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L E SENS SPONTANÉ

Dans le document Le verbe espagnol dar : approche sémantique (Page 186-192)

1.1 Signifié et syntaxe : le rôle du contexte

1.3. Capacités combinatoires de dar

1.3.6. L’ ACCEPTION ‘ SURVENIR ’

1.3.8.2. L E SENS SPONTANÉ

La construction pronominale avec dar matérialise un emploi où le sujet n’est pas forcément le producteur de l’opération verbale231. La notion d’existence apportée par dar représente, dans ce cas, une survenance spontanée. Ce sens, souvent désigné comme « moyen », met en évidence un « sujet patient » :

(273) Y las entradas y salidas de Cadalso eran muy irregulares. A menudo comía de fonda con sus amigos; iba al teatro un día sí y otro también; y hasta se dio el caso de pasarse toda la noche fuera.

Benito Pérez Galdós, Miau, España, 1888, CORDE.

(274) El agua española hierve; pero se dan casos en que puedo meter los dedos en ella sin quemarme.

Benito Pérez Galdós, España trágica, España, 1908, CORDE .

(275) También pudo darse la coincidencia de que en aquel momento, en el interior de la nave estuviera finalizando una interesante demostración.

Juan Ramón Zaragoza, Concerto Grosso, España, 1981, CORDE.

231 Selon la classification que propose la grammaire de Bosque et Demonte (op. cit., p. 1577-1616) et d’après

David Perlmutter (p. 157-189), l’un des emplois pronominaux de dar pourrait être considéré comme inaccusatif. Selon l’auteur, les verbes intransitifs se divisent en verbes inergatifs et inaccusatifs. Correspondent aux premiers les verbes du type jugar, bailar, dont le seul argument en fonction de sujet est l’agent de l’événement que ceux- ci déclarent. Quant à l’opération que désignent les verbes inaccusatifs – également appelés ergatifs – elle ne dépend pas de la volonté d’un agent ; le sujet de ce type de verbes peut être considéré comme le patient du procès. Selon ce classement, il existe deux types de verbes inaccusatifs :

a) les verbes qui dénotent un changement d’état ou de lieu, tels que romperse, hundirse, hervir, crecer ;

b) les verbes d’existence et d’apparition, dont le seul argument, sujet de la phrase, s’interprète comme l’élément dans lequel se produit ou se manifeste l’opération que déclare le verbe. Une subdivision révèle à la fois deux sous-catégories de construction inaccusative avec des verbes d’existence et d’apparition :

- verbes d’existence qui indiquent un état qui résulte de l’apparition d’une entité, tels que existir, vivir, perdurar,

faltar, escasear, etc. ;

- verbes d’apparition qui indiquent des événements que l’on peut décrire comme devenir existant – « cobrar existencia », tels que aparecer, presentarse, darse.

L’intérêt que présente cette taxonomie pour l’étude de dar réside dans la classification de ce dernier en tant que verbe d’existence dans cet emploi pronominal, notion qui, selon l’étude menée ici, serait véhiculée dans toutes les autres occurrences du verbe.

(276) Sé tantas cosas de Hauer porque, por encima de cualquier otro tema, me interesa el tema religioso; y se da la circunstancia de que Hauer es algo más que "un monstruo de inteligencia, de soberbia y de egoísmo", como usted dijo. Hauer es el propio Satanás.

José María Gironella, Mujer, levántate y anda, España, 1962, CORDE.

(277) Claro que a lo mejor no ocurre nada, porque no se dan las circunstancias que deban darse, y el compañero se queda detenido... Nosotros no estamos seguros de nada. Ni siquiera sabemos si es verdad la comunicación de la Regional.

César Falcón, El agente confidencial, España, 1933, CORDE.

(278) Las comparaciones son menos directamente imaginativas, pues en ellas no se da el hecho decisivo de la sustitución del significado.

Dámaso Alonso, Poesía española. Ensayo de métodos y límites estilísticos, España,1950, CORDE.

(279) Campolongo interrogó:

- ¿Usted reputa profeta al señor Álvarez?

- De ningún modo -aseveró Lynch-. Las personas más corrientes y hasta vulgares empalman en otro tiempo, cuando se dan las condiciones, ¿entiende o no? ¿Por qué el señor Álvarez no tendría esta mañana una premonición del desembarco del bucanero Dobson?

Adolfo Bioy Casares, El gran Serafín, Argentina, 1962, CORDE.

Les entités évoquées par les syntagmes qui font office de sujet ne sont pas véritablement productrices de l’opération verbale. L’entité el caso dans la prédication se da el

caso n’est pas responsable de son accès à l’existence, et les syntagmes la coincidencia, las circunstancias, el hecho et las condiciones ne renvoient pas non plus aux producteurs du

procès dont ils font office de sujet. En fait, il n’est pas question de désigner un agent de l’opération mais de dire que l’être qui fait office de sujet – et co-instancié dans le pronom atone se – « se présente », « se manifeste ». Cette notion d’accès à l’existence, modalisée par un adverbe, est déclarée dans les combinatoires suivantes :

(280) Ahora, prudencia, ¿eh?, y no perder los estribos si la suerte se da mal. Con los novatos, es caprichosa.

Gonzalo Torrente Ballester, Don Juan, España, 1963, CORDE.

(281) Y al mirar el reloj de Gonzalo se le ocurrió pensar que, por lo menos, si las cosas se daban mal, tenía un pretexto. Podía haber venido a devolverle el reloj.

(282) Y aunque se embarca de buen grado en cualquier aventura, no se improvisa a sí misma. Pero tampoco se deja ir en la dirección en que las cosas se dan naturalmente, no sigue la corriente de su instinto más profundo, sino que siempre escoge el camino contrario […]

Lola Beccaria, La luna en Jorge, España, 2001, CREA.

Lorsque se manifeste ainsi quelque chose sans agent externe identifiable, les circonstanciels « mal », « bien » et « naturalmente » expliquent la manière dont les entités concernées se présentent. Un destinataire de cette manifestation peut être évoqué :

(283) El verano pasado estaba yo en los toros en San Sebastián; toreaba el chico de Ignacio Sánchez Mejías; no se le daba bien la cosa y la gente le chillaba: a mi lado presenciaba la corrida Pepito, nerviosísimo por la labor de su primo en el ruedo.

Antonio Díaz-Cañabate, Historia de una tertulia, España, 1952, CORDE.

En effet, le torero évoqué par le pronom atone le est celui chez qui la cosa, c’est-à-dire le fait de toréer, ne se présente pas favorablement.

Les énoncés suivants mettent en évidence deux tournures qui se laissent aussi analyser comme « spontanées», car la manifestation de l’entité abstraite matérialisée par le sujet ne dépend pas d’un agent externe :

(284) - Estudia el griego, hombre. Así conocerás la tibia delicia de las "pornai" en los amaneceres.

- ¿Sí? -dije yo.

- Sí. Y Aristófanes sazonará tu espíritu con la risueña sal del Ática... A pesar de esto, el griego se me dio mal.

Medardo Fraile, Cuentos con algún amor, España, 1954, CORDE.

(285) No sabríamos explicarle; pero a pesar de haber muerto mamá, nosotras siempre le ponemos su plato para no sentirnos tan solas...

- Pues me se232

da que ustedes se van a volver espiritistas. - ¿Y no es servido, comandante?

Miguel Ángel Asturias, El Señor Presidente, Guatemala, 1933-1946, CORDE.

232 Cette séquence hors norme des pronoms atones commence par l’évocation de la première personne simple.

D’après María Soledad Sicot-Domínguez et Justino Gracia Barrón dans leur article « Personne et énoncé : les séquences pronominales en espagnol », 2004, p. 339, le locuteur transgresse la norme – se me au lieu de me se – pour parler de lui en tant qu’acteur principal de l’énonciation pour placer ensuite l’allocutaire dans un rôle secondaire dans l’énonciation.

(286) Ese hombre -dijo la Galusa-, bien repetido te lo tengo: mientras no le pidan dinero o cosa que lo valga, tanto se le da que la hija se pase las horas en conversación contigo, como con uno de la Guardia cevil.

José María de Pereda, La puchera, España, 1889, CORDE.

Chaque phrase laisse évidemment apparaître une nuance expressive particulière. Pour autant, la notion d’une « survenance » est toujours évoquée, l’entité à laquelle réfère le sujet se laissant interpréter comme celle qui « se présente » chez l’être désigné par le pronom COI. Dans la phrase el griego se me dio mal le locuteur éprouve des difficultés dans la compréhension ou l’apprentissage de la langue grecque, autrement dit celle-ci « se présente » mal pour lui ; dans tanto se le da que la hija se pase las horas en conversación contigo, le fait que la fille passe des heures à parler avec l’allocutaire ne revêt pas d’importance pour l’être désigné par le pronom atone de troisième personne le ; en d’autres termes, ce fait « se présente » sans intérêt particulier pour celui-ci ; enfin, me se da que ustedes se van a volver

espiritistas peut être glosé comme « il me semble que vous allez devenir spirites », ce qui veut

dire que l’idée que les personnes signifiées par le pronom ustedes deviennent spirites « surgit » chez le locuteur.

Or, l’élément qui fait office de sujet ne renvoie pas uniquement à des abstractions. En effet, les fruits et les nénuphars des énoncés 287 et 288 sont des entités concrètes qui « naissent et prospèrent »233, « se produisent », ce qui revient à dire qu’ils accèdent à

l’existence :

(287) En estos días estará lista mi carroza. Podremos entonces ir a pasear por las huertas de Miraflores y Chorrillos. Por aquellos lugares se dan las mejores frutas.

Julio Ramón Ribeyro, Santiago, el pajarero, Perú, 1995, CREA.

(288) […]pero él, nada, embalado y contagiando de paso a Marta, poniendo nenúfares en los bordes y peces rojos como los que habían puesto a duras penas en lo que quedó del canal del molino, plantando esto y lo otro, construyendo, arreglando...

-¿Seguro que se darán los nenúfares?-preguntaba Marta. -¡Bah!, claro que sí, ahora está todo aclimatado […]

Miguel Sánchez-Ostiz, Un infierno en el jardín, España, 1995, CREA.

C’est dans l’entité à laquelle renvoie le sujet que se produit l’opération d’existence, sans intervention d’un agent extérieur et comme résultat de sa propre impulsion. Il s’agirait alors d’un producteur interne qui se manifeste, qui accède à l’existence de façon spontanée.

Dans les énoncés 284 à 286, le discours instancie les trois actants de dar. Figurativement :

EL GRIEGO (M)→SE (EA1)→ME (EA2)

Figure 54 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 284: « [E]L GRIEGO SE ME DIO MAL ».

Dans le reste des exemples, il y a l’instanciation de deux actants, le MOTEUR et

l’ENTITÉ AFFECTÉE 1, le « destinataire » et ENTITÉ AFFECTÉE 2 laissé dans l’indéfinition. Voici

l’instanciation de se darán los nenúfares dans l’exemple 288 de façon schématique :

LOS NENÚFARES (M) → SE (EA1)→Ø (EA2)

Figure 55 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 288 : « ¿SEGURO QUE SE DARÁN LOS NENÚFARES?

Il reste maintenant à comprendre le rôle de la construction pronominale commune à tous ces emplois de dar ainsi que l’image apportée par le pronom atone. On a observé précédemment que, d’après la théorie explicative de Sicot-Domínguez, le pronom atone représente un existant affecté sémantiquement par un événement dont il limite la portée. En d’autres termes, il désigne une entité qui circonscrit le champ d’effection du procès. Le pronom atone se, le seul pronom atone possible dans ces constructions, se définit en tant qu’entité absente du rapport interlocutif, c’est-à-dire en tant que personne délocutée coréférentielle des substantifs de discours dans le rôle de sujet – el caso, la casualidad, el

griego, que la hija se pase las horas de conversación contigo, que ustedes se van a volver espiritistas, los nenúfares, etc. D’autre part, ce que véhicule la construction pronominale est

une clôture et le fait d’envisager l’effection de l’événement dans son point d’application. Sur l’entité doublement évoquée se focalise le point d’application du procès, qui n’est autre chose que l’accès à l’existence de cette entité – à la fois MOTEUR et ENTITÉ AFFECTÉE 1 – que

véhicule le verbe dar.

Dans ce comportement intransitif de dar, le pronom atone invariable se ne fonctionne ni comme COD de dar – comme c’est le cas dans l’emploi réfléchi el hombre que se da a los

demás – ni comme COI – comme c’est le cas dans nos daremos un abrazo. Son rôle est

purement sémantique, celui de véhiculer l’image de la personne délocutée. Dans le cas qu’on analyse, cette personne délocutée représente tantôt une entité abstraite de l’univers expérientiel – el caso, la casualidad, que la hija se pase las horas de conversación contigo, etc. – tantôt une entité concrète – las frutas, los nenúfares – qui « se présente », avec mention d’un récepteur comme dans el griego se me dio mal ou sans déterminer l’entité que cette manifestation affecte au deuxième niveau, comme on le trouve dans las cosas se dan

naturalmente.

Dans certains cas, la manifestation d’une entité par le biais de la tournure pronominale peut alterner avec une construction non pronominale :

(289) Cuando llegué al pueblo habíase muerto el maestro, y propusiéronme que enseñara yo la escuela por un tanto, mientras se buscaba la persona que la había de regentar. Dio también la casualidad de que por entonces cayera enfermo, para no sanar nunca, el secretario del ayuntamiento […].

José María de Pereda, Tipos y paisajes, España, 1871, CORDE.

(290) Se revisaban todos los coches, incluyendo las cajuelas, todos los coches hasta el del mismo Gordo, no fuera a darse la casualidad de que en alguna esquina se le hubiera trepado alguien.

Ángeles Mastretta, Arráncame la vida, México, 1990, CORDE.

Bien que l’expérience à laquelle les deux énoncés renvoient soit la déclaration d’existence de l’entité représentée par la casualidad, la différence entre les deux structures réside dans l’image véhiculée par le pronom atone se dans l’ensemble de la phrase. Dans les deux cas, la casualidad représente dans le discours à la fois le MOTEUR et l’ENTITÉ AFFECTÉE

1 – « donneur » et « donné » – de l’opération. Or, dans la tournure pronominale darse la

casualidad, le pronom atone confère une existence linguistique à la casualidad en tant

qu’ENTITÉ AFFECTÉE 1. La déclaration de l’accès à l’existence de cet événement hasardeux –

auquel on n’impute aucun producteur externe – ne change pas : ce qui change, ou plutôt ce qu’ajoute la représentation du pronom atone du même rang que la personne intraverbale est la

focalisation du procès sur cette entité, impliquée dans la totalité de l’opération. Elle constitue le point d’application de l’accès à sa propre existence. Le MOTEUR, qui est en même temps

l’ENTITÉ AFFECTÉE 1, survient, se manifeste – dans ce cas particulier, dans la sphère d’un

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