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Les classes 8 et 3, sont particulièrement associées au journal Candie. Créé en 1978, il est le titre le plus ancien de notre corpus, il est aussi celui dont le contenu s’éloigne le plus des autres journaux qui le composent. Ces classes rendent compte de manière très nette du con- texte d’énonciation particulier de ce journal. A destination des adhérents, habitants du quartier de Lafourguette, il a pour objectif de fournir un compte-rendu des actions menées par l’association, débattues au cours des réunions.

« Il s’agit de la partie de la route de Seysses allant du boulevard Eisenhower au car-

refour Seysses – Lestang – Champollion. Ces travaux sont prévus du 17 octobre à la

fin de l’année 2016 et concernera la reprise des trottoirs côté pair » (Candie, n°333,

septembre 2016, classe 3).

« Nous revenons toujours sur ce problème de stationnement tant sur les trottoirs que

sur les pistes cyclables tout cela rendant la circulation très difficile pour les piétons »

(Candie, n°300, avril 2013, classe 3).

Ce journal, qui s’apparente davantage à une lettre ou un bulletin d’information, est celui dont le contenu se rapproche le plus de comptes-rendus, sans éditorialisation, au style souvent télé- graphique. Le rubricage des informations est fondamentalement lié à l’ordre du jour des réu- nions qui portent essentiellement sur l’aménagement du quartier. Les enjeux les plus investis semblent par ailleurs particulièrement axés sur la problématique de l’urbanisme. L’association, comme son journal, ont un rôle d’interpellation et de suivi à propos des aménagements, tra- vaux à prévoir sur le quartier (PLU, PDU109, routes, trottoirs, parking, réglementation de la

circulation, etc.).

« M. Pagnucco, maire de quartier, mail nous avertissant qu’il ne pourra être présent

à la réunion mensuelle de l’association qu’à partir de 19h. Démocratie locale : mail d’invitation au bureau de la commission des quartiers 6 […] » (Candie, n°318, fé-

vrier 2015, classe 8).

« Invitation à la réunion publique du PLU le 10 mai 2012. Mme Martinel députée,

copie de la lettre qu’elle a envoyée à M. Tissot, adjoint au maire au sujet de la poste

[…] » (Candie, n°292, juin 2012, classe 8).

Les segments ci-dessous, montrent que, dans ces bulletins, l’association tient au courant les adhérents des démarches entreprises et des « mails », ou « invitations » reçues dans le cadre du fonctionnement de la démocratie locale. Elle est ainsi devenue une interlocutrice relais entre municipalité et quartier, comme en témoigne la présence des formes comme « maire »,

« adjoint » « élu », auxquelles viennent s’ajouter les noms propres. Ces élus locaux assistent régulièrement aux réunions de l’association et celle-ci ne manque pas d’envoyer des courriers pour formuler des requêtes concernant l’aménagement et l’usage des infrastructures du quar- tier (location de salles municipales par exemple, notamment lorsque les associations du quar- tier se sont vu refuser leur utilisation).

Cet accent mis sur la défense des intérêts des habitants, dans le cadre de la démocratie locale témoigne d’une configuration spécifique dont plusieurs éléments attestent. D’abord, son ori- gine, l’association née en 1971, appartient à la première vague de création des comités de quartiers : elle se fait l’écho, à l’échelle de ce petit quartier, dont le centre ressemble à s’y méprendre à une place de village, d’une méfiance à l’égard des gros projets d’urbanisme et d’une peur de la relégation (en terme de propreté, gestion des déchets, de sécurité et d’accessibilité du quartier). Par ailleurs, ce quartier est la cible, depuis de nombreuses années, d’un mouvement de densification de l’habitat particulièrement prononcé et le quartier subit continuellement des transformations considérables. Le parc immobilier, composé de loge- ments sociaux, de résidences privées et de zones pavillonnaires, peine, selon les témoignages que les membres nous ont apportés, à trouver son équilibre. De nombreuses résidences restent assez peu occupées, en raison principalement de la dépréciation dont le quartier est victime. L’existence de cette association, ancienne, témoigne d’une résistance des habitants dont le maintien même de l’identité de quartier Lafourguette constitue un enjeu de lutte, pour ne pas diluer cette composante dans l’ensemble Bellefontaine-Milan, problématique. La présidente de cette association, membre du conseil-citoyen de Bellefontaine-Milan, n’a à ce titre cessé de faire entendre que les problématiques de Lafourguette et de Milan n’était pas les mêmes que celles de Bellefontaine et que le regroupement de ces deux entités dans le cadre de la politique de la ville n’était pas approprié110. Ces habitants de Lafourguette, ancien « noyau villa- geois »111 du quartier dit du Milan, défendent une identité propre, à partir de l’aménagement de l’espace physique.

Cette fonction d’interpellation, de proposition et de veille sur les aménagements prévus sur le quartier est également présente dans la classe 1, bien que celle-ci se focalise davantage sur les projets d’équipements. Deux titres y sont surreprésentés, il s’agit de 7 notre quartier et de

CQB Borderouge.

7 Notre quartier est une association d’habitants et d’usagers regroupant plusieurs quartiers de

Toulouse, regroupés conformément à la sectorialisation produite par le découpage administra- tif (secteur 7) : Amouroux, Argoulets, Bonnefoy, La Colonne, La Gloire, Gramont, Juncasse, Jolimont, Marengo, Périole, Roseraie, Soupetard. Parmi ces quartiers, deux sont inscrits dans

110 L’enjeu est principalement la dégradation du parc de logements constitué d’ensembles résidentiels privés, qui,

sous l’effet de la paupérisation de leurs habitants ne parvient pas à trouver de solutions de rénovation, contraire- ment au parc de logements sociaux, de la compétence des bailleurs et dont l’État est partie-prenante.

la géographie prioritaire, La Gloire et Soupetard et nous avons eu l’occasion de suivre le con- seil citoyen implanté dans cette zone (cf. supra, partie III). Ces habitants ont fait le choix de déployer leur action à une échelle regroupant plusieurs quartiers, c’est une de ses originalités. Le quartier est pensé comme composante d’un ensemble plus vaste, en l’occurrence la ville, puis pour des raisons de suivi de projet et de cohérence administrative, le secteur 7. Le terri- toire de référence est à ce titre original puisqu’il pose le découpage administratif en complé- mentarité du territoire vécu. En outre, se conformer à ce découpage permet d’une part de construire une vision intégrative des quartiers, conformes aux orientations de la gouvernance urbaine et d’autre part, d’opposer, le cas échéant des projets alternatifs susceptibles de rece- voir une meilleure écoute.

« Elles restent ouvertes à toute discussion dans une processus d’élaboration avec les

habitants de ce projet d’aménagement : les associations et les professionnels rencon-

trés ont jugé cohérente notre vision de désenclavement du site, nos propositions d’équipements publics (crèche, maison de retraite, foyer d’accueil jour Alzheimer ou mère enfant [...] » (7notrequartier, n°22, avril 2008, classe 1).

« Face à une urbanisation sauvage du secteur nous proposons à partir de ce coeur de

quartier un véritable projet en matière de logements de circulation de transports col- lectifs, de commerces, d’équipements publics [...] » (7notrequartier, n°35, 2011,

classe 1).

Leurs actions se décomposent en quatre axes articulés à la « vie de quartier », comprise en termes d’urbanisme, de qualité de vie, de loisirs et culture, et de soutien scolaire112.

Le second titre caractéristique de la classe 1 est La lettre d’information du Comité de quartier

de Borderouge. La lettre a également pour vocation d’informer les habitants sur l’activité du

comité et la vie de quartier (urbanisme, habitat, aménagement, loisirs, social, culturel)113. En raison de leurs missions, ces associations, tout comme Candie, sont susceptibles de participer à la démocratie locale (commissions consultatives de quartier, par exemple), en devenant des interlocutrices relais auprès des autorités, que les relations soient apaisées ou conflictuelles. Elles sont régulièrement associées à l’élaboration des projets d’urbanisme, domaine dans le- quel la participation des associations d’habitants s’avère la plus admise et la plus routinisée (Bacquié & Gauthier, 2011). Il en va différemment des autres titres qui confèrent une plus grande importance à la dynamisation de la vie de quartier et du « vivre-ensemble » local.

112 Source, site internet de l’association : [http://toulouse7notrequartier.com/toulouse-7-notre-quartier/]

10.3.UN JOURNAL DE QUARTIER POPULAIRE : MILITANTISME ASSOCIATIF ET EDUCATION

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