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Les produits exportés par le Mali en direction de la Côte d’Ivoire

DEUXIEME PARTIE

N. B : (7) correspond aux sept jours de la semaine grégorienne J (1) date de la tenue du marché dans le cycle

I. LES AXES DES FLUX COMMERCIAUX OFFICIELS

I.2 Les produits exportés par le Mali en direction de la Côte d’Ivoire

S’appuyant sur un port avec 37 postes à quai et d’importantes infrastructures, dont un terminal pétrolier pouvant accueillir des super tankers et traiter des volumes annuels de marchandises de l’ordre de 5 à 8 millions de tonnes, un réseau routier qui l’arrime aux Etats

145 de son hinterland, la Côte d’Ivoire a conforté son rôle de porte d’entrée et de sortie des produits vers l’espace ouest-africain.

Elle constitue un débouché pour l’évacuation et la réception des produits maliens, notamment le coton, composante essentielle de ses exportations. Le Mali exportait en direction de la Côte d’Ivoire ou vers le reste du monde à partir du port d’Abidjan de nombreux produits issus de son potentiel agricole, industriel et minier avant la crise ivoirienne.

L’analyse présentée dans cette partie de notre étude s’attache à identifier, à mesurer les volumes des différents produits que ce pays exportait ou faisait transiter par la Côte d’Ivoire. Les relevés des flux ont été enregistrés aux différents postes frontières de douanes ivoiro- maliens et mettent en évidence une gamme importante et variée des produits exportés, agricoles, manufacturés et artisanaux.

I.2.1 Produits agricoles en direction de la Côte d’Ivoire

Les produits exportés vers la Côte d’Ivoire par le Mali à partir de la frontière nord sont très nombreux. Il s’agit des produits agricoles dont le tonnage évolue en fonction des pénuries et des phénomènes saisonniers, comme la pomme de terre, la tomate fraîche, l’oignon, le pois sucré, le haricot, le sorgho, la graine de sésame, la gomme arabique.

A ces produits vivriers, il faut ajouter les produits traditionnels d’exportation divers qui transitent par l’espace frontalier nord par le port autonome d’Abidjan : le coton, la noix de cajou. Le tableau 17 présente le tonnage de ces produits :

Tableau 17 : Produits agricoles en direction de la Côte d’Ivoire Postes frontières Tiéfinfinzo Nigouni Pogo Total Produits (tonne) Pomme de terre 23 34 103 160 Tomate fraîche 16 30 450 496 Oignon 120 250 690 1060 Poids sucré 34 45 900 979 Haricots 12 10 180 202 Sorgho 9 120 170 299 Graines de sésame 12 15 270 297 Gomme arabique 3 3 40 46 Coton 6000 8000 148 000 162 000 Noix de cajou 2000 3000 4000 9 000 Total 8229 11507 154 803 174539

146 Tous les produits en direction de la Côte d’Ivoire, hormis le coton et les noix de cajou, sont des produits de consommation courante qui viennent réduire les pénuries et les tensions alimentaires dans les localités ivoiriennes. Les plus importants sont la pomme de terre, la tomate fraîche, l’oignon et le pois sucré.

Les produits en direction de la Côte d’Ivoire transitent en majorité par le poste frontière de Pogo (154 633 tonnes), qui se situe sur un axe routier important bitumé et qui relie le Mali à la Côte d’Ivoire. Ils transitent essentiellement par le poste frontière de Pogo. Les autres postes frontières (Nigouni (11 277 tonnes) et Tiéfinzo (8 217 tonnes). sont de second plan et ne reçoivent que les produits agricoles de consommation courante destinés aux villages, aux bourgs et villes ivoiriennes, comme Tiéfinzo, Tiénko, Tingrela et Odienné.

Quant au coton, une partie est transformée dans les usines ivoiriennes avant leur destination définitive en direction du reste du monde. Cette semi-transformation est faite à Bouaké (usine Gonfréville), à Dimbokro (UTEXCI) et à Abidjan (UNIWAX).

La noix de cajou est directement réexportée vers l’Inde et le Japon pour son usage dans le domaine de la cosmétique et de l’automobile via le port d’Abidjan.

En dehors de ces quelques produits en provenance du Mali, se trouvent des produits animaliers et dérivés : le cuir travaillé, les peaux, le bétail sur pied et quelques produits manufacturés.

Au sujet du cuir travaillé et du bétail, il est important de noter que la Côte d’Ivoire n’a pas une grande tradition d’élevage. Cependant, ce n’est que depuis le début des années 1970 que le pays tente de se doter d’une activité d’élevage plus intense dans le nord grâce à des projets de développement et d’amélioration de la productivité des élevages traditionnels. Cette importante mission fut confiée à l’époque à la SODEPRA (Société pour le Développement de la Production Animale). Cette mission concerne maintenant l’ANADER (Agence Nationale pour Développement Rural). Malgré un effort de plus 33 ans, le pays reste encore très déficitaire quant aux besoins des consommateurs ivoiriens en produits de l’élevage. C’est pourquoi il a recours au bétail malien.

Pour entrer en Côte d’Ivoire, les négociants de bétail malien empruntent trois postes d’entrée : Tengréla, Pogo et Tienko. Ce dernier représente un passage très faible. Le poste d’entrée de Tengrela dessert Abidjan, Daloa, Boundiali, Seguela, Man et San Pedro. Le poste de Pogo assure la liaison de Ferkéssedougou, Korhogo, Bouaké et Abidjan. Le dernier poste frontière de Tienko relie les localités d’Odienné, Touba, Man et même la localité de Tinguila en Guinée. Les certificats de vaccinations des animaux et leur état de santé sont vérifiés à ces

147 postes. Au niveau des postes de douane situés en amont des postes d’entrée sont vérifiés les documents d’exportation obtenus sur les marchés d’achat.

Les animaux arrivent à ces postes sanitaires à la frontière ivoiro-malienne en provenance de Sikasso et de certaines régions du nord-est du Mali qui sont les cercles administratifs de Douenza, de San, de Nouna et de Dédougou. A ce gros transit de bétail s’ajoute un volume important de petits ruminants en provenance du Mali. De 1998 à 2001, leur volume est passé de 104 541 à 165 875 têtes.

Tableau 18 : Importation de bovins et petits ruminants en têtes Années Bovins Petits ruminants

1998 43075 104541

1999 89927 127750

2000 92567 134568

2001 95678 165875

Source : Rapport annuel des postes sanitaires 2002

Le Mali est actuellement le principal fournisseur de la Côte d’Ivoire en bétail sur pied, viande qui représente 35 à 45 % de la consommation ivoirienne, avec un bond en avant après la dévaluation du franc CFA en 1994. La dévaluation et la baisse des importations en provenance des pays européens et américains ont été profitables à la filière malienne.

La filière des cuirs et peaux a connu un développement à partir de 1994. Mais la difficulté d’accéder aux statistiques et d’obtenir des informations ne nous a pas permis d’en cerner les volumes. Cependant, quelques informations ont pu être recueillies. Les cuirs sont destinés soit à la maroquinerie, soit à la consommation humaine. La consommation de cuirs est très prisée dans tous les pays de la côte maritime, car le cuir de bovin remplace avantageusement la viande lorsque celle-ci est trop chère. Il est connu sous le dénominatif de « pklô » en Côte d’Ivoire. Actuellement, la demande est particulièrement importante avec la baisse du pouvoir d’achat et la montée des prix de la viande à la consommation (1800 francs Cfa pour la viande sans os et 1300 francs Cfa pour la viande avec les os).

I.2.3 Les produits manufacturés en direction de la Côte d’Ivoire

Les produits manufacturés maliens exportés en direction de la Côte d’Ivoire concernent les pièces détachées des vélos et motos, la friperie, les sandales et sandalettes. Les pièces détachées ont été importées par le Mali pour y subir une première transformation avant d’être à leur tour réexportées vers la Côte d’Ivoire. Les volumes sont respectivement de 1313 tonnes

148 pour la friperie, 150 tonnes pour les sandales et sandalettes et 147 872 tonnes pour les fibres textiles. Même s’il reste un des principaux clients de la Côte d’Ivoire dans l’espace UEMOA, le Mali n’est pas le seul pays avec lequel il entretient des relations commerciales dans l’espace ouest-africain.

Un autre pays non moins important, le Burkina Faso, entretient des relations commerciales avec la Côte d’Ivoire, car il bénéficie de plusieurs voies de ravitaillement sur toute la longueur de la frontière, comme les axes du nord-est ivoirien, Doropo-Kampti en pays Lobi et celui de Ouangolodougou-Niagoloko, le principal axe de ravitaillement,. Le cas de ce pays mérite que l’on s’y attarde.