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Les associations : des actrices majeures de la démocratie culturelle

D’après les chiffres clés 2017 du ministère de la Culture, «la France abrite plus de 265  000 associations et […] compte près de 600  000  emplois culturels . Sur un total de 1  300  000 associations fondées en France sur la loi de 1901, les associations culturelles représenteraient ainsi, selon une étude de Viviane Tchernonog en 201185, 20 % de l’ensemble des associations nationales. Parties prenantes du dialogue civil, elles se multiplient et s’organisent aux différents échelons du territoire. Les associations sont globalement peu fédérées en France et les associations culturelles sont celles qui le sont le moins du fait de leur faibles ressources matérielles ; lorsqu’elles le sont, elles sont regroupées au niveau national et parfois aux niveaux départemental et régional. Il existe aussi des fédérations au niveau européen. La réforme territoriale rend la mise en adéquation de leurs structures représentatives avec le nouveau découpage territorial, nécessaire pour déployer leur action.

Graphique 4 : Poids des associations dans l’ensemble des branches culturelles

85 Viviane Tchernonog, Le paysage associatif français. Mesures et évolution, Dalloz/Juris éditions, septembre 2013.

Rapport

En termes de poids économique, le budget cumulé des associations culturelles représenterait 8,3 milliards d’euros par an. On constate :

– des budgets moins élevés que dans les autres secteurs associatifs : le budget annuel moyen d’une association, tous secteurs confondus, serait de 11 700 euros. Pour une petite association culturelle sans salarié.e, il serait en moyenne de 8 500 euros tandis que les associations culturelles employeuses, plus importantes, disposent d’un budget moyen de 179  000 euros (vs. 394  000 euros pour l’ensemble des associations employeuses, tous secteurs d’activité confondus). Les budgets sont donc moins élevés dans la culture par rapport aux autres secteurs ; les associations culturelles dans leur ensemble ne pèseraient ainsi pas plus que 10 % du budget total du secteur associatif ;

– une part de ressources publiques plus faible que dans les autres secteurs associatifs : elle reste minoritaire car les associations culturelles ont moins recours à la commande publique. En revanche depuis 2005, les financements privés se font plus présents (+ 5,5 % contre + 3 % sur l’ensemble des secteurs associatifs).

Le financement de ces associations repose sur les cotisations des membres, les financements publics (même si ces derniers se font plus rares), l’action des bénévoles et dans certains cas, le produit de leurs activités. Selon la publication d’Opale de novembre 2016 «Enjeux et clés d’analyses des structures culturelles» : concernant le niveau de leurs produits, 41 % des associations culturelles employeuses ont moins de 50 000 € de budget annuel, 38 % d’entre elles disposent d’un budget compris entre 50 000 et 200 000 €, 21 % ont un budget de plus de 200 000 €» ;

– une proportion d’associations employeuses, plus faible que la moyenne du fait de leur petite taille. L’emploi généré par les associations culturelles est conditionné par le fait que l’on compte en moyenne 231  400  associations culturelles sans salarié.es pour 35  100 associations employeuses  : la proportion d’associations employant un.e salarié.e est donc faible (13 %) dans le milieu culturel. Le nombre total de salarié.es des associations culturelles est estimé en France à 169 000, soit en moyenne 4,6 salarié.es par association. De plus, la part des salarié.es en CDI ne représente que 30 %. Les emplois dans le milieu associatif culturel sont donc rares et souvent précaires et occasionnels. L’emploi salarié présente la même typologie dans les associations que dans les entreprises privées pour ce qui concerne les faibles volumes d’heures, cependant la part d’emplois en CDI y est plus faible et le niveau de diplôme moyen plus élevé. Il est à noter que le niveau de féminisation est plus fort que pour les autres champs associatifs. Le recours aux emplois aidés soutient et pérennise l’action des bénévoles pour les petites associations. Le taux de pérennisation de ces emplois est en revanche bon. (exemple des JM France, où 4 emplois sur 5 sont transformés en emplois pérennes86).

86 Vincent Niqueux, Directeur des Jeunesses musicales de France, entretien avec la section de l’éducation, de la culture et de la communication, mai 2017.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES Graphique 5 : Emploi

Le bénévolat tient en revanche une place importante dans le milieu associatif culturel, compte tenu de la taille souvent petite des structures. Les associations sans salarié.e.s ont en moyenne 17 bénévoles alors que les associations employeuses ont environ 19 bénévoles.

Au total, les associations culturelles s’appuient sur 4,7 millions de bénévoles, soit une force de travail équivalente à celle de 189 000 emplois à temps plein. Le projet de monter une association culturelle émane la plupart du temps d’un groupe de personnes très réduit, ce qui explique à la fois leur rythme rapide de création et du fait de leur très faible taux de financement, l’absence de recours au salariat. Le salariat constituant souvent une garantie de pérennité des associations, il n’est pas surprenant que beaucoup d’associations culturelles se dissolvent faute de volontaires pour reprendre le projet, phénomène rendant compte de la durée de vie souvent brève des associations culturelles87.

87 Valérie Deroin, Emploi, bénévolat et financement des associations culturelles, Cultures Chiffres 2014-1, ministère de la Culture et de la communication, janvier 2014.

Rapport

Tableau 12 : Principales caractéristiques des associations en 2011

Les associations culturelles forment un tissu très dense couvrant l’intégralité du territoire métropolitain et des Outre-mer. Selon la publication sus-mentionnée d’Opale,

« on compte en moyenne une association culturelle pour 250 habitant.es, et une association culturelle employeuse pour 2000 habitant.es. Un quart des associations culturelles ont leur siège social implanté dans une commune de moins de 3 000 habitant.es, un quart dans une commune entre 3 001 et 30 000 habitant.es. Pour l’autre moitié, elles ont leur siège dans les 270 villes de plus de 30 000 habitant.es ». 

Vu sous l’angle de leurs activités, les associations culturelles peuvent poursuivre une ou plusieurs de ces quatre catégories d’objectifs : production de contenus culturels ou de formations ; diffusion de contenus culturels ; gestion d’un équipement culturel ; défense des usagers du monde artistique dans le paysage politique ou judiciaire et soutien à la participation aux débats liés aux politiques publiques [culturelles]. Derrière cette multiplicité de missions, elles poursuivent souvent un objectif commun : être actrice de la culture et rendre chacun.e à même de devenir acteur.rice de la culture, de produire de la culture, participer à l’émancipation des hommes et des femmes, développer et renforcer le lien social au travers d’un élément culturel commun, en s’adressant à un ou plusieurs publics définis selon leur tranche d’âge, leur situation géographique ou sociale. Elles visent ainsi à favoriser la création de lien intergénérationnel, l’accès à la citoyenneté, le dialogue interculturel.

Pour décliner leur objectif spécifique, elles disposent d’une gamme étendue d’instruments et peuvent ainsi mobiliser – sans que cette liste soit limitative - l’EAC tout au

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES long de la vie, l’action socio-culturelle, l’animation et la médiation, la programmation et la

diffusion partagée, le développement de la pratique amateur, la représentation des usager.

ère.s, la co-construction des politiques culturelle, la défense et la valorisation du patrimoine ou encore la collecte et la diffusion de ressources culturelles (exemple de la partothèque de la CMF). Elles peuvent également constituer des viviers de ressources et de compétences alimentant le champ professionnel. Dans leur action, les associations mettent volontiers un accent sur la dimension territoriale, parfois sur la coopération internationale. Ainsi, dans les Caraïbes, l’organisation de fêtes telles que le carnaval de la Guadeloupe constitue une manifestation privilégiée réunissant défense et promotion du patrimoine culturel local, éducation populaire, action sociale et jouant un rôle de soutien au lien social et de gestion des tensions à l’échelle du territoire.

Une force des associations réside dans leur capacité d’intervention dans la plupart des champs culturels. De la culture la plus classique à la plus actuelle, de quelque origine ou époque, patrimoine, théâtre, danse, musique, cinéma, arts du cirque et de la rue, arts plastiques, arts de l’image, la diversité culturelle y est totalement représentée, contrairement au secteur public. Certaines associations entretiennent des liens avec le monde sportif, notamment dans les territoires d’Outre-mer où existent des danses traditionnelles inspirées d’arts martiaux. De ce fait, les associations culturelles constituent un haut lieu de pratiques diversifiées de démocratie culturelle, particulièrement à l’heure actuelle et jouent à cet égard un rôle complémentaire de celui des pouvoirs publics :

– le maillage géographique des établissements publics n’étant souvent pas suffisant pour couvrir l’ensemble du territoire, les associations viennent pallier certains manques tout en étant parfois à l’origine de structures qui seront ultérieurement endossées par les pouvoirs publics (cas de certaines écoles de musique dans la Manche) ;

– en ce qui concerne l’enseignement et l’accompagnement, les établissements d’enseignement spécialisés – conservatoires, écoles d’art etc. –, souvent victimes de leur succès, ne peuvent satisfaire la demande et laissent de ce fait un grand nombre de personnes de côté. Ces personnes déboutées faute de places suffisantes, ou même considérées comme « hors critères » du fait de leur âge ou de leur niveau d’aptitude par l’institution publique, se retournent souvent vers une structure de type associative pour pratiquer. Ce phénomène est particulièrement important pour tout ce qui concerne la pratique amateur, élément majeur de cohésion sociale parfois sous-estimé par les institutions publiques ;

– enfin, le service public ne pouvant proposer un enseignement sur l’intégralité des pratiques culturelles du monde, les associations proposent des formations sur des pratiques les plus diverses.

Rapport

Deux exemples d’actions associatives : En radio :

L’association Zones d’ondes est située à Caen et intervient sur l’ensemble de la Normandie.

Elle est une association d’éducation populaire à la radiophonie. Elle part du postulat que l’émancipation des individus passe par :

– le pouvoir de dire : une parole qui a un sens et qui est adressée à la société, – celui d’agir : produire une action, un évènement à caractère médiatique, – celui de raconter afin de ne pas se laisser raconter par les autres,

– celui d’identifier la responsabilité de ses actes, notamment les actes de parole, – celui de s’engager derrière sa parole,

– celui d’obtenir reconnaissance et prise en compte,

– celui de bénéficier d’un retour par la collectivité, les pairs, les adultes.

La radiophonie permet l’apprentissage et l’exercice de ses pouvoirs responsables,…

Elle motive en amont une réflexion importante à la fois méthodologique et de fond, un passage par l’écrit conséquent, une planification rigoureuse, un décentrement sur l’auditorat et bien sûr un apprentissage de la production et de l’enregistrement du son.

Suite et détail du mode d’action et de fonctionnement en annexe à ce rapport.

Diffusion cinématographique :

En France, en 2017, l’animation et la gestion de salles de cinéma en milieu rural et dans les villes de moins de 10 000 habitants sont massivement le fait d’associations locales avec le concours des collectivités locales (communales et intercommunales) :

– 1 747 communes sont dotées d’un point de projection itinérant (Géographie du cinéma, CNC, n° 333, sept. 2015) intégré dans le cadre d’un circuit itinérant (130 circuits itinérants en 2014) géré par une association intercommunale, départementale ou régionale ;

– 1 006 communes de moins de 10 000 habitants sont dotées de salles fixes (sur les 1 644 communes équipées comptabilisées en 2014, source : Géographie du cinéma, CNC, n° 333, sept. 2015). Sur les 5 647 écrans actifs en 2014, entre 1 300 et 1 350 étaient propriétés des collectivités, 35 % d’entre eux étaient gérés par des exploitants privés, le reste (65 %) le plus souvent par des associations.

Suite et exemple concret du mode d’action et de fonctionnement en annexe de ce rapport.

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