• Aucun résultat trouvé

a .

Principe de base

L’âge auquel on commence l’EAM a une nette influence sur les chances de réussite. Quand les petits sont nés en couveuse, l’alimentation par l’homme doit se faire dès les premiers jours de vie, c’est ce cas qui présente le plus de difficultés. Quand les petits sont nés dans le nid, les chances de réussite sont plus importantes s’ils restent quelques temps avec leurs parents. Pendant les 8 premiers jours les jeunes sont en effet nourris par la femelle avec le lait de jabot difficile à remplacer artificiellement, les parents apportent aux oisillons les bactéries nécessaires à la colonisation de leur tube digestif. L’idéal pour commencer à nourrir des oisillons nés au nid est de 2-3 semaines, la période critique des premiers jours est alors passée avec les parents. Ainsi il est souvent recommandé de n’utiliser l’incubation artificielle que si cela est nécessaire. (3, 40, 75, 78, 126)

Mais il ne faut pas non plus trop tarder. Après 3 semaines les petits ont peur de l’homme. Si l’EAM commence quand les oisillons ont encore les yeux fermés, ça ne pose pas de problèmes, par contre s’ils ont déjà les yeux ouverts, ils ne reconnaissent pas leurs parents et on peut s’attendre à plus de difficultés. (40, 45, 126)

Quelques principes de base sont à respecter pour avoir de bons résultats : la régularité des repas, un hygiène stricte (désinfection des ustensiles après utilisation, ustensiles indépendants pour chaque oiseau), le maintien d’une température constante à 28°C et une diminution progressive quand les plumes apparaissent, une alimentation équilibrée et digeste, le déclenchement d’un stimulus correct pour que l’ingestion de nourriture se fasse volontairement sans gaver de force. (75, 78)

b .

Aliment de remplacement

On utilise des aliments spéciaux pour des oisillons de grands psittaciformes, ces préparations pour l’EAM du commerce sont maintenant bien équilibrées ; il en existe de nombreuses marques. Ces aliments se présentent sous forme de poudre, qu’on diluera dans de l’eau pour former une bouillie. Cette bouillie sera préparée extemporanément peu de temps avant les repas. Il est important de ne préparer l’aliment que peu de temps avant le repas et de ne pas le conserver pour le repas suivant, sinon on risque un développement bactérien qui sur des oisillons au système immunitaire non compétent peut avoir de lourdes conséquences. (9, 75, 86, 126)

La quantité d’eau ajoutée est importante. Les 3-4 premiers jours on utilisera un aliment très liquide constitué de 7% de poudre et de 93% d’eau (aspect d’un soupe). Sinon on risque d’avoir une mortalité importante. Par la suite, on diminue la quantité d’eau pour arriver à un mélange plus pâteux (consistance d’un yaourt), avec 70% de liquide. (9, 86, 126) La bouillie sera distribuée tiédie, à 37-39°C, on s’assurera de la température avec le dos de l’index (thermomètre naturel) et à l’aide d’un thermomètre ; les aliments distribués trop chauds peuvent bien sûr provoqués des brûlures du jabot (au dessus de 43°C) mais aussi dénaturer les nutriments de la préparation ; ceux distribués trop froids peuvent favoriser le développement de bactéries, refroidir l’oisillon ou être la cause de rétention du jabot. Le chauffage par le micro-ondes doit être proscrit dans la préparation de la bouillie, il ne chauffe pas les aliments uniformément. Le mieux est d’utiliser de l’eau bouillie refroidie. (3, 9, 75, 126)

Il peut être utile d’ajouter un mélange de probiotiques et d’enzymes dans la bouillie pendant les 2-3 premières semaines de vie, particulièrement chez les espèces difficiles comme les cacatoès. (126) A l’éclosion les oisillons sont considérés comme stériles, les parents leur apportent des bactéries en les nourrissant, leur tube digestif est ainsi colonisé par une flore digestive adaptée. Dans le cas des oisillons nés en couveuse, il y a un risque non négligeable que le tube digestif soit colonisé par les bactéries indésirables comme E. coli ou des Salmonella. Les bactéries apportées par le probiotique permettent une occupation du terrain et empêchent les bactéries potentiellement pathogènes de s’installer. (31)

c .

Distribution

L’alimentation se fait avec une seringue, une sonde de gavage ou une petite cuillère dont les bords sont repliés vers le haut. (9, 45, 75) La sonde de gavage est la méthode la plus rapide et la moins naturelle, elle doit être réservée à des gens expérimentés (risque de

bords repliés est souvent appréciée des éleveurs. C’est la méthode la plus proche de celle des parents. La distribution est plus lente. (40, 45, 75)

L’oisillon est placé face à nous. La tête est maintenue en arrière, entre le pouce et l’index, le cou tendu vers le haut. Le réflexe de nourrissage (ouverture du bec, mouvements dynamiques de la tête) est déclenché par une légère pression digitée exercée sur les côtés du bec par le pouce et l’index, le bec s’ouvre en grand et il y a obturation de la glotte. La seringue (ou la cuillère) est introduite du côté gauche du bec et dirigée vers la droite en veillant à bien remplir le jabot. (3, 9) Les risques de fausse déglutition sont importants lorsque l’oisillon ne manifeste pas de réflexe de nourrissage ou refuse de se nourrir car dans ce cas il n’y a pas fermeture réflexe de la glotte. Plus l’oiseau grandit, moins il exprime ce comportement. (40)

Les petits sont nourris jusqu'à ce que leur jabot soit plein.

Les restes d’aliments autour du bec seront soigneusement essuyés, on retirera aussi à l’aide de coton-tiges les restes coincés dans la mandibule supérieure. (3, 45)

Les oisillons venant de naître sont faibles et souvent déshydratés, avant leur premier repas à base de bouillie, ils pourront être réhydratés avec une solution type ringer lactate, puis alimentés avec une aliment de remplacement assez rapidement. (75)

Pour les oisillons retirés du nid le premier repas est donné tôt le matin, après avoir vérifié que le jabot est bien vide. Si ce n’est pas le cas, on attendra quelques heures. Si le jabot ne se vide pas après ces quelques heures (6-7 heures) l’oisillon souffre de rétention du jabot, qu’il faudra traiter rapidement. (3, 126)

L’alimentation se fera toujours à intervalles réguliers. (9)

Les premiers jours la nourriture est donnée dès 7 heure 30 et toutes les 2 à 3 heures tout le jour, jusqu’à 21-22 heures, puis toutes les 4 heures. La fréquence des repas est espacée avec la croissance du jeune. Il n’est pas nécessaire d’alimenter les petits la nuit. Leur croissance serait plus rapide avec une alimentation 24 heures sur 24, mais c’est très contraignant et non nécessaire. Un perroquet de 3 à 4 semaines sera nourri 3 à 4 fois par jour. A 7-8 semaines on commencera le sevrage. (3, 26, 45, 78, 126) (cf. Tableau 4)

Age (semaines) Nombre de repas par jour

<1 5-6

1-2 4-5 (soit toutes les 2-3 heures)

3-4 3-4 (heures soit 3-4 repas/j)

5-6 5-6 (soit 3 repas/j)

7-8 7 (début du sevrage) (soit 2-3 repas/j)

9-10 12 (soit 2 repas/j)

Tableau 4 : Rythme de distribution des repas chez le jeune cacatoès (3, 40, 75)

Le volume d’aliment distribué est augmenté progressivement avec l’établissement d’un bon équilibre entre les intervalles entre les repas et la vidange du jabot. (75) Les oisillons ingèrent environ 10% de leur poids à chaque repas. Les cacatoès ont un jabot proportionnellement plus petit que les autres psittaciformes et leur capacité à métaboliser les aliments est importante. Un repas de moins de 10% de leur poids peut donc être suffisant. (26)

3 . Sevrage

C’est une période délicate et stressante pour les jeunes oiseaux comme pour l’éleveur au moment de laquelle on observe un pic de morbidité. Pendant cette période l’oiseau devra être correctement suivi et pesé tous les jours. (cf. Suivis des oisillons). (40)

Le changement d‘alimentation doit être progressif. Dans la nature il se fait sur plusieurs mois sous la surveillance des parents. En EAM il ne faut pas être trop pressé (risques de malnutrition). (9)

Lorsque le jeune rosalbin atteint l’âge de 7-8 semaines, le sevrage peut commencer. Des fruits et des légumes seront laissés à la disposition du jeune oiseau puis on ajoutera des mélanges de graines décortiquées dans un premier temps (éviter les graines de tournesol) et des aliments extrudés. Le jeune va consommer progressivement de lui-même les aliments mis à sa disposition. Pendant toute cette période on continuera à nourrir le jeune oiseau mais on pourra diminuer les quantités données pour l’inciter à manger seul et le nombre de repas (suppression du repas du midi, puis de celui du matin). (3, 9, 40)

Au cours du sevrage, l’oiseau pourra être placé dans une petite cage munie d’un perchoir bas au bout duquel on placera des mangeoires. (40)

On observe des comportements différents d’un oiseau à l’autre, certains sont sevrés beaucoup plus rapidement, d’autres continueront à quémander de la nourriture. (40, 75) Les rosalbins refusent souvent l’alimentation à la main avant d’être prêts à être sevrés (maintien de leur poids corporel). Dans ce cas on peut l’encourager à se nourrir seul, mais en continuant à le nourrir. (40)