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Zone de provenance, caractérisation des dépôts et chronologie relative des échantillons anthracologiques

4.3.2. Structures 5O-5 et 5O-4, Place Est

Bordant la Place Est au nord, la structure 5O-5 et ses annexes (ensemble XXV) ont fait l’objet de fouilles intensives en 2011 et 2013 (Nondédéo, 2012, 2014b; Perla, 2014b) (Figure 4.3). Cet ensemble palatial, où s’exerçaient des activités politiques et administratives, a probablement été le siège de la dynastie royale de Naachtun au moins au début du Classique récent (Sion, 2016). La structure principale fut construite en phase Maax I-II et est demeurée en activité jusqu’en phase Maax III. Reposant sur un soubassement monumental d’environ 5 m de hauteur, elle consiste en un édifice ouvert au sud, composé de trois pièces alignées selon un axe est-ouest. Un escalier monumental partant de la place donne accès à la plate-forme de la superstructure.

Vers la fin du Classique récent, fut construite la structure annexe 5O-4, immédiatement à l’ouest de la structure principale. L’édification de cette structure à vocation probablement administrative ou utilitaire correspond vraisemblablement aux derniers réaménagements de la place en phase Maax III,

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et son occupation semble avoir persisté jusqu’au début du Classique terminal, après l’abandon de la structure 5O-5 (Nondédéo, 2014b). Elle se compose d’une seule pièce allongée orientée est-ouest, ouverte au sud directement sur la place, et au nord via une porte située dans son angle nord-est. Cette porte fut ensuite condamnée et remplacée par une nouvelle porte percée dans son angle nord-ouest. Sa construction en une seule étape permet de rassembler l’ensemble des échantillons anthracologiques issus des niveaux de construction en un seul contexte daté de la phase Maax III (CG 1935).

Tableau 4.4 Caractéristiques des échantillons anthracologiques issus de l’ensemble 5O-5/5O-4.

Dépôts exposés

Dans ces deux édifices, plusieurs concentrations cendreuses ont été mises au jour sur les sols. Dans la structure 5O-4, ces concentrations n’ont livré que très peu de charbons identifiables et n’ont donc pas été prises en compte, à l’exception d’un dépôt situé à l’arrière de l’édifice. Résultant d’un ou plusieurs feux in situ, cette importante concentration cendreuse (DS 1925) d’environ 70 cm de diamètre sur 30 cm d’épaisseur reposait sur un socle en mortier, qui fut aménagé directement sur les marches au pied de la porte nord-est. Le matériel associé (plusieurs fragments de céramique, des éclats de silex brûlés, ainsi que des coquillages d’eau douce et un fragment d’os long humain) et sa localisation devant un accès condamné, font de ce dépôt un probable dépôt d’abandon, effectué entre la fin de la phase Maax III et le début de la phase Muuch (Perla, 2014b, p. 350). Deux échantillons de sédiment y ont été prélevés sur deux niveaux arbitraires.

Dans la structure 5O-5, d’importants dépôts de cendres étaient répandus sur les sols de la pièce centrale et de la pièce est, ainsi que sur le sol de la plate-forme, face à la pièce est (Nondédéo, 2014b, p. 321, 2012, pp. 169–170). Le dépôt central (DS 584) est une importante concentration de fragments d’encensoirs portant des marques de combustion, associée à une grande quantité de cendres, de charbons et de restes de résine brulée15

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Mise en évidence par fluorescence UV (Colín, 2016, p. 556).

. Il était situé au centre de la pièce centrale, sur environ 1,4 m de diamètre sur le sol intensément brûlé. Les travaux de restauration ont mis en évidence la présence d’au moins trois récipients différents, dont un encensoir à pointes (Colín, 2016). Il semble que ces

Id Structure Type F Phase UE Vol PM

Contextes généraux

1935 5O-4 Remblai de construction Maax III N13-1935; N13-1936; N13-1947; N13-1942; N13-1952; N13-1962; N13-1963; N13-1965

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Dépôts spéciaux

584 5O-5 Concentration sur sol brûlé, pièce centrale

Oui Muuch N11-0584 - 1

2108 Concentrations sur sol brûlé, pièce est

Oui Muuch N13-2108 50 2

573 Concentration sur sol brûlé de la plate-forme, face à l'entrée de la pièce est

Oui Muuch N11-0573 - 1

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récipients aient été déposés entiers puis détruits par l’effondrement de la voûte (Nondédéo, 2012, p. 170). Un échantillon de cendres et de charbons y a été prélevé manuellement en 2011, lequel a ensuite été tamisé à sec au laboratoire d’archéobotanique à Nanterre.

Figure 4.3 Localisation des dépôts spéciaux dans les structures 5O-5 et 5O-4.

Dans la pièce est, plusieurs épandages de cendres étaient répandus sur les sols également brûlés (DS 2108). Parmi le matériel associé figurent un fragment d’encensoir identique à ceux du dépôt de la pièce centrale, des restes fauniques, une lame d’obsidienne, un couteau en silex et une plaque de pierre verte polie. Trois échantillons de sédiments ainsi que deux échantillons de charbons ont été prélevés dans les concentrations cendreuses et dans la moitié est de la pièce. Face à cette pièce est, sur le sol de la plate-forme, un dernier dépôt cendreux (DS 573) associé à des fragments d’encensoir et des fragments de pierre polie a été prélevé manuellement en 2011 puis tamisé à sec en laboratoire. Il est possible qu’un dépôt similaire ait été effectué également face à la pièce centrale, mais celui-ci aura été détruit par une tranchée de pillage passant dans l’axe de la structure. Dans la pièce ouest, en revanche, malgré les traces de combustion sur les sols, aucun dépôt de cendres n’était présent, et le prélèvement de trois échantillons de sédiment dans chaque tiers de la pièce n’a fourni que très peu de charbons (non intégrés au corpus d’étude).

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Ces dépôts résultent vraisemblablement d’une importante cérémonie de terminaison de l’édifice. Or, deux datations successives au radiocarbone ont montré que le dépôt central avait été effectué tardivement, entre le XIe et le XIIIe siècle (1051-1254 et 1033-1204 apr. J.-C., âges calibrés à 2σ). Cela suggère que des actions rituelles furent menées dans certains édifices lors d’un possible retour sur le site bien après son abandon.

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4.4. Les contextes du Groupe B