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L’animation

L’animation culturelle et socio-culturelle en direction des publics se rattache à la mouvance de l’éducation populaire visant au renforcement du lien social par l’éducation tout au long de la vie et les activités culturelles.

La médiation culturelle 

Associée à l’animation socio-culturelle, la médiation culturelle vise  à permettre l’appréciation sensible, la compréhension et l’appropriation de l’œuvre ou de la démarche de l’artiste en apprenant à regarder, à écouter et à dire. Par la transmission de savoir et de passion qu’elle induit, elle contribue à élargir et renouveler les publics, et à émanciper les citoyen.ne.s. Elle est la condition sine qua non qui, combinée à la mise à disposition des œuvres, permet un accès réel de la culture pour tou.te.s. Elle renouvelle les formes et les contenus culturels en promouvant la participation. Les médiateur.rice.s peuvent être les artistes elles.eux-mêmes ou des médiateur.rice.s salarié.e.s mais aussi amateur.rice.s car

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chacun.e, à commencer par les parents, peut être elle.lui-même médiateur.rice de ce qu’elle.

il aime et connaît.

Les opérations hors-les-murs organisées par certains musées tels le MUCEM à Marseille, afin d’aller à la rencontre du public des quartiers défavorisés de la ville, illustrent ce type d’action et peuvent être considérées comme des réussites ; elles comportent pour certaines une dimension de co-construction de la programmation (exposition sur les locutions intraduisibles dans le quartier de Frais Vallon à Marseille) et permettent de réduire les effets du seuil généralement observés. De même, les projets éducatifs et participatifs à caractère socio-artistique tiennent une place croissante dans l’activité des maisons d’opéra, de musique et au sein des compagnies de danse en France et en Europe.

Des politiques d’ouverture, de médiation et de sensibilisation participative sont mises en œuvre par un nombre grandissant d’institutions culturelles en direction des jeunes et des publics éloignés de l’offre culturelle, autour d’un triple objectif : ouvrir, rencontrer, créer. Les rencontres européennes Culture et Éducation mettent en réseau, chaque année depuis 2009, les acteur.rice.s culturel.le.s impliqué.e.s dans de tels projets. Les artistes elles.eux-mêmes tendent à reconnaître la médiation comme un complément indispensable de leur travail.

Au-delà de ces exemples que l’on pourrait multiplier, il est à noter que les interactions entre démocratisation, médiation et démocratie culturelle sont complexes et non univoques.

L’exemple de la Maison des jeunes et de la culture du 93 montre comment une action de démocratisation visant à associer à un projet de danse contemporaine, un groupe de femmes issues de la diversité et vivant dans un quartier défavorisé, a pu déboucher sur la création par ces habitantes d’un blog sur le sujet – les faisant passer du statut de public cible à celui de citoyennes agissantes et engagées74.

La participation artistique et culturelle

La participation culturelle consiste quant à elle à associer des groupes sociaux ou des habitant.es au débat public culturel (formes délibératives et argumentatives), à la création artistique (formes artistiques et esthétiques) ou à la conception d’une exposition ou d’un événement culturel (formes dialogiques)75. Ses origines sont à rechercher dans l’Agenda 21 de la culture issu de la Réunion mondiale pour la culture de Porto Alegre en 2002, qui présente la culture comme le quatrième pilier du développement durable et repose sur quatre outils : une stratégie culturelle locale, mise en débat et inscrite dans un document accessible à tou.te.s ; une charte des droits et responsabilités culturelles ; un conseil de la culture associant citoyen.ne.s et organisations de la société civile ; une évaluation régulière de l’impact culturel. La démarche participative ne relève pas automatiquement de la mise 74 Hortense Archambault, Directrice de la Maison des jeunes et de la culture 93, entretien avec la section de l’éducation, de la culture et de la communication du Conseil économique, social et environnemental, le 13 avril 2017.

75 Vanessa Bérot, Projets culturels participatifs dans l’espace public : quelle mise en œuvre des droits culturels dans les arts de la rue ?, Mémoire du Master Ingénierie de Projets Culturels et Interculturels de l’Université Bordeaux Montaigne, sous la direction de Germinal Climent, décembre 2015.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES en œuvre des droits culturels, mais peut y contribuer lorsqu’elle débouche sur une volonté

de faire société à travers la culture76.

En France, les collectivités territoriales engagées dans l’action culturelle participative ont développé des outils visant à permettre l’implication des habitant.es en tant que citoyen.ne.s et à favoriser l’appropriation des enjeux du territoire par les professionnel.le.s et les artistes, dans un objectif de création, de diffusion et de renforcement du lien social.

Ces outils, qui relèvent de la participation délibérative, peuvent consister en plateformes collaboratives sur internet, ateliers d’échanges animés par une structure dédiée de la municipalité, groupes ou comité territoriaux chargés d’effectuer des propositions de programmation et réunissant habitant.es volontaires, professionnel.le.s et parfois acteur.

rice.s sociaux.ales, comité de programmation composé d’habitant.es, de professionnel.le.s et d’élu.e.s. Des guides d’accompagnement ont été rédigés et des médiateur.rice.s sont chargé.e.s d’accompagner les parties prenantes.

La participation esthétique ou artistique dite couramment art participatif consiste quant à elle à élaborer un art inclusif, centré sur la co-production artistique avec les habitant.

es qui ne sont pas des artistes amateur.e.s puisqu’il.elle.s n’ont besoin d’aucune technicité.

Elle vise à modifier les postures afin de changer les relations entre l’artiste et son public.

Selon Chantal Latour77, il s’agit de « partager ce que l’on a de plus important en vue d’une co-création » : la co-création n’est pas ici un ajout mais le contenu même de la démarche créatrice. La pratique artistique participative confère ainsi une place centrale au parcours individuel et collectif, à la co-construction d’un espace commun partagé, qui implique la déconstruction du dispositif sacralisant l’art, l’artiste, le.la connaisseur.se pour lui opposer le public.

L’art participatif bénéficie aujourd’hui d’un contexte favorable du fait des progrès de la décentralisation, de l’intérêt des élu.e.s local.aux pour les politiques de proximité et les approches alternatives aux équipements culturels classiques, de l’émergence d’instruments de financement dédiés. Un exemple de démarche participative à finalité artistique est fourni dans le domaine du cinéma par l’association Compagnie nationale Alligator. Créée en 1981 et centrée initialement sur la promotion du théâtre populaire, l’association a noué pendant deux ans à l’occasion d’une résidence de deux années (2014-2015) dans la ville de Bron, un partenariat avec le centre social Gérard Philipe dans le cadre duquel elle a  mené  un  travail de sensibilisation, de formation et de transmission avec  quatre-vingt personnes amateurs de tous âges et tous milieux, autour d’un objectif de production d’un spectacle mêlant amateur.e.s et professionnel.le.s. En 2014, cette création a consisté à réaliser un documentaire avec des étudiant.e.s cinéma de 3ème année de l’Université de Lyon. Ainsi, comme le soulignait Jean-Michel Lucas dans son audition du 12 avril 2017, « Ce 76 Jean-Damien Collin, Délégué général de la Fondation de France Grand Est, entretien avec la section de l’éducation, de la culture et de la communication du Conseil économique, social et environnemental, mai 2017.

77 Chantal Latour, artiste amateure chargée de développement à l’association S-Composition, audition par la section de l’éducation, de la culture et de la communication du Conseil économique, social et environnemental, le 21 mars 2017.

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ne sont pas tellement les pratiques culturelles réalisées par les habitant.es qui importent, c’est leur signification pour la vie collective ».

Enfin, à titre d’exemple, le projet Living Lab de la Cité des sciences et de l’industrie constitue une «  démarche de création, d’expérimentation et d’échanges ou créateurs, utilisateurs, chercheurs se côtoient pour contribuer et participer aux réflexions et usages de demain78  ». Dans ce cadre, un projet de résidence a été lancé en 2017 autour de la thématique du « musée, nouvelle génération », avec l’objectif de favoriser la coopération et le décloisonnement de la société pour faire évoluer les pratiques muséales. L’appel à résidence s’adresse à toute personne ou structure issue du milieu associatif, de la création artistique, de la recherche ou de l’entreprenariat et prend en compte la diversité des approches, la responsabilité sociétale et environnementale du projet, sa faisabilité, l’intérêt des publics. Les résident.e.s sélectionné.e.s bénéficieront de services offerts par une plateforme, le Carrefour numérique, réunissant espace modulable d’expérimentation, équipements, visibilité en ligne, accompagnement en termes de pilotage des projets et de médiation.

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