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Volumes des importations du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire

DEUXIEME PARTIE

N. B : (7) correspond aux sept jours de la semaine grégorienne J (1) date de la tenue du marché dans le cycle

I. LES AXES DES FLUX COMMERCIAUX OFFICIELS

I.4 Volumes des importations du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire

L’approvisionnement de la Côte d’Ivoire en produits agricoles, manufacturés et autres produits de réexportation était assuré par le Burkina Faso en grande partie à partir du corridor routier ivoirien et du chemin de fer. Ces deux voies représentaient respectivement 60% et 40% des importations de ce pays en direction, soit du port d’Abidjan, soit en direction des usines de pré-transformation des matières premières burkinabé en Côte d’Ivoire. Le Burkina venait en deuxième position quant à l’approvisionnement des localités ivoiriennes en produits du bétail derrière le Mali. Il nous paraît primordial dans le cadre de cette analyse faite autour des importations ivoiriennes du pays « des hommes intègres », d’identifier et de connaître les volumes des principaux produits acheminés en Côte d’Ivoire via notre espace d’étude.

I.4.1 Volumes des produits agricoles exportés vers la Côte d’Ivoire

Les importations ivoiriennes de produits agricoles en provenance du Burkina Faso par la frontière nord sont très peu nombreuses. Ce sont presque exclusivement des produits de consommation courante comme la pomme de terre, la tomate fraîche, l’oignon, le pois sucré, le haricot et les graines de sésame, auxquels il faut ajouter les produits agricoles traditionnels d’exportation comme le coton et la noix de cajou. Ces produits sont pour la plupart destinés à la consommation et aux usines de pré-transformation, avant leur exportation à partir du port d’Abidjan où le pays dispose des zones sous douane. Il est à noter également que la liste de ces produits n’est pas exhaustive. Nous n’avons retenu que les principaux. L’essentiel des produits agricoles passe par la route, en dehors du coton et de la noix de cajou. Ces deux derniers produits sont acheminés en Côte d’Ivoire par chemin de fer. Au niveau de l’ensemble de ces produits, nous enregistrons près de 20 540 tonnes qui transitent par le poste frontière de Ouangolo-terrestre et 17 280 tonnes par celui de Ouangolo-ferroviaire. Le volume des produits agricoles pour ces deux postes frontières confondus est de 37 820 tonnes.

La pomme de terre représente 10 250 tonnes, soit 27% de l’ensemble des exportations en matière de produits agricoles à destination de la Côte d’Ivoire. L’oignon, les pois sucrés et

153 le haricot sont exportés respectivement à hauteur de 4028 tonnes, soit 11%, 241 tonnes soit 0,64% et 600 tonnes soit 2% des importations ivoiriennes en provenance du Burkina Faso au cours de l’année 2001.

Jusqu’à la fin des années 80, le marché ivoirien proposait d’août à février des oignons importés d’Europe, plus précisément de Hollande; de mars en juillet du Niger. Avec la dévaluation du franc Cfa en 1994, les importations européennes ont enregistré une chute, passant de 25 000 tonnes à 5 000 tonnes. Depuis, les oignons en provenance du Niger sont passés de 29 000 tonnes à 45 000 tonnes. Mais ce renforcement des flux nigériens ne suffit pas à satisfaire la demande urbaine ivoirienne. C’est pourquoi la filière nigérienne compose avec la filière burkinabé qui vise davantage le marché de fin d’année, période devenue fort rémunératrice depuis la dévaluation et le ralentissement des importations européennes à destination de la Côte d’Ivoire.

Le pois sucré a fait son apparition dans les échanges ces dernières années. Ce produit destiné à la consommation locale, surtout utilisé comme amuse-gueule avant les repas, était recommandé aux femmes qui viennent d’avoir un bébé, car il est reconnu pour favoriser l’abondance du lait maternel. Aujourd’hui, c’est un produit qui s’exporte au-delà des frontières burkinabé pour la fabrication des jus en Espagne et surtout pour ses valeurs nutritives grâce à ses vitamines A, B, C et pour la lutte contre le cholestérol. A ces produits agricoles vivriers il faut ajouter le coton et la noix de cajou. Le coton continue d’alimenter les échanges entre les deux pays dans le sens nord-sud, dont une partie est transformée en Côte d’Ivoire et une autre partie exportée à partir du port autonome d’Abidjan. Dans les échanges le coton est exporté à hauteur de 371 000 tonnes, et la noix de cajou, 8 000 tonnes.

En dehors de ces produits agricoles, la Côte d’Ivoire est également approvisionnée en bétail. L’origine burkinabé représente 26,5% de la consommation de viande bovine par le marché ivoirien soit 46 461 têtes. La consommation ivoirienne de la production nationale se situe à hauteur de 60%, malgré un effort considérable en production animale dans le nord du pays. Les ovins représentent 6598 têtes qui sont acheminées vers la Côte d’Ivoire.

I.4.2 Les produits manufacturés en direction de la Côte d’Ivoire

Le Burkina Faso, à l’image des pays de l’espace UEMOA où la Côte d’Ivoire était leader, achemine des produits manufacturés. Les importations ivoiriennes concernent les pièces détachées de motocyclettes et de vélos (16 397 tonnes), les tissus imprimés (4 543

154 tonnes) et autres textiles comme la friperie (7684 tonnes), les sandales et les sandalettes (120 tonnes) et les fibres textiles (160 283 tonnes).

L’analyse de ces échanges commerciaux montre la prédominance de la Côte d’Ivoire dans le cadre du commerce inter-régional. Elle doit ce dynamisme commercial à sa position de point de connexion de plusieurs réseaux marchands régionaux, à la taille et à la qualité de ses infrastructures de transports et surtout à une importante implantation des entreprises industrielles, à la diffusion de leurs produits sur les marchés du Mali et du Burkina Faso. Ce dynamisme s’est consolidé grâce à la mise en application des nouvelles réglementations de l’UEMOA relatives à la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace des Etats membres et surtout à l’arrimage des réseaux modernes d’échanges comme la bourse régionale des valeurs immobilières, aux réseaux traditionnels marchands commandés par les Malinké. Ces derniers partagent un même grand espace d’habitat et de travail qui part du nord de la Côte d’Ivoire, au sud du Burkina Faso et du Mali et de la Guinée. Ils ont également en commun une même croyance religieuse et gardent encore des liens très étroits entre les différentes communautés que les frontières ont divisées en créant des Etats. Aussi, depuis la mise en œuvre du tarif extérieur commun (TEC) de l’UEMOA, le volume du commerce intra- régional s’est accru sensiblement, environ 3,5% (Bio, 2003). Cette évolution, favorable à la Côte d’Ivoire a consolidé la position de ses produits industriels et manufacturés sur les marchés des sept autres Etats membres de l’UEMOA, dont le Mali et le Burkina Faso.

Sur la base de multiples liens entre les peuples, d'une assise sur des relations commerciales anciennes, se sont greffés de nouveaux réseaux marchands et de nouvelles réglementations en matières d’échange qui permettent aujourd’hui d’assister à un commerce entre les deux Etats sahéliens et la Côte d’Ivoire autour de notre espace d’étude.

Fort de cette situation, un nombre important de produits manufacturés, agricoles et divers autres produits de consommation courante se sont ajoutés aux produits anciens qui ont longtemps alimenté les échanges entre les espaces. Qu’en est-il des échanges entre la Côte d’Ivoire et les deux autres pays non-membres de l’UEMOA et de la zone franc ?

155 I.5 Les échanges entre la Côte d’Ivoire et les deux pays frontaliers

hors de la zone franc (Guinée et Ghana)

Le Ghana et la Guinée sont les états voisins de la Côte d’Ivoire qui ont une ouverture sur le reste du monde à travers leur débouché sur l’Océan Atlantique. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, ces deux pays, tout en faisant partie de la CEDEAO, disposent de leur propre monnaie. L’appartenance de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Ghana à des régimes et zones monétaires différents est un des facteurs déterminants pour les échanges. Ce différentiel se manifeste à travers la politique du taux de change, de l’inconvertibilité des monnaies guinéenne (le syli) et ghanéenne (le cedi). La Côte d’Ivoire quant à elle appartient à la zone franc, dont le franc CFA est la monnaie, qui reste attachée depuis sa création au franc français et maintenant à l’euro.

La coexistence de régimes et de zones monétaires différentes peut être considérée comme principal déterminant des échanges transfrontaliers de tous ordres. Ce différentiel économique et monétaire est exploité par les opérateurs économiques des états en relation. Ainsi les postes frontières de Minignan, à la frontière ivoiro-guinéenne, et de Soko à la frontière ivoiro-ghanéenne, voient passer un flux incessant de produits et de personnes. La question récurrente qui se pose à nous est de connaître la nature et les volumes des produits qui alimentent ces flux.

I.5.1 Les importations ghanéennes et guinéennes de produits agricoles en provenance de la Côte d’Ivoire

Les importations guinéennes et ghanéennes sont constituées de produits agricoles et de produits manufacturés industriels. A travers les statistiques de la douane ivoirienne et de l’Office d’aide à la Commercialisation des Produits Agricoles, nous essayons d’analyser les volumes des ces produits par poste frontière (Figure 12 p.156). Les produits agricoles partant en direction du Ghana via les postes frontières de Soko-Sampa sont pour l’essentiel du vivrier, en particulier des produits maraîchers : piments, maïs, oignon, ainsi que des aliments pour la volaille et des noix de cajou provenant du département de Bondoukou et de ses environs. Ces produits sont nécessaires à la réduction de la tension alimentaire.

La Guinée importe à partir du poste frontière de Minignan des denrées produites en abondance dans la zone forestière notamment dans la région de Man. Aucune restriction sur ces produits n’étant imposée aux commerçants de ces deux Etats, ces derniers viennent

156 s’approvisionner à Odienné et à Minignan. Les marchands guinéens s’approvisionnent par petites vagues dans des véhicules tout terrain qui font office de transports en commun. Ces véhicules sont les seuls à pouvoir circuler sur les pistes mal entretenues. De plus, les populations guinéennes proches de la frontière s’approvisionnent parfois en produits de première nécessité sur les marchés du Denguélé, ce qui leur évite les longs trajets sur les pistes en très mauvais état pour aller à Conakry ou à Kankan.

157 En résumé, à la différenciation monétaire s’ajoute un déficit de voies de communications internes qui contribueraient au développement des échanges informels entre les populations rurales proches de la frontière de la Guinée. Au Ghana, la différenciation monétaire intervient également dans le cadre des échanges, ainsi qu’une différence de prix des produits. Ce dernier facteur est l’un des vecteurs essentiels des flux. Par exemple, le prix de la noix de cajou était fixé à 75 francs CFA à Bondoukou et à 125 francs CFA à Sampa. En pleine campagne agricole, la demande devient importante, le prix passe à 250 francs CFA à Bondoukou et 550 francs à Sampa au Ghana.

I.5.2 Les importations ghanéennes et guinéennes de produits manufacturés de la Côte d’Ivoire

Les exportations ivoiriennes en direction des deux pays hors de la zone franc à partir des postes frontières de Soko et Minignan concernent les produits manufacturés de consommation courante, l’huile végétale raffinée, le savon, le sucre, la farine de blé et d’autres produits à usage domestique, par exemple les sacs plastiques.

Tableau 21: Volumes des importations de produits manufacturés en provenance de la Côte d’Ivoire en 2001

Postes frontières Soko Minignan Total

Produits(tonnes) Huile végétale 754 297 1051 Savon 350 100 450 Sandales et sandalettes 543 690 1233 Sucre 150 91 241 Lait 210 350 560 Cubes Maggi 23 12 35 Sacs plastiques 14 17 31 Farine de blé 12 27 39 Total 2056 1584 3640

Source : Direction des Statistiques et des Etudes Economiques douanes ivoiriennes, 2002 Le Ghana et la Guinée importent des biens manufacturés de la Côte d’Ivoire. Même si ces Etats, comme la Côte d’Ivoire, disposent de ports où se fait l’ensemble des échanges, il existe un trafic routier de produits manufacturés transitant par les nombreux postes de douanes qui jalonnent les frontières. L’analyse des flux de produits manufacturés porte sur les postes frontières de Soko à la frontière ghanéenne et de Minignan à la frontière guinéenne dans la zone d’Odienné.

158 A partir des deux postes frontières précités, les produits importés par ces deux Etats sont l’huile végétale raffinée, le savon, les sandales et sandalettes en plastiques, le sucre, le lait, les sacs plastique et la farine de blé. Ce dernier produit a subi une transformation dans l’usine Grand Moulin d’Abidjan (GMA) avant son exportation. En effet, il arrive d’Europe ou d’Amérique en Côte d’Ivoire où il est transformé en farine, mis en sacs à l’usine GMA et envoyé vers les localité ghanéennes et guinéennes par des commerçants venus faire des achats soit à Bondoukou soit à Odienné.

Contrairement aux deux Etats sahéliens qui importent d’importants volumes de produits manufacturés de la Côte d’Ivoire, le Ghana et la Guinée en importent en faible quantité, œuvre de petits commerçants habitant dans les localités rurales proches des frontières. Ce commerce à petite échelle joue sur les disparités monétaires et tarifaires enregistrées çà et là. Ces dernières années, ces types d’échanges ont pris de l’ampleur, à cause de la diminution du pouvoir d’achat des ménages. Si le commerce entre Bondoukou et Sampa répond à cette explication, il n’en est pas de même entre Odienné et Kankan, voire entre Odienné et Conakry. En effet, l’éloignement de ces localités est une entrave aux échanges : le premier village guinéen qui pourrait faire office de marché frontalier important sur l’axe Minignan- Kankan se trouve à 80 km de la frontière. La crise au Libéria et en Sierra Leone a désorganisé, en général, le commerce entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, et en particulier dans la région nord-ouest du pays.

L’arrêt des importations de produits du marché mondial via le port de Monrovia, utilisé par les commerçants guinéens pour acheminer clandestinement vers les marchés ivoiriens des produits provenant des Etats-Unis et de l’Europe, a réduit le volume des transactions entre les deux pays. Les tensions politiques qui ont longtemps existé entre les régimes de Sékou Touré et de Houphouët Boigny ont joué un rôle dans la faiblesse des transactions entre les espaces ivoiriens et guinéens. Elles ont provoqué une méfiance réciproque qui n’a pas favorisé la construction d’axes routiers et le développement de leurs échanges officiels. De nos jours, nous assistons à la prolifération des échanges non formalisés.

I.5.3 Les exportations ghanéennes et guinéennes de produits agricoles vers la Côte d’Ivoire

Dans les relations commerciales que la Côte d’Ivoire entretient avec le Ghana et la Guinée à partir des postes frontières de Soko et de Minignan, plusieurs types de produits font l’objet de transactions (Figure 13, p.160).

160 A l’importation, les produits agricoles alimentent les échanges dits capillaires, comme le maraîcher (l’arachide, le gombo, le piment, la tomate, les aubergines), les céréales (le riz), le soumbara comme arôme, et les calebasses qui servent de récipients en remplacement des articles en aluminium.

On peut noter que les échanges entre les espaces portant sur les produits agricoles sont dominés par le maraîcher. Ainsi, Bondoukou et Odiénné sont en partie approvisionnées en produits vivriers et de biens de consommation courante venant des localités proches des frontières situées au Ghana et en Guinée. Plus encore, ces produits, principalement le riz, ont été importés par le Ghana et la Guinée pour être à leur tour réexportés vers la Côte d’Ivoire via Soko et Minignan. Le riz vient de Chine, du Pakistan, de la Thaïlande. Les autres produits, essentiellement maraîchers, sont produits sur place dans les localités frontalières, comme nous l’avons déjà signalé plus haut.

Il est important de souligner que les deux zones sont les lieux d’entrée et de transit guinéen et burkinabé, bien que les flux soient négligeables par rapport à ceux du Mali et du Burkina Faso : à Bondoukou, 2964 têtes de petits ruminants, 19 168 têtes de bovins, 2 964 têtes d’ovins et de 2 296 têtes de caprins en provenance du Burkina Faso pour les villes ivoiriennes de l’Est ; à Odienné, 2 034 têtes de bovins, 2856 têtes d’ovins, 1342 têtes de caprins et 2678 têtes de petits ruminants. Le bétail transite par les postes frontières de Ouangolodougou et de Pogo

Les faibles quantités de bétail qui entrent en Côte d’Ivoire à partir de ces localités proviennent de Kampti au Burkina Faso et transitent par le poste sanitaire de Tougbo, à Bouna avant leurs destinations définitives vers les villes de Bondoukou, d’Agnibélekrou et d’Abengourou pour le nord-est. Le bétail provenant de Kankan (Guinée) et de Sidjiri transite par le poste sanitaire de Minignan et est destiné à Odienné, Touba et Man.

I.5.4 Exportations ghanéennes et guinéennes de produits manufacturés vers la Côte d’Ivoire

Les produits manufacturés importés du Ghana et de la Guinée sont essentiellement le textile, les pièces détachées (cycles, automobiles) la friperie (chaussures et vêtements), les articles de ménages, émaillés, et divers autres articles en plastique (Tableau 22, p.161)

161 Tableau 22 : Volume des importations de produits manufacturés en provenance

de la Guinée et du Ghana

Postes frontières Soko Minignan Total

Produits (tonne) Pagnes Kita 270 12 282 Pagnes fancy 130 437 567 Indigo 123 650 773 Pièces détachées 765 123 888 Friperie 545 225 770 Emaillés 459 132 591 Articles de ménage 785 345 1130 Total 3077 1924 5001

Source : Direction des Statistiques et des Etudes Economique douanes ivoiriennes, 2002 Ces diverses marchandises traversent les frontières ivoiriennes au nord-est et au nord- ouest pour être écoulées sur les marchés de Bondoukou et d’Odienné. Les pièces détachées, la friperie, les émaillés et articles de ménages sont des produits de réexportation, venant du Nigeria, de Taiwan et de certains Etats d’Asie, comme la Corée du Sud. Ils ont fait leur apparition de façon massive dans le commerce inter-régional depuis la dévaluation du franc Cfa et les différents P.A.S (Plan d’Ajustement Structurel) appliqués en Côte d’Ivoire. En effet, les populations appauvries par l’inflation galopante de certains produits locaux de consommation courante et par le licenciement dans les entreprises étatiques trouvent en ces échanges de quoi satisfaire leur quotidien. Dans ce type de commerce, les chefs de ménages, généralement des femmes divorcées ou les femmes dont les époux sont au chômage, trouvent des ressources pour l’entretien de la famille, surtout dans le commerce de la friperie, des pagnes kita, des pagnes fancy, des indigo, des émaillés et divers articles de ménages, facilement commercialisables. Elles peuvent vendre ces articles à crédit à des fonctionnaires solvables en allant de bureau en bureau, soit à leurs connaissances.

Aujourd’hui, la vente de ces articles a pris de l’ampleur dans les localités urbaines de notre espace d’étude, phénomène très perceptible dans les marchés urbains et ruraux. Les secteurs occupés par ces produits sont plus vastes que ceux occupés par les produits alimentaires. A Bondoukou, par exemple, le deuxième niveau et la partie sud du marché sont occupés par la friperie et divers articles de ménage.

Le commerce entre la Côte d’Ivoire et les deux Etats voisins hors de la zone franc, est déterminé par le différentiel de régime monétaire et de politique économique qu’exploitent à merveille les consommateurs et les opérateurs économiques. La paupérisation croissante des ménages en Côte d’Ivoire due à l’application des différents P.A.S élaborés et imposés par les institutions financières internationales, a participé au développement du commerce de ces

162 produits sur les marchés urbains et ruraux frontaliers. En effet, les écarts des prix permettent aux différents groupes et aux individus issus de milieux les plus fragilisés de la vie socio- économique, de profiter des opportunités pour gagner leur vie. Cette situation s’est encore aggravée avec la crise actuelle que traverse la Côte d’Ivoire en accroissant une fois de plus le commerce informel ou non formalisé entre les espaces. Même si par le passé l’informel et l’officiel cohabitaient de fort belle manière, aujourd’hui la partition de fait du pays et la non- présence de l’Etat central au Nord de la Côte d’Ivoire n’ont fait qu’aggraver les choses. Les