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4.2 Donn´ ees et indicateurs utilis´ es

4.2.2 L’enquˆ ete Step-out

a des analyses plus simples, puisque les indicateurs ne sont pas adapt´es aux techniques SEM.

On peut finalement faire confiance aux indicateurs utilis´es. Le cadre th´eorique configurationnel que nous mettons en avant nous invite cependant

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a r´efl´echir autrement, puisque, mˆeme si confirm´es par des indicateurs coh´ e-rents, les concepts de confiance ainsi mesur´es n’incluent pas une dimension relationnelle claire. Des facteurs explicatifs qui pourront ˆetre directement reli´es `a l’interpr´etation relationnelle de la confiance, tels que des indices so-ciom´etriques, seront par exemple introduits avec les donn´ees de l’enquˆete Step-out.

4.2.2 L’enquˆete Step-out

Nous exploiterons les donn´ees r´ecolt´ees dans le cadre du projet de re-cherche «Social Capital and Family Processes As Predictors of Stepfamily Outcomes »(Step-out) r´ealis´e au D´epartement de sociologie de l’Universit´e de Gen`eve entre janvier 2009 et d´ecembre 201227.

L’enquˆeteStep-out avait pour but celui de comparer le fonctionnement des familles recompos´ees au fonctionnement des familles de premi`ere union.

Outre la th´ematique de la confiance dans la famille, la recherche couvre plusieurs autres th´ematiques (cf. Doan, 2013 ; Widmer, Favez et al., 2012 ; Vesel´a, 2011) : le capital social, la qualit´e de la relation conjugale, le copa-rentage et les difficult´es de l’enfant, les trajectoires de vie. Diff´erents ins-truments de mesure ont permis d’operationnaliser empiriquement dans le domaine familial les concepts de configuration, de confiance particularis´ee et g´en´eralis´ee.

Les donn´ees de l’enquˆete sont constitu´ees d’entretiens r´ealis´es `a travers un questionnaire standardis´e administr´e en face-`a-face par l’´equipe de cher-cheurs dont nous faisions partie et men´es aupr`es d’un ´echantillon de 300 femmes, dont la moiti´e ont v´ecu une recomposition familiale.

Ont ´et´e inclues dans l’´echantillon des femmes vivant en couple avec un homme, mari´ees ou non, avec au moins un enfant ˆag´e entre 5 et 13 ans (si la r´epondante avait plus d’un enfant correspondant `a ces crit`eres, le plus ˆ

ag´e ´etait choisi). En suivant les crit`eres usuels relatifs `a la composition du m´enage (Sweeney, 2010), la situation de recomposition familiale est d´efinie

27. La recherche Step-out a ´et´e financ´ee par le Fonds national de la re-cherche scientifique (subside No 122413), cf. pages web relatives au projet Step-out www.unige.ch/ses/socio/rechetpub/rsoc/thematiques/famille/famrecomp.html.

comme recouvrant les cas o`u la r´epondante a un partenaire qui passe au moins trois nuits par semaine `a son domicile, et un enfant, ˆag´e entre 5 et 13 ans n´e d’une union pr´ec´edente, habitant au moins trois jours sur sept avec elle. La fourchette d’ˆages de l’enfant permet de diminuer la diversit´e des phases de la vie familiale concern´ees (Aldous, 1996) en se concentrant sur des femmes avec au moins un enfant en ˆage scolaire – cf. par exemple de Singly (2006). A partir d’une liste couvrant 95% des m´enages suisses, un

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echantillon de 4000 m´enages a ´et´e s´electionn´e al´eatoirement sur la base de deux crit`eres : la r´esidence dans le canton de Gen`eve et la pr´esence d’au moins un enfant. Ces 4000 m´enages ont ´et´e contact´es par un institut de sondage mandat´e pour ´etablir s’ils correspondaient aux crit`eres susmen-tionn´es. Ces appels ont permis de s´electionner 241 m´enages correspondant aux crit`eres permettant d’identifier les situations de recomposition familiale (cf. pour plus de d´etails Widmer, Favez et al., 2012). 150 femmes en si-tuation de recomposition familiale ont ainsi pu ˆetre interview´ees (taux de r´eponse de 62.2%). 150 entretiens ont ´et´e ensuite r´ealis´es avec des femmes en situation de premi`ere union s´electionn´ees dans la base d’´echantillonnage des 4000 m´enages. Ces femmes ont ´et´e choisies par appariement avec les 150 femmes en situation de recomposition, afin d’avoir les mˆemes distribu-tions d’ˆage et de niveau de formation des r´epondantes, ainsi que de l’ˆage de l’enfant dans les deux structures familiales ´etudi´ees.

L’´echantillon final se compose de 300 femmes ˆag´ees entre 29 et 55 ans, avec une moyenne `a 40 ans. L’´echantillon comprend 257 r´epondantes ayant la nationalit´e suisse et 43 ayant une nationalit´e ´etrang`ere, soit 14%, un taux inf´erieur `a la moyenne genevoise. Le fait de s’int´eresser `a des familles peut expliquer cette diff´erence ainsi que le fait d’avoir un questionnaire exclusi-vement en fran¸cais. 35% des r´epondantes ont une formation universitaire (contre 23% des femmes `a Gen`eve), 20% une formation sup´erieure, 12%

une maturit´e ou un diplˆome d’´ecole normale, 30% un apprentissage et 3%

uniquement la scolarit´e obligatoire. 191 r´epondantes ´etaient mari´ees et 109 en concubinage. La dur´ee de la relation de couple est sup´erieure dans les familles de premi`ere union, 18.7 ans en moyenne, pour 4.8 dans les familles recompos´ees.

Les configurations familiales ont ´et´e ´etudi´ees de mani`ere empirique `a partir de la d´efinition de leur famille donn´ee par les individus. La famille est ainsi celle que les individus vivent au quotidien `a travers leurs interac-tion (Levin et Trost, 1992 ; Levin, 1993) : quelles personnes sont consid´er´ees comme membres de la famille ? Avec qui des interd´ependances significatives se sont construites ? LeFamily Network Method (Widmer et La Farga, 2000 ; Widmer, Aeby et Sapin, 2013) d´efinit les configurations familiales par une tˆache d’association libre (Cherlin et Furstenberg, 1994 ; Levin, 1993 ; Ri-ley, 1983). On demande aux individus de lister les pr´enoms de toutes les

personnes qu’ils consid`erent comme membres significatifs de leur famille.

L’enquˆeteur pr´ecise que par «membres significatifs de la famille», il faut entendre des personnes de la famille qui ont jou´e un rˆole important, soit positif, soit n´egatif, dans l’ann´ee en cours, pour la personne interrog´ee. La d´efinition de la famille n’est donc pas pr´e´etablie par le chercheur mais don-n´ee par la r´epondante.

Grˆace `a ce g´en´erateur de noms, on obtient une liste d’individus pour lesquels on demande ´egalement `a la r´epondante de pr´eciser le sexe, l’ˆage, le niveau de formation, le lien de famille, les ann´ees de connaissance, la fr´equences des contacts, etc. (cf. tableau B dans les annexes, p. 242). Les liens familiaux cit´es, par exemple «m`ere», «fr`ere» ou encore «ami/e», permettent ensuite de d´esigner par un statut pr´ecis, par rapport `a la r´ e-pondante, tous les membres de sa configuration familiale. Pour chaque r´ e-pondante, on obtient donc une liste de liens de famille. Sur la base de cette liste, les analyses du chapitre 6 ont permis de construire une typologie de configurations familiales. L’annexe B (p. 273) expliquera la construction de la typologie et la section 6.1 et en ´etudiera la composition. Une s´erie de questions sur les relations de soutien ´emotionnel, soutien mat´eriel, influence et conflit tiss´ees entre tous les membres de chaque configuration permet-tra ensuite d’´etudier les caract´eristiques sociom´etriques des configurations familiales.

Deux niveaux d’observation distinguent les variables de confiance de l’enquˆete Step-out : le niveau de la r´epondante (Nf amilles = 300) et le niveau des individus cit´es par la r´epondante (Nindividus= 2942). Nous avons ainsi `a dispositions plusieurs informations d´ecrivant les deux niveaux d’observation que nous pouvons utiliser en tant que facteurs explicatifs ou de contrˆole dans des mod`eles explicatifs multivari´es concernant soit seulement le niveau des 300 r´epondantes, soit les deux niveaux `a la fois.

Quatre types d’indicateurs de confiance sont pr´esents dans l’enquˆete.

Chaque indicateur consiste en une ´echelle de r´eponses en cinq positions de

«confiance absolue/on peut faire confiance `a la plupart des gens» jusqu’`a

«pas du tout de confiance/on n’est jamais assez prudent», plus la cat´egorie

«ne sait pas». Ils se diff´erencient par les trustees vis´es et le niveau d’ob-servation. Les trois premiers types mesurent la confiance interpersonnelle, dans des groupes de personnes et dans diff´erentes institutions et le niveau d’observation correspond `a celui de la r´epondante (Nf amilles= 300).

Le premier indicateur correspond `a la variable de confiance interper-sonnelle normalement utilis´ee dans les grandes enquˆetes pour mesurer la confiance et pr´esent dans la WVS et la ESS (cf. figure 4.5) : Diriez-vous qu’on peut faire confiance `a la plupart des gens ou qu’on n’est jamais assez prudent lorsqu’on a affaire aux autres, si 1 signifie «on n’est jamais assez prudent», 5 signifie «on peut faire confiance `a la plupart des gens»? Le

deuxi`eme et le troisi`eme indicateur de confiance permettent de r´ecolter des informations sur les degr´es de confiance que la r´epondante accorde respec-tivement `a une s´erie de cat´egories sociales (cf. figure 4.5).

Figure4.5–Confianceinterpersonnelleg´en´eralis´ee(auxautres)etdansdescat´egoriessociales,effectifs(indicateurs Step-out)

pers. autre rel. (N=250) 050100150

pas du tout peu certaine grande absolue

pers. autre nat. (N=258) 050100150

La figure 4.5 montre les distributions des niveaux de confiance tr`es dif-f´erentes. Les effectifs varient ´egalement : pour certains indicateurs les r´ e-pondante n’ont en effet pas donn´e une r´eponse plus fr´equemment («Ne sait pas»). La confiance interpersonnelle avec une moyenne de 3.52 points (in-tervalle de confiance `a 95% compris entre 3.38 et 3.65) se situe `a un niveau interm´ediaire par rapport aux autres indicateurs. La confiance dans la fa-mille28 est tr`es ´elev´ee : la majorit´e des r´epondantes accordent une grande confiance ou une confiance absolue `a la famille. Avec une moyenne de 4.25 points (CI95% compris entre 4.18 et 4.32), la confiance dans la famille est la plus forte par rapport aux autres cat´egories. La moyenne de la confiance envers les personnes inconnues est au contraire la plus basse : 2.66 points (intervalle de confiance `a 95% compris entre 2.57 et 2.74). Les moyennes de la confiance accord´ee aux voisins, aux personnes connues, aux personnes d’autres religions et aux personnes d’autres nationalit´es se situent respec-tivement `a 3.09 points (CI95% compris entre 2.99 et 3.19), `a 3.67 points (CI95% compris entre 3.59 et 3.74), `a 2.89 points (CI95% compris entre 2.80 et 2.99) et `a 3.22 points (CI95% compris entre 3.14 et 3.30).

Le dernier indicateur de confiance (cf. figure 4.6) informe sur le niveau de confiance de la r´epondante envers chacune des personnes cit´ees comme membre de sa famille (confiance interpersonnelle particularis´ee) par chacune des 300 r´epondantes : «Pour chacune des personnes que vous avez cit´ees auparavant, pouvez-vous me dire dans quelle mesure vous avez confiance en chacune d’elles ?» Les observations d´ecrites par ce dernier indicateurs sont donc au nombre de 2942.

Les 300 r´epondantes ont fourni le degr´e de confiance envers 2890 in-dividus cit´es dans leur r´eseau (cf. figure 4.6), pour 52 individus cit´es les r´epondantes n’arrivent pas `a donner une r´eponse. La figure 4.6 montre que, envers la majorit´e des individus cit´es, les r´epondantes ont un niveau de confiance grand ou absolu, la moyenne du niveau de confiance se situant `a 4.13 (CI95% compris entre 4.10 et 4.16), pour les 2890 observations valides retenues pour les analyses.

Une s´election des indicateurs de confiance `a disposition dans l’enquˆete Step-out est utilis´ee dans la suite des analyses du chapitre 6. Nous nous int´eresserons d’abord `a l’indicateur de confiance interpersonnelle et `a l’indi-cateur de confiance dans la famille. Il s’agit d’une part des types de confiance plus pertinents afin de r´epondre `a nos questions de recherches et d’autre part des indicateurs avec le plus grand nombre d’effectifs.

Pour la suite des analyses, les distributions tr`es d´es´equilibr´ees des in-dicateurs de confiance Step-out, nous conduisent ´egalement `a des

recodifi-28. Lors de la passation du questionnaire, la famille `a laquelle la r´epondante ´etait invit´ee

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a faire r´ef´erence correspond `a l’ensemble des personnes cit´ees comme membres significatifs de la famille.

Figure 4.6 – Confiance envers les individus cit´es (confiance interpersonnelle particularis´ee), effectifs par cat´egorie (Ntot = 2890), indicateur Step-out

Pas confiance du tout Peu de confiance Une certaine confiance Grande confiance Confiance absolue

0 200 400 600 800 1000 1200

cations des indicateurs et `a l’utilisation de mod`eles de r´egression logistique afin d’´etudier les effets des facteurs explicatifs de la confiance. Pour l’in-dicateur de confiance interpersonnelle g´en´eralis´ee, les modalit´es de jamais assez prudent `a 4 et, pour les indicateurs de confiance dans des cat´egories et des institutions, de pas du tout de confiance `a grande confiance seront regroup´ees. Les mod`eles multivari´es analyseront les chances des niveaux de confiance confiance `a la plupart des gens etconfiance absolue.

4.3 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons pr´esent´e les indicateurs de confiance utili-s´es dans la suite de la th`ese et explor´e la possibilit´e d’analyser sur le plan empirique des construits latents de la confiance. Deux ´el´ements sont `a rete-nir.

Le premier est le fait que les indicateurs de confiance sont n´es afin de me-surer des attitudes prosociales qui sont associ´ees `a des valeurs de tol´erance et d’´egalit´e dans un contexte d´emocratique. Le rapport entre letrustor et le trustee, lequel, pour l’indicateur de confiance interpersonnelle, correspond

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a la relation entre le r´epondant et l’autrui g´en´eralis´e et, pour l’indicateur de confiance institutionnelle, co¨ıncide avec le lien entre le r´epondant et une organisation d’individus, n’est pas r´eellement mesur´e. Qu’il s’agisse d’in-terpersonnelle ou d’institutionnelle, dans cadre th´eorique configurationnel, la confiance d´ecrit une relation, le rapport `a l’autre devrait donc ˆetre un aspect central de la mesure de la confiance. Le rapport `a l’autre ou aux autres et aux institutions, les interd´ependances, sont donc paradoxalement les ´el´ements probl´ematiques des mesures de confiance interpersonnelle et institutionnelle utilis´ees dans les enquˆetes standardis´ees, puisqu’on ne peut pas ˆetre sˆur que ce rapport existe vraiment.

Le second ´el´ement `a retenir concerne les r´esultats des analyses qui, dans ce chapitre, se sont int´eress´ees `a des mod`eles th´eoriques reliant, respective-ment, les indicateurs de confiance interpersonnelle g´en´eralis´ee et les indica-teurs de confiance institutionnelle. Une attention particuli`ere a ´et´e mise sur le test de l’invariance des des mesures `a travers les vagues de l’ESS. Ce test permet `a la fois de s’assurer que le mˆeme concept est analys´e entre diff´erents groupes et, lorsque l’invariance n’est pas v´erifi´ee, de d´emontrer qu’il existe une diff´erence significative entre les ´echantillons composant les diff´erentes vagues de l’enquˆete. Les r´esultats pour les mesures de la confiance inter-personnelle montrent une invariance des mesures. Il en va de mˆeme pour le test effectu´es sur les indicateurs de confiance dans des institutions qui peuvent ˆetre consid´er´ees comme inh´erentes `a une unit´e nationale, la Suisse dans notre cas.

Dans les chapitres qui suivent les indicateurs de confiance pr´esent´es ser-viront en tant que variables d´ependantes. Dans le chapitre 5, ils seront ex-pliqu´es par l’appartenance aux cohortes de naissances et les participations sociales qu’elles r´esument. Les limites des indicateurs mis en ´evidence dans ce chapitre s’appliqueront surtout aux r´esultats des analyses du chapitre 5 o`u les interd´ependances ne seront pas directement li´ees `a des relations in-terpersonnelles, mais seulement approxim´ees par des indicateurs indiquant l’appartenance `a des cat´egories telles que le sexe ou le niveau de formation.

Dans le chapitre 6, les indicateurs de confiance seront expliqu´es par l’appar-tenance `a des configurations familiales repr´esentant, `a un niveau plus mi-crosociologique par rapport aux cohortes, les insertions sociales multiples de l’individu dans un type de configuration sp´ecifique, la famille. Cette derni`ere est un cas empirique de configuration particuli`erement int´eressant puisque caract´eris´e par des transformations tant sur le plan structurel et d´ emogra-phique (macrosociologique) que sur le plan interindividuel (microsociolo-gique). Dans les analyses du chapitres 6, l’analyse de relations de confiance qui doublent des relations interpersonnelles de soutien, influence et conflit repr´esentera un exemple concret de d´epassement des limites des indicateurs de la confiance.

Changement sociohistorique de la confiance

Ce chapitre s’int´eresse aux effets de la configuration comme processus en devenir sur la confiance. Les ´evolutions consid´er´ees concerneront les chaˆınes d’interd´ependances d’individus appartenant aux mˆemes cohortes de nais-sance. Cet angle d’approche permettra d’appr´ehender des changements `a travers le temps, en d’autres termes de saisir des ´eventuelles modifications de l’agencement des interd´ependances individuelles `a travers les cohortes.

Nous expliquerons donc les fluctuations des niveaux de la confiance interper-sonnelle et de la confiance institutionnelle dans le pass´e r´ecent de la Suisse par l’´etude des effets de p´eriode et de cohorte et de facteurs sociod´ emogra-phiques.

D’abord, apr`es avoir tr`es bri`evement rappel´e les hypoth`eses, nous pr´ e-senterons les limites de nos analyses dues aux difficult´es de l’´etude empirique des effets de cohorte. Ces derniers sont en effet inextricablement reli´es aux effets d’ˆage et aux effets de p´eriode. Ensuite, nous nous focaliserons sur l’´etude des niveaux de la confiance, avec une attention particuli`ere aux ef-fets de p´eriode et aux effets de cohorte (cohort replacement), ainsi qu’aux

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eventuelles combinaisons des deux. Enfin, nous analyserons l’impact de dif-f´erentes interd´ependances sur les niveaux de confiance, en tenant compte de leur d´eveloppement dans les diff´erentes cohortes. Cela nous permettra de conclure sur le fait de savoir si certaines cohortes s’apparentent `a des cas empiriques de configurations pr´esentant des conditions plus ou moins favorables `a la confiance.

Nous proposons ainsi d’op´erationnaliser le concept de configuration comme processus en devenir par la notion de cohorte de naissance. L’impact des interd´ependances est approch´e grˆace `a l’analyse des effets que diff´erentes sph`eres de sociation ont sur la confiance. La comparaison de ces effets `a

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travers les cohortes sera ensuite utilis´ee pour expliquer les modifications de la confiance via l’´evolution des chaˆınes d’interd´ependances des individus `a travers le temps historique.

Rappel des principales hypoth`eses Dans les prochaines pages, nous allons chercher de v´erifier principalement deux hypoth`eses (cf. section 3.1).

Premi`erement, nous avons fait l’hypoth`ese que la confiance interpersonnelle et la confiance institutionnelle ne sont pas des attributs stables des cohortes.

Deuxi`emement, nous nous attendons `a ce que les deux types de confiance d´ependent des interd´ependances d´evelopp´ees par chaque cohorte et des ca-ract´eristiques des p´eriodes historiques qu’elle traverse. Par cons´equent, des interd´ependances diff´erentes d’une cohorte `a l’autre et `a l’int´erieur d’une mˆeme cohorte devraient produire des niveaux de confiance diff´erents. Des effets diff´erenci´es sont en particulier attendus, selon qu’il s’agisse d’inter-d´ependances de type verticale ou horizontale. Les indicateurs d’interd´ epen-dance utilis´es correspondent aux insertions relationnelles touchant `a des sph`eres de sociation de la vie des individus (famille, travail, ´education, etc.)

5.1 Limites des analyses propos´ ees

Depuis plusieurs d´ecennies, les sciences sociales s’int´eressent au change-ment social `a travers l’´etude des cohortes de naissance (Ryder, 1965). Dans cette perspective, chaque nouvelle cohorte se distingue radicalement de la pr´ec´edente (et/ou de la successive), c’est-`a-dire ind´ependamment de la p´ e-riode d’analyse et de l’avancement en ˆage des individus qui composent la cohorte elle-mˆeme. Le changement social se fait donc par le remplacement des cohortes (cohort replacement).

Deux autres sources de changement reli´ees au temps prises souvent en consid´eration sont les p´eriodes historiques et le vieillissement des individus.

Dans le premier cas, l’on con¸coit assez facilement que des ´ev´enements `a des moments donn´es peuvent influencer les individus qui les vivent, ind´ e-pendamment de leur ˆage et leur cohorte de naissance. Une guerre a par

Dans le premier cas, l’on con¸coit assez facilement que des ´ev´enements `a des moments donn´es peuvent influencer les individus qui les vivent, ind´ e-pendamment de leur ˆage et leur cohorte de naissance. Une guerre a par