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Inégalités territoriales

En dépit des progrès récents en matière de démocratisation culturelle, les inégalités territoriales persistent : entre Paris et le reste de la France, entre l’Ile-de-France et les régions rurales, entre la métropole et les Outre-mer. Même si la dernière réforme territoriale a abouti à un approfondissement des libertés et autonomies locales en accentuant le transfert de la compétence culture de l’État vers les collectivités de tous échelons, la fusion des régions n’a pour l’instant pas atténué les disparités intra-territoriales déjà existantes. En outre, la baisse des crédits accordés à la culture, amorcée en 2013 par l’État et répercutée par les collectivités territoriales, a renforcé les inégalités dans l’accès à la culture pour les habitant.e.s.

L’impact des inégalités culturelles touche aussi l’emploi local. À titre d’illustration, une étude réalisée par l’Insee a montré qu’entre 2007 et 2012 l’emploi dans les activités culturelles avait progressé deux fois plus vite en région Midi-Pyrénées que dans la moyenne des régions françaises, plaçant Midi-Pyrénées au second rang des régions (hors Île-de-France) pour le poids des activités culturelles dans l’emploi total, aux côtés du Languedoc-Roussillon et de ses autres voisines du sud de la France. En outre, les disparités territoriales sont apparues importantes au sein même de la région, avec une forte concentration des emplois culturels dans la métropole toulousaine103.

Pour lutter contre ces inégalités territoriales, en ce qui concerne l’emploi, il existe les Centres de ressources culture pour les dispositifs locaux d’accompagnement ou CRDLA Culture. Chaque département compte ainsi une ou plusieurs structures associatives conventionnées par l’État pour assurer les missions d’accueil, de conseil, d’accompagnement et de suivi des structures d’utilité sociale employeuses en démarche de développement et de consolidation. Le CRDLA Culture est animé par Opale, qui en est l’opérateur et en assure également la coordination générale depuis 2004, mais aussi par l’Ufisc et la Cofac, deux Coordinations du secteur associatif culturel pour l’une et syndicale pour l’autre, partenaires de cette mission depuis 2006 et qui co-construisent les actions.

L’efficacité des actions entreprises par les pouvoirs publics pour prévenir ou résorber ces multiples inégalités s’est elle-même heurtée à divers obstacles. Au niveau national, outre l’absence de plan d’action pour combattre ces inégalités, un défaut de coordination a pu être constaté entre les acteur.rice.s en charge du pilotage des politiques culturelles – au-delà du 103 Sophie Pauvers, Le spectacle vivant : un atout pour les emplois culturels de Pyrénées, Insee Analyses

Midi-Pyrénées N° 30, novembre 2015.

Rapport

seul ministère de la Culture - et ceux responsables de la cohésion territoriale. Il n’existe pas de partenariat entre ce dernier ministère et celui de l’agriculture pour l’accompagnement culturel des territoires ruraux ; de la même manière, le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), dont le budget se limite aux territoires de la politique de la ville tandis que ses compétences ont été élargies à l’ensemble du territoire notamment rural, dispose de ressources sans cohérence avec ses compétences.

Carte 7 : Le poids des activités culturelles dans l’emploi total par région

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES Inégalités de genre

L’inégalité territoriale se double dans le champ de l’emploi culturel, d’une inégalité de genre souvent sous-estimée. En 2006, le rapport Reine Prat104 (commandé par le ministère de la Culture et de la communication) portant sur la situation des femmes dans la culture a eu l’effet d’un pavé dans la mare. Alors même que le milieu culturel apparaissait comme progressiste, le rapport a dévoilé que les inégalités femmes-hommes y étaient prégnantes au même titre que dans les autres sphères de la société105. Dix ans plus tard, les chiffres106107 ne se sont pas réellement améliorés : malgré le poids significatif des financements publics dans le secteur de la culture et l’existence d’un arsenal législatif et réglementaire récent mais trop peu contraignant, un plafond de verre persiste quant à l’accès des femmes aux responsabilités dans les métiers culturels. Celles-ci sont peu nombreuses à avoir pris la tête d’un établissement culturel ; l’accès des femmes aux moyens de production, de réalisation et de diffusion artistiques, que ce soit dans les secteurs du cinéma, du spectacle vivant, de la musique ou de l’art contemporain, demeure plus difficile que pour les hommes.

Tableau 17 : proportion de femmes à la tête d’établissements publics culturels

11 % directrices de maisons d’Opéra 12 % directrices de théâtres nationaux

18 % directrices de centres chorégraphiques nationaux 20 % directrices de centres dramatiques nationaux et régionaux

28 % directrices de scènes nationales

Les femmes artistes souffrent d’un manque de visibilité malgré une présence dans les établissements d’enseignement artistique et un vivier numériquement plus important que celui des hommes. Ces constats pourraient être reliés à une approche de l’histoire de l’art et de la culture qui semble avoir traditionnellement minoré la contribution des femmes au corpus artistique et littéraire national108.

104 http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/rapports/prat/egalites.pdf.

105 Le rapport de Claire Gibault sur les discriminations à l’égard des femmes dans le spectacle vivant, voté en 2007 par le Parlement européen, dresse un constat analogue.

106 Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, édition 2017  : http://www.familles-enfance- droitsdesfemmes.gouv.fr/wp-content/uploads/2017/03/27999-DICOM-Brochure-egalite-FH-2017-v4_bd.pdf.

107 SACD, Où sont les femmes dans la culture ? Toujours pas là : https://www.sacd.fr/sites/default/files/4711_-_

ousontlesfemmes2016.pdf.

108 Haut-conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Rapport sur les inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture, 2015.

Rapport

Tableau 18 : Proportion de femmes dans le spectacle vivant (2007-2012) 52 % Etudiantes dans le spectacle vivant

1 % Compositrices

4 % Cheffes d’orchestre

5 % Librettistes

21 % Autrices

23 % Solistes instrumentistes

27 % Metteuses en scène

37 % Chorégraphes

Source, SADC 2016.

B. Des outils d’intervention qui gagneraient à articuler

davantage art et culture

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