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LE MILIEU D'ACCUEIL DE L'INNOVATION DE LA TÉLÉVISION LOCALE TV FIL

YVELINES ET DANS LES COMMUNES ASSOCIÉES

La commune de Maurepas était présente au moment de l'appel d'offre en 1984. Seule une partie des Maurepasiens reçoit TV FIL 78 car la phase d'équipement de leur commune a été interrompue suite à un désaccord sur une condition financière imposée par France Télécom Câble aux collectivités locales lors des préfigurations techniques de 1985.

35 Jusqu'en 2002, la grille des programmes de TV FIL 78 était proposée en page centrale des cahiers du SIC !, magazine bimensuel des loisirs en Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, tiré à 65.000 exemplaires. Doc. 73 TAUX DE PÉNÉTRATION DU

CÂBLE À SAINT-QUENTIN-EN-

YVELINES ET DANS LES COMMUNES ASSOCIÉES

Source : France Télécom Câble, 31/12/2002

Commune Taux de pénétration (%)

Montigny-le-Bretonneux 98 Magny-les-Hameaux 83 La Verrière 80 Guyancourt 79 Trappes 74 Coignières 71 Élancourt 70 Voisins-le-Bretonneux 63 Plaisir 62 Saint-Cyr-l'École 58 Les Clayes-sous-Bois 55

sur la réciprocité des intérêts et la mise en synergie des moyens d'une collectivité locale et d'un opérateur de réseau dans le cadre de la fourniture d'un service d'information locale.

5.2 UN TERRITOIRE PROPICE À LA CRÉATION D'UN

MAGAZINE SUR L'ENVIRONNEMENT

En 2001, TV FIL 78 s'associe à l'UVSQ et au SAN pour bâtir un projet de magazine sur l'environnement. Ce partenariat initial ouvre la voie à d'autres types de connexion de la télévision avec le monde des acteurs impliqués localement ou à d'autres échelles dans la mise en œuvre d'un développement durable.

5.2.1 L'avant-projet : contexte pratique et théorique

La problématique du développement durable et celle de l'interactivité prennent ici une place prépondérante puisqu'elles apparaissent non seulement comme base du contenu fabriqué et diffusé sur le réseau local câblé, mais aussi comme principe d'action dans la démarche de projet.

5.2.1.1 L'expression de plusieurs intentions à l'origine du projet : recherche, territoire, média La décision de produire un nouveau magazine consacré à l'environnement produit et diffusé par TV FIL 78 intervient au cours de l'année 2000. Ce projet est l'aboutissement de rencontres entre des représentants de la chaîne locale, du SAN et de l'Université de Versailles/Saint- Quentin-en-Yvelines. Les moyens financiers de TV FIL 78 étant limités, les partenaires mettent en place un financement complémentaire à celui d'un contrat CIFRE qui débute en mars 2001 pour une durée de trois ans.

Une direction de l'environnement est en cours de constitution au SAN de Saint-Quentin-en- Yvelines dans les années 2000-2001. Sa structure est élaborée par le directeur du développement universitaire, en collaboration avec la Direction des Espaces verts. Le SAN a alors la volonté de promouvoir la notion de développement durable en s'appuyant notamment sur les travaux du Centre d'économie et d'éthique pour l'environnement et le développement (C3ED). Ceux-ci concernent la réalisation d'un ensemble d'outils informatiques d'apprentissage et d'espaces virtuels interactifs « dont l'objectif est de fournir à un public non scientifique un savoir scientifique commun sur un certain nombre de domaines environnementaux » (C3ED). Des prototypes concernant des domaines-clés d'impacts environnementaux, comme l'agriculture, le changement climatique et les ressources en eau sont alors en cours d'évaluation. L'idée principale évoquée lors de nos premières rencontres avec le SAN, l'UVSQ et l'Agence locale de maîtrise de l'énergie alors en cours de création, porte sur l'élaboration d'une plate-forme interactive concernant les questions d'environnement à Saint-Quentin-en-Yvelines. TV FIL 78 apparaît comme le partenaire idéal pour la diffusion d'informations à destination de la population locale et des acteurs du territoire. L'environnement est par ailleurs un thème absent

ou rarement représenté sur l'antenne à l'époque et la chaîne souhaite enrichir et diversifier son offre de programmes. Le statut semi-public de la société lui permet en outre d'accueillir un doctorant en Convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE), un dispositif géré par l'Association nationale de la recherche technique (ANRT) pour le compte du Ministère chargé de la Recherche. La subvention couvre une partie du salaire annuel brut hors charges patronales, qui doit être supérieur ou égal à 20 215 euros. Le dossier présenté et défendu devant un expert du Centre régional pour l'innovation et le transfert de technologies (CRITT-CCST) en février 2001 proposait ainsi la création d'un magazine interactif sur l'environnement produit et diffusé par la télévision locale de Saint-Quentin-en-Yvelines. Un contrat est signé à partir du 26 mars 2001 et pour une durée de trois ans, entre l'entreprise, le doctorant et son laboratoire de rattachement principal, le centre Géophile de l'École Normale Supérieure de Fontenay/Saint- Cloud. Une co-direction de thèse est assurée avec le C3ED et l'UFR des sciences humaines et sociales de l'UVSQ. Pour TV FIL 78, l'opération n'est possible que si la subvention forfaitaire annuelle de 14 635 euros attribuée par l'ANRT s'accompagne d'un financement complémentaire permettant de couvrir la totalité des frais liés à l'embauche. Une convention de trois ans est alors conclue parallèlement entre le SAN, l'Université et TV FIL 78 pour garantir le versement de la deuxième partie des frais salariaux. Des réunions entre les partenaires sont organisées régulièrement et des rapports annuels sont établis conformément au règlement de l'ANRT.

« La compétitivité passe par la recherche ». L'objectif d'un contrat CIFRE est de réaliser un projet industriel. Le partage du temps de travail entre l'entreprise et le laboratoire de recherche varie selon la nature du projet. L'insertion dans un milieu professionnel, principe de la convention, apparaît prioritaire par rapport à la participation aux activités de recherche du laboratoire lorsque, comme dans notre cas, les principaux moyens de réalisation du nouveau produit sont détenus par l'entreprise. Toutefois, les problématiques abordées par les laboratoires de recherche associés ont influencé la conception du produit. Si la géographie est au centre de l'approche, avec Géophile d'une part et avec la section géomatique de l'UVSQ d'autre part, d'autres disciplines fortement représentées au C3ED, comme l'économie et l'écologie, sont mobilisées tout au long de l'expérience [Annexe 5.2].

Sans cet agencement de synergies des différents partenaires pour réunir les financements initiaux, le magazine de l'environnement sur TV FIL 78 aurait pu ne pas exister avant plusieurs années, ou emprunter une toute autre trajectoire. Nous verrons plus loin les autres formes qu'aurait pu prendre l'émission d'environnement pour la chaîne locale. On souligne ici l'importance, pour l'acteur territorial à l'origine du projet, d'établir une relation triangulaire et des liens pérennes entre l'Université, la télévision locale et le territoire de Saint-Quentin-en- Yvelines. Au centre de ce dispositif, le chef de projet doit assurer la liaison entre les différentes structures et intégrer dans sa démarche les attentes de chaque partie. L'appartenance simultanée à deux milieux, académique et industriel, impose de satisfaire à deux types d'exigences rythmées par des temporalités distinctes : d'une part, la production de résultats de recherche dans le temps long de la thèse et d'autre part la production d'un bien qui implique une adaptation précise au fonctionnement quotidien de l'entreprise. Plusieurs documents, relatifs à l'organisation interne

ou destinés à la recherche de financements et de partenariats ont ainsi été rédigés et diffusés pendant trois ans [Annexe 5.3], en plus des rapports sur les avancées théoriques et pratiques de la recherche guidée par une hypothèse principale : les outils audiovisuels et numériques peuvent accroître, dans certaines conditions, l'efficacité d'une action pour un développement durable des territoires.

5.2.1.2 Développement durable : de la prise de conscience mondiale à la gouvernance locale Traduit de l'anglais « sustainable development » (littéralement développement soutenable), le terme de développement durable désigne un mode de développement qui satisfait les besoins actuels des populations, sans compromettre ceux des générations futures, en cherchant un équilibre entre l'action économique, le respect des équilibres écologiques et le développement social. Il s'agit donc de prendre en compte au même niveau d'importance le respect de l'environnement, la croissance économique et la lutte contre les inégalités sociales. Cette combinaison d'exigences ne peut prendre concrètement forme que dans un travail quotidien de réflexion, d'action et d'innovation à différentes échelles de la gestion territoriale.

La biosphère est la « portion de l'écorce terrestre où se manifeste la vie, sous la forme d'un

vaste système fonctionnel constitué, pour le domaine terrestre, de trois composantes fondamentale en constante interaction : organismes, sols, climat » (Lacoste, Salanon, 2001). Le

constat de modifications importantes et récentes dans la régulation de cet écosytème (trou de l'ozone stratosphérique, effet de serre, réduction de la biodiversité...) est le plus souvent directement mis en relation avec l'impact des activités humaines sur l'intégrité des milieux naturels, sur la pérennité des ressources naturelles non renouvelables et sur les grands cycles biogéochimiques. La prise de conscience politique des effets néfastes d'une industrialisation et d'une urbanisation massives sur la qualité de l'environnement s'est affirmée sur le plan international à Stockholm, en 1972, lors de la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement (107 pays représentés). Au cours de la même période sont créés les premiers ministères de l'environnement, dont celui de la France en 1971. Chaque État devient responsable, sur son territoire, de la préservation d'un patrimoine naturel planétaire.

En 1992, le Sommet de Rio (174 pays) invitait les collectivités locales à participer, à leur niveau, à la mise en place d'un programme d'action qui réponde au défi du développement durable, par la constitution d'Agendas 21 locaux, projets politiques de développement local pour le XXIème siècle. En France, la démarche a été initiée par des associations et quelques

collectivités locales, avec un soutien progressif sur le plan national de la part du Ministère de l'Environnement. Les Agendas 21 locaux constituent la forme la plus élaborée de l'engagement des villes dans une démarche de développement durable. L'expérience des Agendas 21 locaux est complémentaire de celle des Contrats d'agglomération (loi Chevènement du 12/07/1999) et des chartes de pays. Dans tous les cas, il doit s'agir d'une démarche volontaire de la part des

collectivités, qui opèrent des choix de partenariat. La réalisation d'un Agenda 21 local conduit les collectivités à évaluer leur potentiel d'action et à élaborer des méthodes d'organisation adaptées aux spécificités de leur territoire.

Engagement n°1 : Gouvernance. « Nous nous engageons à stimuler nos processus décisionnels par un recours accru à la démocratie participative ». Le rang de la gouvernance dans la liste des dix engagements d'Aalborg [Annexe 5.4] ne relève pas d'un hasard. Si l'on se réfère à une définition d'Alain Bourdin (2000), ce terme désigne « une manière d'aborder la question du gouvernement qui ne donne pas la priorité à l'art de gouverner et aux techniques de la conduite de l'action, mais aux relations entre les dirigeants et les dirigés, notamment la société civile et l'État »36. Cette définition nous intéresse dans la mesure où elle confirme l'accent

porté sur les interactions entre les objets, autant que sur les objets eux-mêmes.

Le passage à un système de gouvernance est lié à la recherche de nouveaux modes de régulation publique territoriale, dans lesquels « les acteurs de toute nature et les institutions publiques s'associent, mettent en commun leurs ressources, leur expertise, leurs capacités et leurs projets et créent une nouvelle coalition d'action fondée sur le partage des responsabilités »37. Nous retenons les principales idées auxquelles renvoie la gouvernance dans

le contexte anglo-saxon d'origine : la difficulté croissante de gouverner les sociétés contemporaines et le nécessaire développement de techniques complexes d'interaction avec la société civile ; l'autonomisation croissante de la société civile et la nécessaire coordination de multiples acteurs aux intérêts particuliers et limités ; la négociation entre les acteurs permettant d'élargir les objectifs de chacun et l'émergence d'intérêts communs ; le polycentrisme de l'action publique qui n'est plus le seul fait d'un État et implique une diversité d'acteurs publics et privés (Bourdin, 2000).

L'expression « prendre conscience de » a été rendue courante en psychologie par la loi de prise de conscience d'Édouard Claparède (1918) : « l'individu prend conscience d'une relation d'autant plus tard et plus difficilement que sa conduite a impliqué plus tôt, plus longtemps ou plus fréquemment l'usage automatique de cette relation »38. Les effets de la crise profonde que

traverse le système sont surtout visibles à l'échelle locale comme le souligne Pierre Calame39

(1997), pour qui « le territoire a perdu sa fonction intégratrice » dans un schéma d'intégration mondiale régi par la logique unique de l'échange marchand. « Les États et les territoires qui les composent se voient assigner pour fonctions d'assurer le cadre de la concurrence, de délivrer des services eux-mêmes segmentés et de plus en plus marchands – éducation, santé, transports, sécurité, loisirs, eau, assainissement, etc... ». Pourtant c'est à l'échelle des territoires locaux que

36 Wachter S. et al., 2000. Repenser le territoire. Un dictionnaire critique. L'Aube, pp. 42-43.

37 Merrien F.-X., 1998. « De la gouvernance et des États-providence contemporains », Revue internationale des sciences sociales n° 155, p. 62.

38 Lalande A., 1926. Vocabulaire technique et critique de la philosophie. 2 vol., Quadrige/Presses universitaires de France, 3ème édition, 1993.

39 Pierre Calame, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, est Directeur Général de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme depuis une quinzaine d'années, après une carrière dans l'Administration française (Equipement) et dans l'industrie (secrétaire général d'Usinor).

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