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Gonzalo García de Santa María (1447-1521) : portrait d'un érudit aragonais

B. Contexte culturel

La Renaissance hispanique fut le fruit d’une gestation propre, sous l’influence d’un modèle culturel italien au développement précoce et fulgurant. Dans la production écrite, l’humanisme hispanique se déploya logiquement, lui aussi, selon des modalités spécifiques et fut conditionné par des facteurs historiques particuliers. Plus spécialement, l’invasion arabe, au début du VIIIe siècle, eut des conséquences non seulement dans l'absence de transmission directe d’un légat littéraire latin –les manuscrits conservés dans les bibliothèques antiques subsistant du temps de Saint Isidore disparurent – mais encore dans la structuration même de la société, au fil du processus de Reconquête. Ce processus conditionna la persistance de la suprématie politique de la noblesse et du monopole culturel du clergé, dans un climat d’exhortation des valeurs guerrières298. Toutefois, l’essor d’une élite commerciale dans plusieurs grands centres urbains péninsulaires, l’introduction de l’imprimerie et le désir croissant de la noblesse d’accéder aux arcanes de l’écrit favorisèrent la diffusion progressive des nouvelles valeurs et usages littéraires qui configuraient l’humanisme299.

En Aragon, le contexte économique florissant joua un rôle primordial. Le déclin d’une Catalogne épuisée par la guerre civile bénéficia aux royaumes péninsulaires l’entourant. La ville portuaire de Barcelone perdit sa suprématie au profit de Valence et Saragosse. Le rôle de

298 L. GIL FERNÁNDEZ, « Los Studia Humanitatis en España durant el reinado de los Reyes Católicos »,

Península. Revista de Estudos Ibéricos, 2, 2005, p. 45-68, p. 45-46.

299 Jérémy Lawrance, décrivant la bataille que se livrent scolastiques et humanistes dans la Castille du XVe siècle, interprète cet affrontement comme une lutte sociale entre clergé et noblesse pour conserver le monopole de la culture écrite, pour le premier groupe, et y accéder, pour le second (J. LAWRANCE, « La Autoridad de la letra… »).

carrefour terrestre de la capitale aragonaise, non seulement entre l’Allemagne, l’Italie et le reste de la péninsule, via la France, mais également entre la Castille et la côte méditerranéenne, crut considérablement. Saragosse vit, à la fin du XVe siècle, l’entrée massive de marchands, d’artisans mais aussi d’érudits et d’artistes venus de toute l’Europe300. La ville connut l’implantation précoce d’imprimeurs allemands, qui s’installèrent stratégiquement à la croisée de routes commerciales et qui alimentèrent l’essor de l’humanisme aragonais301. Par ailleurs, depuis les temps d’Alphonse V, l’Aragon entretenait d’intenses relations commerciales avec les territoires italiens de la couronne tandis que les diplomates et chevaliers aragonais, tout en accomplissant leur tâche politique ou guerrière, s’étaient ouverts à une culture humaniste en pleine expansion :

Los cenáculos literarios de la ciudad están siendo impregnados por la ola humanista que irradia de Nápoles. […]. También en Nápoles, « trattavano la penna e la spada » los aragoneses Juan de Moncayo, Juan de Sesé, Hugo de Urriés, Pedro Ximénez de Urrea, Juan Fernández de Híjar, García de Borja, Pedro Cuello y Pedro de Santa Fe, letrados, diplomáticos, embajadores y poetas, guerreros y caballeros galantes, relacionados con los humanistas locales. […] Vagad estuvo en Italia […] Por último, completa y robustece el puente Zaragoza-Nápoles el trasiego de un cierto número de comerciantes aragoneses que acompañan al Magnánimo ; mientras que sus conocidos y parientes declaman versos o desenvainan espadas, ellos hacen sonar monedas que más tarde se truecan en fundaciones, retablos, orfebrería y palacios zaragozanos del quattrocento302.

La prospérité et la circulation de monnaie à Saragosse engendra, en effet, une fièvre urbanistique sans précédents :

Despueblan se y cahen las casas de religion enlas otras ciudades, en Çaragoça de nueuo se fundan, de nueuo se labran y augmentan. Labran se de nueuo no solos magnificos templos en çaragoça. Hedificios puestos al cielo, publicas y costosas moradas. Mas abren se nueuas calles, plantan se nueuas huertas. Hedifican se cabdalosas casas303.

L’essor des arts se donnait alors à voir au gré des commandes de riches mécènes. Ainsi, les archevêques de Saragosse s’appliquèrent-ils à garnir la Seo de splendides réalisations : la taille entière du retable de son maître-autel, joyau de la cathédrale, s’étendit sur plus de quarante ans et vit l’intervention des maîtres Pere Johan, Francisco Gomar et Hans de

300 José NAVARRO LATORRE, « La política cultural de Aragón en la época de Fernando II », Revista de Historia

de Jerónimo Zurita, 39-40, 1981, p. 135-150, p. 137.

301 Voir M. Á. PALLARÉS JIMÉNEZ, La imprenta de los incunables….

302

C. LISON TOLOSANA, art. cit., p. 102. Sur la présence italienne à Saragosse, voir G. NAVARRO ESPINACH, et al., art. cit.

Schwäbisch Gmünd. Ultérieurement, le sépulcre hautement symbolique de Pedro Arbués fut commandé au grand sculpteur Gil Morlanes l’Ancien304. En 1509, le chapitre chargea Damián Forment de la réalisation du retable du maître-autel de l’église de Sainte-Marie-La-Grande, c’est-à-dire du Pilar. Tous les sanctuaires se garnirent richement. Les communautés de métier, les familles nobles, les riches citoyens y contribuèrent grandement :

[…] los grandes señores rivalizan en hacer donaciones para los templos. En 1520, doña María de Alagón manda hacer una capilla, la de Santiago de La Seo, a Gil de Morlanes. Don Pedro de Alagón, en 1502, hace construir, al arquitecto moro Ismael Allovar, la capilla de Santiago y Santa Ana, del Pilar. Los Agustín tenían capilla-sepulcro en Santa Engracia. Los Almazán, en 1516, se hicieron construir retablo y sepulcro en el Pilar. […] Las parroquias y los gremios luchaban por el mayor esplendor de su templo. Se construye el retablo de la iglesia de San Miguel en 1518. […] Cocci hizo construir un retablo para su capilla de Santa Engracia305.

Les réalisations prestigieuses concernèrent également les édifices civils, à l’image de la fameuse Tour Neuve, porteuse d’une horloge publique et construite sous les auspices des instances municipales. Sa construction s’étendit sur le premier quart du XVIe siècle, sous la direction du maître Gombao306. L’édifice abritant la Diputación fut somptueusement décoré tout comme de nombreuses résidences privées307. Le roi lui-même fut le moteur de divers projets monumentaux dont les plus remarquables furent le monastère de Sainte-Engracia et l’adjonction du palais royal dit « des Rois Catholiques » à celui de l’Aljafería308.

Il est coutume de souligner que l’arrivée au pouvoir de Ferdinand marqua un point d’inflexion dans la politique culturelle aragonaise309. Alphonse V, en effet, s’il étendit les contacts culturels et commerciaux avec l’Italie du Quattrocento, cultiva essentiellement l’essor de sa cour à Naples310 ; quant à Jean II, il fut, semble-t-il, trop accaparé par la rébellion

304

Cf. Daniel RICO CAMPS, « La imagen de Pedro Arbués. Literatura renacentista y arte medieval en torno a don Alonso de Aragón », Locus Amoenus, 1, 1995, p. 107-119.

305 M. D. CABRE MONTSERRAT, art. cit., p. 51-52. María Dolores Cabré Montserrat montre que cette émulation rejaillit sur d’autres localités aragonaises : « Los arquitectos, pintores y escultores no paran. Los Alagón, en el pueblo de Pina ; el abad de Montearagón, Agustín de Palafox, en Epila, en Belchite, Lope de Ecmenses ; micer Pedro Lobera, de Huesca, y mosén Martín de Lanuza, de Calatorao, los contratan. El racionero de La Seo, Ximeno Bages, en 1517, hace un legado para que se construya un riquísimo retablo en Villamayor ».

306 J. NAVARRO LATORRE, art. cit., p. 144.

307 M. D. CABRÉ MONTSERRAT, art. cit., p. 52.

308

J. NAVARRO LATORRE, art. cit., p. 145.

309 « El humanismo, que se había gestado con anterioridad al reinado de los Reyes Católicos, se afianza, según A.A. Parker, para Castilla en 1474 y para Aragón en 1479 » (Manuel ALVAR LÓPEZ (dir.), Literatura. Vol. 7,

Enciclopedia temática de Aragón, Zaragoza : Moncayo, 1988, p. 116). 310

« Bien es verdad que Alfonso el Magnánimo fue uno de los principales impulsores del Renacimiento con su mecenazgo de Antonio Beccadelli el Panormita, de Bartolomeo Fazio, de Laurent Valla, de Eneas Silvio, del cardenal Besarión y de tantos otros humanistas. Pero su acción se circunscribió a sus dominios italianos, no

catalane pour travailler au rayonnement culturel de ses territoires. Ferdinand II, quant à lui, bien qu’il passât moins de trois ans, durant la totalité de son règne, en Aragon, aurait davantage pris part à son développement culturel. Quoique sa formation fût sommaire et qu’elle se fît essentiellement au gré des circonstances politiques et de la guerre, le roi avait bénéficié, dans sa jeunesse, des enseignements de Miguel de Morer, Francisco Casisi, Antonio Vaquer et Francisco Vidal de Noya et du contact avec d’éminents érudits et lettrés, tels l’évêque de Gérone, Joan Margarit, ou Charles d’Aragon, prince de Viane, son demi-frère311. Ses rapports avec les cours d’Europe, en particulier les cours italiennes, compensèrent la pauvreté de sa culture livresque312. En Sicile et à Naples, il s’imprégna de l’humanisme ambiant et fut notamment marqué par un des célèbres biographes d’Alphonse V, Antonio Beccadelli, dit le Panormita313. C’est peut-être à ses côtés que Ferdinand comprit l’importance de l’historiographie pour assurer le rayonnement et la consolidation de son pouvoir. En effet, l’action la plus visible de Ferdinand pour les lettres aragonaises fut, sans nul doute, l’impulsion qu’il donna à la production historiographique, tant en langue vernaculaire qu’en latin, n’hésitant pas à commander simultanément des textes faisant doublon, comme pour susciter une émulation entre leurs différents auteurs314.

Toutefois, en 1493, le soutien du roi à l’érudition dans son ensemble paraissait visiblement trop superficiel à Gonzalo García de Santa María, qui écrivait, dans le prologue du Catón en latín y en romance :

E codiciaria mucho que viessemos en nuestros dias algun excellentissimo, e marauilloso hombre en alguna facultad, que se egualasse en aquella con los antiguos, pues dios nos ha fecho gracia que en nuestros tiempos hayamos tanta abundancia de libros Latinos, Griegos, e Arabigos, en todas las facultades, e parece me, que ha acahecido el contrario, que los ingenios se han encogido, e apoquecido, despues de la abundancia de los libros, como en otro tiempo quando hauia pocos, se descubrian muy grandes ingenios. Empero ciertamente no ha causado la abundancia, e copia de los libros hauer los ingenios menguado, mas ha acahecido, porque fallecen los galardones,

siendo de parecida intensidad la que ejerció en los de la Península Ibérica, a los que no regresó, desoyendo urgentes llamadas de auxilio » (L. GIL FERNÁNDEZ, « Los Studia Humanitatis… », p. 47).

311 Jaime VICENS VIVES, Historia crítica de la vida y reinado de Fernando II de Aragón, nouvelle édition [1e éd. 1962] avec introd. de Miquel A. MARÍN GELABERT, Zaragoza : Institución Fernando el Católico, 2006, p. 541-545.

312 Jordi RUBIÓ I BALAGUER, « Cultura de la época fernandina », in : Fernando el Católico y la cultura de su

tiempo (V Congreso de Historia de la Corona de Aragón), Zaragoza : Institución Fernando el Católico, 1961,

p. 7-25.

313 J. NAVARRO LATORRE, art. cit., p. 138-140.

314 Ainsi demande-t-il à la fois à Lucio Marineo Sículo et à Gonzalo García de Santa María de composer une biographie de son père. De manière générale, ne manquèrent pas les chroniques « nuevas, remozadas, traducidas y retraducidas » du temps de Ferdinand et de son fils naturel, Alonso, archevêque de Saragosse (M. D. CABRE

e remuneraciones que entonces se dauan a los letrados. Ca leemos que vn ciudadano de Mantua, llamado Mecenas dio a Virgilio (que fue maestro de sus fijos) tan grandes dadiuas, como le diera pocomenos vn emperador. E por esso preguntado Marcial por vn amigo suyo Flacco, porque no hauia en el mundo entonce otro virgilio e respuso, si houiesse muchos Mecenas no faltarian enel mundo muchos Virgilios. Assi que las honras, e prouechos, tienen las artes, e sciencias en pie. E ninguna razon abasta, porque no podiesse hoi hauer otro Aristoteles, e otro Demostenes, o otro Ciceron. Ca en el tiempo dellos, ya eran tan diminuidas las edades, e el discurso del viuir, como hoi. E ninguno dellos, llego a XC años e no se puede dar excusacion, que entonce viuiessen mas los hombres. E no son diminuidas las fuerças dela natura, para que hoi no podiesse produzir vn hombre tan excellente como ellos, tambien como entonce. Assi que los principes, que tienen vezes de dios, en la tierra, son los que sepultan ingenios no faziendo honras, ni mercedes a las letras, o los resuscitan, dando les grandes dadiuas. E en aquellos siglos tan marauillosos de Alexandre, e de Julio cesar, e de Pirro, Rey de los Espirotas, e de Ptolomeo rey de Egipto. O los mismos principes fueron letrados, e por consiguiente hauian de amar a sus semejantes en aquella profession, o si no lo eran, hauian alomenos gana de aprender. Mas agora tenemos el tiempo muy diuerso de entonces. E por esso no solamente no vemos alguno tan excellente como aquellos, mas ni ahun medianamente docto315.

Pour résumer, Gonzalo considérait que, malgré la profusion de livres en latin, en grec et en arabe, il n’y avait pas, de son temps, d’esprits excellents dans les lettres comme à l’époque antique. Il attribuait ce défaut au faible niveau culturel des princes ou à leur manque d’intérêt pour les lettres, leur reprochant de ne pas exercer leur fonction de mécène. Ce prologue est, sans nul doute, quelque peu caricatural. La hardiesse du propos l’éloigne des poncifs flatteurs caractéristiques des dédicaces paratextuelles, comme celle que le juriste adressait à l’archevêque de Séville à quelques années d’intervalle316. Mais ce texte repose sur d’autres topiques : l’idéalisation de l’Antiquité propre du courant humaniste et la plainte de l’écrivain mal rémunéré et peu reconnu. Il n’en reste pas moins, indirectement, une exhortation au mécénat en même temps que l’expression d’une amertume liée à la trop faible réalité de celui-ci, aux yeux de García de Sant María. En 1499, l’imprimeur Paul Hurus allait quitter Saragosse317. Nous ne connaissons pas les raisons de son départ, peut-être lié à des projets

315

G. GARCÍA DE SANTA MARÍA, El Caton en latin…, facs. de 1997, fol. aiiiv-aiiiiv.

316 « […] id ut facerem hortatus est ut paterent eiusdem libri multa exemplaria nomenque tue dominationis qui litteras literatosque complecteris per diuersas exterasque prouincias passim vagaretur ac diffunderetur. » (Dialogus pro Ecclesia…, fol. aiiiv). Le rapproche-t-il, en revanche, de la complainte topique du chroniqueur se jugeant déconsidéré car mal payé ? (S. HIREL-WOUTS, op. cit., p. 283).

317

Sur l’histoire de l’atelier Hurus à Saragosse, voir M. Á. PALLARES JIMENEZ, La imprenta de los incunables…, p. 62-146. Pour résumer en quelques lignes, l’activité de Paul Hurus est documentée à Saragosse à partir de 1476. En 1486, son frère Jean reçoit procuration pour mener l’atelier. Nous perdons la trace de Jean Hurus en 1490. Miguel Ángel Pallarés Jiménez émet l’hypothèse qu’il mourut de l’épidémie de peste qui toucha la ville à la fin de cette année-là. En 1491, Paul Hurus revient à Saragosse. À partir de 1492, il est associé à un autre de ses frères, Maurice. 1499 marque la fin de la présence des Hurus à Saragosse : l’atelier passe aux mains de Koch, Hutz et Appentegger.

personnels et professionnels plus fructueux, mais il n’est pas impossible que le peu d’intérêt de la haute noblesse hispanique pour l’imprimé y ait eu quelque chose à voir318. Déjà dans ce même prologue de 1493, Gonzalo affirmait qu’il avait réussi de justesse à dissuader l’imprimeur allemand de quitter la ville :

A mi por cierto la natura me denego la gracia enel verso, e ahun que yo haya agora emprendido e atreuido me a fazer esta obrezilla en coplas, han sido causas. La primera por satisfazer alos ruegos de Paulo hurus de constancia Alleman. Al qual por la mucha honra que faze en nuestra ciudad e republica, yo por mis fuerças trabajo, e trabajare en complazer le, por no priuar mi ciudad de tan noble artificio, que si yo assi con mi industria como con ruegos, no le detuuiera, ya se houiera ido. E quedara esta re publica manca, de vn miembro tan noble, e suptil artificio, inuentado, o tornado en silla en nuestros dias. El qual ahun que no sea necessario, no podemos empero negar, que no sea prouechoso, e no arree mucho la re publica de aquesta ciudad, en la qual si no le touieramos, deuriamos procurar de le traher dende Alemaña, assi por ser artificio noble, como ahun por la habilidad del artifice la qual es tan grande, que si el touiesse el papel que hai en Venecia, su obra se podria muy bien cotejar con aquella. A lo menos es causa mas que cierta, que de lo que en Hespaña se faze, su obra lieua la ventaja en letra e correction, assi de ortographia, como de punctos319.

Gonzalo fait l’éloge d’un professionnel compétent qui ne se limite pas, semble-t-il, à réaliser avec brio des commandes mais assume également l’initiative de projets éditoriaux. Tout se passe comme si, à Saragosse, l’imprimeur remplissait donc le rôle de promoteur des lettres qu’une noblesse fortunée ne se préoccupait que peu d’exercer à travers le mécénat320. Ainsi, le départ d’Hurus aurait impliqué la fin d’initiatives éditoriales tournées vers l’avenir et un frein à l’activité humaniste saragossaine en plein essor. Par ailleurs, Gonzalo justifie la piètre qualité de la production littéraire jusqu’alors, non seulement par le désintérêt des princes,

318 Sur les réticences de la noblesse à appuyer la production des imprimés, cf. Ibid., « La nobleza y el libro manuscrito », p. 326-328. Une grande partie de la haute noblesse, en particulier, préférait à la fin du XVe siècle promouvoir le support manuscrit, car son coût de production permettait de circonscrire une culture élitiste. Par ailleurs, la profession d’imprimeur ne jouissait pas, en Espagne, d’une réelle reconnaissance sociale (Ibid., p. 363). On remarquera enfin l’existence de quelques animosités, en particulier en Castille, autour de la figure de Paul Hurus en 1498 : « Con la edición de los evangelios de 1498, Pablo Hurus iba a tener problemas de distribución : el 18 de julio de ese año, instaba a Domingo Tienda, vicario de la diócesis de Zaragoza, para que enviara letras a todos los jueces eclesiásticos y seglares, prelados y otras personas de condición en las que se declarara que el libro de los Evangelios para todo el año, recién editado por este impresor, tenía la correspondiente autorización arzobispal. […] A pesar de la autorización arzobispal, Hurus informaba al vicario general de que dicho libro había sido mal recibido en el mercado, lo que él achacaba a la envidia y malicia que le tenían ; se habían esforzado en decir en algunas partes, señaladamente en Castilla, que esa edición había sido reprobada por el arzobispado de Zaragoza. El bulo había hecho que mucha gente hubiera rehusado comprar dicho libro, con el consiguiente prejuicio para el impresor […] » (M. Á. PALLARÉS JIMÉNEZ, La imprenta de los

incunables…, p. 135-136).

319 G. GARCÍA DE SANTA MARÍA, El Caton en latin…, facs. de 1997, fol. aiiv.

320

En effet, Miguel Ángel Pallarés souligne le dynamisme et la clairvoyance d’Hurus qui porte l’initiative et assume le coût économique de la plupart des livres imprimés (M. Á. PALLARES JIMENEZ, La imprenta de los

mais également par la sclérose d’un système qui ne prend nullement en compte les prédispositions naturelles de chaque individu mais prédétermine la « vocation » des fils en fonction de leur appartenance à un état, noblesse ou clergé :

E por esso los antiguos dieron siempre este consejo entre los romanos muy guarado [sic], que trabajasse quadavno en aquella arte, pues fuesse honesta, a la qual dende su nacimiento tuuo inclinacion. Por lo qual hovo entre los Romanos, e ahum Griegos, en todas las artes hombres excellentes, e escogidos. E aqua en Hespaña entre nosotros a penas en vna se falla vno esmerado. Lo qual acahece no por falta de ingenios, los quales tiene la gente hespañola a qulaquier studio aptissimos. E grandes, mas causa lo, que trasplantamos nuestros fijos segun nuestros stados, e apetitos, e no segun sus inclinaciones, e el que conuernia mas, segun su inclinacion, para ser letrado, ponemos le en el palacio, e a la arte dela caualleria, e del campo e por la contra, e piensa vn Duque, o Conde, que si al fijo, a quien viene el mayoradgo, ahun que tenga inclinacion