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Zone de provenance, caractérisation des dépôts et chronologie relative des échantillons anthracologiques

4.5.2. Sondages dans les habitats de la zone résidentielle sud

Des échantillons anthracologiques ont été sélectionnés dans dix sondages de la zone résidentielle sud, effectués lors des campagnes 2013 et 2014 dans différentes unités d’habitat (Hiquet, 2014; Hiquet et al., 2014) (Figure 4.14). La plupart sont situés dans la partie sud de cette vaste zone, non loin du marais saisonnier sud et d’une zone inondable au sud-ouest. Deux sondages se situent néanmoins au nord de la zone, à proximité du Complexe Triadique du Groupe C.

L’installation initiale dans la zone résidentielle sud semble se produire lors de la phase Balam I du Classique ancien. Les premiers aménagements apparaissent notamment dans les unités 6L40 et le Groupe 6N124. Un seul contexte, situé au niveau de l’unité 6L40, à l’extrême sud-ouest du secteur, représente cette première phase dans notre corpus (CG 3730). Il consiste en un remblai de construction mis en place sur un possible paléosol en contact direct avec la roche-mère, ce dernier

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étant particulièrement riche en charbons. Les deux UE ont été considérées comme un même contexte, en raison de l’absence de sol stuqué les séparant et de leur datation identique (Kuts’-Balam 1).

Figure 4.14 Localisation des zones de provenance des échantillons anthracologiques dans les unités de la zone résidentielle sud.

Les établissements humains se multiplient lors de la phase Balam II. Cet essor architectural et démographique, généralisé à l’ensemble de la zone résidentielle, est représenté dans le corpus par huit contextes généraux. Au niveau de l’unité 6N60, un important niveau de remblai (CG 1785) a servi à niveler, vraisemblablement en plusieurs étapes, une carrière creusée dans la roche-mère. Cet aménagement fut suivi par la mise en place d’un premier sol associé à un remblai de construction (CG 1783). Au nord de la zone résidentielle, l’unité 6M53 connait plusieurs réaménagements architecturaux au cours du Classique ancien et récent et est occupé vraisemblablement jusqu’à la fin de cette période. Quatre contextes généraux datés de la phase Balam II ont fait l’objet d’un échantillonnage anthracologique : trois niveaux de construction successifs séparés par des sols de stuc (CG 3758, CG 3753 et CG 3754), ainsi qu’une accumulation de matériel (CG 3757) correspondant probablement à des déchets domestiques (J. Hiquet, com. pers.), dont la mise en place est postérieure aux trois niveaux de remblai. Deux autres remblais de construction datés de la phase Balam II ont fourni suffisamment de charbons pour être intégrés à l’étude : un premier dans l’unité 6M129 (CG 3742), associé à la mise en place d’un premier sol stuqué sur un possible niveau d’occupation initial ; un second au sud du Groupe 6M22 (CG 1745), correspondant à la construction d’une plate-forme, également après une occupation initiale.

Feux et forêts mayas

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À cet endroit, l’occupation qui suit en phase Balam III se matérialise par une accumulation détritique (CG 1743) répandue sur cette plate-forme. Les trois autres contextes datés de la phase Balam III dans la zone résidentielle sud se situent dans l’unité 6N60. Ils consistent en deux niveaux d’occupation successifs séparés par des sols stuqués, et en un remblai de construction qui les surmonte (respectivement CG 1782, CG 1780 et CG 1779).

Le Classique récent est une période d’occupation intense dans la zone résidentielle sud ‒ tous les groupes et unités d’habitat concernés par l’étude anthracologique présentent une occupation lors de cette période ‒, mais paradoxalement, celle-ci est fort mal représentée dans le corpus. Cette lacune est principalement due à la difficulté à distinguer les trois faciès au sein du complexe céramique Maax. Ainsi, les phases Maax I et Maax II ne sont pas du tout représentées dans le corpus. Il est donc apparu nécessaire d’inclure trois contextes datés de la phase Maax III, malgré leur pauvreté en charbons (comprenant chacun moins de 30 charbons identifiables). Il s’agit d’un remblai de construction situé dans l’unité 6M129 (CG 3738) et de deux niveaux d’occupation situés dans le Groupe 6N82 (CG 1763) et l’unité 6N53 (CG 2563).

Tableau 4.11 Caractéristiques des échantillons anthracologiques issus de la zone résidentielle sud, par sondage et phase chronologique, du plus ancien au plus récent.

La plupart de ces habitats présentent encore une occupation au Classique terminal, mais les niveaux datés de cette phase n’ont globalement fourni que peu de charbons. La phase Muuch est ainsi représentée dans le corpus par trois contextes. Le premier est un niveau de remblai issu de l’unité 6M42 (CG 2535), unité qui fut abandonnée après sa construction en phase Balam II, puis réoccupée

Id Groupe Type F Phase UE Vol (L) PM

Contextes généraux

1714 6N124 Zone de rejet Muuch N13-1714 20

1715 Remblai de construction Muuch N13-1715; N13-1716 21

2535 6M42 Remblai de construction Muuch N13-2535 9 -

1763 6N82 Niveau d'occupation Maax III N13-1763 12 -

2563 6N52 Niveau d'occupation Maax III N14-2563 9 -

3738 6M129 Remblai de construction Maax III N14-3738 11 -

3742 Remblai de construction Balam II N14-3742; N14-3743 20 -

1743 6M22 Zone de rejet Balam III N13-1743 14,5 1

1745 Remblai de construction Balam II N13-1745 12 1

1779 6N60 Remblai de construction Balam III N13-1779 13 1

1780 Niveau d'occupation Balam III N13-1780 12 -

1782 Niveau d'occupation Balam III N13-1782 13 -

1783 Remblai de construction Balam II N13-1783; N13-1784 22 1

1785 Niveau de terrassement Balam II N13-1785; N13-1787 24 -

3757 6M53 Accumulation de matériel Balam II N14-3757 6 -

3758 Remblai de construction Balam II N14-3758 3 -

3753 Remblai de construction Balam II N14-3753; N14-3760 17 -

3754 Remblai de construction Balam II N14-3754; N14-3759 36 -

3730 6L40 Remblai de construction/Paléosol ? Balam I N14-3730; N14-3733 17 -

Dépôts spéciaux

2520 6M74 Concentration cendreuse sur roche mère

Non Balam II N13-2520 10 -

3731 6L40 Concentration cendreuse dans dépôt intrusif

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lors de la seconde moitié du Classique terminal, soit à la toute fin de l’occupation de Naachtun. Les deux autres sont issus du Groupe 6N124 et consistent en un remblai de construction (CG 1715) mis en place sur la roche-mère, et une accumulation détritique correspondant à l’ultime occupation avant l’abandon du lieu (CG 1714). Ces contextes sont particulièrement intéressants pour l’étude puisque ils sont les seuls contextes tardifs de la zone résidentielle sud. Ils constituent donc des contextes de comparaison indispensables pour la validation des hypothèses concernant l’usage des combustibles à la fin de l’occupation du site.

Dépôts spéciaux dans la zone résidentielle sud

Le corpus des dépôts spéciaux dans cette zone est particulièrement restreint puisqu’il ne compte que deux dépôts, identifiés comme des dépôts de fondation. Mais leur interprétation est d’autant plus incertaine que la fouille par sondage ne permet pas d’établir clairement leur lien avec les structures qui les surmontent.

Ces dépôts sont localisés au niveau de l’unité 6L40 et du Groupe 6M74 et appartiennent, d’après l’étude de la céramique, à la phase Balam II du Classique ancien (Figure 4.15). Une datation au radiocarbone a toutefois montré que le dépôt du Groupe 6M74 (DS 2520) a plus probablement été effectué au tout début de cette phase (138-345 apr. J.-C., âge calibré à 2σ). Situé au pied de l’angle nord-est de la structure pyramidale 6M-74, il consistait en une concentration cendreuse contenant deux récipients complets, de grands fragments de céramique et du matériel lithique, dont deux fragments de lame d’obsidienne. Ce dépôt fut installé directement sur la roche-mère, au sein d’un niveau de remblai antérieur à la construction du premier sol du patio, et rien ne semble indiquer qu’il résulte d’un feu in situ (Hiquet, 2014, pp. 93–94). Le dépôt de l’unité 6L40 (DS 3731) était situé au pied de la façade est de la structure 6L-40, dans une fosse circulaire de 30 cm de diamètre perforant le premier sol stuqué et scellée par le sol suivant. Ce dépôt contenait six récipients céramiques dont quatre très fragmentés qui présentaient des traces de brûlure, une lame d’obsidienne, plusieurs éclats de silex brûlés et un fragment de meule. Malgré les évidences de combustion et un sédiment cendreux, ce dépôt n’a fourni que peu de charbons. En revanche, les deux récipients complets (non brulés), qui étaient disposés bord à bord au fond de l’intrusion, contenaient quelques charbons associés aux ossements d’un petit animal qui ont été extraits par micro-fouille. La présence de charbons à l’intérieur des récipients non brûlés, de même que la faible densité en macrorestes du sédiment (< 0,2 g/L, rappelant les matrices cendreuses des dépotoirs domestiques), ne laissent aucun doute sur le caractère secondaire des cendres associées à ce dépôt de fondation.

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Figure 4.15 Vues des dépôts de matériels scellés A : au pied de la structure 6M-74 (groupe 6M74), B : au pied de la structure 6L-40 (unité 6L40). Photos : J. Hiquet.

Pour finir, signalons que des dépôts scellés plus ou moins riches en restes archéobotaniques ont également été mis au jour dans des sondages effectués dans la zone résidentielle ouest (Hiquet et al., 2014). Mais afin d’assurer la cohérence spatiale du corpus (voir Chapitre 3.2.1), ces dépôts n’ont pas été jugés prioritaires, puisqu’ils n’étaient comparables à aucun contexte général pouvant produire un spectre « référent » pour l’usage des combustibles dans cette zone relativement éloignée par rapport aux contextes du corpus.

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L’arrangement de ces contextes par unité d’habitat et structure selon leur chronologie relative entre et au sein de chaque phase chronologique, permet de reconstituer une séquence diachronique des échantillons anthracologiques à travers le site (Tableau 4.12). Celle séquence constitue le cadre chronologique dans lequel s’insèreront, dans les prochains chapitres, les interprétations archéo- environnementales des assemblages anthracologiques. Précisons qu’il s’agit d’une reconstitution en partie hypothétique, l’ordre de certains contextes pouvant être basé sur un raisonnement déductif. Notamment, en l’absence d’informations archéologiques spécifiques, on a provisoirement considéré les niveaux d’occupation et les zones de rejets domestiques comme postérieures aux niveaux de remblais lorsque ceux-ci sont datés de la même phase. Cette séquence a vocation à se préciser grâce, notamment, à l’apport de nouvelles dates radiocarbone.

Tableau 4.12 (ci-contre) Chronologie relative des contextes généraux et dépôts spéciaux par structure et unité d’habitat d’après l’étude chrono-céramique et la stratigraphie et datations au radiocarbone associées.