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Les troubles hépatiques peuvent être aigus ou chroniques.

Les signes cliniques ne se manifestent que quand le problème est déjà bien avancé. Ces signes sont alors très variables d’une petite inappétence accompagnée d’une baisse d’activité à des hémorragies aiguës voire des morts subites. Aucun symptôme n’est pathognomonique ; l’oiseau n’est pas en forme, il peut présenter de la dyspnée suite à de l’ascite ou à une hépatomégalie importante, des urates colorés jaunes ou verts. La coloration

jaune des muqueuses n’apparaît pas chez les oiseaux (pas d’augmentation de la bilirubine dans les tissus, mais excrétion de la biliverdine dans les urines). Des signes neurologiques peuvent être présents en cas d’encéphalose hépatique. Dans les cas chroniques des problèmes de mue, de croissance des griffes et du bec peuvent être notés. (57, 68, 119)

*Diagnostic

Le diagnostic est difficile, puisque la clinique n’apporte pas toujours les éléments de forte suspicion. De nombreux examens complémentaires doivent être pratiqués. (68)

Les paramètres biochimiques utilisés pour explorer la fonction hépatique sont les mêmes que chez les carnivores, mais ils ne sont pas spécifiques du foie. L’alanine aminotransférase (ALAT) est une enzyme spécifique du foie chez les carnivores mais son activité est variable chez les oiseaux. La lactate déshydrogénase (LDH) et l’aspartate aminotransférase (ASAT) ont une activité hépatocytaire importante mais on les retrouve également dans d’autres tissus, les muscles notamment (augmentation en cas d’injection intramusculaire par exemple). La concentration en créatine kinase permet d’explorer des dommages musculaires mais sa demi-vie est très courte. Tous ces paramètres seul ne permettent donc pas un diagnostic de troubles hépatiques mais peuvent renforcer notre suspicion. (57, 68, 119)

Le suivi des concentrations plasmatiques en acides biliaires avant et après un repas est plus utile. Un seul test suffit habituellement. (68)

L’imagerie médicale apporte souvent beaucoup d’informations. La radiographie est essentielle, elle permet d’estimer la taille du foie, le déplacement éventuel des autres organes et parfois de détecter d’autres processus pathologiques (ascite, atteinte des sacs aériens). Elle est toujours indiquée avant une intervention chirurgicale ou une endoscopie. L’échographie est possible, elle permet parfois de caractériser une lésion en visualisant une ou des masses. Les biopsies échoguidées peuvent être réalisées. (57, 68, 119)

La biopsie est le seul examen permettant un diagnostic définitif. Elle n’est jamais sans risque. Elle est indiquée en cas d’échec thérapeutique, de concentrations élevées des ASAT et acides biliaires de manière persistante, de modifications radiographiques et/ou échographiques. (57, 68, 119)

*Traitement

Les traitements symptomatique et de soutien sont essentiels en attendant le diagnostic (si celui-ci est fait, l’étiologie est rarement connue).

En cas de dyspnée causée par une ascite importante il sera possible de ponctionner le liquide. En absence de dyspnée préférer l’utilisation de diurétiques pour diminuer l’accumulation de liquide. En effet la ponction du liquide d’ascite peut entraîner une perte protéique importante et une hypovolémie. (57, 68)

L’alimentation doit être adaptée. Les oiseaux sont souvent anorexiques, il sera donc nécessaire de les gaver 3 à 4 fois par jour en utilisant une alimentation facilement digestible, entraînant peu de déchets et pauvre en lipides. Les hypovitaminoses sont fréquentes dans les troubles hépatiques, l’alimentation pourra être complémentée. (57, 68)

Du lactulose (à 0.3ml/kg 2 fois par jour par voie orale) pourra être distribué. Il lutte contre l’encéphalopathie hépatique (réduction de la formation d’ammoniac dans le tube digestif et de son absorption). (57, 68)

En cas de coagulopathie de la vitamine K (2 mg/kg/j en IM) pourra être injectée. (57, 68)

La colchicine (0,04 mg/kg/6-12 heures VO) est un agent anti-mitotique pouvant être utilisé pour lutter contre le développement de la fibrose hépatique. (57, 68)

*Hépatite bactérienne

C’est un problème hépatique assez fréquent. Un grand nombre de bactéries, en général des gram négatif, peuvent être impliquées. Ces infections sont la suite d’une septicémie ou d’une remontée de germes depuis le tube digestif. (68) Le diagnostic se fait par la cytologie ou l’histologie. Le traitement est antibiotique (enrofloxacine par exemple) et non spécifique. (68)

L’hépatite bactérienne la plus fréquente met en cause des Chlamydohila. Dans le forme aiguë on observera une péri-hépatite et une cirrhose dans les formes chroniques. La chlamydiose doit toujours apparaître dans le diagnostic différentiel les troubles hépatiques. (57, 68)

*Virus

L’Herpesvirus et le Polyomavirus sont fréquemment impliqués dans des troubles hépatiques. L’herpes virose (maladie de Pacheco) provoque une hépatite focale. Le polyomavirus entraîne un nécrose hépatique pouvant être fulgurante. (68)

*Trématodes

Les douves sont des parasites fréquemment retrouvés des le foie de cacatoès importés. L’infection est chronique. Les parasites provoquent des obstructions et une hyperplasie des conduits biliaires. (68)

Le diagnostic peut se faire par coproscopie (identification des œufs). (68)

*Hémochromatose ou maladie du stockage de fer

L’hémochromatose est une accumulation pathologique et excessive de fer dans les différents tissus et notamment le foie entraînant inflammation des conduits biliaires, nécrose, fibrose et cirrhose. Elle se rencontre peu chez les psittaciformes (68, 85)

La pathogénie est mal connue, mais le problème serait lié à un métabolisme anormal du fer aggravé par une alimentation trop riche en fer (>100ppm). (68, 85, 131)

Le diagnostic passe par l’histologie. La mesure de la concentration de fer plasmatique est non conclusive. (68, 85, 131)

Le traitement est un traitement symptomatique et de soutien de la fonction hépatique dans un premier temps. L’alimentation doit être revue pour réduire l’apport en fer (pas plus de 65ppm), privilégier les aliments pauvres en fer (produits laitiers, la plupart des fruits, blanc d’œuf cuit, pommes de terre bouillies) et en supprimer ceux au contraire qui en sont riches (légumes, végétaux verts à feuilles, raisin, alimentation animale). (68, 85) La déféroxamine (100mg/kg/24h, Desferal ND), agent chélateur, peut être utilisée mais ces effets ne sont pas prouvés. (68, 131)

*Lipidose hépatique (foie gras)

La lipidose hépatique résulte d’un stockage excessif de graisse dans le foie. Elle est fréquemment diagnostiquée chez les cacatoès. (119)

L’étiologie de ce syndrome est mal connue. On le rencontre chez des oisillons EAM ou chez des adultes. De nombreuses facteurs peuvent conduire à cette affection : consommation excessive d’aliments riches en lipides et de mauvaise qualité, exercice restreint, diabète sucré, dysfonctionnement thyroïdien (obésité et développement de lipomes). (57, 68, 85, 119)

Les oiseaux présentent des signes non spécifiques mais évoquant souvent un problème hépatique. Chez les oisillons on observera des problèmes de rétention du jabot, une perte de poids et/ou un arrêt de la croissance, parfois une mort subite. Les adultes sont souvent des oiseaux obèses perdant rapidement du poids, dysorexiques, en polyurie et avec un plumage triste. Dans les cas sévères on pourra noter des coagulopathies et des hémorragies, une anémie chronique et la mort. (68, 85, 119)

La suspicion se fait par la clinique, les commémoratifs concernant l’alimentation. Le diagnostic est permis par la radiographie qui montre une hépatomégalie, des analyses de laboratoire (anémie régénérative, hypoglycémie, AST et LDH augmenté, augmentation des acides gras et du cholestérol chez les oiseaux obèses) et des biopsies hépatiques. (68, 85, 119)

Le traitement consiste surtout en un changement d’alimentation et en l’apport d’un complément alimentaire. (85, 119)

Le pronostic est bon en absence de complications comme les coagulopathies ou les ruptures hépatiques. (85)

*Intoxication

De nombreuses substances se montrent hépato-toxiques : les mycotoxines, les métaux lourds, certains médicaments (anti-convulsivants, halothane), certains insecticides et quelques plantes (ricin, laurier rose, ciguë…). (68)

L’atteinte hépatique dépendra de la sensibilité de l’oiseau, de son état de santé, du toxique, du temps d’exposition à celui-ci. (68)

*Néoplasie

Les tumeurs hépatiques sont assez peu fréquentes. La plus rencontrée est le cholangiocarcinome. (68)