Zones de provenance des échantillons anthracologiques et stratégies de fouilles

Les contextes d’où proviennent les échantillons anthracologiques se concentrent essentiellement dans et autour de l’épicentre, sur un rayon d’environ 600 mètres au sud de celui-ci (Figure 3.8). Les stratégies de fouilles, définies par les différents objectifs de chaque opération (Tableau 4.1), ont conditionné non seulement les possibilités d’échantillonnage dans chaque secteur, mais également la mise en contexte des échantillons, dont dépend en partie l’interprétation des spectres anthracologiques. Dans le Groupe B principalement, des programmes de fouilles intensives (via des tranchées étendues et des sondages) centrées sur certaines unités résidentielles ont permis de caractériser le statut social de leurs habitants et d’y restituer précisément les dynamiques d’occupation, notamment grâce à la mise au jour de nombreux dépôts d’abandon (Sion, 2016). Ces opérations ont été menées dans le Patio 6 du Complexe Ouest, le Patio 22 du Complexe Central et les Patios 28, 31, 32 et 34/35 du Complexe Sud, ainsi que dans l’unité 5N6, situé au nord de la zone résidentielle sud. Elles ont ainsi permis un échantillonnage anthracologique assez large et diversifié, qui s’insère dans un contexte socio-économique, culturel et politique maîtrisé. C’est également de ces unités résidentielles que provient la totalité des dépôts associés à des contextes funéraires.

Des fouilles intensives ont également été menées dans les structures 5O-5 et 5O-4, appartenant à un ensemble politico-administratif (ensemble XXV) situé au nord de la Place Est du Groupe B. Elles ont mis au jour, entre autres, d’importants dépôts de cendres et de matériels sur les sols de la structure principale (structure 5O-5), correspondant visiblement aux vestiges d’une importante cérémonie de terminaison, auxquels répondent d’autres dépôts mis au jour dans l’édifice 6O-5 de la Place Río Bec. Les dépôts issus de ces deux édifices, dont on pense qu’ils ont successivement occupé des fonctions politiques (voir Chapitre 1.3.3), portent la problématique des feux rituels à Naachtun au-delà de la seule sphère domestique.

Plusieurs opérations ont eu lieu, par ailleurs, dans les Groupes C et A, qui constituent le centre politique de la cité au Classique ancien et au début du Classique récent. Mais celles-ci n’ont livré que peu d’échantillons anthracologiques exploitables. En effet, les fouilles par sondages et tranchées d’extension limitée menées dans ces zones visaient, avant tout, à reconstituer et dater les étapes constructives des édifices monumentaux, non à mettre en évidence les vestiges d’activités particulières en lien avec leur fonction politico-cérémonielle. Les volumineux remblais de construction de ces édifices, qui présentent en soi un problème de représentativité pour l’anthracologie (voir Chapitre 3.2.1), étaient souvent pauvres en charbons et mal datés par manque de matériel céramique diagnostique. La plupart d’entre eux n’ont donc pas été jugés pertinents pour l’étude anthracologique. Le corpus dans ces deux groupes se limite ainsi à deux niveaux de remblai (riches en charbons), une zone de rejets domestiques et deux dépôts scellés, possiblement liés à une étape de fondation ou de transition architecturale. Ces contextes se situent sous les structures I (Groupe Triadique) et IV du Groupe C, ainsi que dans le Complexe à enceinte du Groupe A.

Enfin, la zone résidentielle qui s’étend au sud et à l’ouest de l’épicentre a fait l’objet d’un vaste programme de sondages depuis 2011 (Alvarado et Cotom-Nimatuj, 2013; Cotom-Nimatuj et al., 2014,

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2012; Hiquet, 2014; Hiquet et al., 2014), dont l’un des principaux objectifs était de caractériser sa séquence d’occupation en termes de densité de peuplement (Hiquet et al., 2016; Lemonnier et al., 2014). Ces sondages ont permis l’échantillonnage anthracologique d’un grand nombre de contextes généraux, balayant largement l’occupation du site, tant sur le plan chronologique que spatial. Mais contrairement aux fouilles intensives menées dans le Groupe B et l’unité 5N6, ces fouilles par sondage ne procurent, en définitive, que peu d’informations sur le contexte socio-économique et culturel des établissements humains à l’échelle locale, relatives par exemple, au statut des habitants ou au type d’activité menée en ces lieux au cours des différentes phases d’occupation. Une mise en contexte insuffisante permet difficilement d’interpréter les spectres anthracologiques au-delà de leur représentativité archéo-environnementale globale. Cela a, en outre, limité la sélection des dépôts spéciaux dans ce secteur, pourtant relativement fréquents. Indépendamment du fait que les concentrations cendreuses peuvent parfois s’avérer pauvres en charbons, voire stériles et donc inexploitables, elles n’ont d’intérêt que lorsque des caractéristiques archéologiques extrinsèques permettent de les associer de façon suffisamment convaincante à des actions rituelles probables (e.g. localisation dans les axes des structures). Finalement, dans cette zone, seuls deux dépôts cendreux associés à des dépôts de fondation ont pu être inclus à l’étude. Ils sont localisés au sud-ouest de la zone d’étude, dans les unités 6M74 et 6L40.

Tableau 4.1 Liste des opérations de fouille du Projet Naachtun desquelles sont issus les échantillons anthracologiques.

Opération Secteur Type de fouille Responsables Campagne II.1 Groupe C Sondages L. Garrido, J. Cotom 2014 II.2 bis Zone résidentielle sud Sondages J. Hiquet 2013 ; 2014

II.3 Groupe B, Complexe Sud Intensives J. Sion, A. Díaz 2012-2014 II.4 Groupe B, Complexe Central Intensives C. Gillot, A. Díaz 2013-2015 II.5 Groupe B Funéraire I. Barrientos 2013-2015 II.5 bis Zone résidentielle sud, unité 5N6 Intensives H. Goudiaby 2014

II.6 Groupe B, Complexe Ouest Intensives D. Perla 2014 III.1 Groupe B, Place Río Bec Tranchée P. Nondédéo 2011 III.2 Groupe B, Place Est Intensives P. Nondédéo, D. Perla 2011 ; 2013 III.3 Groupe A, Complexe à enceinte Tranchée P. Nondédéo 2014

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