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L E SENS RÉFLÉCH

Dans le document Le verbe espagnol dar : approche sémantique (Page 180-185)

1.1 Signifié et syntaxe : le rôle du contexte

1.3. Capacités combinatoires de dar

1.3.6. L’ ACCEPTION ‘ SURVENIR ’

1.3.8.1. L E SENS RÉFLÉCHI / RÉCIPROQUE

1.3.8.1.1. L E SENS RÉFLÉCH

On examinera dans le même groupe les énoncés traditionnellement considérés comme « réfléchis » et ceux qui véhiculent un sens « réciproque », dans la mesure où, dans un cas comme dans l’autre, ils rendent compte d’une situation dans laquelle un ou plusieurs êtres empiriques réalisent une activité dont ils reçoivent, simultanément, le résultat. La valeur « réfléchie » de la structure pronominale s’explique en général comme s’appliquant à une action qui émane du sujet et lui fait retour. Dans ce type de structures dar fonctionne comme un verbe de « don », quelles que soient les variations discursives que l’on observe dans les énoncés :

(260) Sí, señora, trabajo como una mula. Pero me di el gusto de exponer mis cuadros, y estoy contento aunque no haya vendido ninguno.

Alicia Steinberg, Su espíritu inocente, Argentina, 1981, CREA.

L’objet du don renvoie à une entité abstraite, gusto, et le sens de la tournure serait l’équivalent de ‘se faire plaisir’. Lorsque l’objet du don est une entité du type animé, la tournure sert à évoquer l’idée de ‘s’ouvrir à quelqu’un’ :

228 María Soledad Sicot-Domínguez, 2006b 229 Id., 2006a.

(261) Don Ignacio Zuloaga no es un gran conversador. El dice a veces, y es verdad, que es un tímido. Tiene esa timidez que muchos -los que juzgan de primera impresión y superficialmente- confunden con el orgullo. No es un hombre que se da a los demás; no es orgulloso, es avaro de su intimidad.

Antonio Díaz Cañabate, Historia de una tertulia, España, 1952, CORDE,

ou encore ‘s’engager dans une activité de manière constante’, s’adonner, dans ce fragment, à l’alcool et à l’oisiveté :

(262) Y resultó, andando el tiempo, lo anunciado en el Cabildo de Arriba; no, a mi entender, porque la novia fuera del de Abajo, sino porque realmente no era buena "de por suyo", y se dio a la bebida y a la holganza, hasta que el pobre marido, cargado de pesadumbres y de miseria, se fue al otro mundo de la noche a la mañana, dejando en éste una viuda sin pizca de vergüenza, y un hijo de dos años.

José María Pereda, Sotileza, España, 1888, CORDE,

ou bien à la lecture :

(263) Y para asombro de todos, empezando por el benedictino, en sus horas de convalecencia y en sus paseos por el patio de los calabozos de hombre, se dio a la lectura de un libro inesperado en él: La guía de pecadores, de Fray Luis de Granada.

José Manuel Fajardo, La epopeya de los locos, España, 1990, CREA.

Le sens réfléchi est aussi véhiculé au moyen de la périphrase avec l’infinitif décrite dans le sous-chapitre sur dar suivi de la préposition a. Dans les deux énoncés suivants, la structure pronominale fait partie d’une combinatoire phrastique qui sert à modaliser la réalisation d’une opération dont les éléments contextuels peuvent suggérer la précipitation :

(264) Sofía, presa de terror, deshecha en sollozos, estaba acurrucada en un diván. Ya había un palmo de agua a su alrededor. Víctor la tomó en brazos y, subiéndola a su cuarto, la arrojó sobre la cama: "No se mueva de aquí. Voy por los muebles". Y se dio a correr de arriba abajo y de abajo arriba, trayendo tapices, paravanes, taburetes, sillas, y cuanto podía rescatarse.

Alejo Carpentier, El siglo de las luces, Cuba, 1962, CORDE,

l’application:

(265) Dormí muy bien en la cama de su majestad la reina y, al día siguiente, nos dimos a visitar otros castillos convertidos en museos y casas de reposo o vacaciones.

l’insistance ou l’acharnement :

(266) Más de mil ardieron en los diez años siguientes, y tal era la maña que a quemar hombres se daban aquellos varones de Dios, que la cibdad se despobló casi enteramente, y los benditos no hallaron medio más alertado para que volviesen los prófugos profanos, que el darse a perseguir a los que se hervían refugiado en los pueblos cortos, por huir de su encendido zelo.

Augusto Roa Bastos, Vigilia del Almirante, Paraguay, 1992, CREA.

Dans l’emploi suivant, l’être auquel renvoient la personne intraverbale et le pronom atone est aussi l’être affecté par l’opération désignée par l’infinitif :

(267) […] era necesario que hablasen para organizar quizás algún acto o planear diferentes visitas oficiales o científicas con las que pudieran aprovechar debidamente el último día de Suecia. Rasines, con sus numerosas amistades, tendría ocasión para que un

matemático tan eminente cual su querido colega Espejo se diera a conocer en Escandinavia como merecía.

José Luis Sampedro, Congreso en Estocolmo, 1952, España, CORDE.

Dar sert aussi à exprimer l’action d’asséner des coups.230 Avec la structure pronominale, le même être empirique est le donneur et le destinataire de l’opération :

(268) El globo comenzó a figurar en el sueño como si fuese mi propia cabeza que quería darse coscorrones con el techo.

Ramón Gómez de la Serna, Automoribundia, España, 1946, CORDE. (269) - ¿A que tú no te tiras de arriba? -me dijo un chico.

A que sí.

Efectivamente: subí, me tiré y, al caer y al doblar las piernas, me di con una rodilla en el ojo, y estuve bastantes días malo.

Pío Baroja, Desde la última vuelta del camino. Memorias, España, 1944-1949, CORDE.

Suivi d’un substantif, dar peut servir à exprimer une manière de faire :

(270) - Si no nos damos prisa, nos va a pillar una buena -dije.

- Todavía no. Esas nubes tienen cara de noche, de magulladura. Son de las que esperan. Carlos Ruiz Zafón, La sombra del viento, España, 2001, CREA.

Comme on l’a précisé précédemment, lorsque dar est actualisé dans le discours, il peut révéler un, deux ou trois des actants de l’opération – MOTEUR, ENTITÉ AFFECTÉE 1 et ENTITÉ AFFECTÉE 2. L’analyse de ces occurrences pronominales de dar permet d’assigner au pronom

atone deux postes différents. Dans les énoncés 261 à 267, le pronom atone instancie l’ENTITÉ AFFECTÉE 1. Voici le schéma qui représente l’instanciation de l’énoncé 261, No es un hombre

que se da a los demás:

UN HOMBRE (M)→SE (EA1)→LOS DEMÁS (EA2)

Figure 50 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 261 : « NO ES UN HOMBRE QUE SE DA A LOS DEMÁS ».

Quant à l’ENTITÉ AFFECTÉE 2, elle peut se manifester sous une forme nominale, comme

illustré dans les énoncés 261 à 263 :

[U]n hombre que se da a los demás [S]e dio a la bebida y a la holganza

[S]e dio a la lectura de un libro inesperado en él

ou d’une forme quasi nominale, comme dans les exemples 264 et 265 :

Y se dio a correr de arriba a abajo [N]os dimos a visitar otros castillos

Or, le pronom argumente l’ENTITÉ AFFECTÉE 2 dans les énoncés 260 et 268 à 270 :

[M]e di el gusto de exponer mis cuadros

[M]i propia cabeza que quería darse coscorrones con el techo [M] e di con una rodilla en el ojo

Si no nos damos prisa, nos va a pillar una buena

L’instanciation des postes dans l’énoncé 260, Pero me di el gusto de exponer mis

cuadros, peut être schématisée de la façon suivante :

1ÈRE

PERSONNE SIMPLE INTRAVERBALE (M)→EL GUSTO DE EXPONER MIS CUADROS (EA1)→ME

(EA2)

Figure 51 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 260 : « PERO ME DI EL GUSTO DE EXPONER MIS CUADROS ».

Dans l’exemple 269, me di con una rodilla en el ojo, l’ENTITÉ AFFECTÉE 1, soit le

« coup » infligé, n’est pas actualisé – quoique récupérable contextuellement, un golpe :

1ÈRE

PERSONNE SIMPLE INTRAVERBALE (M)→Ø (EA1) →ME (EA2)

Figure 52 : INSTANCIATION DES POSTES DE L’EXEMPLE 269 : « [M]E DI CON UNA RODILLA EN EL OJO ».

La référence à l’instrument avec lequel s’effectue l’opération d’existence de dar, una

rodilla, est suffisante pour apporter la notion d’un coup asséné.

On a signalé que, d’après la théorie explicative de María Soledad Sicot-Domínguez, la structure pronominale permet d’envisager l’effection du procès dans son point d’application. La double évocation d’une seule et même personne ordinale dans le sujet intraverbal de dar et dans le pronom atone soulignerait l’image de clôture de la déclaration d’existence et l’indication que l’être auquel ils renvoient est affecté par l’opération. En somme, la structure pronominale focalise l’attention sur le locuteur représenté par le pronom me dans l’exemple 260 me di el gusto de exponer mis cuadros ; c’est le « destinataire », ENTITÉ AFFECTÉE 2, qui

constitue le point d’application de l’opération d’existence véhiculée par le verbe dar. Dans le sens que véhicule la combinatoire phrastique se da a los demás dans l’énoncé 261, c’est sur l’être délocuté auquel renvoie le « donné », ENTITÉ AFFECTÉE 1, que se focalise la prédication.

Dans les deux cas, la notion de clôture ou fermeture que suggère le pronominal permet, dans le discours, d’évoquer ce sens « réfléchi » d’un procès dans lequel un être empirique réalise une activité dont il reçoit simultanément le résultat.

En somme, dans les énoncés de sens réfléchi, l’être d’expérience représenté par le pronom atone peut être soit l’ENTITÉ AFFECTÉE 1 (se da a los demás) soit l’ENTITÉ AFFECTÉE

2 (mi propia cabeza [...] quería darse coscorrones). Dans tous le cas, il est référentiellement identique à celui qui se trouve représenté dans la personne verbale. Il peut s’agir d’êtres humains, comme dans no es un hombre que se da a los demás, mais également d’êtres inanimés, comme mi propia cabeza dans mi propia cabeza [...] quería darse coscorrones, puisque l’ENTITÉ AFFECTÉE 1 – le « donné » – peut rester implicite lorsqu’on évoque

l’instrument capable de le produire.

Quant à l’apport de dar dans ces emplois réfléchis, il contribue à évoquer l’accès à

l’existence d’une entité dans la sphère d’une autre entité. Dans des combinatoires du type se da a la lectura/a correr, l’accès d’un être – représenté par le pronom atone – à une activité

implique la réalisation de cette activité. De même que, dans le cas de mi propia cabeza quería

darse coscorrones, le verbe dar signifie l’accès à l’existence d’une entité – en l’occurrence coscorrones – dans la sphère d’une autre entité, mi propia cabeza. Cet être représenté par le

pronom atone est référentiellement identique à mi propia cabeza.

Dans le document Le verbe espagnol dar : approche sémantique (Page 180-185)