Les CPIE

D’une manière générale, les CPIE ont une approche multiple de l’environnement. Par exemple, le représentant suivant énonce une liste de thèmes qui s’associent à des représentations biocentrique, écocentrique et anthropocentrique :

CPIE 4 : nos thèmes d’animation sont très variés, ils concernent aussi bien la faune et la flore, les milieux naturels que la gestion des déchets, de la ressource en eau, du patrimoine culturel ou du développement local. (…) C’est aussi aborder le cadre de vie, le territoire géographique…

Plus précisément, la plupart des représentants de CPIE (8/12) adhèrent à une représentation écocentrique centrée sur les milieux naturels, parfois considérés en interaction avec les systèmes sociaux, associée à une représentation anthropocentrique centrée essentiellement sur le thème de l’eau.

L’écocentrisme est donc largement privilégié :

CPIE 10 : cycles d’étude avec synthèse sur les interrelations homme-faune-flore.

CPIE 5 : nous abordons les thèmes de la faune, la flore, les milieux vivants qui correspondent à une définition de l’écologie scientifique.

Il est généralement associé à la problématique anthropocentrique de l’eau :

CPIE 7 : les activités pédagogiques que nous avons mises en place abordent le vaste thème de l’eau en se focalisant sur l’impact des usages de l’eau par l’homme, sur la qualité de l’eau dans le milieu naturel.

CPIE 10 : approche de l’écologie urbaine : assainissement et distribution de l’eau ; tri sélectif des déchets...

Tableau n°11. Grille d’analyse des discours des représentants de CPIE

Catégories d’analyse Passages significatifs Fréquence des

CPIE 6 : le monde naturaliste : oiseaux, insectes, mammifères, botanique… 1/10 Ecocentrisme

Milieux, Interaction systèmes naturels et systèmes sociaux

CPIE 5 : nous abordons les thèmes de la faune, la flore, les milieux vivants qui correspondent à une définition de l’écologie scientifique

CPIE 10 : approche des milieux naturels, cycles d’études avec synthèse sur les interrelations homme-faune-flore

CPIE 3 : aborder les paysages par une vision globale incluant les aspects naturels et humains dans le temps, évolution et histoire des sites

CPIE 8 : évolution des paysages et leur évolution au fil du temps : cette évolution est liée au potentiel de l’environnement naturel initial, elle prend en compte les facteurs historiques, économiques pour arriver à la définition et à la lecture environnementale des paysages d’aujourd’hui. (…) Fonctionnement des écosystèmes et influence des activités humaines sur ces milieux

CPIE 9 : nous considérons le terme environnement comme profondément inscrit dans le pays local, et considérons les interrelations milieu humain /milieu naturel.

CPIE 11 : les milieux : rivière, zones humides, paysage de la vallée CPIE 12 : les milieux naturels de la région : landes, marais, littoral, bocage CPIE 4 : les milieux naturels

4,5/10

Anthropocentrisme Problèmes, ressources milieu de vie

CPIE 7 : thème de l’eau, (…), qualité de l’eau, les usages de l’eau par l’homme CPIE 5 : nous travaillons aussi sur les thèmes transversaux de l’eau, des déchets, des filières bois qui sont des enjeux de l’environnement humain et sociétal

CPIE 10 : assainissement et distribution de l’eau, tri sélectif des déchets CPIE 11 : eau, déchets, patrimoine culturel

CPIE 12 : thèmes liés aux déchets et à la gestion de l’eau

CPIE 4 : la gestion des déchets, de la ressource en eau, le patrimoine culturel, le cadre de vie, le territoire géographique

CPIE 6 : le domaine de l’eau

4/10

Sociocentrisme Systèmes sociaux

CPIE 3 : faire découvrir l’ensemble des acteurs sur un espace géographique donné et connaître leurs actions, comprendre l’organisation et l’installation de l’homme sur un territoire donné

0,5/10

Courant éducatif privilégié

Interprétatif CPIE 7 : faire découvrir, faire prendre conscience CPIE 5 : découverte.

CPIE 1 : l’environnement doit être abordé de manière multiple : sensible, esthétique, imaginaire…

CPIE 2 : prendre le temps d’observer, de toucher, de sentir, d’écouter pour comprendre afin de mieux respecter

CPIE 10 : favoriser la curiosité pour stimuler les initiatives

CPIE 3 : découverte du patrimoine et en encourager l’appropriation par ses habitants CPIE 9 : objectif de découverte

CPIE 11, CPIE 12, CPIE 6 : sensibiliser

6/10

Positiviste CPIE 5 : apporter des connaissances

CPIE 1 : les experts diffusent de l’information pour une meilleure connaissance pour un meilleur respect

CPIE 8 : apporter des connaissances. Un des rôles des experts n’est-il pas d’informer, par l’intermédiaire des médias et partenaires éducatifs, afin que les citoyens puissent accéder aux informations leur permettant de se responsabiliser et de participer aux choix de société.

CPIE 4 : l’apport de connaissances (…) et l’adoption de comportements et attitudes respectueux de l’environnement

CPIE 12 : si la connaissance des milieux naturels nécessite des connaissances pointues, il est aussi indispensable de faire partager ces connaissances auprès du grand public, c’est notre rôle

CPIE 3 : initiation et connaissance donc gestion intelligente des ressources naturelles et des déchets

4/10

Critique sociale 0/10

Nous retrouvons donc ici une des deux orientations définies pour les musées d’histoire naturelle : une approche écocentrique associée à une approche anthropocentrique (eau, déchets). Cependant, à la différence des musées d’histoire naturelle, les CPIE précisent que ces thèmes (milieux naturels et thématiques de l’eau et des déchets) sont abordés de manière locale, c’est à dire concernant le territoire du CPIE :

CPIE 11 : elles abordent des thèmes/enjeux forts (eau, déchets...) ; de plus elles touchent la proximité de ceux qui les vivent, du point de vue du patrimoine naturel et culturel de la vallée où nous intervenons depuis plus de 20 ans.

CPIE 9 : nos animations et expositions s’inscrivent dans un objectif global de découverte du pays de Seyssel, de son patrimoine humain et naturel.

CPIE 8 : une salle est consacrée à la présentation des paysages de Basse-Normandie et à leur évolution au fil du temps : cette évolution est liée au potentiel de l’environnement naturel initial, elle prend en compte les facteurs historiques, économiques pour arriver à la définition et à la lecture environnementale des paysages d’aujourd’hui.

De plus, les approches développées par les CPIE semblent davantage reposer sur des animations que sur l’observation de collections naturelles :

CPIE 4 : nos thèmes d’animations sont très variés, ils concernent aussi bien la faune et la flore, les milieux naturels que la gestion des déchets, de la ressource en eau, du patrimoine culturel ou du développement local.

CPIE 12 : nos animations concernent les milieux naturels du Cotentin (découverte et gestion) : landes, marées, littoral, bocage ainsi que des thèmes liés aux déchets et à la gestion de l’eau.

Le mot « évolution » est avancé plusieurs fois : il apparaît donc que certains CPIE s’inscrivent également dans une approche historique. En résumé, les CPIE proposent une double orientation (écocentrique et anthropocentrique), dans une approche locale et historique.

Dans ce cadre, les approches sont contextualisées et multiples (dans 6 cas sur 10) :

CPIE 3 : on ne peut pas aborder l’environnement sans y inclure les aspects économiques et sociaux car ceux-ci sont interdépendants. Il apparaît qu’intéresser les gens à l’environnement, et donc aux fonctions écologiques, économiques et sociales qui constituent la matrice du territoire, est un enjeu primordial, tant pour le bien-être de la population que pour l’avenir des multiples activités économiques fondées sur le développement durable.

CPIE 11 : l’environnement doit être présenté sous l’angle du développement durable, c’est à dire comme mettant en jeu les trois dimensions sociales, économiques et écologiques.

L’approche scientifique n’étant qu’un moyen d’appréhender tout ou une partie de ces interactions.

CPIE 5 : l’humain est un acteur majeur de l’environnement. Une approche qui l’exclurait ou qui n’intégrerait pas le poids des actions, des décisions, des choix politiques et sociaux serait tronquée. Sans être une association militante, on ne peut aborder le thème des déchets ou de l’eau sans référence sociale et politique au sens noble du terme.

Certains représentants insistent alors sur le caractère social de l’environnement en évoquant par exemple les choix de société :

CPIE 8 : informer pour que les citoyens puissent accéder aux informations leur permettant de se responsabiliser et de participer aux choix de société.

D’autres évoquent la nécessité de montrer les enjeux, ce qui se rapproche du courant de la critique sociale sans pour autant constituer des objectifs spécifiques de ce courant :

CPIE 7 : montrer les enjeux énormes qui reposent sur l’utilisation de l’eau.

CPIE 5 : montrer les enjeux qui y sont liés.

La majorité des représentants de CPIE (6/10) s’inscrit cependant dans une approche interprétative, afin de stimuler l’appropriation du territoire par ses habitants :

CPIE 2 : prendre le temps d’observer, de toucher, de sentir, d’écouter pour comprendre afin de mieux respecter.

Il s’agit ensuite dans une approche positiviste (4/10) de transmettre les connaissances issues des experts :

CPIE 4 : si la connaissance des milieux naturels nécessite des connaissances pointues, il est aussi indispensable de faire partager ces connaissances auprès du grand public.

L’adoption de comportements est citée une seule fois (CPIE 4).

Encore une fois, le courant de la critique sociale est relativement négligé, même si les propos de quelques représentants précisent ce que pourraient être les CPIE dans une triple approche interprétative, positiviste et critique, c’est à dire des lieux de compréhension des systèmes naturels et sociaux d’un territoire, à même de susciter une double responsabilisation individuelle et collective, favorisant une démarche participative.

D’une manière générale, les CPIE se rapprochent de la médiation proposée par les musées d’histoire naturelle, du point de vue des thématiques et des objectifs éducatifs. Cependant, les CPIE offrent une démarche contextualisée, reposant essentiellement sur des animations dans le milieu environnant alors que les musées d’histoire naturelle proposent une approche scientifique à partir de l’observation des collections.