• Aucun résultat trouvé

Produits en provenance de la Côte d’Ivoire à destination du Burkina

DEUXIEME PARTIE

N. B : (7) correspond aux sept jours de la semaine grégorienne J (1) date de la tenue du marché dans le cycle

I. LES AXES DES FLUX COMMERCIAUX OFFICIELS

I.3 Produits en provenance de la Côte d’Ivoire à destination du Burkina

Le Burkina Faso est l’un des trois pays sahéliens enclavés, comme le Niger et le Mali, qui a longtemps utilisé le couloir ivoirien pour s’approvisionner. Ces trois pays ont des marchés importants pour l’écoulement des marchandises fabriquées ou réexportées par la Côte d’Ivoire. A travers cette analyse, nous essayons d’apprécier les volumes des marchandises à destination du Burkina Faso par les postes frontières par lesquels ils transitaient avant la crise ivoirienne. A cet effet, nous avons recueilli nos informations aux postes de douane de Ouangolodougou (terrestre, ferroviaire). Il ressort de ces informations que les produits à destination de ce pays sont très variés et concernent les produits agricoles, manufacturés, pétroliers et bien d’autres biens de consommation ou des biens intermédiaires.

En mai 2002, le recensement des produits en partance pour le Burkina aux différents postes frontières douaniers, que nous avons entrepris avec l’aide de la douane ivoirienne, a permis de déterminer ceux qui avaient des répercussions sur la recette douanière et sur la sécurité alimentaire. Ainsi, avons nous retenu des produits dans chaque catégorie (manufacturés, agricoles, pétroliers) aux deux postes frontières (Ouangolo-terrestre, Ouangolo-ferroviaire) par lesquels transite un important volume de marchandises.

I.3.1 Produits agricoles à destination du Burkina Faso

Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont intimement liés par leur histoire et leur économie. Cette interdépendance économique a favorisé le développement des échanges aux frontières de ces deux pays. Dans cette partie de notre étude nous analysons les volumes de

149 produits agricoles exportés par la Côte d’Ivoire à partir des deux principaux postes frontières où transite un volume important de produits agricoles de tout genre.

Tableau 19 : Volume des produits agricoles en direction du Burkina Faso Postes frontières Ouangolo-

ferroviaire Ouangolo-terrestre Total Produits (Tonne) Pomme de terre 435 740 1175 Igname 2460 1520 3980 Noix de coco 2000 600 2600 Banane Plantin 190 320 510 Banane douce 950 1650 2600 Ananas 675 1617 2292 Sorgho 7 16 23 Farine 250 195 445 Gingembre 14 5 19 Noix cola 3 000 9.196 12196 Avocats 2100 4550 6650 Total 12081 20409 32490

Source : Rapport phytosanitaire direction de l’agriculture, Korhogo 2001

Il ressort que les produits en direction du Burkina Faso empruntent deux voies : Ouangolo terrestre et ferroviaire. Ces deux postes frontières représentent les voies d’évacuation et de réception des produits non seulement en provenance de la Côte d’Ivoire mais également en provenance du reste du monde et transitant tout naturellement par notre espace d’étude.

Au poste frontière de Ouangolo terrestre, ce sont 20 409 tonnes de produits agricoles en transit, soit 22,32% de l’ensemble des exportations en direction du Burkina en 2001. Ouangolo ferroviaire enregistre 12 081 tonnes, soit 14,30% des exportations en transit à ce poste frontière. Cette situation trouve son explication dans la préférence des acteurs économiques pour l’axe routier plutôt que pour le chemin de fer. L’utilisation de la route pour faire acheminer les produits au Burkina Faso s’explique par le fait que les opérateurs économiques proposent aux chauffeurs et transporteurs, des prix préférentiels pour l’acheminement des produits par kilomètre et par tonne. Pour le transport de la cola vers les pays sahéliens, les commerçants proposent 25,45 FCFA/tonne et par kilomètre. Ainsi, pour une distance de 900 km entre Ouagadougou et Abidjan, pour 30 tonnes de cola, le tarif est 687 150 FCFA. Par le train le transport de cette même quantité de ce produit coûte 35 FCFA la tonne. Bien que le transport par train, soit moins coûteux, les opérateurs économiques préfèrent la voie routière. En effet, ce système de transport leur permet de compléter leur

150 chargement en faisant quelques détours tout le long du trajet. Les chauffeurs peuvent même faire des surcharges. Non seulement, les véhicules se détériorent mais les routes également. L’axe routier entre Ouangolo et Katiola, parsemé de nids de poules, en est un exemple.

Même si le train ne va pas à grande vitesse, son avantage par rapport à la route réside dans un trajet direct, sans aucun arrêt jusqu’à destination. Mais il faut ajouter une explication essentielle à la préférence pour le transport par route. Les camions mettent moins de temps pour l’acheminement de produits périssables en direction du Burkina qui se situe à plus de 900 km de la zone de collecte des denrées agricoles.

A côté des produits traditionnels agricoles échangés comme la cola dans le sens sud nord, il existe de nouveaux produits dont les plus en vue sont l’igname, la banane plantain, la banane douce, l’ananas, l’avocat et le gingembre. La cola, malgré son ancienneté reste encore en bonne position dans les échanges en direction du Burkina faso avec 12 196 tonnes, les deux postes frontières confondus.

D’autres produits alimentent également les échanges entre les espaces en relation. Les produits manufacturés et pétroliers occupent une place de choix dans le commerce bilatéral. C’est pourquoi il nous importe de ne pas occulter cet aspect des composants des échanges.

I.3.2 Volumes des principaux produits manufacturés et pétroliers à destination du Burkina

Les principaux produits manufacturés concernent certains articles et matériaux lourds, dont le Burkina dépend pour une bonne part de la Côte d’Ivoire. Les hydrocarbures qui proviennent de la raffinerie ivoirienne « la Société ivoirienne de raffinage » (SIR), couvrent les besoins de ce pays à hauteur de 25% soit 87 500 tonnes. Il faut ajouter le ciment, le lait et dérivés et les produits chimiques dont les engrais transformés dans les entreprises ivoiriennes. Le Tableau 20 (p. 151) propose une liste non exhaustive de ces produits par poste frontière, ne considérant que les produits transformés sur place en Côte d’Ivoire et transportés vers le Burkina Faso. Les statistiques de la douane ivoirienne proviennent de la direction des statistiques et des études économiques. Ainsi dans le cas des produits en direction du Burkina Faso, ce sont respectivement 245 400 tonnes de produits manufacturés et 60 665 tonnes qui sont acheminées vers ce pays via les postes frontières de Ouangolo-ferroviaire et de Ouangolo-terrestre.

151 Tableau 20 : Volume des produits manufacturés et pétroliers en direction du Burkina Faso

Postes frontières Ouangolo Ferroviaire Ouangolo terrestre Total Produits (tonne) Hydrocarbure 70300 3700 74 000 Sucre 856 1496 2352 Lait 674 672 1346 Savon 5000 3000 8 000 Maggi 2400 1500 3900 Emaillés 7430 4297 11727 Plastiques 2040 5800 7840 Mat. Construction (Ciment) 120450 29450 149 900 Produits chimiques (Engrais) 36250 10750 47000 Total 245 400 60 665 306065

Source : Direction de la statistique et des études économiques, 2001

L’essentiel des produits manufacturés transite par le poste frontière de Ouangolo ferroviaire avec 245 400 tonnes de produits manufacturés soit 59,79% de l’ensemble des exportations en direction du Burkina Faso. Ouangolo terrestre enregistre 60 665 tonnes, soit 40,21% des produits exportés par les routes.

Les principaux produits importés par le Burkina Faso de la Côte d’Ivoire sont le lait, les cubes Maggi, les matériaux de constructions (le ciment), les hydrocarbures et les engrais, le sucre qui ont subi une transformation en Côte d’Ivoire. Le choix de l’acheminement de l’essentiel de ces produits, à hauteur de 60%, par le chemin de fer s’explique par le fait que le train réduit non seulement les coûts de transfert, mais permet également de transporter un volume important de produits lourds, ce qui n’est pas le cas du transport par voie routière. Ce système de transport est non seulement coûteux pour les opérateurs économiques mais il est également soumis à des contraintes majeures : des arrêts intempestifs liés aux barrages routiers dressés par les forces de sécurité et de contrôle et un mauvais état des routes qui occasionne des accidents. Il faut ajouter à ces arrêts fréquents, le racket des forces de l’ordre et de sécurité à ces barrages routiers. Pour un camion vide en provenance des pays sahéliens, le transporteur paie une somme de 2 500 francs CfA par barrage routier, 5 000 francs CFA si le camion est chargé. Tout cet argent va dans les poches des hommes en tenue.

Cette situation fait perdre non seulement du temps mais également de l’argent aux opérateurs économiques. Elle favorise la prolifération de la contrebande et la montée en puissance de la corruption, portant ainsi préjudice au bon fonctionnement du commerce inter- régional avec un non-respect de la convention de Vienne.

152 Le Burkina Faso n’est pas uniquement importateur des produits en provenance de la Côte d’Ivoire, mais également exportateur de biens d’équipement en direction de ce pays. Il est important de mettre en lumière les volumes et les principaux produits acheminés vers la Côte d’Ivoire et transitant par notre zone d’étude.