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L’ ACCEPTION ‘ FRAPPER ’

Dans le document Le verbe espagnol dar : approche sémantique (Page 123-127)

1.1 Signifié et syntaxe : le rôle du contexte

1.3. Capacités combinatoires de dar

1.3.3. L’ ACCEPTION ‘ FRAPPER ’

Dar peut servir à exprimer l’application d’un coup sur quelqu’un ou contre quelque

chose :

(146) Cuando yo era chico tuve un amiguito muy cruel. No le quería bien ninguno de los compañeros porque con todos era áspero y malo. A los menores les pellizcaba y daba golpes; con los grandes se las entendía a pedradas.

Rubén Darío, El perro del ciego, 1888, Nicaragua, CORDE.

(147) D. Antonio Quadros dijo que aquello no importaba nada, y viendo que la artillería de los bandidos había abierto un gran boquete en la tapia, fue a taparlo él mismo con una saca de lana. Entonces una bala le dio en la cabeza.

Benito Pérez Galdós, Zaragoza, 1874, España, CORDE.

(148) Al decir esto, Juanico abrazaba contra su pecho a la Mercedes y sintió un olor penetrante a almizcle que tiraba de espaldas; fue a besarle la boca y le dio en el rostro una tufarada de tabaco.

Ángel Ganivet, Los trabajos del infatigable creador Pío Cid, 1898, España, CORDE.

La notion de coup peut être exprimée sans faire appel au complément direct, comme le montrent les exemples 147 et 148 ci-dessus et les deux exemples suivants :

(149) D. Pablo empezó a gritar llamando al santo acá y al santo allá, y luego a todos nos daba con la punta del pie, diciendo: "Levantaos y salid a buscar algo para mi hija".

Benito Pérez Galdós, Gerona, 1874, España, CORDE.

(150) De improviso el solitario futbolista empezó a notar que a veces fallaba en la precisión de darle a la pelota.

Demetrio Aguilera Malta, Una pelota, un sueño y diez centavos, Ecuador, 1988, CREA.

174 Le locuteur peut donner une existence linguistique au destinataire de l’opération déclarée par dar dans une

tournure du type él se dio un paseo, où le pronom atone se argumente ce poste. On reviendra là-dessus dans le sous-chapitre consacré à l’emploi de dar dans les constructions pronominales.

Dar, de même, ne fait appel à aucun complément dans la phrase No dará V.S. por no dar, tirée de l’exemple qu’illustre cette acception du verbe dans le Tesoro de la lengua castellana o española de Sebastián de Covarrubias175 :

(151) Dar, herir y maltratar. Dixo un señor que hazía pocas mercedes, a un truhán : Estoy por darte con este báculo ; y respondió el otro : No dará V.S. por no dar.

On revient au fragment de l’œuvre de Rubén Darío cité dans l’exemple 146 :

Cuando yo era chico tuve un amiguito muy cruel [...] A los menores les pellizcaba y daba golpes.

Dans cet énoncé, dar révèle les trois postes identifiés dans les emplois analysés précédemment, un MOTEUR qui est le « frappeur » dans cet effet de sens et matérialisé par un

amiguito, soit l’être qui donne les coups, une ENTITÉ AFFECTÉE 1, soit le « coup » infligé, et

une ENTITÉ AFFECTÉE 2, soit le « récepteur » de ce coup, los compañeros menores :

UN AMIGUITO (M) → GOLPES (EA1) → LOS COMPAÑEROS MENORES (EA2)

Figure 12 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 146 : « A LOS MENORES LES PELLIZCABA Y DABA GOLPES ».

Or, dans l’exemple 149:

Don Pablo [...] luego a todos nos daba con la punta del pie

le poste de MOTEUR est occupé par Don Pablo, l’ ENTITÉ AFFECTÉE 2, soit le « récepteur », est

représentée par le pronom atone de première personne associative, nos, tandis que l’entité qui argumente le coup, soit l’ ENTITÉ AFFECTÉE 1, semble absente dans la phrase, du moins sous la

forme d’une structure nominale en fonction de COD :

DON PABLO (M) → Ø (EA1) → NOS (EA2)

Figure 13 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 149 : « DON PABLO [...] LUEGO A TODOS NOS DABA CON LA PUNTA DEL PIE ».

La notion de coup n’est pas ostensiblement évoquée par un élément dans le poste d’ENTITÉ AFFECTÉE 1. Le locuteur n’a nul besoin d’employer le mot golpe pour parvenir à ce

qu’il veut exprimer. Effectivement, il se sert du MOTEUR et de l’ENTITÉ AFFECTÉE 2 que dar

peut argumenter dans le discours – et que lui offre le signifié de dar, dès la langue – et fait appel à l’instrument utilisé pour produire le coup et qu’il enchâsse dans la tournure sous la forme d’une phrase prépositionnelle. C’est la coparticipation de tous ces éléments et l’apport contextuel qui donne lieu à l’évocation d’un coup.

Dans l’énoncé 150 :

De improviso el solitario futbolista empezó a notar que a veces fallaba en la precisión de darle a la pelota.

la notion de coup est déclarée au moyen de l’argumentation du « frappeur», le footballeur, et d’un « récepteur » inanimé, le ballon. En absence d’un « coup », c’est le contenu notionnel de

pelota et l’apport indispensable du contexte linguistique – il y a un « footballeur » qui n’est

pas toujours « précis » à l’heure de frapper le « ballon » qui permet d’interpréter dar comme ‘frapper’. De façon schématique :

EL SOLITARIO FUTBOLISTA (M) →Ø (EA1 ) → LA PELOTA (EA2)

Figure 14 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 150 : « [E]L SOLITARIO FUTBOLISTA [...] A VECES FALLABA EN LA PRECISIÓN DE DARLE A LA PELOTA ».

Dans l’exemple 151 tiré du Tesoro :

Estoy por darte con este báculo ; y respondió el otro : No dará V.S. por no dar,

le premier emploi du verbe, darte con este báculo, présente l’instrument avec lequel l’opération se réalise et qui permet d’interpréter la combinatoire comme darte « un golpe »

con este báculo. Quant au No dará V.S. por no dar, c’est également le contexte qui permettra

de donner une interprétation à ces emplois absolus du verbe où sont laissés vacants les postes de MOTEUR et d’ ENTITÉ AFFECTÉE 2. La première partie de la réponse du truhán à l’homme

qui veut le frapper avec une crosse, No dará V.S, sera interprétée comme No me dará V.S. un

VS. (M) → Ø (EA1)→Ø (EA2)

Figure 15 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 151 : « NO DARÁ V.S. POR NO DAR ».

Quant au deuxième emploi, por no dar, il s’agit bien de l’acception ‘mettre quelqu’un en possession de quelque chose’ et que l’on peut gloser por no dar nada a nadie. En effet, le

truhán met en évidence le caractère peu généreux de l’homme que hazía pocas mercedes.

En somme, l’acception ‘frapper’ est véhiculé par un MOTEUR et une ENTITÉ AFFECTÉE 1

qui peut se matérialiser au moyen d’une structure appelée COD selon la tradition grammaticale :

[U]n amiguito muy cruel [...] A los menores les pellizcaba y daba golpes

ou bien être suggéré par le contexte:

De improviso el solitario futbolista empezó a notar que a veces fallaba en la precisión de darle a la pelota.

[N]os daba con la punta del pie

Il en va de même pour l’entité dans le poste de « récepteur », soit l’ENTITÉ AFFECTÉE 2,

car elle se présente dans le syntagme verbal en tant que COI dans :

[…] nos daba con la punta del pie,

mais elle se trouve dans le contexte dans :

No dará V.S. por no dar,

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