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Analyse de la cinquième phase N51c : la catégorisation des objets de la vie quotidienne (nuage, buée, brouillard, etc.)

différentes catégorisations des 20 photographies & introduction de la catégorisation privilégiée (solide, liquide, gaz)

7.4.4 Analyse de la cinquième phase N51c : la catégorisation des objets de la vie quotidienne (nuage, buée, brouillard, etc.)

Contextualisation de l’Extrait A6

En guise de clôture finale de la partie sur les états et les changements d’état de l’eau, Amélie propose ensuite un exercice similaire à celui d’ouverture de la séquence : il s’agit de catégoriser des objets / phénomènes de la vie quotidienne faisant intervenir de l’eau (le verglas, les nuages,

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la neige, le brouillard, l’eau du robinet, la vapeur d’eau, les icebergs, la pluie, la grêle, l’eau de la rivière).

Néanmoins, la tâche se révèle légèrement différente en fin de séquence : les élèves sont confrontés à des images des phénomènes, et non pas à des photographies (sauf pour le brouillard) ; leur nombre est moins élevé que précédemment ; et surtout, le critère de catégorisation est clairement donné à travers la légende : il s’agit de colorier la pastille en bleu si le phénomène fait intervenir de l’eau à l’état liquide ; en jaune s’il y a de la vapeur d’eau ; en rouge si l’eau est à l’état solide (cf. Figure 24, p. 182).

Les élèves travaillent individuellement à cet exercice ; l’extrait démarre au moment de la mise en commun au sujet des nuages et du brouillard.

Analyse a priori de la situation

Du point de vue des élèves, le travail à accomplir pour classifier les nuages et le brouillard sous l’état approprié diffère. Le statut des nuages vient d’être traité à travers deux expériences de condensation : il a été clairement institutionnalisé que les nuages sont formés de petites gouttes d’eau et appartiennent donc à l’état liquide. Pour le classifier sous l’état approprié, il suffit que les élèves restituent tel quel un élément de la référence déjà-partagée. Le statut du brouillard, pour sa part, n’a pas encore été débattu ; pour le classifier sous l’état liquide, il faudrait que les élèves repèrent la buée ou les gouttelettes d’eau qui l’accompagnent ou bien qu’ils établissent des connexions entre brouillard et nuage. Le pas à franchir est donc bien plus important dans le cas du brouillard que dans le cas des nuages.

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Figure 24 : Extrait de la fiche-élève (Tomas) de catégorisation des phénomènes liés à l’eau Légende : Bleu : eau liquide/Rouge : eau solide /Jaune : vapeur d’eau

Extrait A6 : catégorisation des nuages et du brouillard

Extrait A6 : catégorisation des nuages et du brouillard – S4 [(1:18:00) - (1:20:00)]

Analyse [méso/topo/chronogenèse]

Dans une posture surplombante, Amélie traite les réponses apportées par les élèves au sujet de l’état physique des nuages et du brouillard.

Elle dirige l’attention des élèves sur le fait que le statut des nuages constitue « un piège » (TdP 430). L’objet « c’est gazeux » (TdP 431) est alors amené par Madeleine pour qualifier les nuages. Amélie désigne comme non-pertinent cet objet en affirmant que Madeleine « est tombée dans le piège les deux pieds dedans » (TdP 432). Sofia propose alors « liquide » que

430. Ens: euh le nuage/ alors ça j'espère que attention si y a un piège c'est celui-ci/ Amélia↑

431. Mad: c'est gazeux

432. Ens: elle est tombée dans le piège les deux pieds dedans

433. Sof: liquide

434. Ens: liquide c'est déjà le gaz qui s'est condensé/ d'accord/ c'est curieux hein parce qu'il est au-dessus de nous mais qu'il pleut pas tout le temps le nuage mais il n'empêche qu'il est constitué de petites gouttes donc il est considéré comme liquide// on continue avec le brouillard/ ah ah oui c'est le deuxième piège celui-là/ euh Dayana↑

435. Day: du gaz ↑/solide↑

436. Ens: c'est déjà de la condensation// je vous rappelle quand c'est gaz ça se voit pas/ brouillard/ le brouillard c'est déjà de l'eau qui se condense dans l'air donc c'est déjà liquide

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l’enseignante valide et complète en affirmant que le nuage, c’est « le gaz qui s’est condensé », qu’« il est constitué de petites gouttes » et est donc « liquide » (TdP 434).

Comme précédemment, elle attire l’attention des élèves sur le fait que le brouillard est « le deuxième piège » de l’exercice (TdP 434). Les objets « du gaz » puis « solide » (TdP 431) sont successivement introduits par Dayanna pour qualifier le brouillard. Amélie les désigne comme non-pertinents et impose à la place un autre rapport à objet « brouillard » : c’est déjà de « l’eau qui se condense donc c’est déjà liquide » (TdP 436).

Interprétation de l’Extrait A6

La place finale de cette tâche de catégorisation au sein de la séquence sur les états et les changements d’état de l’eau, la position surplombante invariable que prend l’enseignante pour réguler les rapports aux objets des élèves, le rythme soutenu de l’avancée des savoirs (le brouillard est traité en deux tours de parole) sont des signes qui montrent qu’Amélie considère cette tâche comme un réinvestissement de savoirs déjà connus et non comme une co-construction de nouveaux savoirs. Ce point de vue sur la tâche éclaire sa manière de gérer le milieu : elle ne demande pas de justification aux élèves lorsqu’ils se trompent dans leur manière de classifier et se contente d’asséner la réponse « correcte ». Selon elle, si les élèves ne savent pas, c’est qu’ils n’ont pas été assez attentifs au déroulement des activités précédentes. Pourtant, nous avons montré que, de leur point de vue, le pas à franchir est bien plus important dans le cas du brouillard que des nuages : la gestion similaire des deux objets / phénomènes dans la discussion collective démontre que l’enseignante n’a pas anticipé les difficultés potentielles que la classification du brouillard est susceptible de poser.

Le recueil des traces écrites des élèves nous permet de proposer une analyse quantitative du traitement individuel de ces deux phénomènes par les élèves. Lors de l’exercice, 17 élèves (sur les 18 présents) colorient la pastille correspondant au brouillard en jaune, ce qui signifie qu’ils estiment que le brouillard correspond à l’état gazeux de l’eau. Ce haut pourcentage confirme que la classification du brouillard est une tâche difficile, même lorsque la buée et les nuages ont été précédemment élucidés.

Plus révélateur encore, 10 élèves considèrent que les nuages sont à l’état gazeux. Plus de la moitié des élèves n’ont donc pas intégré à leurs actions le nouveau rapport à l’objet « nuages » institutionnalisé par l’enseignante lors des expériences de condensation. Ce pourcentage montre que le décalage entre les rapports aux objets que les élèves expriment et ceux que valide l’enseignante s’est creusé de telle manière que les élèves s’en remettent à leurs références premières pour faire sens de la tâche donnée (classifier les nuages). La discontinuité qui était jusque-là en latence se révèle pleinement dans cet extrait dans lequel le décalage entre temps d’enseignement et temps d’apprentissage est flagrant. Les rapports aux objets « état gazeux de l’eau », « vapeur d’eau », d’une part et aux objets ambigus faisant intervenir de l’eau (« brouillard », « nuages », etc.), d’autre part ne montrent pas d’évolution depuis la première tâche de la séquence.

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7.5 Synthèse de l’analyse des différents extraits : dynamique de

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