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Les verbes supports selon la théorie du lexique génératif

1 1 Le concept de marqueur discursif

2. D AR ET LES VERBES SUPPORTS

2.6. Les verbes supports selon la théorie du lexique génératif

Lorsqu’on cherche à savoir ce qui constitue un verbe, on est confronté à la pluralité et diversité de définitions et à la surabondance de classifications dans des optiques la plupart divergentes, mais qui parfois se recoupent. Cela témoigne de la difficulté à offrir une description qui réponde de façon complètement satisfaisante aux problèmes que pose l’une des catégories grammaticales les plus complexes. Elena de Miguel Aparicio observe cette difficulté dans son analyse sur les catégories verbales et signale que les définitions et taxonomies actuelles s’écartent très peu des premières classifications des philosophes grecs :

[L]a consideración de en qué consiste ser verbo dista mucho de tener una respuesta inmediata y, en consecuencia, el establecimiento de las clases posibles de verbos se vuelve también una cuestión relativamente escurridiza. [...] [H]a sido constante a lo largo de la historia el intento de establecer clases de verbos coherentes y productivas. Las propuestas de clasificación han sido muchas y han seguido pautas diferentes, aunque tal vez más estrechamente relacionadas de lo que en algunos momentos haya podido parecer. De las primitivas clasificaciones (por poner un par de ejemplos notables, la de Aristóteles y la de Apolonio Díscolo) a las actuales no tanto ha cambiado.155

On peut mentionner quelques classifications des verbes parmi les plus répandues : celle qui distingue les verbes transitifs des intransitifs, celle que propose Perlmuter et qui classe les verbes intransitifs en inergatifs et inaccusatifs et celles qui résultent fondamentalement de descriptions d’ordre sémantique. D’autres classifications se fondent sur

155 Elena de Miguel Aparicio, 2004, p. 169. Le développement d’une grande partie des concepts dans le présent

chapitre est basé sur l’analyse que Miguel Aparicio réalise du modèle de Pustejovsky. L’auteur applique le modèle du lexique génératif à son analyse des notions aspectuelles des prédicats et de la signification de verbes supports en espagnol.

des critères aspectuels, parmi lesquelles se trouve celles proposées par Zeno Vendler et par James Pustejovsky. Le premier distingue des verbes qui représentent des états, des

accomplissements, des activités et des achèvements156. Pustejovsky, fondateur de la théorie du

lexique génératif, reprend la classification de Vendler et propose trois types d’événements,

états, procès et transitions, qui peuvent être décomposés en sous événements157. Le modèle de Pustejovsky, qui s’appuie sur une représentation compositionnelle du sens, offre des réponses aux problèmes concernant la diversité d’effets de sens – ou polysémie logique selon ce modèle descriptif – dans les systèmes de traitement automatique des langues158. De ce fait,

l’apport de cette théorie n’est pas à négliger à l’heure de comprendre les opérations qui permettent au verbe dar d’avoir de nombreuses capacités expressives.

Les diverses capacités référentielles des mots sont étroitement liées à leur assemblage syntaxique. Or, il existe deux façons de regarder la relation entre syntaxe et sémantique verbale : celle qui fonde les modèles projectionnistes qui vont de la sémantique vers la syntaxe et celle des modèles constructivistes qui marquent une direction inverse. Dans l’optique projectionniste, c’est la sémantique verbale qui détermine la structuration des arguments du verbe et le comportement syntaxique de celui-ci. Selon le critère constructiviste, les différentes interprétations aspectuelles d’un prédicat sont déterminées par la syntaxe ; cela s’explique par l’absence de spécification à propos du comportement de ses arguments dans l’entrée lexicale des verbes.

D’après Miguel Aparicio, la théorie du lexique génératif intègre d’une certaine façon les principes de deux positionnements, car dans ce cadre l’interprétation sémantique est déterminée par le contexte syntaxique mais à partir des informations aspectuelles inscrites dans le lexique. De ce fait, le sens d’un élément lexical ne peut pas être dissocié de la structure syntaxique où il se présente159. Le rôle du contexte est alors fondamental dans

156 Voir Zeno Vendler, 1967.

157 Pustejovsky intègre les accomplissements et achèvements de Vendler dans les transitions. Voir James

Pustejovsky, 1995a.

158 Ce modèle témoigne de l’apport mutuel et de la complémentarité entre la recherche informatique et la

recherche linguistique, comme le résume l’auteur : « Je crois que l’on se trouve à un tournant intéressant dans la recherche qui permet aux études linguistiques de bénéficier en lexicologie de l’apport des outils informatiques [...]. De même, la recherche computationnelle peut bénéficier de la connaissance des distinctions grammaticales et syntaxiques des unités lexicales. Les systèmes de traitement des langages naturels doivent rendre compte de ces différences dans leurs lexiques et leurs grammaires. » [« I believe we have reached an interesting turning point in research, where linguistic studies can be informed by computational tools for lexicology [...]. Likewise, computational research can profit from an awareness of the grammatical and syntactic distincitons of lexical items ; natural language processing systems must account for these diffrences in their lexicons and grammars. »], James Pustejovsky, 1991, p. 409.

159 James Pustejovsky (ibid., p. 410) signale la complémentarité des deux niveaux : « Sans une appréciation de la

structure lexicale d’un langue, la sémantique lexicale est condamnée à l’échec. Il est impossible de dissocier complètement le sens de la structure qui le véhicule ». [« [W]ithout an appreciation of the syntactic structure of a

l’assignation d’un sens, un point de vue coïncidant avec le cadre théorique de cette thèse et l’une des raisons pour laquelle on propose d’inclure dans ces pages l’analyse basée sur le lexique génératif160.