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Éducation artistique et culturelle et enseignement artistique spécialisé

Éducation artistique et culturelle

Tel que le préconisait l’avis du CESE de 2013 Pour une politique de développement du spectacle vivant : l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie, rapporté par Claire Gibault, l’éducation artistique et culturelle doit être envisagée «  comme une formation continue et un droit à l’élévation tout au long de la vie ».

L’EAC est une politique dont les objectifs, les concepts et les outils ont été définis par l’UNESCO à travers la feuille de route de Lisbonne (2006) et l’Agenda de Séoul (2010), et déclinés par la France dans sa loi de 2013 sur la refondation de l’école. Cette loi a défini un nouveau socle «  de compétences, de connaissances et de culture  » pour les cycles primaire et secondaire, impliquant un parcours d’EAC obligatoire jusqu’à la fin du collège.

Le programme conjoint des ministères de l’Éducation nationale et de la Culture en matière d’EAC comporte trois axes : rencontre avec les artistes, histoire de l’art, pratique artistique et culturelle.

L’EAC participe ainsi à l’appropriation mais aussi à l’évolution des savoirs et des pratiques, et fait appel à une grande diversité d’outils notamment en termes de médiation : à titre d’exemple, la volonté du ministère de la Culture et de la communication d’impliquer davantage les musées et institutions patrimoniales dans la politique d’EAC s’est traduite par un effort budgétaire significatif et par la mise en place de classes patrimoine ou séjour découverte, pilotées conjointement avec le ministère de l’Éducation nationale, afin de sensibiliser les jeunes au patrimoine de proximité.

En outre, dans le cadre de la réforme du collège entrée en vigueur en 2016, les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) dont le maintien est désormais laissé au choix des équipes pédagogiques, pourraient faire une place à l’EAC notamment dans le cadre du thème intitulé «  culture et création artistiques  ». Les indicateurs du rapport annuel de performance de la loi de finances témoignent de réel progrès dans la diffusion de l’EAC dans notre pays : le nombre d’enfants bénéficiant de cette politique serait passé de 2,2 millions en 2010 à 3,9 millions en 2014 (+ 77 %), chiffre à prendre avec prudence car

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES probablement sous-estimé dans la mesure où les élèves participent également à des actions

d’EAC organisées avec les communes.

À partir du lycée en revanche, l’EAC ne revêt plus de caractère obligatoire même si, dans la pratique, de nombreux.ses enseignant.e.s continuent de proposer à leurs élèves des activités annexes à caractère artistique ou culturel, tels que la participation à un orchestre du lycée ou à une représentation théâtrale. Il existe en outre dans certains lycées, des classes dites « à projet artistique et culturel » (PAC) instaurées par la circulaire du 14 juin 2001 : il s’agit d’une organisation pédagogique visant à bâtir un projet avec le concours d’artistes et de professionnel.le.s de la culture autour d’une réalisation artistique et culturelle qui peut concerner une grande variété de secteurs (cinéma, danse, théâtre, patrimoine, etc.) et revêtir des formes tout aussi variées (œuvre plastique, exposition, document audio, exposé oral, etc.) - cette réalisation constituant l’aboutissement d’un travail collectif inscrit dans le cadre des horaires habituels de la classe et dans le prolongement des programmes d’enseignement. À l’université, l’EAC repose largement sur les initiatives des associations étudiantes qui proposent une offre culturelle diversifiée permettant de pallier la faiblesse des efforts financiers des établissements dans ce domaine.

Une mention particulière doit être faite du développement de l’EAC dans des lieux de vie autres que les institutions d’enseignement et de formation. La convention du 4 mai 1999 entre les ministères de la Culture et de la Santé a permis de favoriser le développement d’activités culturelles et artistiques dans les hôpitaux. La loi pénitentiaire qui oblige l’administration à proposer aux détenu.e.s au moins une activité culturelle ou sportive a vu quant à elle son application remise en cause par les restrictions et les inégalités budgétaires des différentes prisons73.

Enfin, une multitude d’initiatives associatives anime les écoles, collèges, lycées et universités de notre pays. La musique y est particulièrement présente par le biais de la pratique en amateur : on peut citer à titre d’exemple les projets El Systema France, Orchestre à l’École, les orchestres pilotés par les conservatoires (parfois en partenariat avec d’autres acteur.rice.s tels que les MJC). D’autres associations pilotent des projets de représentations professionnelles en milieu scolaire telles qu’ « Un orchestre dans mon bahut » ou encore les spectacles des Jeunesses musicales de France.

Enseignement artistique spécialisé

En ce qui concerne l’enseignement artistique spécialisé, celui-ci est proposé par trois types d’établissements – conservatoires, écoles d’art, écoles supérieures -, de statuts public et privé. S’il n’existe pas de service public d’enseignement des arts plastiques pour les enfants et adolescent.e.s, il n’en va pas de même en revanche concernant la musique et la danse qui nécessitent un apprentissage très précoce. En effet, donner à l’enfant le choix de devenir professionnel.le, au moment où celle.celui-ci est en âge de déterminer son avenir, suppose qu’il commence son apprentissage instrumental ou chorégraphique à l’âge où son corps est encore en formation. Les trois catégories de conservatoires, à rayonnement (inter) communal (CRC et CRI), départemental (CRD) et régional (CRR), constituent l’essentiel du 73 Claire Gibault, Pour une politique de développement du spectacle vivant : l’éducation artistique et culturelle tout au

long de la vie, avis et rapport du CESE n° 2013-21, Les éditions des Journaux Officiels, octobre 2013.

Rapport

maillage territorial de l’enseignement musical, chorégraphique et dramatique (à partir de 16 ans) spécialisé en France. Fort de 41 CRR, 109 CRD et 290 CRC-I, ce parc d’accès public est complété par un panel plus large encore d’écoles de musique de danse et de théâtre, qu’elles relèvent ou non du champ lucratif (associations).

Cependant, ces écoles ne font pas partie de ce que l’on nomme «Enseignement artistique spécialisé» et ne sont pas sous la tutelle pédagogique du ministère de la Culture.

Elles sont majoritairement financées par les collectivités locales. Dans les conservatoires, est dispensée une formation initiale organisée sur trois cycles, avec un cycle préprofessionnel et de perfectionnement pour les CRR uniquement. On trouvera bientôt dans les conservatoires à rayonnement régional des classes préparatoires à l’entrée dans l’enseignement supérieur, dont la création est en cours et qui ont été instaurées par la loi LCAP. Des aménagements et conventions sont localement discutés avec des structures de l’Éducation nationale, en école primaire et secondaire ; on trouve donc :

– des classes à horaires aménagés (en musique -CHAM-, en danse -CHAD-, et en théâtre -CHAT- relevant de partenariats tripartites entre conservatoires, rectorats, et collectivités locales qui font partie intégrante du cursus scolaire et sont donc à ce titre entièrement gratuites -en ce qui concerne les coûts directs-, pour les familles ;

– des classes «  Techniques de la musique et de la danse  » en lycée général et technologique, préparant au baccalauréat TMD dont la moitié des points relève des matières artistiques. Ces classes, destinées aux futurs professionnels, préparent à une formation longue. Ces élèves entreront ensuite dans les Pôles Supérieurs d’Enseignement ou dans les Conservatoires Supérieurs nationaux ou à l’étranger, continuant ainsi leur double cursus en musicologie à l’Université et en technique en Conservatoire.

Il existe également 3 classes en lycée technique préparant au Brevet de technicien.ne des métiers de la musique, qui ne relèvent pas de l’enseignement artistique spécialisé. Ce brevet (BTMM) est à débouché professionnel direct et relève de la filière courte. Il a une équivalence baccalauréat. Il forme des professionnel.le.s dans les domaines de la diffusion musicale et de la gestion de spectacle, tels que le secrétariat musical, l’assistanat de production, l’édition musicale ou phonographique, la régie (orchestres, théâtres), les services de presse, la documentation (discothèques, phonothèques, bibliothèques musicales) ou encore la vente de produits musicaux (disques, instruments).

– de simples aménagements d’horaires, relevant d’accord entre établissement mais ne relevant pas des conventions « classes à horaires aménagés », et donc payantes pour les familles ;

– des interventions spécifiques des professionnel.le.s de conservatoire notamment, directement auprès des enfants à l’école. Ces interventions peuvent être réalisées par des professeur.e.s ou bien encore par des «Dumistes », qui sont des musicien.ne.s intervenants, titulaires d’un diplôme universitaire (DUMI) formé.e.s spécialement en 2 ans à l’intervention en milieu scolaire.

Les élèves des Conservatoires seront amateur.e.s pour 98 % d’entre elles.eux, il convient de souligner que l’accès à ces établissements est soumis à une rigoureuse sélection du fait

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES du rapport très déséquilibré entre demandes d’inscription et places disponibles. Ce service

public de la culture est essentiel au maintien de notre patrimoine et à la création artistique à venir et il relève bien de l’intérêt général car seules ces structures sont à même de réunir le nombre suffisant d’élèves de bon niveau afin de constituer des orchestres et de maintenir vivant notamment le patrimoine symphonique, qu’il soit baroque, classique ou même contemporain. Seuls ces établissements sont à même d’avoir des classes d’enseignement des instruments rares ou non demandés par les familles. Il ne saurait être assumé par le secteur associatif du fait de la grande variété d’instruments nécessaires. (La demande spontanée des élèves se porte à 50 % sur le piano, puis guitare 25 %, puis viennent flûte traversière et violon. Ces demandes relèvent d’intérêts particuliers mais on ne forme pas d’orchestres avec des pianos et des guitares).

L’enseignement supérieur est construit sur le même modèle, des Pôles Supérieurs d’Enseignement artistique délivrant les licences en partenariat avec des universités, des Conservatoires nationaux supérieurs délivrant aussi des masters et des doctorats. Certains de ces établissements peuvent proposer une offre de formation pédagogique de type

«diplôme d’État». Seuls les Conservatoires nationaux délivrent le «Certificat d’aptitude».

Les CEFEDEM, structures souvent de droit privé, chargées de dispenser les formations au Diplôme d’État, sont progressivement intégrées dans les nouveaux Pôles Supérieurs.

En ce qui concerne la formation continue, l’accompagnement des amateur.e.s tout au long de la vie reste très peu présent dans les conservatoires, notamment de type CRR, lesquels, victimes de leur succès, réservent en priorité leur place aux enfants. La formation continue des professionnel.le.s du milieu, notamment depuis la disparition des agences départementales ou et de certaines agences régionales musique et danse (ADDM, ADIAM, ARIAM…) peine à être assurée par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) qui devient peu à peu le seul lieu ressource pour les artistes-enseignants. Des cursus de validation des acquis de l’expérience (VAE) sont progressivement mis en place dans les Pôles supérieurs.

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