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Application de la méthode anthracologique à une cité maya classique des Basses Terres centrales

3.2. L’étude anthracologique de Naachtun

3.2.1. Constitution du corpus anthracologique

La démarche d’échantillonnage

La stratégie d’échantillonnage et de sélection des contextes archéologiques avait pour objectifs : 1) d’obtenir une séquence anthracologique diachronique fiable, représentative de l’usage global des combustibles à Naachtun,

2) de rassembler un corpus anthracologique large de dépôts reflétant l’usage du feu et des combustibles dans les activités spécialisées (rituelles et funéraires).

En se basant sur différentes zones du site, l’idée sous-jacente à cette démarche d’échantillonnage était de laisser ouvertes toutes possibilités d’analyses (diachronique, spatiale, fonctionnelle) qui permettraient de dégager le ou les facteurs environnementaux et/ou socio-culturels dont dépendent les usages des bois de feu à Naachtun. Notons qu’aucune aire d’activité artisanale, liée à la combustion des céramiques ou à la production de chaux par exemple, n’a été détectée à ce jour sur le site.

Pour répondre à ces objectifs, la mise en place du corpus s’est fondée sur une distinction fondamentale entre deux catégories de faits archéologiques : les contextes généraux et les dépôts spéciaux.

Contextes généraux et dépôts spéciaux

Les « contextes généraux » incluent les niveaux de terrassement, les remblais de construction, les niveaux d’occupation et les zones de rejets domestiques, dans lesquels les charbons dispersés sont les vestiges de nombreux feux représentant une durée d’activité longue (Chabal et al., 1999).

Appartenant généralement à la dernière phase d’occupation dans les zones résidentielles, les zones de rejets domestiques se présentent comme des concentrations de matériels archéologiques divers (céramiques, lithiques, fauniques, malacologiques et ossements humains) inclus dans des matrices cendreuses et charbonneuses et déposés directement sur les sols. Les rejets accumulés dans des zones proches des habitats constituent les dépotoirs domestiques, généralement situés à l’arrière des structures ou dans les angles des patios, à l’écart des zones de passage. D’autres dépôts de matériels, provenant probablement du balayage régulier des sols, constituent des zones de rejet sporadiques (Sion, 2016, p. 183). Ces dépôts sont le plus souvent situés à l’entrée des habitats sans toutefois en gêner l’accès, par exemple aux angles extérieurs formés entre les plate-formes et les escaliers. D’après Sion (2016, pp. 321-322), les déchets domestiques sont réintégrés aux remblais des nouvelles constructions, ce qui explique que les remblais puissent parfois être riches en matériels et en charbons. Le recyclage de déchets domestiques dans les remblais est souvent qualifié de phénomène de panier,

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créant une juxtaposition de concentrations de matériels de types, d’origines et de phases différentes (Arnauld et al., 2013, p. 477). Cette pratique implique par ailleurs que, à quelques exceptions près, seuls les dépotoirs domestiques datant de la dernière phase d’occupation d’un lieu sont retrouvés, puisque ceux-ci ne furent jamais intégrés à des constructions postérieures (Sion 2016, pp. 321-322).

Dans ces contextes généraux, les charbons dispersés ne peuvent pas être associés de façon certaine à un type de feu ou à une activité en particulier. Au contraire, ils sont les vestiges de plusieurs feux accumulés sur une durée indéterminée. Issus probablement en grande majorité des feux domestiques quotidiens (cuisson des aliments et éclairage notamment), ces charbons sont aussi certainement mélangés aux restes de feux liés aux pratiques rituelles ou aux activités artisanales réalisées dans le cadre domestique. Ils peuvent aussi inclure les restes d’incendies accidentels ou volontaires de constructions en matériaux périssables. De plus, les nombreux remaniements architecturaux impliquent que le matériel archéologique provenant des niveaux de terrassement et des remblais est susceptible d’être mélangé à du matériel plus ancien. Les charbons issus de ces contextes généraux considérés dans leur ensemble procurent donc une image globale et synthétique des combustibles utilisés sur le long terme.

À l’inverse, on désigne par « dépôts spéciaux » les concentrations de cendres et de charbons qui résultent d’une déposition intentionnelle et qui peuvent être mises en lien avec une action rituelle ou symbolique probable. Il peut s’agir de restes de feux in situ, effectués dans des caches, des niches ou bien directement sur les sols qui présentent alors des traces de brûlure. Ces dépôts peuvent aussi correspondre à des cendres déplacées depuis le lieu de combustion puis déposées dans un espace spécifique (sur un sol, dans une fosse, un récipient céramique, une niche, etc.). Leur fonction rituelle est éclairée par le contexte archéologique et le matériel associé, souvent riche et ostentatoire, qui traduisent généralement une mise en scène. Ces dépôts de cendres et de matériels peuvent être cachés, c’est-à-dire enterrés et scellés par un sol. C’est le cas des dépôts de fondation et de transition, mais également des dépôts funéraires. Ils peuvent aussi être visibles, exposés sur les sols ou sur les banquettes, et correspondent alors à des dépôts d’abandon ou dépôts de clôture, vestiges de cérémonies de terminaison ou de désacralisation (voir Chapitre 2.1.1).

Il peut parfois être difficile de distinguer avec certitude les dépôts d’abandon des simples rejets domestiques. D’après Sion (2016, p. 509-510), la position axiale des dépôts dans les structures et dans les zones de passage en général, visant à en barrer symboliquement l’accès, leur association à des destructions volontaires de sol non réparées ainsi que l’intégration des ancêtres par l’intermédiaire de la manipulation de leurs ossements, sont les critères principaux permettant d’identifier un dépôt résultant d’un abandon ritualisé. Les dépôts d’abandon présentent généralement une matrice sédimentaire homogène qui traduit un processus dépositionnel ponctuel, contrairement aux zones de rejet, formées par l’accumulation progressive de déchets domestiques. Déterminer l’origine des charbons est un problème qui se pose également dans certains contextes susceptibles d’avoir été perturbés, tels que les sépultures. Si des dépôts de cendres clairement associés à des inhumations ont déjà été documentés dans l’aire maya (e.g. Dussol et al., 2016; Iglesias Ponce de León, 2003; Pereira, 2013), la pratique de réouverture rituelle des sépultures, pour y déposer des objets ou en extraire des ossements (Barrientos et al., 2015) perturbe les contextes funéraires qui peuvent ainsi être contaminés par des sédiments extérieurs. Ce problème est encore exacerbé par les pillages modernes qui visent

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précisément les sépultures. Il est donc essentiel d’avoir recours à un examen précis du contexte archéologique, de façon à caractériser au mieux les dépôts, en termes de nature, de fonction et d’origine des cendres et des charbons.

La distinction de ces deux types de fait archéologique est essentielle pour l’étude anthracologique, dans la mesure où les charbons issus de dépôts ponctuels ou spécialisés n’ont pas la même valeur statistique ni la même portée archéo-environnementale que ceux résultant d’une accumulation progressive de rejets domestiques. Cela implique des stratégies d’échantillonnage, des méthodes d’analyse des données et des modèles interprétatifs différents.

L’échantillonnage systématique et la question de la taille des échantillons

La précision de la datation, le prélèvement via une méthode standardisée telle que la flottation de sédiment, ainsi qu’un nombre suffisant de charbons, sont trois conditions essentielles pour qu’un échantillon soit jugé exploitable pour l’anthracologie (Chabal et al., 1999).

Plusieurs études anthracologiques se sont penchées sur la question de la taille minimale et optimale des échantillons. C’est en mesurant la richesse et la diversité taxonomique des échantillons anthracologiques (notamment via la construction de courbes de saturation9 et le calcul de l’indice de Pareto10

À Naachtun, la principale contrainte (qui ne fut pas désavantageuse pour autant) ayant conditionné l’échantillonnage anthracologique, a résidé dans sa dépendance vis-à-vis des stratégies de fouilles archéologiques, menées essentiellement par tranchée d’extension limitée voire par sondage, dans un ), et en les comparant aux données écologiques modernes, que les chercheurs ont pu définir l’effectif de charbons nécessaire pour obtenir une image représentative de la végétation environnante, dans l’optique d’une restitution paléoécologique (Chabal, 1988, 1992; Figueiral, 1992; Scheel-Ybert, 1998, 2002). Dans les milieux tempérés et méditerranéens, il est désormais admis qu’un minimum de 250 charbons identifiables par assemblage est satisfaisant, des assemblages de 400 à 600 charbons étant optimaux. Dans les milieux beaucoup plus diversifiés des zones tropicales, en revanche, les assemblages anthracologiques ne semblent jamais atteindre de limite dans la richesse taxonomique, un phénomène également observé dans les études palynologiques et les relevés floristiques de végétation actuelle menés dans ces milieux (Dotte-Sarout, 2010, p. 138; Scheel-Ybert, 1998, p. 62). Scheel-Ybert (1998) a néanmoins déterminé, grâce au recours à l’indice de concentration de Pareto, que des assemblages de 200 à 300 charbons permettent d’obtenir, sinon l’exhaustivité taxonomique d’un niveau archéologique, du moins une bonne représentativité paléoécologique en terme de richesse taxonomique et d’ordre hiérarchique des essences. Ces méthodes appliquées à ses résultats en Nouvelle-Calédonie, Dotte-Sarout (2010, p. 144) estime qu’un effectif minimal de 150 charbons est exploitable, 300 à 400 charbons étant un effectif idéal.

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Une courbe de saturation, ou courbe « effort-rendement », représente la progression de l'apparition de nouveaux taxons dans un échantillon en fonction du nombre de charbons analysés. Lorsque la courbe se stabilise, il devient très peu probable d'identifier un nouveau taxon, indiquant que le nombre optimal de charbons analysés est atteint.

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L'indice de Pareto se détermine via la construction d'une courbe de Gini-Lorenz, qui représente le cumul des proportions relatives des taxons en fonction de leur rang, exprimé en pourcentage. Issu de l'économie et de la sociologie puis appliqué à la biologie végétale (Poissonnet, 1968), il traduit le rapport de dominance au sein d'une population (par exemple, 20 % de la population concentre 80 % des richesses, ou 20 % des espèces végétales rassemblent 80 % des individus).

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grand nombre de structures et de zones différentes du site. Or, les niveaux archéologiques se sont souvent révélés assez pauvres en charbons et autres macrorestes végétaux11

S’agissant des dépôts spéciaux, la question de l’effectif minimal des échantillons et du nombre minimal de contextes ne se pose guère qu’en termes de validité statistique, non en termes de représentativité théorique. Il s’agit, en effet, d’analyser une série de dépôts ponctuels résultant d’activités rituelles ‒ dont on sait la variabilité archéologique intrinsèque (voir Chapitre 2.1.1), qu’il sera de toute façon délicat d’extrapoler à une échelle socio-culturelle plus large. L’objectif de leur analyse n’est pas d’obtenir une image synthétique d’un phénomène global, mais de reconstituer au . S’il avait fallu obtenir systématiquement 400 charbons identifiables par unité stratigraphique (UE, unidad estratigráfica) échantillonnée, de (très) grands volumes de sédiment auraient été nécessaires (de l’ordre de 130 litres par UE). Ceci aurait représenté un effort d’échantillonnage déraisonnable, compte tenu des contraintes logistiques et des impératifs temporels inhérents au travail doctoral (seules deux campagnes d’échantillonnage systématique) ; en outre, il aurait été difficile, voire impossible, de prélever de tels volumes dans des fouilles d’extension limitée. De plus, à l’exception des derniers niveaux d’abandon, logiquement datés de la dernière phase d’occupation d’un secteur donné, il n’est pas possible de savoir, au moment de la fouille, si une UE pourra être datée de façon précise via l’analyse du matériel céramique. On a donc fait le choix d’échantillonner un maximum d’UE, en se limitant parfois à de faibles volumes (environ 10 litres), et de les rassembler ensuite par phase chronologique pour obtenir des assemblages quantitativement suffisants, plutôt que de concentrer d’emblée l’effort d’échantillonnage sur quelques niveaux ou quelques zones choisis d’avance. Une telle stratégie aurait été hautement risquée, puisqu’une fois tous les critères de sélection pris en compte (voir plus avant), seuls 22 % (104) des UE ayant fait l’objet d’un échantillonnage anthracologique par flottation ont finalement pu être intégrés à l’étude anthracologique.

Cet échantillonnage « fragmenté » à travers le site, qui s’apparente à un échantillonnage spatialisé, présente, en définitive, plusieurs avantages (Asouti et Austin, 2005, p. 7; Badal Garcia, 1992; Figueiral, 1992) : il assure une bonne couverture du site et donc une meilleure visibilité de la variabilité spatio-temporelle potentielle dans les usages des bois ; il permet de vérifier la cohérence du spectre anthracologique à l’échelle du site, condition indispensable à son interprétation socio- économique et environnementale ; il révèle les éventuelles anomalies du spectre (par exemple, l’abondance ponctuelle d’un taxon dans un contexte, conséquence possible d’un phénomène localisé passé inaperçu lors de la fouille) par rapport aux phénomènes généralisés ; enfin, il autorise l’analyse de l’ubiquité relative des taxons grâce à la multiplicité des contextes d’étude dans chaque phase chronologique. Sur ce dernier point, Asouti et Austin (2005, p. 7) estiment qu’un minimum de 25 à 50 échantillons (à comprendre ici comme des contextes) sur un site constitue un corpus satisfaisant, mais qu’en fonction de la complexité de l’établissement humain et de sa durée d’occupation, une centaine d’échantillons peut s’avérer nécessaire pour obtenir un bon aperçu de l’ensemble des combustibles utilisés. Pour cette étude, compte tenu des contraintes déjà évoquées, nous nous sommes fixés un objectif de 30 contextes généraux au minimum pour l’ensemble du site et de cinq contextes généraux par phase chronologique, réunissant un effectif minimal de 400 charbons.

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Le nombre médian de charbons identifiables dans les contextes généraux est de 27,7 pour 10 litres de sédiment.

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mieux la composition taxonomique de chaque dépôt et d’en comprendre les processus de formation, dans l’optique de dégager d’éventuelles constantes pouvant révéler des comportements humains récurrents. Dans la plupart des cas, ces dépôts ont été prélevés en totalité (voir plus avant), le nombre de charbons analysés correspondant donc strictement au nombre de charbons préservés. On s’en tient donc ici au minimum statistique souhaitable de 30 charbons identifiables par dépôt.

Méthodes de prélèvements des charbons sur le terrain

Plusieurs méthodes de prélèvement des charbons ont été appliquées à Naachtun en fonction des contextes, des possibilités et contraintes ponctuelles de chaque fouille, la méthode standard employée étant la flottation manuelle des sédiments archéologiques.

• Échantillonnage standardisé par flottation manuelle. Lors des campagnes de 2013 et 2014, un protocole d’échantillonnage anthracologique standardisé a été mis en place (Annexe C-1). Quelle que soit la méthode employée (flottation ou tamisage), un échantillonnage standardisé est indispensable à l’obtention d’échantillons qui soient représentatifs des dépôts et statistiquement cohérents. La loi de fragmentation unique des essences démontrée par Chabal (1992, 1997) (voir 3.1.3), implique, en effet, que les essences rares se retrouvent majoritairement dans les petits fragments, qui ne sont pas récupérés dans le cas d’un échantillonnage manuel.

Des échantillons de sédiment ont été prélevés systématiquement par les archéologues dans toutes les UE de chaque zone de fouille, à l’exclusion des niveaux superficiels d’humus et de décombres, trop sujets à contamination. Les sédiments ont été transportés sur l’aire de flottation (Figure 3.5), située à proximité du réservoir du Groupe A au centre du site, afin d’être traités par flottation manuelle avec un tamis de maille 1 mm. Le choix de cette méthode a été essentiellement conditionné par les contraintes logistiques (stock d’eau limité et absence d’électricité) qui ne permettaient pas d’envisager le recours à une machine à flottation. La méthode manuelle a néanmoins été un bon compromis pour traiter efficacement un grand nombre de prélèvements de volumes modérés (10 à 20 litres) tels qu’ils ont été effectués à Naachtun ; et ainsi, évaluer rapidement le potentiel anthracologique de chaque niveau. Le volume prélevé a varié d’une UE à l’autre, en fonction de leur extension et de leur richesse en charbons. Certains dépôts spéciaux très localisés contenaient, de fait, moins de 10 litres de sédiment. À l’inverse, lorsqu’un niveau était particulièrement riche en charbons et présentait donc un fort potentiel anthracologique, des prélèvements de sédiment supplémentaires ont pu être effectués si l’extension de la fouille et l’épaisseur du niveau le permettaient.

• Prélèvements spatialisés des dépôts spéciaux. Les concentrations cendreuses des dépôts spéciaux ont généralement été prélevées en totalité. Lorsque plusieurs concentrations cendreuses distinctes étaient visibles au sein d’un même contexte, celles-ci ont été prélevées séparément. Par ailleurs, un prélèvement spatialisé par secteur et/ou niveau arbitraire a été effectué dans certains niveaux cendreux qui ne présentaient pas d’organisation visible. Ce type de prélèvement avait pour but de laisser la possibilité de percevoir d’éventuelles différences spatiales ou stratigraphiques dans la répartition des taxons et ainsi, de mieux comprendre les processus de formation du dépôt. À l’instar des prélèvements standardisés dans les contextes généraux, les prélèvements issus de ces dépôts spéciaux ont été traités par flottation manuelle.

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Figure 3.5 Vue depuis le nord de l’aire de flottation.

• Échantillonnage par tamisage à sec. Lors de la campagne 2011, avant la mise en place du protocole d’échantillonnage par flottation, certains dépôts spéciaux particulièrement riches en charbons avaient fait l’objet d’un échantillonnage partiel de sédiment. Ces échantillons furent ensuite tamisés à sec à une maille de 4 mm, une fois transportés au laboratoire d’archéobotanique de Paris 1 à Nanterre. C’est pourquoi, malgré leur échantillonnage incomplet, ils ont été considérés comme exploitables pour l’étude anthracologique.

• Prélèvements manuels en cours de fouille. Depuis la première campagne de terrain en 2010, les charbons dispersés dans les contextes généraux ont été régulièrement prélevés manuellement par les archéologues. Ces prélèvements aléatoires n’ayant pas de valeur statistique, ils n’ont été inclus ni dans l’analyse des proportions relatives des taxons, ni dans celle de leur ubiquité. Certains d’entre eux ont toutefois été pris en compte en termes de présence/absence des taxons, s’ils permettaient de compléter la liste d’essences présentes à l’échelle de l’assemblage général d’une phase chronologique. Précisons d’ores et déjà que, si certaines UE ont fait l’objet d’un double échantillonnage, par flottation et par prélèvement manuel des charbons, ces deux types de prélèvement ont été menés indépendamment : les prélèvements de sédiment sont toujours effectués dans des zones intactes, où aucun charbon n’a été prélevé manuellement, afin de garantir la validité statistique des assemblages anthracologiques.

• Prélèvements par microfouille en laboratoire. Mentionnons enfin le prélèvement par micro- fouille, effectué en post-fouille au laboratoire du CEMCA (Guatemala) par les restaurateurs du projet (Colín, 2014), de deux échantillons de charbons provenant de récipients céramiques issus de dépôts spéciaux.

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Ce protocole a de nouveau été appliqué lors de la campagne 2015, mais cette fois de façon sélective. En effet, il avait été décidé que, pour des raisons calendaires, le matériel prélevé lors de cette campagne ne serait pas inclus à l’étude, sans exclure toutefois la possibilité que certains échantillons supplémentaires puissent être pris en compte s’ils permettaient de combler d’éventuelles lacunes dans le corpus. Sur trois campagnes de fouilles, ce protocole d’échantillonnage a permis de traiter 5438 litres de sédiments provenant de 512 UE. À cela s’ajoutent 278 échantillons prélevés manuellement depuis 2010 (Annexe D). L’ensemble du matériel anthracologique de chaque campagne a été exporté vers Paris chaque année depuis 2012, et une partie, sélectionnée pour l’étude, a été traitée en laboratoire.

Sélection des contextes

Définition des contextes

Certaines UE ont pu être considérées a posteriori comme appartenant à un même contexte : lorsque la fouille par tranchées et sondages successifs implique qu’un même niveau archéologique soit divisé en plusieurs UE, ou bien lorsque plusieurs UE sont jugées cohérentes d’un point de vue archéologique et chronologique. Par exemple, toutes les UE de remblai de construction issues de différents sondages effectués dans une même structure dont la fouille a démontré la construction en une seule étape, seront rassemblées dans le contexte « construction de la structure ». Dans ce cas, l’échantillon anthracologique dudit contexte correspond à la somme des échantillons de toutes les UE concernées12

Critères de sélection

. La distinction des contextes archéologiques par regroupement d’UE constitue déjà une forme d’interprétation et est donc un point essentiel pour l’analyse pertinente de l’ubiquité des taxons (Popper, 1988, p. 61). Tous les regroupements d’UE seront donc systématiquement explicités dans le Chapitre 4.

Les contextes ont été sélectionnés dans le but de constituer un corpus d’étude chronologiquement fiable, statistiquement valide et spatialement cohérent, permettant de répondre aux problématiques de l’étude tout en tenant compte des contraintes calendaires liées à l’analyse des charbons en laboratoire.

• Fiabilité chronologique. Afin de construire une séquence diachronique précise et fiable de l’usage des bois, seuls les contextes les mieux contrôlés d’un point de vue stratigraphique et chronologique ont été pris en compte, c'est-à-dire ceux qui ont pu être associés avec certitude à un faciès céramique (Patiño, 2015).

• Validité statistique. La validité statistique du spectre anthracologique s’établit à deux niveaux.