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4. Présentation des données

4.4 Description des activités

A l'intérieur des leçons, seules les activités faisant participer simultanément l'ensemble des élèves (classe entière ou demi-classe) ont été analysées. Les travaux en petits groupes n'ont pas été retenus pour les raisons suivantes:

• Ils sont très peu nombreux en L2 et absents en L1;

• Le dispositif d'enregistrement (1 à 2 micros) n'a pas permis d'enregistrer tous les groupes; les travaux en groupe se déroulant tous dans la même salle de classe, la qualité sonore des enregistrements est très mauvaise puisqu'on entend simultanément plusieurs groupes; certains segments audio sont inutilisables, et les segments transcrits sont eux-mêmes peu fiables; • Les discussions dans les travaux en groupes se déroulent en grande partie dans la langue

première (c.-à-d. le suisse-allemand); c'est particulièrement le cas des explications, qui donnent presque systématiquement lieu à un code-switch vers la L1 (car elles sont liées à la gestion de la tâche et non à sa réalisation); or la présente recherche est centrée sur les explications en français.

Le contenu des leçons du corpus SPD et du corpus CODI est relativement similaire, quoique ces deux corpus aient été constitués à 15 ans d'intervalle (respectivement en 1993 et en 2007). Dans un premier temps, ces deux corpus ont fait l'objet d'analyses distinctes. Cependant, la comparaison entre

les corpus a permis de dégager que les orientations des participants par rapport à l'explication étaient semblables dans les deux corpus (nombre de logonyme + contextes d'apparitions identiques), et que les séquences d'explication étaient également organisées de manière similaire. Pour cette raison, les deux corpus ne font pas l'objet d'un traitement distinct dans les chapitres suivants.

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Les leçons des corpus SPD et CODI (L1 et L2) sont constituées d'activités variées. Bien qu'il s'agisse, selon les buts déclarés des enseignants, d'activités focalisées sur l'oral, deux tiers d'entre elles impliquent un support graphique, qu'il s'agisse d'un texte littéraire, d'un article de journal, d'une feuille de consignes ou d'un schéma. Ce constat va dans le sens d'une relativisation de la distinction oral- écrit dans la description des interactions en classes, qui prennent place dans un espace qu'on peut qualifier d''oralographique' (Bouchard & Traverso, 2006). Les activités les plus fréquentes, aussi bien en L1 qu'en L2, dans le corpus SPD et dans le corpus CODI, sont des activités de compréhension de texte, qui donnent lieu à une grande variété de réalisation. Elles peuvent se baser sur un texte littéraire ou un article de journal, mais également sur une liste d'expressions idiomatiques (des proverbes), sur des textes écrits par les élèves eux-mêmes (dissertations) ou encore sur des paroles de chansons. Dans deux cas, l'activité ne porte pas sur un texte écrit mais sur une vidéo (film, sketches). Ces activités prennent le 'texte' (ou la vidéo) comme support pour une discussion qui a pour but de dégager les événements principaux décrits dans le texte (p.ex. par le biais d'un résumé), de discuter des points posant des problèmes de compréhension, d'analyser et d'interpréter des 'phrases' ou des 'vers' (dans le cadre de textes littéraires uniquement), de décrire les motivations de personnages réels ou fictifs, les intentions de l'auteur, etc. Parfois plusieurs textes peuvent être comparés et contrastés dans une même activité. Ces activités prennent la forme de dialogues, dans lesquels l'enseignant a un rôle plus ou moins directif: à une extrémité, des échanges caractérisés par une succession de séquences IRF, à une autre, des discussions co-gérées proches d'interactions 'naturelles' (cf. le continuum présenté dans le chapitre IV, point 3.2).

Des discussions peuvent également être inspirées par la lecture d'un texte (texte littéraire ou article de journal) sans véritablement prendre le texte comme objet de la discussion. Dans ce cas, un des éléments apparaissant dans le texte sert à initier une discussion générale sur un thème de société, les expériences personnelles des participants, leurs opinions quant à un concept ou une idée. Les participants se positionnent par rapport aux idées présentées dans le texte lu ou par rapport aux idées de leurs pairs, ce qui peut donner lieu à des débats émergents. En L2, ces discussions sont toujours initiées sur la base de la lecture d'un texte. En L1, on trouve deux cas dans lesquels des discussions thématiques sont initiées non par la lecture d'un texte, mais par des questions thématiques inscrites au tableau par l'enseignant au début de la leçon.

Outre les activités de 'discussion' (sur ou autour d'un texte), on trouve dans les données des activités plus structurées, comme des exposés ou des débats. Les exposés des élèves portent sur des textes littéraires ou des thèmes de société. Les exposés sont monologiques ou dialogiques: dans certaines activités, que j'ai appelées exposés interactifs, un élève (parfois deux), qui s'est documenté sur le thème de son choix, est chargé de mener la discussion sur un thème donné, revêtant un rôle qui ressemble un peu à celui de l'enseignant: il attribue la parole, pose des questions, commente les réponses, relance la discussion, etc. (cf. chapitre IX, point 4.2.3, pour une description plus détaillée). Dans les activités de débats, l'enseignant scinde le groupe d'élèves en deux camps opposés (pour vs contre) et les élèves doivent échanger arguments et contre-arguments en faveur de la thèse qu'ils défendent. Ces activités de débats mises en place par l'enseignant contrastent avec les débats qui peuvent émerger dans des discussions de par la 'rigidité' des rôles attribués aux participants (cf. Fasel Lauzon et al., 2008, pour une discussion plus détaillée sur les débats en classe de langue).

Un dernier type d'activité, qu'on trouve uniquement dans les classes de langue seconde, consiste en différents 'jeux': jeux de rôle, jeux de devinettes (poser des questions oui/non pour trouver un personnage, etc.) et de charades, rédaction de dialogues qui doivent ensuite être lus à haute voix, jeu du téléphone arabe, etc. En outre, on trouve dans les trois ensembles de données (SPD, CODI L2 et CODI L1) quelques épisodes administratifs destinés par exemple à fixer la date d'un examen, et quelques épisodes portant sur le vécu de la classe (p.ex. présenter la pièce de théâtre de l'école, raconter comment s'est passé un examen, etc.). Dans les classes de langue seconde, les discussions administratives se déroulent en français. Elles sont donc des lieux pour pratiquer la communication en langue seconde, et ne sont donc pas a priori écartées des épisodes à analyser.