

« On a un grand marché le mercredi matin, je trouve que c’est une excellente idée,

on fait la demande, nous aussi pour avoir un stand, s’il y a des gens qui peuvent ve-

nir » (femme, conseil-citoyen Bellefontaine-Milan, mars 2016, classe 17).

« On va faire un support déjà pour faire connaître le conseil_citoyen, avoir un petit

stand sur les marchés ou dans les fêtes locales essayer de, oui, sur les fêtes de quar-

tier » (homme, conseil citoyen Trois-Cocus-La Vache, mars 2016, classe 17).

« Où est-ce que le conseil_citoyen peut se faire connaître et accueillir des gens,

quand ? S’il y a des lieux bien définis. Quand ? Peut-être tenir des permanences. Comment ? Flyer A3, A4, affiches, questionnaires, voilà, je crois que c’est le sujet »

(homme, conseil citoyen Trois-cocus-La Vache, février 2016, classe 17).

« Je vais y aller, par exemple, je vais parler dans mon quartier à moi, je vais voir des

gens, je tape à la porte ou on va y aller dans un endroit où tout le monde se re- trouve » (femme, conseil citoyen Trois-cocus-La Vache, classe 4).

Cette volonté d’agir en appelle directement à la recherche d’une définition collective du rôle qui pouvait leur incomber, celui de « représentant » ou de « porte-parole » des habitants75.

Cette définition, renvoie à une identité partagée, celle du « conseil-citoyen » liée au quartier et à ses habitants, au même titre que les comités ou conseils de quartier. Cela pose la question de la multiplication des interlocuteurs car contrairement à ce qui était prévu, les conseils citoyens ne se sont pas substitués aux collectifs d’habitants déjà constitués et bien implantés dans trois

75 La distinction entre « représentant « et « porte-parole » n’est pas toujours claire. Elle a fait l’objet d’une dis-

cussion dans un des conseils citoyens ; les animateurs présents de la Ligue de l’Enseignement ont énoncé leurs réserves quant à l’emploi du terme de « représentant », en raison de l’absence de mandat électif. Selon nous, cette anecdote témoigne directement, d’une part, d’une répartition inégale des compétences discursives et d’autre part, des ambiguïtés quant à la mise en œuvre et la répartition du pouvoir social, que le fonctionnement partena- rial et collaboratif de la gouvernance entraîne.

des quartiers concernés par cette étude. Au contraire, ces collectifs semblent tendre à cons- truire une complémentarité car des membres des comités de quartiers sont amenés soit à in- tervenir soit à siéger au conseil citoyen en tant qu’association du quartier. Un des conseils citoyens, celui des quartiers Soupetard-La Gloire, a même contribué largement à la création d’une association de locataires, agissant ainsi directement comme un levier de mobilisation locale.

7.3.2. Les enjeux spécifiques au quartier

Certains des sujets discutés dans les conseils citoyens et ayant donné lieu à une prise de posi- tion de ces derniers peuvent relever des spécificités des territoires et de leurs aménagements, qu’ils entrent ou non en résonance avec les orientations stratégiques du contrat de ville, ou être relatifs à des choix de traitements opérés par les conseils citoyens, indépendamment du territoire. Ces spécificités se manifestant dans l’échange entre membres du conseil citoyen, au fil des discussions, des expériences sensibles relatives aux problèmes du quartier (immobilier, salubrité, circulation, trafics, etc.), sans que ces problèmes soient nécessairement réductibles aux orientations du contrat de ville. Ces discussions s’accompagnent de descriptions des es- paces et des éléments y ayant pu être observés.

« Ensuite moi, ce que je voudrais qu’on fasse c’est justement ce parking en face de la

pharmacie, pourquoi pas faire une zone enfant à cet endroit-là supprimer ce parking

où ils mettent les voitures volées et faire une zone pour enfant » (homme, Soupetard-

La Gloire, juillet 2016, classe 16).

« C’est que les gosses du lycée d’à côté savent très bien utiliser ça et comme ils n’ont

pas le droit de fumer dans le lycée d’à côté, ils viennent fumer et du tabac et du shit dans le hall de l’immeuble puisque tout le monde leur ouvre » (homme, Trois-Cocus-

La Vache, janvier 2016, classe 16).

Les immeubles (vie, entretien, rénovation, construction, démolition), l’environnement scolaire, les trafics de drogue ont donné lieu à des traitements différenciés au sein des quatre conseils citoyens, chacun investissant davantage une de ces thématiques plutôt qu’une autre. Ces diffé- rences mettent en évidence les singularités des conseils citoyens et l’impact pressenti des aménagements sur la vie des quartiers.

L’analyse factorielle de correspondances (AFC), produite à partir d’un calcul de spécificités du lexique de chaque conseil citoyen par rapport aux autres et par rapport à l’ensemble du tableau lexical, permet d’obtenir une représentation multidimensionnelle du lexique le plus significatif de chaque conseil (couleur de police) en tenant compte de la distance lexicale.

Figure 3 : Analyse Factorielle de Correspondance sur les formes les plus significatives (chi2) de chaque conseil citoyen (IRaMuTeQ),

Nous pouvons observer que l’un de ces conseils investit tout particulièrement un lexique ren- voyant à des éléments organisationnels (« commission », « bureau »), deux autres conseils semblent plutôt se distinguer au niveau des projets portés pour le quartier et son animation (« projet ») et aux aménagements prévus, spécifiques au quartier (les « cœur » de quartier). Enfin, le dernier a plus particulièrement débattu de sa stratégie de communication (« blog ») et de la thématique de la « drogue ». Ce dernier élément est à nuancer car la présence de ce terme est très spécifiquement corrélée à l’une des séances du conseil citoyen des quartiers Trois-Cocus-La Vache, au cours de laquelle un expert sur l’addiction et sa prévention était longuement intervenu. Tous les segments les plus caractéristiques sont attribuables à ce même locuteur, dont voici un exemple :

« Et donc il y a des interventions qui sont proposées sur comment on peut réfléchir

sur les usages de drogues, les conduites à risques etc. Mais réfléchir, c’est-à-dire comment on amène les jeunes à réfléchir sur ces questions-là et à penser ces ques-

tions-là... » (homme (locuteur 102), Trois-Cocus-La Vache, avril 2016, classe 15).

Pourtant, les trafics illicites sont une caractéristique commune à chacun des quartiers, tout comme les violences, par ailleurs peu visibles dans la classification. On peut donc compte- tenu de la nature de ces spécificités, se demander si c’est le territoire de référence qui en est le facteur explicatif déterminant ou si elles résideraient plutôt dans des dynamiques de groupes distinctes d’un conseil à l’autre. Au regard, de l’AFC ci-dessous, nous avançons l’explication de disparités dans l’appropriation du contrat de ville et des priorités que chaque conseil a pu se donner. Ces disparités sont liées à la configuration de groupe choisie par les conseils. Les conseils citoyens de Bellefontaine-Milan et Soupetard-La Gloire ont fait le choix de dis- tinguer un groupe de coordination (« G7 » pour celui de Soupetard-La Gloire) composé de membres plus investis, du reste du conseil dans son ensemble. Privilégiant l’efficacité à la collégialité, ces groupes de coordination pilotent et animent le fonctionnement du conseil en interne et établissent les ordres du jour en étroite relation avec les temporalités des instances de pilotage du contrat de ville. On comprend dès lors que ces groupes, dans cette phase de démarrage, aient été les plus « rapides »76 à formuler des projets, des propositions pour le quartier dans le cadre du contrat de ville. Reynerie-Université et Trois-Cocus la Vache, ont fait le choix de privilégier un fonctionnement associatif plus collégial, sans groupe de coordi- nation. Les discussions se sont par conséquent davantage orientées sur l’affichage et la nature des instances, comme composante incontournable de leur identité de groupe. La démission de la présidence du conseil Reynerie-Mirail Université a par ailleurs contribué à faire de cette thématique, une spécificité lexicale du conseil.

En outre, l’accent mis sur les structures d’accueil, les lieux dédiés à la jeunesse, les théma- tiques de l’errance et du décrochage scolaire apparaissent comme le cadrage privilégié pour parler des « jeunes » sur le quartier. Le cadrage sécuritaire n’est pas priorisé par les habitants, tout du moins dans le cadre des conseils citoyens77.

76 La rapidité d’organisation, de structuration et de formulation de recommandation, en d’autres termes, leur

efficacité s’est avérée être un critère d’évaluation des conseils citoyens. On retrouve en creux, les principes de la gouvernance.

77 Cette concurrence de cadrage a d’ailleurs donné lieu à une action conjointe des conseils citoyens à l’encontre

des instances de pilotage. En effet, alors même que les conseils citoyens avaient fait remonter leurs priorités, dans lesquelles la sécurité ne figurait que marginalement, le comité de pilotage avait décidé de l’instituer en axe prioritaire. Cette décision a amené les conseils citoyens à produire conjointement un texte, lu au cours de la réu- nion en comité de pilotage, dans lequel ils précisaient leur désaccord et leur mécontentement face à cette déci- sion qu’ils jugeaient arbitraire et non conforme à la majorité des propositions produites. « L’axe sécurité » a ainsi pu être sinon abandonné, du moins ajourné.

7.3.3. Le périmètre des discours et des actions sur le quartier

Pour cerner plus en détail la portée de ces thématiques spécifiques, nous avons procédé à la réalisation d’un sous-corpus en retirant les classes liées aux aspects et démarches institution- nels. Nous obtenons un corpus constitué de 6857 textes (prises de paroles) soit 250 720 occur- rences et 10 237 segments de textes.

Figure 4 : Classification Hiérarchique Descendante en 12 classes terminales (87,8% de seg- ments classés), sous-corpus sur les thématiques non liées à la régulation des instances (IRaMuTeQ),

Cette classification fait apparaître distinctement trois sous-ensembles. Le plus imposant, à droite, se subdivise en plusieurs ramifications qui relèvent des modalités de « l’agir » des con- seils citoyens, évoquées précédemment, auprès des habitants (classes 4 et 3), entre eux (classes 8, 10, 2 et 1) et dans le contrat de ville (classe 12).

Les deux autres ensembles renvoient aux enjeux afférant au quartier les plus discutés en séances : la scolarité (classe 7), le développement économique et social du quartier (classe 6), articulé autour des notions de cohésion et de mixité sociale ; la drogue (classe 11), la rénova- tion urbaine (classe 9) et les expériences personnelles qui sont associées à ces problèmes (classe 5).

Cette classification nous permet ainsi de corroborer les observations de la classification pré- cédente, en montrant que, somme toute, le discours des conseils citoyens est largement con- traint et façonné par le dispositif qui oriente en grande partie les thématiques priorisées. Au-delà de la rénovation urbaine (classe 9), nous souhaiterions ici mettre en exergue, très spécifiquement la classe 6. C’est selon nous, celle dans laquelle se dessine le plus distincte- ment les ambitions et projets pour le quartier promus par les conseils, contraints par le contrat de ville.

Cette contrainte se manifeste ici lexicalement par la reprise de mots largement issus des dis- cours canoniques des politiques publiques : « mixité » ; « cohésion », « communautaire », « coopératif », « innovation ». Ces nouveaux mots du pouvoir issus du registre de l’expertise (Cusso & Gobin, 2008) apparaissent ici, bien regroupés dans une classe lexicale spécifique. Ce phénomène lexical témoigne selon nous directement de la circulation de ces notions et concepts, dans des contextes où leur usage n’allait pas de soi. En d’autres termes, nous consi- dérons, au regard des résultats obtenus dans nos précédents corpus qu’ils ne relèvent pas de l’univers des compétences discursives des habitants, de leur répertoire lexical courant, mais du registre de l’expertise78.

78 Voir en « annexe 2 », le traitement d’un petit questionnaire administré par le conseil citoyen de Bellefontaine-

Figure 5 : Analyse Factorielle de Correspondance sur les spécificités lexicales par locuteur, sous-corpus sur les thématiques non liées à la régulation des instances (IRaMuTeQ)

L’AFC ci-dessus rend particulièrement éloquente cette distance lexicale, entre une zone plus centrale renvoyant aux thématiques et registres discursifs les plus usités par les membres des conseils et ceux qui y ont été principalement introduits par des intervenants extérieurs, en pé- riphérie. Le codage des locuteurs nous permet de voir, qu’ici encore, le locuteur le plus carac- téristique de la classe 6, en turquoise, est une invitée, venue présenter le dispositif « Première Brique »79 au conseil citoyen de Bellefontaine-Milan. Ces mots de l’expertise, font l’objet

79 Dispositif d’économie sociale et solidaire, dont la métropole est partenaire, proposant des « incubateurs » et

« pouponnières » à entreprise. Les porteurs de projets, issus des quartiers prioritaires, ou ayant des projets de création d’entreprise dans les quartiers prioritaires, peuvent bénéficier d’aides et d’accompagnement à condition

d’une circulation et d’une reprise déterminée par le dispositif des conseils citoyens. Les con- seils citoyens sont par conséquent des instances dans lesquelles une acculturation aux disposi- tifs des politiques publiques a lieu, corroborant l’existence de processus d’apprentissage, de traduction, de médiation précédemment évoqués.

Deux « agir » sont donc ainsi matérialisés. Le premier a trait à l’animation du « vivre- ensemble » et du « lien-social ». Il se décline en actions visant à animer le quartier et créer des espaces d’échange, de partage et d’expression. Le second, propre au contrat de ville, repose sur un transfert de compétences discursives en matière d’action publique et la promotion de la cohésion sociale. Cette dernière vient donner sens aux projets concernant les accès aux ser- vices publics, la création de centre sociaux, de crèches, d’emplois, la création de commerces de proximité, par le biais de la rénovation urbaine et des investissements publics prévus par la politique de la ville et les dispositifs d’économie sociale et solidaire.

Cette exploration lexicale fait apparaître les conseils citoyens comme des espaces de tension et d’articulation, à géométrie variable, entre des contraintes propres au caractère descendant du contrat de ville, tandis que d’autres sont propres à l’institutionnalisation des conseils ci- toyens en tant qu’espace de délibération inséré dans le double environnement du contrat de ville et du quartier. Dans ce cadre, la volonté de se saisir des enjeux des quartiers en y asso- ciant les habitants semble témoigner d’une politisation discrète, contrainte mais réelle, liée au quartier et à ses acteurs.

Si la capacité d’action est conditionnée par un apprentissage du fonctionnement du contrat de ville et de la démocratie de proximité, conformément à la fois aux nouvelles pratiques rela- tionnelles de la communication publique et aux vertus éducatives supposées de la démocratie participative (Bratosin, 2006 ; Talpin, 2013), il reste à savoir si cette connaissance permet une appropriation de la politique de la ville par les habitants, au-delà de la sollicitation d’un savoir d’usager, expérientiel, et s’il tend à favoriser leur pouvoir de prendre part aux processus de décision publique.

En d’autres termes, est-ce que les conseils citoyens peuvent porter les problématiques du quartier au-delà d’un cadrage territorial délimité tant symboliquement que physiquement par le contrat de ville ? Les conseils citoyens peuvent-ils sortir de la politique de la ville et du contrat de ville ? Ce n’est pas simplement la capacité d’agir mais la répartition du pouvoir social (Beauvois, 2005) que ce type de dispositif interroge en mettant en évidence les proces- sus de cadrage des problèmes publics à dimension locale. Si les conseils citoyens sont une forme de réponse à la demande de reconnaissance de l’expertise d’usage des habitants, elle ne semble pas permettre réellement de répondre à une déclinaison qui serait véritablement locale de la citoyenneté (Talpin, 2016). On peut ainsi se demander si l’appellation même de conseils citoyens, en décalage avec la portée réelle des instances, ne relève pas d’une forme de labelli-

de rentrer dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Il convient également de porter un projet original, sinon « innovant ».

sation d’un « agir » citoyen autorisé, encouragé, voire sollicité, en contexte local. Les théma- tiques abordées lors des conseils citoyens, bien que variées, relèvent en effet, en grande partie de l’aménagement du territoire et d’une figure sociale propre à « l’habiter ». L’habitant da- vantage que le citoyen, au regard d’une part de l’ancrage territorial et d’autre part des trans- formations de l’action publique, semble peu à peu devenir l’interlocuteur et le destinataire privilégier des dispositifs participatifs. Ces derniers sont amenés à jouer un rôle croissant dans la fabrique des territoires et de leurs images, tant et si bien qu’ils semblent davantage relever d’une forme de communication relationnelle (Cardy, 2013) que d’une nouvelle répartition du pouvoir social.

En résumé, ces résultats permettent de mettre en évidence l’incidence du dispositif du contrat de ville et le poids du fonctionnement institutionnel sur le contenu thématique des séances. Ils témoignent ainsi d’un « agir communicationnel » institutionnellement normé et façonné par les attendus du contrat de ville. En outre, la pénétration des mots issus d’un registre de l’expertise (Gobin, 2004) dans le vocabulaire des conseillers, via, d’une part, la compréhen- sion du contrat de ville et du rôle des instances et d’autre part, via les multiples intervenants extérieurs, rend compte du rôle de médiateur entre les pouvoirs publics et les habitants, fon- damentalement attribué au conseil citoyen. En permettant aux membres de s’acculturer au contrat de ville, les conseils citoyens apparaissent comme des structures qui relèvent d’une communication relationnelle (Cardy, 2013) visant à l’appropriation d’un schéma de gouver- nance urbaine, telle qu’elle est conçue par la politique de la ville et telle qu’elle est opération- nalisée par le contrat de ville. Influencée par les théories de la délibération et les approches collaboratives en matière de planification urbaine, la participation institutionnalisée telle qu’elle se dessine dans les conseils citoyens prend dès lors la forme d’une collaboration entre de multiples acteurs intéressés par le développement (urbain, social, culturel, économique, etc.) du quartier. L’architecture du contrat de ville et la composition des conseils citoyens témoignent directement de l’installation et de la déclinaison à plusieurs échelons territoriaux, de la métropole au quartier, de la gouvernance comme mode de régulation des territoires prio-

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