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CONCEPTIONS PHILOSOPHIQUES D'EINSTEIN ET RÉCEPTION DE LA THÉORIE107 à partir même des sciences de la nature, s'est développé un

Première ébauche de la théorie de la relativité

4.4. CONCEPTIONS PHILOSOPHIQUES D'EINSTEIN ET RÉCEPTION DE LA THÉORIE107 à partir même des sciences de la nature, s'est développé un

point de vue strictement empirique et positiviste tout à fait indif- férent à la spéculation métaphysique et aux soi-disantes doctrines critiques, transcendantales. Ses principes ne sont pas encore tou- tefois acceptés dans leurs signications et relations systématiques essentielles par une grande partie des cercles scientiques.

... Dans la théorie de la relativité, elle [la physique] touche à l'une des questions essentielles de l'épistémologie : Peut-on atteindre un savoir absolu ou seulement relatif ? Vraiment : un savoir absolu est-il concevable ? Cela conduit directement ici à la question de la place de l'homme dans le monde, à celle du lien entre la pensée avec le cerveau. Qu'est-ce que la pensée ? Que sont les concepts ? Que sont les lois ? ...

Ceux qui s'intéressent à ces recherches progressistes trouveront protable d'avoir une association scientique se déclarant opposée à toute démarche métaphysique et ayant pour premier principe l'éta- blissement stricte et aussi complète que possible des faits dans tous les domaines de la recherche et dans le développement de l'organi- sation et de la technique. Toutes les théories et exigences doivent reposer exclusivement sur la base des faits et trouver en eux leur critère ultime.94

Le manifeste révèle clairement une attitude antimétaphysqiue qui fut la source du rejet d'Einstein des grandeurs absolues comme le concept d'espace absolu.

Un autre élément corroborant l'idéalisme épistémologique d'Einstein autour de 1913 est fourni par la correspondance Einstein-Mach. Einstein avait envoyé l'article Entwurf à Mach et le 25 juin 1913 écrivit à ce dernier que l'éclipse solaire de 1914 devait fournir un test pour le principe d'équivalence en montrant si oui ou non les rayons lumineux sont déviés par le Soleil. Dans le cas d'une réponse positive, Einstein remarqua,

Alors vos recherches inspirées des fondations de la mécanique - -en dépit des critiques injustiées de Planck- -recevront une splen- dide conrmation. Car il en découle de façon nécessaire que l'inertie trouve son origine dans une sorte d'interaction avec les corps, tout à fait dans le sens de vos réexions sur l'expérience du seau de New- ton.95

Einstein étaya son armation en renvoyant à son article Entwurf et en men- tionnant que de la théorie il découlait que : (a) une cavité accélérée induit une

94"Notes and News," The Journal of Philosophy, Psychology, and Scientic Methods, 9

(1912), 419-20.

95"Wenn ja, so erfahren Ihre genialen Untersuchungen über die Grundlagen der Mechanik-

-Plancks ungerechtfertigter Kritik zum Trotz- -eine glänzende Bestätigung. Denn es ergibt sich mit Notwendigkeit, dass die Trägheit in einer Art Wechselwirkung der Körper ihren Ursprung hat, ganz im Sinne Ihrer Überlegungen zum Newtonschen Eimerversuch," Herneck, "Bezie- hungen zwischen Einstein und Mach" (1966), p. 9 ; traduction en anglais dans Blackmore, Ernst Mach (1972), p. 254.

108CHAPITRE 4. PREMIÈRE ÉBAUCHE DE LA THÉORIE DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE (1913−1915) force sur une particule à l'intérieur ; (b) une cavité en rotation (par rapport

aux étoiles xes) induit un champ de Coriolis à l'intérieur de la cavité. En conclusion, Einstein écrivit, "C'est une grande joie pour moi d'être en mesure de vous communiquer ceci car la critique de Planck m'a toujours parue grande- ment injustiée."96 La lettre exprime clairement la joie d'Einstein de voir que

sa théorie était en accord avec les idées de Mach en ce qu'elle prédisait la re- lativité de l'inertie, du moins dans une certaine mesure. Elle montre également qu'Einstein était du côté de Mach dans le débat Mach-Planck, sur lequel nous reviendrons.

Dans une autre lettre de nouvel an non datée, qui fut probablement écrite pour les raisons indiquées ci-dessus autour de 1913/14, Einstein écrivit :

Je suis très heureux de l'intérêt amical que vous portez à la nou- velle théorie. Les dicultés mathématiques, que l'on rencontre dans le développement de ces idées sont malheureusement également très grandes pour moi. Cela me fait extrêmement plaisir que dans le dé- veloppement de la théorie, la profondeur et l'importance de vos ré- exions sur les fondements de la mécanique classique deviennent ma- nifestes. Même maintenant, je ne peux comprendre comment Planck, pour lequel par ailleurs j'ai une très grande estime, a apporté si peu de compréhension à vos eorts. Son attitude envers ma nouvelle théorie [de relativité générale] est d'ailleurs également une attitude de refus.

Je ne peux le critiquer sur ce point. En eet jusqu'à maintenant, cet argument épistémologique est le seul que je puisse avancer en faveur de ma théorie. Pour moi, il est absurde d'attribuer à "l'es- pace" des propriétés physiques. L'ensemble des masses produit un champ Gµυ[champ gµυ] (champ de gravitation) qui de son côté gou-

verne l'évolution de tous les phénomènes incluant la propagation des rayons lumineux et le comportement des étalons de longueur et des horloges.97

96"Es ist mir eine grosse Freude, Ihnen dies mitteilen zu können, zumal jene Kritik Plancks

mir schon immer höchst ungerechtfertigt erschienen war," Herneck, "Beziehungen zwischen Einstein und Mach" (1966), p. 9.

97

"Ich freue mich sehr über das freundliche Interesse, das Sie der neuen Theorie entgegenbringen. Die mathematischen Schwierigkeiten, auf die man bei Verfolgung dieser Gedanken stösst, sind leider auch für mich sehr grosse. Es freut mich aus- serordentlich, dass bei der Entwickelung der Theorie die Tiefe und Wichtigkeit Ihrer Untersuchungen über das Fundament der klassischen Mechanik oenkundig wird. Ich kann heute noch nicht begreifen, wie Planck, den ich sonst wie kaum ei- nen zweiten hochschätzen gelernt habe, Ihren Bestrebungen so wenig Verständnis entgegenbringen konnte. Er steht übrigens auch meiner neuen Theorie ablehnend gegenüber.

Ich kann ihm das nicht verargen. Denn bis jetzt ist jenes erkenntnistheoretische Argument das Einzige, was ich zugunsten meiner neuen Theorie vorbringen kann. Für mich ist es absurd, dem 'Raum' physikalische Eigenschaften zuzuschreiben. Die Gesamtheit der Massen erzeugt ein Gµν-Feld (Gravitationsfeld), das seiner-

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