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Lieux et liens des trafics entre la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Ghana

DEUXIEME PARTIE

L’ORGANISATION DES ECHANGES ENTRE LES TERRITOIRES

I. PÔLES ET CIRCUITS DES ECHANGES OFFICIELS

I.1 Lieux et liens des trafics entre la Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Ghana

Les circuits officiels d’échanges sont les principaux axes connus comme étant des passages obligés pour les acteurs socio-économiques désirant opérer des transactions en toute légalité. Ces acteurs suivent alors les procédures normales de dédouanement, en visant les papiers, en déclarant les marchandises en leur possession. La procédure commence dès les lieux d’achat et de provenance des marchandises. Le suivi de cette procédure permet de faire la « carte d’identité » de la marchandise destinée à l’exportation ou l’importation. Ainsi, suivant la nomenclature établie par la douane, nous pouvons en suivre le cheminement.

Lorsque le produit arrive, soit stocké au port d’Abidjan, soit acheté dans une entreprise ivoirienne et destiné à l’étranger, il est sous le régime douanier D25. Le produit est mis en magasin sous le régime douanier D18 (admission temporaire en magasin). Pour son transfert vers l’étranger et en particulier vers Sikasso et Bobo-Dioulasso, on lève une déclaration en douane sous le régime D8, car le produit est destiné à être consommé en dehors de la Côte d’Ivoire. Le produit bénéficie alors d’un certain nombre d’avantages, dont l’exonération de droits et taxes, car il est en transit en territoire ivoirien. Toute cette procédure se fait sous le

181 regard d’un transitaire, qui lève la déclaration en douane avant que l’opérateur économique ne paie les taxes concernant ses marchandises selon les réglementations tarifaires en vigueur. Selon la déclaration du transitaire, les taxes sont calculées suivant les barèmes établis par la douane. Cette déclaration mentionne la provenance et la destination de la marchandise, le poids, le nom du transitaire, la qualité, le nom de la marchandise. Les taxes sont développées dans le chapitre 2. Le graphique suivant donne une idée de l’évolution des recettes douanières ivoiriennes par poste frontière de 1997 à 2001.

Graphique 10 : Evolution des recettes douanières ivoiriennes par poste frontière de 1997 à 2001

0 200 000 000 400 000 000 600 000 000 800 000 000 1 000 000 000 1 200 000 000 "1997" "1998" "1999" "2000" "2001" Années Recettes en m illiards de FCFA Mimignan Tiefinzo Pogo Ouanglo-terrestre Ouangolo-férroviaire Soko

Source : Douane ivoirienne

Ce graphique fait apparaître l’importance des recettes douanières de cinq postes frontières : Pogo, Ouangolo-terrestre, Tiefinzo et Ouangolo ferroviaire à partir de 1998 et Soko. Les chiffres élevés trouvent leur explication dans le fait que ces postes constituent les principaux points de passages des marchandises en partance et en provenance du Mali, du Burkina Faso, du Ghana et de la Guinée. Les commerçants procèdent au dédouanement de leurs marchandises, après les formalités administratives d’usage.

Après cette procédure, les produits sont convoyés, soit par camion, soit par train vers le Mali et le Burkina Faso sous escorte douanière jusqu'à la frontière par l’intermédiaire de l’O.I.C (Office Ivoirien des Chargeurs). Selon le poids du camion, le type de voyage (aller et retour) le transporteur ou l’affréteur paie une redevance pour assurer l’escorte du véhicule :

182 20 000 francs Cfa l’aller simple pour un camion de 10 tonnes ; 35 000 francs Cfa l’aller- retour pour le même camion ; 17 500francs Cfa l’aller-retour pour une citerne. Une fois la redevance réglée, un encart reprenant tous les renseignements sur le camion est apposé sur son pare-brise (Voir Annexe 2).

Les produits destinés au Burkina Faso arrivent aux postes frontières de Ouangolodougou (terrestre ou ferroviaire). Ceux en direction du Mali arrivent au poste frontière de Pogo. A ces différents postes frontières, vérification est faite que les produits quittent effectivement le territoire ivoirien, après contrôle des documents douaniers. Ce type de commerce est l’apanage des gros commerçants qui agissent à distance, ne passant commande de leurs articles que par téléphone. Ils vivent généralement dans les capitales d’Etats et sont à la tête de grandes ou de moyennes unités de commerce.

Le système fonctionne de la manière suivante : les importateurs, après avoir lancé la commande à des fournisseurs étrangers, de produits comme les cigarettes ou le ciment, laissent le soin aux transitaires d’effectuer les formalités administratives et douanières et de prendre en charge les transactions commerciales. Ils se chargent de l’acheminement des marchandises depuis les ports d’Abidjan et de San-Pédro jusqu’à Sikasso, Bamako ou Bobo- Dioulasso et Ouagadougou. Une fois arrivées dans ces localités, elles sont entreposées dans des magasins prévus à cet effet. Dès que les formalités sont terminées avec les douanes du Mali ou du Burkina Faso, elles sont enlevées par les transporteurs. Le transitaire, une fois l’opération terminée au Mali ou au Burkina Faso, présente la facture des différents frais occasionnés par le transfert de la marchandise et prend sa commission.

A Ouangolodougou, bourg à l’interconnexion des axes routiers Côte d’Ivoire-Mali et Côte d’Ivoire-Burkina Faso, les maisons de transit privées ou des représentations des grosses firmes multinationales sont au nombre de quinze, dont les plus en vue sont SDV, SAGA et BOLLORE (voir Chapitre II).

La présence des opérateurs de niveau international, comme Sca-Delmas-Vieljeux (SDV), avec un réseau d’agences africain développé, témoigne de la concurrence entre opérateurs, sur le marché de transport des marchandises.

Les opérateurs maliens, burkinabé et ivoiriens, malgré la vétusté de leurs véhicules, essaient de transporter et de distribuer des marchandises d’Abidjan jusqu’à Sikasso, Bamako au Mali et à Bobo-Dioulasso, Ouagadougou au Burkina Faso. A ces maisons de transit, il faut ajouter les auxiliaires et commissionnaires en douane comme OIC (Office Ivoirien des Chargeurs) et la Cotecna. Aux postes frontières de Ouangolodougou, cette dernière structure procède à la vérification de l’état des conteneurs, s’ils n’ont pas été ouverts ou endommagés

183 afin d’écouler les produits censés être consommés à l’extérieur sur le territoire ivoirien. En quelque sorte, il s’agit de voir si le régime douanier n’a pas été détourné.

Le rôle de l’OIC, comme nous l’avons mentionné, est d’assurer la fluidité routière et la sécurité des véhicules transportant des marchandises après avoir satisfait aux différentes procédures de dédouanement en vigueur. Il organise le transfert groupé des véhicules depuis le port jusqu’au dernier poste frontière. Après le dernier poste frontière ivoirien, selon la destination, intervient le Conseil des Chargeurs du Mali (CMC) ou le Conseil des Chargeurs du Burkina Faso (CBC). Ce système est appelé le « convoyage ». L’activité de l’OIC a permis de connaître les effectifs des véhicules qui ont transité par le poste frontière de Ouangolodougou en 2001.

Graphique 11 : Evolution du nombre de véhicules ayant été escortés par l'OIC en 2001

0 100 200 300 400 500 600 700 Janvi er Fev rier Mar s Avr il Mai Juin Juille t Août Sept embr e Octo bre Nove mbr e Décem bre Nombre de véhicules

Source : Office ivoirien des chargeurs, 2001

Le nombre de véhicules ayant transité par Ouangolodougou est important en fin et en début 2001, période des fêtes de fin d’année (Noël et nouvel an), avec de gros volumes d’importation pour les consommateurs urbains et ruraux. Le pic constaté de mars à avril est dû aux fêtes musulmanes.

Dans le cadre des conventions TRIE (Transit Routier Inter Etat) mises en place par les états membres de la CEDEAO, une facilité est accordée aux commerçants afin de permettre le transport par route d’un bureau de douane d’un Etat membre donné, à un bureau de douane d’un autre Etat membre, de marchandises en suspension des droits et taxes. Il s’effectue sous la couverture d’un document douanier unique (voir annexe 1).

Ce document TRIE comprend plusieurs feuillets, le premier élaboré par le poste douanier de départ. On y mentionne le poids de la marchandise, le nom et le nombre d’emballages, la destination, la provenance et le nom du transitaire. Le dernier feuillet est

184 retourné au poste douanier d’émission dès l’arrivée du produit à destination, pour permettre au transitaire de percevoir ses droits sur la marchandise. Ce circuit est dirigé par de gros commerçants malinké, de religion musulmane, qui ne savent ni lire et écrire. Cette religion leur permet d’entretenir des relations avec les commerçants de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Burkina Faso, du Nigeria, du Niger, voire même des Emirats Arabes Unis.

Historiquement, si ces commerçants ont hérité leurs richesses de leurs ancêtres, qui avaient construit leur fortune sur le commerce de la cola pour la plupart, il semble qu’aujourd’hui les principaux importateurs malinké agissent d’une part en leur nom propre et servent d’autre part de prête-nom à des négociants lointains.

Ils font des commandes de marchandises en Europe, en Amérique et en Asie, que leurs associés lointains se chargent de payer en fournissant les capitaux nécessaires. L’importateur malinké redistribue le produit sur les marchés urbains et ruraux frontaliers. Les circuits sont structurés par des nœuds routiers, situés dans des bourgs et des bourgades qui ont plusieurs fonctions.

Au Mali (Manakoro, Zégoua), au Ghana (Sampa), au Burkina Faso (Niangoloko) et en Guinée (Beyla), des villages entrepôts regorgent de marchandises destinées au marché ivoirien. Généralement, l’essentiel des marchandises des boutiques de ces villages entrepôts proviennent des entreprises implantées en Côte d’Ivoire et ont transité par les ports d’Abidjan, d’Accra, de Lomé et de Cotonou. Les marchés hebdomadaires assurent des fonctions de collecte et de redistribution pour les campagnes environnantes.

En Côte d’Ivoire, les marchés hebdomadaires assurent la collecte et la redistribution des produits réexportés vers les centres de consommation qui sont situés dans les villes secondaires de Tingrélà et de Ferkessédougou. Les boutiques de ces centres urbains redistribuent vers les consommateurs ruraux. A la différence de ces centres urbains, les villes de Korhogo, de Bondoukou, d’Odienné, de Sikasso et de Bougouni au Mali, de Bobo- Dioulasso au Burkina Faso doivent leur fonction de pivot à leur situation géographique sur les corridors Abidjan-Bamako, Abidjan-Ouagadougou, Abidjan-Koumassi. C’est là que les opérateurs économiques malinké ont la possibilité d’accéder à un marché international rémunérateur.

Après la vente des produits, les marges bénéficiaires des importateurs malinké sont fixées en accord avec leur bienfaiteur lointain des Emirats, du Nigeria, du Niger, du Ghana. S’y ajoutent des Libano-Syriens et des Maures Mauritaniens, présents dans la distribution des produits manufacturés, de la grande surface au petit commerce de quartier. Ils se sont implantés depuis de longues années en Côte d’Ivoire. Ils sont très actifs dans la traite

185 cacaoyère et caféière, le commerce des marchandises et le transport : d’abord agents des firmes européennes comme CFAO, ils deviennent ensuite acheteurs agréés. Au cours des années 1980, le commerce du cacao et du café s’essouffle. Ils installent alors de petites unités industrielles à Abidjan et à Bouaké (Harre, 1996).

Les produits issus de ces unités sont vendus dans les grandes surfaces (Hayat, Trade Center) ou livrés à des commerçants malinké implantés de part et d’autre des frontières. Ces commerçants libano-syriens forment d’importantes communautés solidaires bien que n’appartenant pas à des confessions religieuses semblables. Ces derniers jouent également à la fois sur les règles propres à l’économie informelle de cette activité et sur les possibilités et avantages offerts par le secteur moderne. Ils disposent de puissants appuis politiques sans lesquels ils ne pourraient exercer leurs activités. Ils appartiennent sans doute à des réseaux assez complexes implantés en Afrique, en Europe et au Liban (Gregoire, 1996). En marge des réseaux africains malinké auxquels ils participent toutefois, ils constituent de véritables piliers pour le transit.

Sur la base de l’appartenance à une même religion, à une même ethnie, gage de la confiance, les importateurs grossistes malinké et libano-syriens redistribuent les produits importés aux demi-grossistes qui, à leur tour, les distribuent aux petits vendeurs de quartiers puis aux petits vendeurs à la sauvette appelés, les banabanas. C’est de cette manière que les produits importés se retrouvent sur l’ensemble du territoire à travers les marchés urbains, semi-urbains et les marchés ruraux locaux frontaliers.

I.1.1 Circuit d’importation et de distribution de la friperie

L’exportation et la distribution de la friperie, au cours de la dernière décennie, montrent l’importance de ce produit dans les milieux urbains et ruraux, non seulement en Côte d’Ivoire, mais également dans les autres pays du sous-espace ouest africain. Comment peut-on expliquer qu’un produit apparemment insignifiant puisse envahir tous les marchés et occuper des secteurs sur les marchés provinciaux plus vastes que ceux occupés par les produits alimentaires ? Et même dans les villes et bourgades, comment le commerce de la friperie est- il sorti des marchés pour inonder les rues et les bureaux ?

Pour comprendre ce phénomène, remontons dans l’histoire de l’apparition de ce produit dans les pays ouest africains en général et en Côte d’Ivoire en particulier.

La fripe, ou vêtements usés, est connue sous le dénominatif de broad, yougou-yougou, ado-caflê et troutrounou en Côte d’Ivoire. Parmi tous ces dénominatifs, « broad » a été

186 longtemps utilisé en milieu urbain. Ce mot est le diminutif du mot anglais broadly, qui veut dire « en gros », signifiant que ces vêtements usagers étaient vendus en gros et par kilogramme par les commerçants ghanéens. Ce sont eux qui ont introduit la fripe en Côte d’Ivoire. Lorsqu’ils vendaient le produit sur les marchés ivoiriens et qu’on leur demandait le prix de ces vêtements, ils répondaient broadly, pour dire simplement que la vente était faite en gros. Les Ivoiriens n’ont alors retenu que broad. Elle était simplement vendue sur les marchés frontaliers qui s’égrenaient le long de la frontière ivoiro-ghanéenne où s’approvisionnaient les éventuels clients ivoiriens.

Ensuite, les commerçants malinké du nord ivoirien ont pris le relais, pour en inonder les marchés urbains et ruraux, qu’ils ont nommé d’abord yougou yougou, pour dire « secouer et prendre ». Pour eux, il fallait secouer les vêtements et faire son choix dans le tas de ces habits usagés. Ensuite, est apparu le mot ado-caflê pour dire « essaie pour voir »; en langue malinké. Enfin, un autre dénominatif est apparu, troutrounou, qui veut dire chez les Akan, « secouer, remuer et prendre dans le tas ». Tous ces noms de la fripe dans les différentes langues de la Côte d’Ivoire permettaient de toucher une plus grande clientèle, tant en milieu rural qu’en milieu urbain. Avec la diversité ethnique et linguistique qui existe dans ce pays, lorsqu’on se trouve en pays Malinké et en milieu urbain, on utilise ado-caflê, yougou yougou en milieu rural et troutrounou en pays Akan. Dans notre espace d’étude à forte occupation malinké, ado-caflê et yougou yougou sont couramment utilisés. Quant au terme de broad, il ne continue à être utilisé que par les jeunes et dans les villes.

Le marché de la friperie a mis du temps à éclore en Côte d’Ivoire à cause du peu d’intérêt que les Ivoiriens accordaient à ce produit. Pour eux, ces vêtements étaient de qualité médiocre. Ceux qui s’entêtaient à les porter s’efforçaient de les cacher, car ils étaient très mal vus dans la société. Des préjugés de toute sorte apparaissaient, comme des mesures non tarifaires de protection du marché intérieur, déjà occupé par les entreprises de chaussures et vêtements comme Bata. Par la suite, dans le contexte de la libéralisation de la vie économique et de la paupérisation accrue des populations due à la mise en application des plans d’ajustements structurels, la fripe est devenue l’expression d’un manque et d’opportunité. Ce produit d’importation créa un lien non seulement entre les territoires ouest africains, mais aussi avec le reste du monde.

Ainsi, depuis 1980, la fripe ou le yougou yougou a fait son apparition sur les marchés ivoiriens, à partir du Ghana et au Nigeria par l’intermédiaire de leurs diasporas très actives dans le commerce informel et fortement implantées dans les Etats de l’Afrique de l’Ouest en général et particulièrement en Côte d’Ivoire. Jadis, les importateurs nigérians et ghanéens

187 faisaient venir ces vêtements des Etats-Unis dans leurs ports respectifs et ceux du Bénin et du Togo. Leurs représentants, dispersés à travers l’espace ouest africain, partaient se ravitailler dès que le besoin se faisait sentir. Ils écoulaient leurs produits par un commerce informel de part et d’autre de la frontière ivoiro-ghanéenne, sur les marchés frontaliers dynamiques. Les marchés de Sampa, Takikro au Ghana, de Soko, de Noé et de Bondoukou en Côte d’Ivoire en étaient une bonne illustration.

Avec l’assouplissement des restrictions sur l’importation de la fripe et la crise économique aiguë enregistrée en Côte d’Ivoire depuis la fin des années 1990, la fripe est devenue, dit-on, un bien de consommation courant et de commerce de plus en plus populaire. Aujourd’hui, ces vêtements usés ont été rebaptisés. Les gens ne se cachent plus pour les porter.

I.1.2 Mise en place de réseaux nationaux

La fripe est maintenant importée directement en Côte d’Ivoire par les grossistes nationaux malinké, akan et libano-syriens à travers de grandes maisons d’import-export, comme Sylla frères et Haddad. Ces importateurs nationaux achètent la fripe chez les anciens vendeurs d’habits usés aux Etats-Unis, au Canada, en France et dans d’autres pays européens. Ils trouvent la plupart de ces vêtements en ballots dans les principaux foyers de charité de l’Armée du Salut, de Goodwill, de St Vincent-de-Paul, de la Croix Rouge. Ces organisations caritatives constituant le premier maillon de la chaîne approvisionnent le monde entier en ces marchandises. Le commerce de la fripe n’est pas leur principale activité, car elles sont principalement des structures de bienfaisance. Pour venir en aide aux plus démunis, elles reçoivent des dons du monde entier. La quantité est telle que tout ne peut pas être vendu dans leurs magasins d’articles d’occasions. Des trieurs de vêtements se chargent de les convoyer en Afrique de l’Ouest, après les avoir répartis par catégories, selon le style, la qualité, comme les chaussures (sandalettes, baskets), les sacs à mains, le linge de maison (serviettes, couvertures, rideaux).

Ces différents articles sont embarqués dans des containers par les trieurs après qu’ils aient pris les attaches d’un transitaire, qui se charge de toutes les procédures administratives et douanières. Les produits arrivent au port d’Abidjan, d’Accra, de Lomé, de Cotonou et de Lagos en ayant transité auparavant par ceux de Dakar et de Conakry.

Les importateurs nationaux ivoiriens entassent ainsi leurs marchandises dans les entrepôts du port autonome d’Abidjan. Les transitaires affrètent des camions pour les

188 convoyer en ballots vers les deux pays enclavés sahéliens, le Mali et le Burkina Faso. Après avoir satisfait aux différentes procédures douanières, les marchandises arrivent dans les capitales de ces Etats, redistribuées vers l’intérieur des pays et sur les principaux marchés urbains provinciaux. Ces grossistes importateurs paient comptant les containeurs de fripe.

Abidjan reste le principal centre du commerce de la fripe, même si certains importateurs et petits détaillants regroupés en coopératives continuent d’aller se ravitailler au Ghana et à Lomé. Selon eux, les marchandises qui arrivent au port d’Accra sont de meilleure qualité que celles débarquées au port d’Abidjan, comme en témoigne notre entretien avec T. Sylla rencontré au marché de Bondoukou le 10 mai 2003:

« Moi je continue d’aller au Ghana et au Togo pour me ravitailler en marchandises, malgré le fait que maintenant on puisse le faire à Abidjan. Je le fais parce que dans ces deux pays, la qualité des fripes est meilleure que chez nous en Côte d’Ivoire. Et puis là- bas, lorsque nous arrivons aux différents entrepôts, c’est moi-même qui fais mes tris. Je