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Gonzalo García de Santa María (1447-1521) : portrait d'un érudit aragonais

I. Une figure méconnue

Il relève sans doute d’un discours scientifique convenu que l’auteur d’une étude en revendique l’originalité, en déplorant le manque de travaux réalisés jusqu’alors sur le sujet. Mais, sous la plume des chercheurs qui se sont intéressés au parcours du juriste et érudit Gonzalo García de Santa María, la constatation de nombreuses lacunes ne sont nullement le fait d’une simple coquetterie rhétorique. Nous savons peu de choses de ce personnage, et c’est un motif récurrent, dans les quelques publications dont nous disposons à son sujet, que de le signaler.

Au début du XXe siècle, Manuel Serrano y Sanz, le premier, souligna la nécessité de travailler sur la figure de Gonzalo García de Santa María85. Néanmoins, en 1963, dans son premier article sur Micer Gonzalo, Robert Brian Tate fut contraint de constater que, depuis 1918, peu avait été fait86. Il présenta son travail – la publication de référence en la matière – comme un bouquet de remarques ponctuelles destinées à stimuler les recherches ultérieures sur le juriste aragonais et sur les cercles de lettrés de Saragosse au XVe siècle87. Mais sur cette première pierre, l’édifice tarda à se construire. Vingt-trois ans plus tard, lorsque Julián Martín Abad publia à son tour un article sur Gonzalo García de Santa María, il dut reprendre le dossier là où Tate l’avait laissé et constater ouvertement la malchance du personnage : « un personaje sin suerte, merecedor de una atención insuficiente », dont les œuvres, en grande part perdues ou conservées en peu d’exemplaires, n’avaient fait l’objet que de « noticias dispersas »88.

Jusqu’à aujourd’hui, la figure de Gonzalo García n’a donné lieu à aucune monographie. L’illustre saragossain est fréquemment mentionné dans la bibliographie relative à l’histoire des judéo-convers et plus particulièrement de la famille Santa María de Burgos,

85 Manuel SERRANO Y SANZ, Orígenes de la dominación española en América. Estudios históricos, Madrid : Bailly-Bailliere, 1918, p. 50.

86 Les intentions d’Eugenio Asensio, après avoir travaillé sur le prologue de Las vidas de los sanctos religiosos – « Un día espero ocuparme del autor y de su libro » – restèrent un vœu pieux (Eugenio ASENSIO, « La lengua compañera del Imperio. Historia de una idea de Nebrija en España y Portugal », Revista de Filología Española, 43, 1960, p. 399-413, p. 403, n. 3).

87 R. B. TATE, « Gonzalo García… », p. 213 : « Presento a este fin unas cuantas observaciones con la esperanza de que estimularán el pensamiento acerca del fondo intelectual de un grupo marcadamente vigoroso de eruditos en la capital aragonesa en el curso del siglo XV ».

88 J. MARTÍN ABAD, « Gonzalo García… », p. 495. Il reprend plus loin, p. 505 : « Como ha podido apreciarse, la obra de Gonzalo García de Santa María no ha merecido una atención amplia por parte de los estudiosos. Esa

mais il ne s’agit que de brèves allusions89. En vertu du caractère hétéroclite de son œuvre, il figure également dans de nombreuses histoires littéraires et culturelles, dans des catalogues d’ouvrages imprimés ou dans des répertoires historiographiques, théologiques ou juridiques90. Cependant, le traitement qui lui est réservé se résume la plupart du temps à une courte notice.

Ce sont les éditeurs modernes de certains de ses textes qui contribuèrent, les premiers, à dessiner, quoiqu’en pointillé, les contours du personnage, dans leurs introductions : Antonio Paz y Meliá au XIXe siècle et Isak Collijn et Erik Staaff au début du XXe91. Quelques années plus tard, Manuel Serrano y Sanz, en éditant le testament de Gonzalo García de Santa María, donna à lire un document d’une importance capitale en même temps qu’il apporta, en introduction, plusieurs précisions biographiques92.

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, outre la réflexion menée par Robert Brian Tate93 et la synthèse bio-bibliographique publiée par Julián Martín Abad94 – dont le principal

necesidad de estudiar más detenidamente su vida y obra continúa latente desde los días de Tate, para no remontarnos al punto de arranque al que él mismo remitía en los años 60 ».

89 Voir par exemple les ouvrages suivants : José AMADOR DE LOS RÍOS, Historia social, política y religiosa de

los judíos de España y Portugal, Madrid : Imprenta de T. Fortanet, 1875-1876 ; M. SERRANO Y SANZ, Orígenes

de la dominación… ; Luciano SERRANO PINEDA, Los conversos D. Pablo de Santa María y D. Alfonso de

Cartagena : obispos de Burgos, gobernantes, diplomáticos y escritores, Madrid : Instituto Arias Montano, CSIC,

1942 ; Francisco CANTERA BURGOS, Alvar García de Santa María y su familia de conversos. Historia de la

Judería de Burgos y de sus conversos más egregios, Madrid : CSIC, 1952 ; Henry Charles LEA, Historia de la

Inquisición española, (1a ed. 1906-1907), Madrid : Fundación Universitaria Española, 1983 ; Bernard VINCENT,

1492, l'Année admirable, Paris : Aubier, 1991 ; Norman ROTH, Conversos, Inquisition, and the expulsion of the

Jews from Spain, (1e éd. 1995), Madison, WI : University of Wisconsin Press, 2002 ; Encarnación MARÍN

PADILLA, Panorama de la relación judeoconversa en el siglo XV con particular examen de Zaragoza, Madrid :

El Autor, 2004.

90

On ne citera ici que quelques publications représentatives : M. GÓMEZ URIEL, op. cit. ; Rafael de UREÑA

SMENJAUD, Los incunables jurídicos de España. Discurso leído ante las Reales Academias, reunidas para

celebrar la « Fiesta del libro », el día 7 de octubre de 1929, Madrid : [Tipografía de Archivos], 1929 ; Francisco

VINDEL, Arte tipográfico en España durante el siglo XV. Zaragoza, Madrid : Dirección General de Relaciones

Culturales, 1949 ; Ricardo del ARCOY GARAY, La erudición española en el siglo XVII y el cronista de Aragón Andrés de Uztarroz, Madrid : CSIC-Instituto Jerónimo Zurita, 1950 ; Benito SÁNCHEZ ALONSO, Fuentes de la

Historia española e hispanoamericana, 3ª ed., Madrid : CSIC, 1952 ; B. J. GALLARDO, op. cit. ; Repertorio de

Historia de las Ciencias Eclesiásticas en España, Salamanca : Instituto de Historia de la Teología Española,

1967-1979 ; Luis GIL FERNÁNDEZ, Panorama social del humanismo español : (1500-1800), Madrid : Alhambra, 1981 ; Leonardo ROMERO TOBAR, « Los libros poéticos impresos en los talleres de Juan y Pablo Hurus »,

Aragón en la Edad Media, 8, 1989, p. 561-574 ; Carlos ALVAR et José Manuel LUCÍA MEGÍAS, Repertorio de

traductores del siglo XV, Madrid : Ollero y Ramos, 2009.

91

Colección de documentos…, p. XIII-XX et G. GARCÍA DE SANTA MARÍA, Evangelios e epistolas con sus

exposiciones en romance […], éd. Isak COLLIJN et Erik STAAFF, Uppsala : Akademiska Bokhandeln, 1908, p. vii-lxxxviii.

92 M. SERRANO YSANZ, « Testamento de Gonzalo… ».

93 Il s’agit de trois articles. Dans le premier, le professeur Tate fait la synthèse des éléments disponibles sur la vie et l’œuvre de l’auteur. Cf. R. B. TATE, « Gonzalo García…». Dans le deuxième, il étudie ce qu’il croyait alors être la seule œuvre historiographique conservée de l’auteur. Cf. Id., « Una biografía de Juan II de Aragón », in :

Id., Ensayos sobre la historiografía peninsular del siglo XV, trad. Jesús DÍAZ,Madrid : Gredos, 1970, p. 228-248. L’original en anglais s'intitule « A humanistic biography of John II of Aragon », Bulletin of Hispanic Studies, XXXIX, 1962, p. 1-15. Dans le troisième article, il compare les biographies de Jean II composées par les deux chroniqueurs García de Santa María et Marineo Sículo. Cf. Id., « Lucio Marineo Sículo y Gonzalo García de Santa María », in : Id., Ensayos sobre la historiografía peninsular del siglo XV, trad. Jesús DÍAZ, Madrid :

apport a été de localiser les différents exemplaires des œuvres de Micer Gonzalo –, quelques rares travaux ont commenté ponctuellement certaines productions de l’érudit aragonais. Le plus célèbre, par la portée des thèses qui y ont été défendues, est sans nul doute l’article d’Eugenio Asensio, qui a démontré comment Nebrija avait forgé une des ses plus célèbres formules, « la lengua compañera del imperio », à partir de l’idée développée par Gonzalo García de Santa María dans le prologue aux Vidas de los sanctos religiosos95. C’est cet article qui a fait connaître au plus grand nombre le nom de Gonzalo García de Santa María, sans pour autant éclaircir les diverses zones d’ombre entourant sa biographie. Margherita Morreale s’est intéressée, quant à elle, à sa technique de traduction de la Bible dans les Evangelios e epístolas96. Ángel Ibisate Lozares et Antonio Pérez Gómez ont porté un intérêt bibliographique à deux des œuvres de l’érudit aragonais97.

Voilà toute la matière critique dont nous disposons au sujet de Gonzalo García, tandis que ses œuvres ne sont, à l’heure actuelle, que très partiellement éditées. En effet, nous ne jouissons aujourd’hui que de deux éditions modernes – mais datant respectivement de 1887 et

Gredos, 1970, p. 249-262. L’original en anglais s’intiule : « A humanistic biography of John II of Aragon – a note », in : Juan MALUQUER DE MOTES Y NICOLAU (dir.), Homenaje a Jaime Vicens Vives, Barcelona : Universidad de Barcelona, Facultad de Filosofía y Letras, 1965, p. 665-673. En plus de ces articles publiés, la BUdG (Barri Vell) conserve un fonds spécial nommé « Fons Robert Tate », qui rassemble tous les documents de travail et les notes manuscrites que le chercheur britannique a légué à ladite université. La section 33 est consacrée à Gonzalo García de Santa María.

94 J. MARTÍN ABAD, « Gonzalo García… » ou sa réédition : Id., « Gonzalo García de Santa María : apuntes bio-bibliográficos », in : Id., El enredijo de mil y un diablo : de manuscritos, incunables y raros, y de fondos y

fantasmas bibliográficos, Madrid : Ollero & Ramos, 2007, p. 29-50.

95 Eugenio Asensio cite Nebrija (« Cuando bien pienso, mui esclarecida reina, i pongo delante de los ojos el antigüedad de todas las cosas que para nuestra recordación i memoria quedaron escriptas, una cosa hallo i saco por conclusión mui cierta : que siempre la lengua fue compañera del imperio y de tal modo lo siguió que juntamente començaron, crecieron y florecieron y después juntamente fue la caída de entrambos ») et García de Santa María (« E porque el real imperio que hoy tenemos es castellano, e los muy excellentes rey e reyna, nuestros senyores, han escogido como por assiento e silla de todos sus reynos el reyno de Castilla, delibere de poner la obra presente en lengua castellana, porque la fabla comunmente mas que todas las otras cosas sigue

al imperio ») (Eugenio ASENSIO, art. cit., p. 406 et 403, je souligne). Il montre également comment cette déclaration est elle-même clairement inspirée du prologue des Elegantiae de Laurent Valla, dont Gonzalo García de Santa María possédait deux exemplaires dans sa bibliothèque personnelle (M. SERRANO Y SANZ, « Testamento de Gonzalo… », p. 475).

96

Marguerita MORREALE, « Los Evangelios y Epístolas de Gonzalo García de Santa María y las Biblias romanceadas de la Edad Media », Archivo de Filología Aragonesa, 10-11, 1958-1959, p. 277-289.

97 Dans son article, Ángel Ibisate Lozares fait une synthèse critique de la biographie de l’auteur et pose les questions pertinentes. Cf. Ángel IBISATE LOZARES, « La edición incunable de la obra de Fr. Grifón de Flandes (OFM) Supleción de los modernos al blasón del mundo y a la crónica del Asia mayor de los antiguos escriptores

e históricos traducida por Gonzalo García de Santa María », Scriptorium Victoriense, 39, 1992, p. 386-445). Les

travaux d’Antonio Pérez Gómez sont les suivants : Antonio PÉREZ GÓMEZ, Versiones castellanas del Pseudo

Catón. Noticias bibliográficas, Valencia : s.n., 1964 et A. PÉREZ GÓMEZ, « El Catón en latín y romance. Zaragoza. Pablo Hurus, 1493-1494 », Gutenberg Jahrbuch, XXXIX, 1964, p. 115-119. Sur cette dernière œuvre, on pourra également consulter Víctor INFANTES, « El Catón hispánico : versiones, ediciones y transmisiones »,

in : Actas del VI Congreso Internacional de la Asociación Hispánica de Literatura Medieval, II, Alcalá de Henares : Universidad, 1997, p. 839-846.

de 1908 – sur l’ensemble de son œuvre, qui comporte une dizaine de titres98. Faut-il croire que ce manque d’intérêt pour la vie et l’œuvre de Gonzalo de García de Santa María reflète l’importance et l’influence très relative du juriste dans la Saragosse de la fin du XVe siècle ? Micer Gonzalo apparaît avant tout comme l’homme des prologues et des colophons, du péri-texte et du parapéri-texte, tandis qu’aucune de ses compositions personnelles ne semble jamais avoir été imprimée. Plus généralement, il est légitime de s’interroger sur l’intérêt suscité par ses œuvres de son temps. Robert Brian Tate ne leur attribue d’ailleurs qu’un rayonnement local99. Aurions-nous donc affaire à un personnage secondaire dans l’histoire des lettres péninsulaires ? Afin de tenter de répondre à ces interrogations, je reprendrai le parcours de Micer Gonzalo par le menu, en m’appuyant essentiellement sur les conclusions de Robert Brian Tate, en les révisant parfois, en les complétant par la lecture de nouveaux documents d’archives et par la relecture d’autres textes déjà connus.

II. Homonymies et confusions

À en croire l’affirmation inaugurale de Julián Martín Abad, retracer la vie de l’érudit aragonais est un parcours semé d’embûches : « Sin duda Gonzalo García de Santa María ha sido un personaje sin suerte. Merecedor de una atención insuficiente, ha arrastrado tras de sí una larga cadena de errores »100.

La première erreur remarquable est imputable à Nicolás Antonio. Dans ses répertoires bibliographiques, il confond le juriste aragonais avec un homonyme et parent éloigné, le fils de Pablo de Santa María ou Pablo de Burgos. Cet autre Gonzalo García de Santa María naquit en 1379 à Burgos. Il fut successivement évêque d’Astorga, de Plasencia et de Sigüenza et mourut en 1448. Malgré la différence de génération – le fils de Pablo de Burgos décéda un an après la naissance de « notre » Gonzalo García de Santa María –, Nicolás Antonio attribue à tort au Gonzalo de Burgos une Aragoniae regum historia101. La confusion, signalée par Félix

98 À ces éditions modernes, il faut ajouter, pour certaines œuvres, des éditions en fac-similé papier et, pour d’autres, des reproductions en microfiches dans le cadre du projet Incunabula. Cf. Lotte HELLINGA (dir.),

Incunabula : the Printing Revolution in Europe 1455-1500. Full-text incunabula on microfiche, Woodbridge :

Research Publications, 1992-.

99

R. B. TATE, « Gonzalo García… », p. 220.

100 « La homonimia provocó errores como el de Nicolás Antonio, que confunde nuestro personaje con otro Gonzalo García de Santa María […] muerto hacia 1448 […] ; pero sabemos que nació en Zaragoza el 31 de mayo de 1447 » (J. MARTÍN ABAD, « Gonzalo García… », p. 495). Julián Martín Abad tire la date de naissance du juriste de son testament, sur lequel nous reviendrons ultérieurement.

101 Nicolás Antonio attribue par ailleurs au Gonzalo de Saragosse une traduction en latin de la Corónica de Vagad sans se rendre compte que cette œuvre et l’Aragoniae regum historia ne font qu’un. Voir Nicolás

Latassa y Ortín102 au XVIIIe siècle et par José Amador de los Ríos103 au XIXe, a pourtant trouvé des échos jusqu’à la fin du XXe siècle104. Julián Martín Abad a dénoncé l’erreur de manière catégorique et définitive105.

Pour compliquer encore l’affaire, Félix Latassa, renvoyant à une référence trouvée chez Vincencio Blasco de Lanuza, indique que « con permiso de su mujer se hizo cartujo en 16 de junio de 1510, y parece por licencia de D. Miguel Figuerola, Obispo de Pati, Vicario General del Arzobispo de Zaragoza »106. Or cette référence entre en contradiction avec plusieurs éléments biographiques contenus dans le testament et les codicilles que rédigea Micer Gonzalo entre 1519 et 1521107. Qui plus est, dans la documentation postérieure à 1510, Gonzalo est appelé « Micer » et jamais « Fray » ; il est qualifié de « doctor en derechos » et aucune référence à une éventuelle condition monacale n’est faite108. Il semble donc raisonnable de se ranger à l’opinion de Manuel Serrano y Sanz – à savoir que le moine chartreux est un homonyme n’ayant rien à voir avec le juriste109 –, ou de penser que la référence de Vincencio Blasco de Lanuza est initialement erronée. Toutefois nous ne pouvons

ANTONIO, Bibliotheca hispana vetus, facs. de l'éd. de Madrid, 1788 (1re éd. Rome : Rubois, 1696), Madrid : Visor, 1996, II, p. 244.

102 F. LATASSA Y ORTÍN, Bibliotheca antigua…, II, p. 353.

103 J. AMADOR DE LOS RÍOS, Historia crítica de la literatura española, Madrid : José Rodríguez & Joaquín Muñoz, 1861-1865, VI, p. 319.

104 Voir José María de AGUSTÍN LADRÓNDE GUEVARA et María Luisa SALVADOR BARAHONA, Ensayo de un

catálogo bio-bibliográfico de escritores judeo-españoles-portugueses del siglo X al XIX, Madrid : J.P. Turanzas, 1983, II, p. 522. Variante de cette erreur, Fernando González Ollé semble avoir récemment confondu le père du juriste avec l’évêque castillan en attribuant au premier la rédaction d’une série de lettres adressées, en 1418, à Alphonse V d’Aragon quand il était bien naturel que Gonzalo de Burgos, alors ambassadeur d’Alphonse au Concile de Constance, écrive au roi. Cf. Fernando GONZÁLEZ OLLÉ, « Actitudes lingüísticas de los reyes de Aragón », in : Vicente LAGÜENS GRACIA (dir.), Baxar para subir : colectánea de estudios en memoria de Tomás

Buesa Oliver, Saragosse : Institución Fernando el Católico, 2009, p. 85-110, p. 103). 105 J. MARTÍN ABAD, « Gonzalo García… », p. 495.

106 F. LATASSAY ORTÍN, Bibliotheca antigua…, II, p. 352.

107 D’une part, il indique en 1519 sa volonté d’être enterré au monastère de Saint-François de Saragosse, choisissant comme exécuteurs testamentaires deux chanoines de la Seo de Saragosse. Puis, en 1521, il corrige ses dernières volontés : il demande à être enterré dans l’église paroissiale de Saint-Pierre, à Saragosse, et prend pour exécuteurs testamentaires Mossen Ramon Cerdán « cauallero », Pedro de la Caballería « mercader e ciudadano dela misma ciudat » et Violante de Velviure, sa femme. Aucune mention n’est faite à une quelconque chartreuse. D’autre part, la mention portée sur le document, au trépas du testateur, laisse entendre que celui-ci serait décédé à son domicile puisque la notification de la mort y a été effectuée, par son épouse : « Die II.ª mensis Julii anno M.° quingentesimo vicesimo primo, Cesarauguste. Dentro de las casas de la propria habitacion del dicho Gonçalo de Sancta Maria, que son fechas en la dicha ciudat en las botigas fondas, en la parrochia de Sant Pedro, que afruentan con casas de Fernando la Caballeria ; con calliço que no tiene sallida ; con las dichas botigas fondas, comparescio la magnifica Violant de Veluire, mujer del dicho quondam Micer Gonçalo, la qual dixo que el dicho Micer Gonçalo fuesse muerto, etc., é por tanto, requiere a mí Joan [Arruego] ». Voir M. SERRANOY SANZ, « Testamento de Gonzalo… », p. 472 et p. 477-478. Voir également, à l’APZ, Juan Arruego, 17-01-1521, Codicillo, fol. 54v et 56.

108

Voir la lettre de Ferdinand le Catholique à Gonzalo García de Santa María (Aranda de Duero, 2 août 1515), RAH, A-14, fol. 220. Le document est transcrit dans R. B. TATE, « Una biografía de Juan II... », p. 231.

que déplorer, là encore, que la confusion ait connu une certaine postérité et ait fait florès jusqu’au XXe siècle110.

En dernier lieu, signalons que le père et le fils de l’érudit aragonais portèrent le même prénom que lui, ce qui rend souvent difficile, dans les documents d’archives, l’identification du Gonzalo mentionné, d’ailleurs parfois nommé, de manière raccourcie, « Gonzalo de Santa María »111. La situation est encore plus confuse du fait que le juriste et son père exercèrent tous deux des charges municipales à Saragosse, dans la deuxième moitié du XVe siècle.

Pour démêler la masse des références, doivent être pris en compte la chronologie et le contenu de la documentation. Ceux-ci permettent soit de trancher catégoriquement, soit simplement d’émettre une hypothèse sur l’identité de la personne concernée. Le titre de Micer, utilisé pour désigner les docteurs en droit, est, en outre, un indice significatif. En effet, ni le père, ni le fils de l’auteur des RARG ne semblent avoir reçu de formation savante ou s’être intéressés au droit, aux lettres ou à quelque forme d’érudition112, et il serait plus que fortuit qu’un parfait homonyme saragossain jouisse, à la même période, du même titre113. En conservant à l’esprit, à cause de ces homonymies, les précautions de rigueur, pénétrons donc maintenant dans la complexe histoire familiale de Gonzalo García de Santa María.

110 Par exemple: B. SÁNCHEZ ALONSO, Historia de la historiografía española, Madrid : CSIC, 1941, I, p. 406 ; F. CANTERA BURGOS, op. cit., p. 379 ; UN CARTUJO DE AULA DEI et Ildefonso María GÓMEZ, Escritores cartujanos

españoles, Montserrat : Abadía de Montserrat, 1959, p. 69 ; Inocencio RUIZ LASALA, Historia de la imprenta en

Zaragoza, con noticias de las de Barcelona, Valencia y Segovia, Zaragoza : [s.n.], 1975, p. 51 ; C. LISÓN

TOLOSANA, art. cit., p. 101 ; C. ALVAR, « Una veintena de traductores del siglo XV ; prolegómenos a un repertorio », in : Tomàs MARTÍNEZ ROMERO et Roxana RECIO (eds.), Essays on medieval translation in the