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Barrières à l’accès à l’emploi, au temps plein et aux responsabilités hiérarchiques

4.1 Du transversal au longitudinal

4.1.3 L’apport des séquences du passé

Ces analyses de données transversales permettent donc déjà de pointer les plus grandes difficultés d’accès à l’emploi des femmes. Mais elles souffrent d’une absence de prise en compte des éléments biographiques du passé. Comme on le voit, les statuts dans l’emploi des jeunes sont pour la plupart relativement précaires. De fait, les entrées dans la vie active sont des périodes peu stables. Il est d’autant moins pertinent de faire une photographie transversale

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Ces données remettent singulièrement en question la pertinence des politiques dites d’ « activation » du point de vue des différences de sexe. Alors que les jeunes femmes sont plus actives que les hommes dans la recherche d’emploi, elles restent pourtant plus éloignées de l’emploi.

des situations vis-à-vis de l’emploi que l’on a affaire avec l’échantillon de Génération 98 à des entrants sur un marché du travail où les taux de chômage et d’emploi temporaire sont importants.

Dans l’enquête Génération 98, les jeunes sont non seulement interrogés sur leur situation à la date de l’enquête, mais décrivent aussi leurs trajectoires pendant les trois années qui suivent leur sortie de la formation initiale. Un calendrier des situations professionnelles est utilisé pour identifier la situation de chacun mois par mois : emploi, chômage, service national, formation, reprise des études, inactivité. Ce calendrier permet donc d’appréhender les difficultés rencontrées dans l’accès à l’emploi d’un point de vue longitudinal.

Fort taux de chômage et fort taux d’emploi temporaire sont corrélés. Si les taux de chômage sont plus élevés pour les femmes, c’est non seulement à cause d’embauches moins fréquentes, mais aussi parce que leurs capacités de maintien sur le marché du travail sont rendues plus difficiles du fait de non renouvellements fréquents des contrats temporaires. La structure des conditions de départ des entreprises par sexe, présentée dans le tableau 4.7, montre bien cette inégalité : alors que les hommes partent relativement plus souvent par la démission, les femmes partent plus fréquemment à cause d’un contrat temporaire qui vient à son terme et qui n’est pas renouvelé.

4.7 : Départ de l’entreprise

Population* Total Hommes Femmes

Démission 15766 34,4% 8284 37,3% 7482 31,6% Licenciement économique 967 2,1% 518 2,3% 449 1,9% Licenciement négocié 1038 2,3% 599 2,7% 439 1,9% Renouvellement non accepté 8865 19,3% 4142 18,6% 4723 20,0% Renouvellement non proposé 19242 41,9% 8685 39,1% 10557 44,6%

Total départs 45878 100,0% 22228 100,0% 23650 100,0%

Non réponses 3241 1652 1589

* Salariés séquences courtes ou longues du passé

L’analyse des séquences longues du passé d’inactivité et de formation permet de nuancer l’idée préconçue que seules les personnes recensées comme chômeuses sont prêtes à accepter un emploi. Comme le montre le tableau 4.8, les femmes inactives ou en formation déclarent majoritairement qu’elles accepteraient un emploi si on leur proposait. Au sein des séquences longues d’inactivité et de formation, 16% des personnes interrogées auraient accepté n’importe quel emploi et 50% auraient accepté à condition d’être satisfaites de l’emploi proposé. Au final, seulement un tiers auraient refusé catégoriquement un emploi.

Par ailleurs, la plus grande partie de ces refus, environ la moitié, s’explique par le suivi d’un stage ou d’une formation, qu’il s’agisse des hommes ou des femmes. La seule différence notable entre les motifs de refus des hommes et des femmes est liée aux effets de la naissance d’enfants : 11% des inactives longues déclarent refuser tout type d’emploi parce qu’elles attendent un enfant ou en gardent en bas âge. Au total, ces refus catégoriques ne représentent cependant que 11% des séquences longues d’inactivité du passé.

Tableau 4.8 : Acceptation ou refus d’un emploi

Auriez vous accepté un emploi ? Total Hommes Femmes Oui, quel que soit l’emploi 1771 15,9% 729 15,20% 1042 16,50% Oui, ça dépend de l’emploi 5482 49,3% 2450 51% 3032 48,10% Non, car… 3858 34,7% 1629 33,90% 2229 35,40%

Etait en stage ou en formation 1525 13,7% 701 14,6% 824 13,1% Attendait un enfant 445 4,0% 6 0,1% 439 7,0% Gardait un enfant en bas âge 300 2,7% 7 0,1% 293 4,6%

Raison familiale 171 1,5% 60 1,2% 111 1,8%

Raison de santé 380 3,4% 211 4,4% 169 2,7%

Allait déménager 85 0,8% 24 0,5% 61 1,0%

N’avait aucun espoir de trouver satisfaction 61 0,5% 31 0,6% 30 0,5% N’avait pas envie ou pas besoin de travailler 399 3,6% 187 3,9% 212 3,4% Avait déjà trouvé un emploi 434 3,9% 234 4,9% 200 3,2% Devait partir au service national 188 1,7% 169 3,5% 19 0,3%

Total réponses 11111 100,0% 4808 100% 6303 100%

Réponses manquantes sur total séquences* 5 - 3 - 2 - * Séquences longues d’inactivité et de formation

Compte tenu de tout ce qui précède, il n’est pas étonnant de trouver un mécontentement au sein des jeunes femmes vis-à-vis de leur situation et une inquiétude concernant leur futur (tableau 4.9). Les jeunes femmes sont un peu moins nombreuses que les hommes à se déclarer satisfaites de leur situation. Elles sont beaucoup plus nombreuses à se déclarer inquiètes. Cela peut expliquer le fait que leur priorité aille plus souvent à l’emploi stable alors que les hommes sont plus nombreux à donner la priorité à leur carrière et à vouloir se mettre à leur compte.

Ainsi, l’étude des séquences du passé conduit à nuancer les évaluations des inégalités dans le présent. Il reste qu’il est difficile de tenir compte de l’ensemble de ces données dans la perspective d’un calcul d’un indice synthétique d’inégalités entre les sexes sur le marché du travail. La méthodologie de mesure de la discrimination à l’embauche ne peut pas cependant faire abstraction de l’instabilité des situations professionnelles. Pourtant les méthodologies

longitudinales de mesure de la discrimination à l’accès à l’emploi restent insuffisamment approfondies.

Tableau 4.9 : Opinions sur l’avenir professionnel Votre situation vous convient ?

Oui 37640 68,1% 19597 69,3% 18043 66,8%

Non 16550 29,9% 8102 28,7% 8448 31,3%

NSP 1089 2% 563 2% 526 2%

Réponses manquantes 5 - 3 - 2 -

Votre avenir professionnel

Plutôt inquiet 8390 15,2% 3508 12,4% 4882 18,1% Plutôt optimiste 44850 81,1% 23639 83,6% 21211 78,5%

NSP 2039 3,7% 1115 4% 924 3,4%

Réponses manquantes 5 - 3 - 2 -

Votre priorité sur 3 ans

Emploi stable 34727 62,8% 17021 60,2% 17706 65,5% Faire carrière 12500 22,6% 6996 24,8% 5504 20,4% Ménager la vie hors travail 8052 14,7% 4245 15% 3807 14,1%

Réponses manquantes 5 - 3 - 2 -

Vous mettre à votre compte ?

Oui, c’est dans mes projets 8037 14,9% 5376 19,6% 2661 10% Oui, peut-être 10744 19,9% 6650 24,2% 4094 15,4% Non 344551 63,7% 14932 54,3% 19519 73,3% NSP 887 1,6% 541 2% 346 1,3% Réponses manquantes 1165 - 766 - 399 - Total 55284 100% 28265 100% 27019 100% 4.2 Méthodologies

Deux méthodes sont utilisées pour apporter une preuve de la discrimination : le test de situation et l’économétrie. La plupart du temps, les tests de situation sont utilisés pour prouver des traitements discriminatoires à l’embauche, alors que les méthodes économétriques se focalisent sur la mesure de la discrimination salariale « pure ». L’extension des décompositions aux questions relatives à la discrimination à l’embauche pose le problème de l’identification de l’offre et de la demande de travail salarié. Nous rappelons d’abord les principes des deux méthodes de preuve de la discrimination, par le test de situation et par l’économétrie. Nous présentons plus en détail les méthodes économétriques sur données transversales, et nous en montrons les limites. Enfin nous présentons les méthodes longitudinales traditionnellement utilisées et nous proposons une approche alternative simple de l’analyse longitudinale de l’inégalité d’accès à l’emploi.

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