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PORTRAIT DE SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES : LE TERRITOIRE ENTRE RÉALITÉ ET IMAGE

VILLEDIEU, ÉLANCOURT

Doc. 26 TOPOGRAPHIE DE SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES

3.1.1 Les transformations de l'espace sous l'impulsion royale à Versailles

Au XVIIème siècle, les ingénieurs du Roi Louis XIV révisent le système mis en place par leur

prédécesseurs dans un but paysager, afin d'acheminer l'eau à Versailles pour alimenter les fontaines et les cascades du jardin créé par Le Nôtre. Deux grands projets mis en œuvre par Jean-Baptiste Colbert doivent permettre de réaliser ce défi : la machine de Marly, qui devait remonter les eaux de la Seine sur la Plaine de Louveciennes ; et la collecte des eaux de ruissellement et de drainage de la plaine de Trappes et du plateau de Saclay via des rigoles alimentant respectivement les étangs supérieurs de Trappes et d'Arcy et les étangs inférieurs de Saclay.

Un réseau hydraulique, constitué de 14 étangs, 140 km de rigoles et 34 aqueducs permettait ainsi le drainage de 15 000 hectares depuis Rambouillet, remplaçant landes et marais par des cultures de céréales, de betteraves et des vergers. L'installation du roi Louis XIV à Versailles a comme première conséquence la création des étangs de Trappes, Bois-d'Arcy et Bois Robert et du système des rigoles [Doc. 27].

L'étang de Trappes recouvre une partie de l'ancien chemin de Versailles à Chartres obligeant à un détour par Troux. La déviation est mise en service au début du XVIIIème siècle en contournant l'étang

par le sud. Son intersection avec les chemins reliant Montigny à Bois-d'Arcy par la digue et Trappes à Troux est appelée « Les IV Pavés du Roy ». Les travaux du nouveau tracé (actuelle RN10) occasionnent des expropriations dans certains cas contre indemnisation. Le secteur étudié est inclus dans le Grand parc [Doc. 28]. La politique d'acquisition poursuivie par la couronne durant tout le XVIIIème siècle consiste en l'acquisition de parcelles en vente avec droit de préemption et parfois

négociation avec les proprétaires des grandes fermes pour des échanges.

Les parcelles royales sont regroupées pour constituer de grandes surfaces confiées au même exploitant pour faciliter l'exploitation et suivre les recommandations des agronomes. La grande diversité au niveau du parcellaire s'explique par les limites créées par les nouveaux chemins, les rigoles royales et les aqueducs. Entouré de murs avec portes gardées aux principaux accès, le Grand parc conserve un caractère rural : il est constitué en grande majorité de champs ouverts en labours, avec l'aménagement de remises, rectangles laissés en friches au milieu des espaces cultivés, ou récoltes laissées sur pied pour abriter et nourrir le gibier.

Le site acquiert une nouvelle notoriété avec la réalisation du Château de Versailles. Le territoire qui forme aujourd'hui Saint-Quentin-en-Yvelines fait alors partie de la zone d'influence du château, attirant la population alentour, la noblesse près des nouveaux aménagements hydrauliques. Les lavandières utilisent les plans d'eau, pratique interdite à partir des années 1870 à cause de la pollution générée. Les lavoirs (à Élancourt, Magny-les-Hameaux et à Guyancourt) ne sont réalisés par les communes de Voisins-le-Bretonneux et de Montigny-le-Bretonneux qu'au

Doc. 27 RIGOLE DU DANUBE, GUYANCOURT

début du XXème siècle lorsque le département et l'État engagent le financement. Les étangs

deviennent des lieux de villégiatures et de pêche pour les locaux.

La vente des biens nationaux qui succède à la Révolution prend une importance particulière, la majorité des terres appartenant au roi et à de puissantes confréries religieuses (Les Dames de Port-Royal). Les grandes exploitations sont acquises par d'anciens fermiers laboureurs ou des bourgeois de Versailles voire de Paris, seules quelques parcelles sont retirées en 1795 à la ferme royale de Troux pour être vendues en petits lots destinés à des acquéreurs plus modestes. Le premier cadastre établi en 1819, puis la photographie aérienne de 1933 montrent que la concentration foncière débutée à la fin du XVIIème siècle se perpétue pendant le XIXème siècle et

jusqu'au XXème siècle.

Doc. 28 LE TERRITOIRE À LA FIN DU XVIIIème SIÈCLE

3.1.2 Agriculture, chemin de fer et aviation : le patrimoine ancien des sept

communes

Les activités développées sur le territoire jusqu'à la première moitié du XXème siècle renvoient

à l'identité de chaque commune et aux prédispositions du territoire dans certains domaines agricoles puis industriels. Les transports induisent une nouvelle dynamique de développement du territoire le long des routes selon un axe nord-est/sud-ouest, sur les tracés convergeant autour de Trappes, Élancourt et Jouars-Pontchartrain. L'ancien axe de développement des villages sur le plateau parallèlement aux vallées d'orientation nord/nord-ouest, sud/sud-est correspond à l'activité la plus ancienne, l'agriculture. La position dans le réseau de communication et d'échange qui se déploie lors de la période industrielle influe sur les savoir-faire, les spécialisations et plus tard les paysages et les identités propre à chaque commune.

La présence de grandes fermes caractérise le plateau. À l'ouest du territoire, le village d'Élancourt autour de la mairie-école, se situe au fond de la vallée, le long de la rue principale. Les exploitations se situent sur le plateau, aux Mousseaux et près de la Villedieu. Au XIXème

siècle, les fermes de Bel Ébat et de Cap Saint- Jacques à Guyancourt, du Grand Gomberville à Magny-les-Hameaux, la ferme de Trappes, comptent parmi les plus innovantes pour la mécanisation et les techniques de stockage. Le village de Montigny-le-Bretonneux se situe à l'écart des grands axes près du centre du plateau. Le bâti se concentre autour de l'ancienne église, des châteaux des propriétaires le long de l'avenue des IV Pavés du Roy et de la grande ferme isolée du Manet [Doc. 29]. Celle-ci jouit, en 1880, d'un rayonnement régional : « Son volume exceptionnel (...) et les techniques employées pour sa réalisation la rendent exemplaire des progrès accomplis en matière d'architecture rurale. (...) Toute son originalité réside dans l'assemblage de planches boulonnées qui constitue la pièce maîtresse de chaque ferme et annonce une technique utilisée plus tard dans le lamellé collé »4.

Relié en 1849 par le chemin de fer, Trappes est encore un village en 1900 (environ 1000 habitants et 160 maisons). Des ouvriers saisonniers venus de Bretagne s'y installent à partir de 1896. L'observateur de la stratosphère, Teisserenc de Bort, crée à cette date un observatoire météorologique qu'il lègue à l'État en 1913. La route de Bayonne (RN 10), endommagée par les

4 Écomusée de Saint-Quentin-en-Yvelines, 1993. Architecture rurale à Saint-Quentin-en-Yvelines. Les grandes fermes du plateau en 1900, Exposition du 2 juillet au 26 septembre 1993.

Doc. 29 ANCIENNE FERME DU MANET À MONTIGNY-LE- BRETONNEUX

charrois (transports de betteraves, de fumier et de gadoues) et le passage des troupeaux est réparée en 1903, à l'occasion du passage à Trappes de la course automobile Paris-Madrid. Plusieurs extensions de la gare de triage, conçue à partir de 1911 le long de la nationale, font de Trappes l'un des centres ferroviaires les plus importants de France au début des années 1930.

L'urbanisation de La Verrière5, localisée sur

la route reliant la vallée de Chevreuse à Pontchartrain et Neauphle, est également étroitement liée à l'activité ferroviaire, avec la construction de la gare en 1850 [Doc. 30], semblable à celle de Trappes. La ligne Paris- Chartres isole le Château de La Verrière du hameau de l'Agiot. Le lieu-dit compte 78 habitants en 1901.

Au nord-est, la commune de Guyancourt est traversée par la route Versailles-Dampierre. De nombreux hameaux sont regroupés autour d'exploitations agricoles. Le domaine de La Minière, acquis en 1951 par le Centre national de la recherche agronomique (CNRA6), a joué un rôle important dans l'histoire de l'INRA : ses 250

hectares ont servi initialement à la mise au point de nouvelles variétés à fort rendement. Situé sur la même route départementale que Guyancourt, le village de Voisins-le-Bretonneux est groupé autour de son église, de sa mairie-école et de sa ferme, ancien manoir seigneurial. Avant 1914, l'aviation s'installe sur le plateau de Saclay-Villaroy. L'aérodrome créé par la société Caudron en 1930 sur le plateau entre Voisins-le-Bretonneux et Guyancourt contribue à la renommée des deux communes. En 1933, l'installation de l'entreprise Hispano-Suiza au lieu-dit de la Redoute de Bouviers constitue la première greffe, sur ce territoire rural, d'une emprise industrielle et ouvrière.

La route reliant Buloyer et le Manet est créée après la Première Guerre mondiale pour faciliter les relations de Magny-les-Hameaux avec la gare de Trappes. Répartie en hameaux sur le plateau entre la vallée de la Mérantaise et la vallée du Rhodon, Magny-Bourg abritait le centre administratif. La proximité de la gare de Saint-Rémy-les-Chevreuse est à l'origine de l'essor de Cressely, lotissement de maisons-jardins qui se développe entre les deux guerres. Cette forme d'habitation, liée à la crise du logement qui touche la région parisienne après la Première Guerre mondiale concerne également les communes de Trappes et de La Verrière.

Malgré la création en 1889 de la Société française des habitations à bon marché (HBM) et une succession de lois (1894, 1906, 1908, 1912) pour favoriser leur développement, la productionde logements locatifs sociaux était restée très faible avant la guerre (10 000 HBM). Une nouvelle

5 Le territoire était autrefois lieu-dit du Mesnil-Saint-Denis et se divisait en deux fiefs, la Grande Verrière et la Petite Verrière. L'étymologie de son nom viendrait du latin vitrum (verre). Il est probable qu'il existait des verreries sur ces terres riches en sable siliceux.

6 Le CNRA s'installe dans les années 1920 à Versailles, au lieu-dit de l'Étoile de Choisy. Doc. 30 CARTE POSTALE DE LA GARE

DE LA VERRIÈRE, CONSTRUITE EN

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