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Objectif et méthodologie

3. Critique de la méthodologie

Toute méthodologie comporte inévitablement un certain nombre de risques. Par exemple, l’utilisation de questionnaires pour le recueil des données implique une « superficialité des réponses qui ne permet pas l’analyse de certains processus » (Quivy, Campenhoudt, 1995).

Précisons cependant qu’une enquête par entretien auprès d’enseignants-chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris permettra d’approfondir les réponses obtenues, puisque nous utiliserons la même grille d’analyse dans un souci de triangulation méthodologique (cf. deuxième recherche).

Notre analyse portant sur des discours de représentants de musées, nous ne pouvons conclure sur l’état de la muséologie de l’environnement en France, mais plus sur les intentions des personnels de musée. Il s’est avéré qu’une analyse de chaque exposition présentée était impossible. De plus, l’analyse de documents produits par les musées est difficile pour plusieurs raisons, notamment parce que de nombreuses petites structures offrent peu de documents exploitables pour une recherche rigoureuse. Nous avons donc, par défaut, privilégié l’analyse des discours des représentants de musées, estimant qu’ils permettaient de cerner les tendances éducatives de la muséologie de l’environnement en France.

Nous avons également fait le choix d’une recherche de type qualitative puisque « les données qualitatives regroupent toutes les données non métriques. Elles comportent tout ce qui est texte, images et sons, mots exprimant des catégories et des jugements catégoriels » (Van der Maren, 1996).

Par ailleurs, les fréquences obtenues à la suite du comptage des réponses des représentants des institutions muséales sont aussi des données qualitatives, « car les fréquences ne sont que des empilages. Ainsi, la distinction d’un lecteur efficace et d’un mauvais lecteur ne produit que deux catégories qualitatives, et le comptage des individus se répartissant dans ces deux catégories ne suffit pas à transformer ces fréquences en données quantitatives » (Van der Maren, 1996). En effet, les fréquences d’apparition ne sont quantitatives que si elles résultent d’un comptage portant sur des matériaux quantitatifs, c’est à dire des données métriques, ce qui n’est pas notre cas.

D’un point de vue critique, nous sommes conscients que cette approche qualitative comporte deux niveaux de subjectivité :

• la personne interrogée construit de manière inconsciente un discours non objectif, orienté le plus souvent vers la recherche de « bonnes réponses » ;

• l’interprétation de ce discours, malgré le recours à une grille d’analyse comporte également et inévitablement un certain niveau de subjectivité.

De plus, il existe des effets qui doivent être pris en compte lors du traitement des données :

• l’effet de stéréotypie : « l’observateur ou l’examinateur classe, plus ou moins consciemment, le sujet dans une catégorie à laquelle sont habituellement reliés certains traits. (…) A la suite de quoi (et c’est là que se manifeste l’effet), l’examinateur peut avoir tendance à ne plus percevoir, chez ce sujet, que les traits reliés à la catégorie dans laquelle le sujet a été classé, et à scotomiser les traits qui ne correspondraient plus au classement » ;

• l’effet de halo : « c’est la tendance de relier certains faits d’observation subséquents à une première série d’indices observés, sans qu’un lien objectif ne relie les deux séries d’éléments observés » ;

• l’hyper- ou hypo-perception : c’est « la propension que peut avoir l’observateur à noter plus ou moins d’événements en fonction de ses hypothèses. (…) Ces erreurs de perception, d’évaluation ou d’interprétation peuvent par ailleurs aller dans les deux sens : certains observateurs favorisent leurs hypothèses, d’autres au contraire les défavorisent dans un excès de rigueur » ;

• la perception sélective : les chercheurs « pourraient avoir tendance à protéger leurs hypothèses en ne recueillant pas certaines catégories d’éléments ou de faits qui, bien que pertinents, risquent de rendre les résultats moins évidents » (Van der Maren, 1996).

Dans le cadre de cette enquête, nous avons pour augmenter le degré d’objectivité de la recherche, procédé au test de la « constance intracodeur. Le prélèvement d’unités de signification à partir des catégories construites implique que le codeur examine bien les contenus, prélève toujours de la même façon, garde en tête le même sens pour chaque catégorie et demeure attentif tout au long du travail. Pour s’assurer de cette constance dans le jugement, il faut user d’un moyen de contrôle par lequel il sera possible de vérifier si un même codeur est stable et constant dans ses prélèvements. Pour ce faire, on redonne, après un

certain temps écoulé, ou on reprend soi-même si on est à la fois codeur et chercheur, un document déjà codifié pour ensuite voir si on le codifie toujours de la même manière que la première fois. Si l’écart est minime, on peut alors parler d’une constance intracodeur » (Angers, 1992).

Toute méthodologie mise en place comporte donc de nombreuses variables parasites. En avoir conscience ne doit pas pour autant interdire toute démarche de recherche, mais seulement souligner le caractère illusoire d’une recherche objective. L’interprétation des résultats doit donc être prudente, évitant la généralisation, et cherchant plus à mettre en avant des informations pertinentes et des résultats remarquables. Ces résultats doivent donc être considérés dans leur contexte de production, au regard de la problématique soulevée. De plus, nous pensons que le strict respect du protocole méthodologique et l’utilisation des grilles d’analyse rendent notre démarche la plus rigoureuse possible, malgré les nombreuses variables parasites soulignées.

Chapitre deux.

Analyse des discours des représentants de différentes