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Qu'il s'agisse de l'Union Européenne ou du Conseil de l'Europe, leurs rapports avec la société civile ont évolué dans le temps. Sans entrer dans le détail d'évolutions multiples qui ont eu lieu depuis la création des ces deux institutions, il convient cependant de noter certains virages opérés dans les relations qu'elles peuvent entretenir avec la 'société civile'.

C'est notamment dans le domaine des sciences politiques que des études ont été produites, qui analysent l'évolution des relations entre l'Union Européenne et la société civile. R. Sanchez-Salgado, dans un article intitulé « Les projets transnationaux européens : analyse d'une expérience européanisante » (2008), propose notamment une lecture de l'évolution du principe de transnationalité dans les programmes de la Commission Européenne. En effet, la Commission semble accorder un intérêt particulier à la dimension transnationale en tant qu'elle peut contribuer à l'émergence d'une identité européenne ou à l'amitié entre les peuples d'Europe. Ainsi, dans les premiers programmes qu'elle créa dans les années 1970, la dimension transnationale conférait une dimension européenne au projet.

Les années 1990 voient naître le principe de subsidiarité et la dimension transnationale acquiert une nouvelle importance, c'est-à-dire qu'au-delà de l'objectif de construction européenne, il s'agit désormais aussi de justifier les actions de la Commission en tant que la transnationalité apparaît alors « comme la manière la plus évidente de conférer une valeur ajoutée aux actions de la Commission. » (Sanchez-Salgado, 2008 : 57). La transnationalité devient alors un élément essentiel et obligatoire des Programme d'Initiative Communautaire (PIC) et plus généralement de tous les programmes où les activités se déroulent à l'intérieur de l'Union Européenne. Mais, en terme de contenu, la transnationalité reste floue et c'est pourquoi « il convient de s'attendre à des dynamiques d'interprétation, de réappropriation, voire de détournement de la part des porteurs de projets et

qu'il est prévisible d'assister à des résultats du processus d'européanisation très divers » (Sanchez-Salgado, 2008 : 58).

A la fin des années 1990, la Commission réalise des efforts pour donner du contenu concret à la transnationalité, notamment en insistant davantage sur la diffusion des bonnes pratiques qui devient obligatoire. Le volet transnational doit ainsi conduire à la « libre circulation des bonnes idées » (Commission européenne, 2003). C'est en fait une version très spécifique de la transnationalité dans laquelle la valeur ajoutée réside dans le potentiel d'innovation politique et d'apprentissage. Par conséquent, la question de la construction de l'Europe de demain et de l'émergence d'une identité européenne est de facto mise au second plan. Et si les études sur cette question ont tendance à confirmer l'existence de cette valeur ajoutée, elles n'en apportent cependant aucun élément de preuve et « surtout, il n'est pas démontré que la coopération transnationale soit l'outil le plus efficace ou le plus approprié pour atteindre les résultats souhaités. » (Sanchez-Salgado, 2008 : 59).

Si la transnationalité n'est que l'un des aspects des Programmes de la Commission – et du Conseil de l'Europe – la conclusion de R. Sanchez-Salgado à propos de son opérativité et les conséquences des projets transnationaux sur la perception de l'identité commune semblent cependant important dans la réflexion qui est la nôtre. Ainsi, elle note que « lorsque les porteurs de projets s'investissent véritablement dans les projets transnationaux, nous assistons à des stratégies de neutralisation de la différence à travers la mise en valeur d'éléments transculturels et dans certains cas, de sublimation et de transcendance de la différence, quand les individus développent la capacité de se détacher de leur culture d'origine. » (Sanchez-Salgado, 2008 : 72). Cette conclusion, apportée au terme d'une analyse des projets EQUAL dans le domaine de l'emploi et de la formation, pourrait tout autant s'appliquer, à notre sens, aux projets culturels, qu'il s'agisse de ceux financés par la Commission Européenne, que de ceux labellisés par le Conseil de l'Europe. Le volet transnational, s'il n'est pas une spécificité européenne, reste l'une des conditions d'existence aujourd'hui des projets de la société civile qu'il convient de prendre en compte car il constitue l'une des pierres d'achoppement des relations entre les institutions européennes et les porteurs de projets de la société civile.

Ceci étant dit, nous souhaitons ici préciser deux points particuliers, importants dans la perspective d'une étude de l'émergence du patrimoine européen dans le cadre de la double légitimation. D'une part, la manière dont les sciences de l'information et de la communication se sont saisies des rapports entre l'Europe institutionnelle et la société civile et, d'autre part, l'émergence de réseaux d'acteurs de la société civile qui ne sont plus institutionnalisés, c'est-à-dire qui ont une vision européenne détachée de la vision apparemment consensuelle des institutions.

a. Les rapports entre l'Europe institutionnelle et la société civile du point de vue des sciences de l'information et de la communication

Souvent abordée du point de vue de la communication politique, qui elle-même croise les sciences politiques, la « communication européenne » concerne très souvent la communication des institutions ou d'acteurs de la société civile déjà fortement institutionnalisés comme, par exemple, les réseaux reconnus et soutenus financièrement par la Commission Européenne. Il s'agit souvent, dans ce cas, d'étudier les effets des actions des associations et des réseaux de la société civile sur la citoyenneté européenne ou sur la légitimité de l'Union Européenne.

Pourtant, la plupart du temps, les associations et les réseaux associatifs européens demeurent un « monde méconnu » (Dacheux, 1999). Si E. Dacheux utilise ce terme pour parler des associations européennes de citoyenneté, il n'en demeure pas moins que ses remarques peuvent aussi valoir pour des associations dont l'objectif premier n'est pas de mobiliser les citoyens, de militer pour la création d'un « espace civique européen » ou de créer un lien entre les institutions européennes et les citoyens européens. Même si ces considérations ne sauraient être complètement étrangères aux acteurs de la société civile agissant dans le domaine de la culture – nous choisissons celui-ci car il tient à notre sujet – c'est peut-être moins l'espace civique européen que l'espace culturel européen qui les intéresse. Il serait intéressant de se pencher sur le lien entre ces deux espaces, notamment du point de vue discursif, mais c'est une digression que nous ne nous permettrons pas ici. Concernant les associations européennes de citoyenneté, E. Dacheux note qu' « au-delà de [leur] diversité, ces associations présentent toutes un point commun : ce sont des lieux d'expérimentation, in vivo, d'une Europe interculturelle qui échapperait à l'alternative assimilation/multiculturalisme en faisant émerger ce que C. Camilleri appelle « des valeurs cadres, capables de fonctionner comme un simple régulateur de la diversité indéfinie des mouvements culturels présents et à venir, endogènes ou provoqués par des apports extérieurs » (Camilleri, 1994 : 17). Autrement dit, loin de vouloir fondre toutes les identités collectives en une seule, ces associations cherchent à prendre appui sur la réalité pluriculturelle de l'Europe pour faire surgir une nouvelle dimension qui vienne enrichir l'identité culturelle de chaque habitant de l'Union. » (Dacheux, 1999 : 123-124). Cette remarque pourrait aussi s'appliquer aux associations européennes de culture, ainsi qu'aux porteurs de projets culturels européens – qui ne se définissent pas toujours comme des associations culturelles européennes. Il n'en demeurent pas moins que ces différents acteurs, avec leurs différentes conceptions de leur statut et, sans doute, leurs différentes conceptions

de la culture et de leur champ d'action, participent du même mouvement qui touche à l'identité culturelle de chaque Européen.

Aborder le processus de la double légitimation implique de se poser la question des statuts et de la perceptions des statuts. Dans un article sur ce qu'ils appellent les « petits entrepreneurs d'Europe », P. Aldrin et D. Dakowska, qui appartiennent au champ des sciences politiques, notent que, pendant longtemps, les European studies se sont désintéressées de la question de la communication publique et institutionnelle de l'Europe. Depuis quinze ans cependant, celle-ci se présente comme « une entrée très heuristique pour comprendre le processus d'intégration lui-même et plus encore ses difficultés spécifiques à s'insérer dans le paysage politique des citoyens européens. » (Aldrin, Dakowska, 2011). Depuis, nombre de travaux ont vu le jour qui soulignent les transformations de la politique de communication de l'Union Européenne, à l'instar d'E. Dacheux qui l'envisage sous l'angle d'un « impossible défi » (Dacheux, 2003). Une grande partie de ces travaux s'attache à étudier les liens entre les institutions communautaires et les médias d'Europe, notamment au niveau des journalistes. Une autre partie de ces travaux étudie les groupes, les actions et les interactions qui ont, localement, pris le relais de la promotion du projet d'intégration.

Le point de vue de P. Aldrin et D. Dokawska apporte un regard sur la dynamique de communication et de légitimation qu'il nous semble important de mentionner. Ainsi, ils proposent de « décentrer le regard sur le travail de légitimation et d'enracinement de l'ordre politique européen, c'est-à-dire observer la promotion de l'Europe hors ou loin de « Bruxelles » (pour reprendre une métonymie usuelle). […] il s'agit ici d'explorer l'univers de ceux que l'on se propose d'appeler les « petits entrepreneurs d'Europe », c'est-à-dire ces acteurs statutairement extérieurs aux institutions de l'UE mais mobilisés pour la cause intégrationniste, multipliant les initiatives pour exposer, expliquer, édifier l'Europe et donc la rendre légitime. » (Aldrin, Dakowska, 2011). Il s'agit, en d'autres termes, de porter l'attention sur les promoteurs plus « périphériques » ou plus « locaux » du projet d'intégration européenne pour compléter les analyses déjà existantes des professionnels et des politiques de communication de « Bruxelles ». Or, cette perspective semble pouvoir s'appliquer aussi à l'émergence du patrimoine européen dans le cadre de la double légitimation, dans une approche relevant des sciences de l'information et de la communication : dans ce cas, il s'agit bien d'observer la promotion de l'Europe loin de Bruxelles, et même loin de Strasbourg, mais non pas spécifiquement pour l'enracinement de l'ordre politique européen, mais pour la reconnaissance de la culture européenne commune. Il s'agit aussi de voir la place de ces « petits entrepreneurs », de ces acteurs de la société civile, dans le processus de double légitimation : dans ce cas, on dépasse la perspective proposée par P. Aldrin et D. Dakowska, et par E. Dacheux, puisqu'il ne s'agit plus non seulement de savoir comment les institutions européennes,

l'Europe, est légitimée, mais comment les « petits entrepreneurs » le sont aussi. « […] La promotion de l'idée européenne semble ne jamais se faire sans Bruxelles. En effet, [il y a] une forte interdépendance entre les diverses catégories d'acteurs œuvrant pour la légitimation de l'ordre politique européen. L'attention portée aux conditionnalités (conceptuelles, humaines, matérielles, financières) des initiatives périphériques ou aux trajectoires professionnelles de leurs instigateurs-animateurs ramène toujours le regard vers Bruxelles. Et inversement. Malgré le caractère parfois proprement inédit, très personnel ou localisé de certaines initiatives […], l'analyse des configurations changeantes impliquant des agents hétérogènes autour de causes fédératrices est sans cesse déportée vers le centre, ses impulsions, son soutien, ses logiques de conformation et de cadrage. » (Aldrin, Dakowska, 2011).

Si nous ne nous intéresserons pas spécifiquement à Bruxelles, force est de constater que l'analyse de processus européens, notamment celui de l'émergence du patrimoine européen, ne peut faire l'économie du « centre », ou plutôt des « centres », car il ne s'agit pas ici spécifiquement de Bruxelles, mais aussi de Strasbourg – pas spécifiquement la Commission ou l'Union Européenne, mais aussi le Conseil de l'Europe. Mais, il faudra cependant se méfier de ne pas rendre l'action ou les discours des « centres » plus importants que ceux des acteurs de la société civile.

Ainsi, on peut retenir l'idée d'une démarche de co-production. Dans leur perspective, P. Aldrin et D. Dakowska l'appliquait à la construction européenne dans le sens où « dès les premières années du processus d'intégration, journalistes, syndicalistes, entrepreneurs économiques, enseignants et universitaires, organisations politiques et associations ont été incités à y participer » (Aldrin, Dakowska, 2011) notamment par le financement des activités de ces « partenaires » qui contribuent à informer et promouvoir le processus d'intégration. Si nous partons du postulat qu'aujourd'hui, l'émergence du patrimoine européen relève elle aussi d'une démarche de co-production entre les institutions européennes et la société civile européenne, alors il convient d'analyser quelles formes prend cette co-production et quelle place le phénomène de double légitimation joue dans ce cadre.

b. Vers des réseaux d'acteurs indépendants des institutions ?

Chercher à comprendre l'émergence du patrimoine européen dans un processus de double légitimation implique, à notre sens, de s'intéresser à des porteurs de projet de la société civile qui n'ont pas été institutionnalisés, c'est-à-dire que même s'ils interagissent avec l'institution, ils n'ont pas été institutionnalisées au sens où ont pu l'être les réseaux associatifs ou les acteurs évoqués précédemment. En effet, il existe des réseaux ou des associations, voire des projets, isolés, qui, s'ils

agissent pour la citoyenneté ou la culture européenne, n'ont cependant pas pour objet direct la participation des citoyens au processus démocratique européen : par cela, nous entendons qu'ils peuvent souhaiter une prise de conscience européenne sans pour autant se faire des bastions avancés de l'Union Européenne. Cela implique une forme de militantisme qui ne rejoint pas toujours le militantisme pro-européen souvent analysés du point de vue de la communication politique ou de la communication européenne.

Pourtant il ne faut pas nier une certaine réalité économique qui lie ces réseaux d'acteurs20 aux institutions européennes, ainsi, d'ailleurs, qu'aux institutions nationales, régionales, voire locales. Mais d'autres liens existent : « Hier comme aujourd'hui, se pose donc la question du niveau d'autonomie énonciative, conceptuelle et financière des petits entrepreneurs d'Europe à l'égard de Bruxelles. » (Aldrin, Dakowska, 2011). P. Aldrin et D. Dakowska posent donc la question de la « pluralité énonciative de la parole pro-européenne » et notent qu'il existe trois formes de disciplinarisation de la parole sur l'Europe : les conventionnements, les labellisations et les mises en réseaux. A propos des labellisations, qui nous intéressent plus particulièrement ici, les auteurs considèrent qu'on peut y voir des « procédures d'assujettissement des discours » (au sens que Michel Foucault énonçait sur l'administration et la disciplinarisation des discours par les institutions) « qu'instaurent classiquement les gardiens d'un ordre institutionnel. Mais un tel angle d'analyse n'est recevable qu'à la condition de faire droit aux degrés divers de contractualisation et de contrainte imposées par le centre. Et aux formes de détournement, d'indiscipline ou de résistance aux prescriptions de celui-ci. » (Aldrin, Dakowska, 2011). Il faudra donc aussi prendre garde aux formes de résistance : c'est dans ce sens que nous posions la question, dans le titre de cette sous-partie, d'une évolution vers une forme d'indépendance des réseaux d'acteurs. D'une part, parce qu'il nous semble que nombre d'acteurs de la scène culturelle – et donc patrimoniale – européenne échappent aux radars des institutions européennes car, à moins de déposer un dossier auprès de l'une des institutions, les acteurs de la société civile sont inconnus des institutions. D'autre part, parce qu'il semble aussi que désormais des interactions et des solidarités existent au sein de réseaux informels et parcourent les territoires européens, et ces réseaux sont, pour tout ou partie, eux aussi inconnus des institutions. Bien sûr, comme nous abordons l'émergence du patrimoine européen dans le cadre d'une double légitimation, nous ne nous intéresserons qu'à des acteurs ou réseaux d'acteurs qui sont dans un rapport direct aux institutions européennes, puisqu'ils recherchent la reconnaissance de leur projet par ces mêmes institutions. Il ne semble pas inutile, cependant, de 20 On peut citer, comme exemple, de ce types de réseaux et/ou projets, en dehors des Itinéraires Culturels du Conseil de l'Europe qui nous

intéressent ici, le réseau ONE® - Orchestra Network for Europe (financé par l'Union Européenne), YEAH ! Award – Young EARopean Award, membre du RESEO, Réseau européen pour la sensibilisation à l'Opéra et à la Danse, ou bien le projet tranational « Developing archaeological audiences along the Roman route Aquileia-Emona-Sirmium-Viminacium ». Il y a de nombreux autres exemples.

garder à l'esprit que cela n'empêche pas des « formes de détournement, d'indiscipline ou de résistance » (Aldrin, Dakowska, 2011).

Par ailleurs, une autre réflexion de P. Aldrin et D. Dakowska a attiré notre attention. Ils notent que « la multiplication et la spécialisation progressive des « auxiliaires » de l'intégration européenne ont été conçues comme des indicateurs de l'européanisation des sociétés saisies par la construction de ce nouvel ordre politique (Georgakakis, 2002). Et il convient de noter que l'action d'accompagnement et de promotion au local de l'intégration est le fait d'un monde très hétéroclite qui n'a cessé de se transformer et se diversifier. Aux premiers réseaux militants pro-européens, qui ont constitué pour les entrepreneurs d'Europe des points de contacts privilégiés avec les univers locaux, se sont progressivement adjoints des organisations de la « société civile », des partenaires représentant les milieux académiques, partisans, syndicaux et économiques, des think tanks dédiés plus ou moins explicitement aux affaires européennes » (Aldrin, Dakowska, 2011), auxquels s'ajoutent par ailleurs, entre autres, les agences-conseils en communication, les cabinets spécialisés dans l'organisation d'événements, les spécialistes du web participatif, etc. Dans le domaine culturel plus spécifiquement, les mêmes phénomènes sont a priori observables, si ce n'est qu'en plus, on notera une certaine prégnance du milieu associatif, des institutions culturelles et des milieux académiques qui, de plus en plus 'montent des projets' européens. Si le montage de projet européen est désormais une pratique plus ou moins courante, il n'en demeure pas moins que c'est une pratique récente qui se développe de différentes manières dans différents pays, ceci étant sans doute lié à la manière d'appréhender 'l'Europe' dans les différents pays, ce qui renforce le caractère hétéroclite de ce monde culturel européen qu'il convient d'approcher lorsqu'on aborde l'émergence du patrimoine européen.

c. Précision de la problématique

L'Europe aujourd'hui peut être bien des choses. Dans la variété des approches, nous avons choisi d'en retenir deux pour la construction de notre objet de recherche : d'une part, l'Europe est une référence culturelle et d'autre part, l'Europe est désormais une référence institutionnelle. Dans le cas des Itinéraires Culturels, c'est notamment la combinaison de ces deux échelles qui est en jeu, en particulier lorsqu'on s'intéresse à l'émergence du patrimoine européen, et il convient de ne pas privilégier l'une par rapport à l'autre. L'Europe est aussi un cadre de légitimation. Les rapports que les institutions européennes entretiennent avec la société civile conditionnent, d'une certaine manière, l'européanité reconnue des projets proposés. Ils induisent des logiques de conformation, mais aussi des logiques de résistance, car n'est pas européen que ce qui est financé ou labellisé par

les institutions européennes. Mais, ils induisent aussi, selon nous, une forme de double légitimation importante quand on s'intéresse notamment au phénomène d'émergence du patrimoine européen, c'est-à-dire que les institutions légitiment certains projets, et donc leurs porteurs et leurs idées, par le financement et/ou la labellisation, mais au travers de ces financements et de ces labellisations, ce sont aussi les institutions européennes elles-mêmes qui se trouvent légitimées. Dans le cas des Itinéraires Culturels, cela peut signifier que les projets d'Itinéraires Culturels trouvent une forme de reconnaissance par la labellisation du Conseil de l'Europe de leur européanité et de leur légitimité, mais cela renvoie aussi au fait que la labellisation de ces projets fondent en partie la légitimité du

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