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Les citoyens : une appropriation différenciée des supports d'information

DE LA COMMUNICATION À L'INFORMATION : LES VOIES DE LA GOUVERNANCE LOCALE

COMMUNES ET DU SAN

4.5 PERSPECTIVES : QUELS THÈMES FÉDÉRATEURS ?

4.5.2 Les citoyens : une appropriation différenciée des supports d'information

L'évaluation des principaux produits de communication à l'aide de sondages et d'études d'opinion se développe depuis le milieu des années 1990 pour alimenter la réflexion sur les orientations de la communication intercommunale. L'étude quantitative menée par la société SCP Communication en décembre 200160, comparée à une étude similaire en 1998, montre une

augmentation globale des réflexes d'information via les principaux outils locaux. Alors que 69% des personnes interrogées jugent qu'elles sont bien informées sur ce qui se passe à Saint- Quentin-en-Yvelines, ce taux varie entre Montigny-le-Bretonneux (77%) et Trappes-La Verrière (55%)61. Des différences apparaissent entre les communes de l'est et de l'ouest dans le rapport

aux supports d'information.

Côté télévision locale, Élancourt est ainsi la commune qui utilise le moins TV FIL 78 pour s'informer sur Saint-Quentin-en-Yvelines (40%), contre Montigny-le-Bretonneux (64%) et Guyancourt (60%). La radio Triangle FM est moins écoutée à Élancourt (6%) qu'à Trappes et à La Verrière (21%), les habitants de ces deux communes citant aussi plus souvent des sources d'information extérieures (Le Parisien, Les Nouvelles, L'Écho républicain).

Côté presse écrite, 55% des Magnicois et des Vicinois déclarent lire régulièrement le bulletin de leur commune. Cette pratique est plus faible à Trappes, La Verrière et Montigny-le- Bretonneux, avec un résultat autour de 26%. Élancourt se situe au-dessus de la moyenne (37%) avec 44% de lecteurs réguliers du bulletin municipal. Les informations pratiques et la rubrique Culture sont les plus lues. Le Petit Quentin connaît une lecture plus assidue à Guyancourt, qu'à Élancourt, Trappes ou La Verrière. Le nombre de non-lecteurs absolu augmente à Trappes. Les lecteurs les plus assidus sont les 40-59 ans et la lecture décroît avec l'âge. Les animations culturelles et sportives sont bien traitées selon les sondés. L'environnement n'existe pas en tant

60 Sur un échantillon de 755 personnes représentatives de la population de Saint-Quentin-en-Yvelines.

61 À la question « trouvez-vous que le Petit Quentin parle suffisamment de votre commune ? » seuls 13% des Ignymontains répondent peu ou pas du tout, contre 50% pour Trappes-La Verrière, 48% pour Magny-les- Hameaux et Voisins-le-Bretonneux, 41% pour Élancourt et 19% pour Guyancourt.

que rubrique62 et n'est pas un sujet faisant l'objet d'attentes supplémentaires. Une demande en

information porte sur le troisième âge. Une étude qualitative63 réalisée en octobre 2002 par JLM

Études montre le souhait d'un Petit Quentin moins institutionnel, plus orienté vers les loisirs, plus impliquant dans ses articles, plus interactif avec ses lecteurs, avec une présentation plus accrocheuse dans sa mise en page, ses couleurs et ses photos. La rubrique Actualités est critiquée pour son optimisme systématique : « il n'y a que des bonnes nouvelles, ça ne reflète pas la réalité de la Ville Nouvelle, ... il y a aussi de mauvaises nouvelles, il faut tout dire... ». La collusion entre pouvoir et média locaux est particulièrement ressentie à Saint-Quentin-en- Yvelines.

La validité de l'hypothèse selon laquelle la communication revêt une importance particulière à Saint-Quentin-en-Yvelines se confirme avec l'observation de l'organisation interne et des modalités d'action du service communication de l'agglomération. Une comparaison avec d'autres Villes Nouvelles permettrait d'approfondir plus sérieusement ce résultat et de préciser à la fois les thèmes et les outils émergents dans la communication interne et externe de chaque agglomération. Nous avons engagé une amorce de comparaison avec le SAN de Sénart et la Communauté d'Agglomération d'Évry, pour évaluer la place des trois dimensions environnementale, économique et sociale, d'une part, et pour mesurer le degré d'interaction entre systèmes techniques, systèmes d'acteurs et territoire, d'autre part.

L'information de la population sur les services publics intercommunaux mis à sa disposition d'une part et la promotion institutionnelle du territoire, d'autre part, constituent deux missions à la base du travail de communication de toute collectivité locale. Les éléments de différenciation entre les trois Villes Nouvelles portent sur l'importance accordée à l'audiovisuel local et à la communication en réseau. Sénart et Saint-Quentin-en-Yvelines possèdent un canal local financé en majorité par l'institution intercommunale. Évry se distingue de Saint-Quentin-en-Yvelines et de Sénart par l'absence d'un service de communication et d'information propre jusqu'en 2001, absence due à de grandes difficultés financières du SAN dans les années 1990. Un autre visage de la télévision de proximité est ainsi présent dans cette Ville Nouvelle, avec l'association Vidéon, active depuis 1988 dans la création d'émissions réalisées par les habitants. Le lancement en 2001 de la première télévision de proximité sur Evry, Mozaïk TV et la mise en place d'un « centre de ressources pour les télévisions participatives de proximité et les Espaces Culture Multimédias »64, illustrent la progression de Vidéon dans le contexte de convergence des

technologies. Initiée et développée par des passionnés de vidéo, de multimédia et de communication au quotidien, l'association Vidéon s'organise en réseau sur le mode du partage

62 Le Petit Quentin est composé de neuf rubriques : Edito, Actualités, Sept communes, Le SAN et vous, Dossier, Eco-info-emploi, Regard sur, Sports, Petites annonces.

63 Une étude de lectorat réunissant deux groupes de 15-24 ans et 25 ans et plus d'une part et une étude auprès d'une dizaine d'organisateurs de spectacles d'autre part ont été menées pour évaluer les opportunités d'évolution des deux revues distribuées gratuitement, Le Petit Quentin et le SIC.

64 Depuis 1998, le Ministère de la Culture et de la Communication développe le programme « Espaces Culture Multimédia » (ECM) qui soutient la mise en place de lieux d'accès publics multimédias au sein de structures culturelles et socioculturelles. Le centre de ressources propose des services gratuits accessibles en ligne pour les lieux labellisés Espace Culture Multimédia par le Ministère de la Culture et les membres de la Fédération National des Vidéos des Pays et des Quartiers (http://www.videontv.org).

des ressources matérielles, humaines et informationnelles et de la diversification des modes de diffusion. La participation à des programmes de recherche internationaux comme WebcamTV65,

l'obtention de financements européens pour réaliser un Journal International des Quartiers avec des télévisions participatives d'Europe et d'Amérique Latine, le développement d'émissions en duplex avec des pays d'Afrique, constituent autant d'exemples de l'ancrage à la fois local et international de l'association d'Évry. L'absence de contrôle des moyens et du contenu par le pouvoir local différencie fortement ce modèle de celui de Voisénart, service du SAN de Sénart et de TV FIL 78, société d'économie mixte financée en majorité par la Communauté d'Agglomération.

L'analyse du budget prévi- sionnel (BP) 2004 du service communication de la Commu- nauté d'Agglomération de Saint- Quentin-en-Yvelines permet de mesurer le poids de l'institution intercommunale sur TV FIL 78 [Doc. 55, Doc. 56, Doc. 57]. Près de 30% du budget total du service sont attribués à la Société locale d'exploitation du câble. Le budget « réalisations AudioVidéo » (15% du secteur Éditions et 5% du budget total du service) couvre les prestations de TV FIL 78 pour la réalisation des Dossiers du Petit Quentin, déclinaison audiovisuelle du magazine papier et pour la captation régulière de matchs de basket.

Communication publique et communication politique se rejoignent sur le terrain de la direction de la communication, placée sous l'autorité du directeur général des services. Une commission communication, composée d'élus du comité syndical et de personnes cooptées par

65 WebcamTV est un ensemble de logiciels libres en cours de développement qui permettent à des personnes distantes connectées à Internet ou à un réseau local sans fil d'intervenir en direct dans une émission de télévision diffusée sur Internet.

Doc. 55 BUDGET PRÉVISIONNEL 2004 POUR LA COMMUNICATION À SAINT-QUENTIN-EN- YVELINES Source : CASQY, 2004 Communication BP 2004 Part (%) Relations extérieures 490900 25,26 Editions 731900 37,66 Frais généraux 720600 37,08

Total budget communication € 1943400 100

Doc. 56 FRAIS GÉNÉRAUX : POIDS DE CHAQUE POSTE DANS CE BUDGET

Source : CASQY, 2004

Frais généraux Part (%)

Participations SLEC 75,18

Adhésions associations 4,06

Etude recherche développement 8,11

Formation et diners débats élus 0,61

Frais de mission élus SAN 1,01

Honoraires 4,06

Subventions Triangle FM 6,98

Total Frais généraux 100

Doc. 57 ÉDITIONS : POIDS DE CHAQUE POSTE DANS CE BUDGET

Source : CASQY, 2004

Editions Part (%)

Le Petit Quentin 46,4

Multimedia-Internet 6,11

Droits d'auteurs 10,15

Autres frais impression 8,01

Dépenses de régie publicitaire 5,65

Frais d'impression guides 8,42

Réalisations audio-video 15,26

chacune des communes, est animée par un vice-président délégué, Yves Machebœuf. Celui-ci est aussi le président de TV FIL 78.

Côté Internet, la connaissance des usages reste à approfondir pour une meilleure évaluation des modes d'information de la population. L'étude de 2001 montre une faible utilisation des bornes en libre service par les habitants (8%). La part des personnes se déclarant abonnées à Internet est de 41%, soit le double de la moyenne nationale à cette époque. Le graphique suivant [Doc. 58] montre une image, en 2001-2002, de la « fracture numérique » à Saint-Quentin-en- Yvelines, liée non pas à l'accès aux infrastructures de réseau à haut débit, mais aux inégalités économiques et sociales qui existent sur ce territoire très hétérogène. Les communes de Trappes et de La Verrière sont parmi les mieux dotées en infrastructures haut débit. Cependant ces mêmes communes enregistrent des taux de connexion de la population à Internet (21%) plus faibles que la moyenne du territoire (41%). Les coûts d'équipements en matériel informatique et en abonnement jouent un rôle discriminant dans ces communes où les revenus imposables annuels moyens sont trois fois inférieurs à ceux de la commune la plus riche, Voisins-le- Bretonneux. Un lien pourrait aussi être établi entre le niveau de formation et l'utilisation d'Internet. Dans les communes de La Verrière et de Trappes, la part des non-diplômés est trois fois supérieure à celle des communes de Voisins-le-Bretonneux et de Montigny-le-Bretonneux. Il faut prendre en compte ici l'utilisation d'espaces collectifs numériques qui remportent un bon succès, par exemple à La Verrière.

Doc. 58 TAUX DE PÉNÉTRATION DU CÂBLE ET PART DES FOYERS ABONNÉS À INTERNET

(1) Nombre de foyers raccordés rapporté au nombre de foyers raccordables. (Source : FTC, 2002). (2) Par rapport au total des foyers interrogés. (Source : SCP Communication, 2001).

Hélène Martin-Brelot, Colloque "Fractures numériques", 2004

La Verrière Trappes Élancourt Voisins-le-Bretonneux Magny-les-Hameaux Guyancourt Montigny-le-Bretonneux 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Taux de pénétration du câble (1) Foyers se déclarant abonnés à Internet (2)

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