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Une répartition inégale du tourisme sur le territoire :

Dans le document et développement durable en France (Page 112-116)

La concentration spatiale du tourisme est en France forte et relativement stable en longue période. Emma Delfau, sous-directrice du Tourisme, la résumait d’une formule en audition : « 20 % du territoire accueille 80 % des flux touristiques »135.

Cette concentration spatiale est d’autant plus marquée que l’échelle observée est petite.

La DGE (ex-DGCIS) établit chaque année à partir des résultats de l’enquête SDT une carte départementale des destinations touristiques des personnes résidentes âgées de plus de quinze ans.

133 Étude de l’observatoire du tourisme de Champagne Ardenne « Le repas gastronomique des Français : Une nouvelle opportunité de valorisation des territoires », 2012. Cette huitième catégorie a été ajoutée dans le présent rapport aux sept catégories définies par l’étude Rester leader mondial du tourisme : un enjeu vital pour la France.

134 Étude Rester le leader mondial du tourisme : un enjeu vital pour la France, Institut Montaigne et CCIP, op.cit. p. 18.

135 Audition d’Emma Delfau, sous-directrice du Tourisme, DGE (EX-DGCIS), devant la section, p. 3.

Carte 1 : Voyage pour motifs personnels : répartition des nuitées selon le département de destination en 2012

Source : Memento du tourisme édition 2013.

Cette carte met notamment en exergue la prééminence, quant à l’attractivité touristique, des départements littoraux, en particulier de l’Atlantique et de la Méditerranée, ainsi que des montagnes, et surtout des deux départements alpins, Savoie et Haute-Savoie, où sont concentrés les trois-quarts des équipements en remontées mécaniques de France.

Comme le faisait observer Philippe Violier lors de son audition, il s’agit en quelque sorte d’une revanche de l’histoire engendrée par le tourisme, car en 1860, ces départements littoraux et montagnards étaient confrontés à un très fort exode rural. S’y ajoutent Paris et plusieurs capitales régionales, ainsi que la vallée de la Loire, la Dordogne et l’Alsace.

Une comparaison avec des cartes établies par l’INSEE dans les années soixante-dix montre une stabilité forte en la matière, à l’exception notable du développement touristique du Languedoc-Roussillon, favorisé par la création dans cette région, dans les années soixante, de sept stations touristiques dans le cadre de la Mission interministérielle d’Aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon. Selon Philippe Violier, l’explication principale de cette inertie tient à ce que la mer chaude demeure, depuis les années 1920, la principale destination estivale des touristes Européens.

D’autres opérations intervenues hors des zones littorales ont toutefois marqué, à plus petite échelle, des évolutions importantes, notamment la création de parcs de loisirs, tels Disneyland Paris ou le parc Astérix, ou, en province, du Futuroscope ou du Puy-du-Fou.

Outre la qualité intrinsèque de ces projets et le dynamisme des acteurs qui les ont porté, une partie de leur succès s’explique par leur situation géographique (à proximité de l’agglomération parisienne pour les trois premiers exemples cités, ou du littoral Atlantique, zone touristique importante, dans le cas du Puy-du-Fou) et/ou par la qualité de leur desserte (proximité de voies autoroutières et/ou d’un arrêt TGV). La proximité de territoires densément peuplés dans les régions voisines de France, d’Allemagne, de Suisse et d’Italie (la « banane bleue »), a de même favorisé le développement du tourisme des départements savoyards.

Mesurée à une échelle plus réduite, la concentration est encore plus forte. Selon l’étude déjà citée menée à partir de l’enquête Sdt sur la mobilité touristique des résidents de début 2005 à fin 2008, sur les 36 570 communes que compte la France, 98 (soit 0,3 %) réceptionnent 25 % des voyages réalisés depuis la métropole, et 402 communes (soit 1,1 % des communes) en réceptionnent 50 %. Une part de cette concentration est liée à la taille et à la population des communes considérées, la probabilité d’avoir de la famille ou des amis étant plus forte quand la commune en question est plus grande et plus peuplée. Mais l’étude montre que le caractère touristique de la commune joue un rôle important dans cette attractivité. Au moment de l’enquête, 518 communes (soit 1,4 % des communes où résident 13,8 % de la population française) étaient classées « communes touristiques » par l’administration136. Ces 518 communes réceptionnent 27 % des voyages touristiques, tandis que celles qui leur sont distantes de moins de 5 km, représentant pour leur part 16 % des communes, réceptionnant 21 % des voyages. Moins de 18 % des communes captent donc près de la moitié des voyages touristiques137.

Le tourisme des non-résidents est encore plus concentré sur le plan géographique, ceux-ci centrant leurs visites surtout sur l’agglomération parisienne, ainsi que sur la Côte- d’Azur, les Alpes, la Vallée-de-la-Loire, et la Normandie (Mont-Saint-Michel et plages du Débarquement). Elle peut être appréhendée sur le plan statistique au niveau des régions administratives, à travers deux enquêtes de fréquentation produites par l’INSEE, portant sur l’hôtellerie de tourisme (EFH) et sur les campings (hôtellerie de plein air : EFHPA).

Pour les hôtels, l’Île-de-France concentre à elle seule plus de la moitié (52 % en 2012) des nuitées des non-résidents. C’est aussi la seule région où les nuitées hôtelières des non-résidents l’emportent sur celles des résidents. Se détachent ensuite les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Rhône-Alpes, avec respectivement 12 % et près de 7  % des nuitées hôtelières des non-résidents, dont ces trois régions totalisent ensemble donc plus de 70 %. Ces trois mêmes régions administratives se détachent aussi, mais à un moindre degré, quant aux nuitées hôtelières des résidents (près de 25 % pour la seule Île-de-France et 45 % du total à elles trois)138.

136 La classification exploitée pour cette étude est antérieure à la loi de 2006 qui a modifié le régime des communes touristiques.

137 Cf. Article « Un nouveau regard sur la mobilité touristique des Français », in Revue Transports n°483, op. cit. p.

32. Ces observations portent sur les lieux où l’on dort (séjour pour motif personnel d’au moins une nuitée dans la commune concernée).

138 Cf Memento du Tourisme Edition 2013, p. 72 et 78.

Tableau 6 : Hôtellerie de tourisme en France : arrivées, nuitées selon la région fréquentée en 2012

Total (en milliers)

Français Etrangers % Rang Total

(en milliers)

Français Etrangers % Rang

Alsace 3 693 2 319 1 375 3,4 10 6 204 3 793 2 411 3,1 8 -0,8

Aquitaine 4 861 4 150 711 4,5 4 8 492 7 113 1 379 4,3 5 -3,5

Auvergne 2 196 1 970 226 2,0 16 3 478 3 122 356 1,8 16 0,1

Bourgogne 3 533 2 423 1 110 3,2 12 4 830 3 376 1 453 2,4 12 -1,5

Bretagne 4 001 3 499 502 3,7 7 6 798 5 786 1 012 3,4 7 -0,8

Centre 3 988 3 090 899 3,7 8 5 723 4 424 1 299 2,9 10 1,2

Champagne-Ardenne 1 965 1 421 544 1,8 17 2 798 2 070 728 1,4 19 1,4

Corse 1 267 981 286 1,2 20 2 824 2 098 726 1,4 18 -1,9

Franche-Comté 1 240 1 054 187 1,1 21 1 851 1 574 277 0,9 21 -5,9

Ile-de-France 32 674 18 345 14 329 30,0 1 68 296 32 042 36 253 34,4 1 0,3

Languedoc-Roussillon 4 334 3 544 790 4,0 6 7 436 6 005 1 431 3,7 6 -1,3

Limousin 943 850 93 0,9 22 1 296 1 169 127 0,7 22 -1,2

Lorraine 2 251 1 792 459 2,1 15 3 601 2 849 752 1,8 15 -1,2

Midi-Pyrénées 4 650 3 564 1 086 4,3 5 8 592 6 046 2 546 4,3 4 0,4

Nord-Pas-de-Calais 3 672 2 739 932 3,4 11 5 641 4 220 1 421 2,8 11 0,2

Basse-Normandie 2 848 2 272 576 2,6 13 4 613 3 567 1 046 2,3 13 -1,8

Haute-Normandie 1 815 1 483 331 1,7 18 2 859 2 278 580 1,4 17 0,6

Pays-de-la-Loire 3 837 3 498 339 3,5 9 6 137 5 483 654 3,1 9 0,2

Picardie 1 687 1 359 328 1,6 19 2 548 2 048 500 1,3 20 -0,8

Poitou-Charentes 2 841 2 588 253 2,6 14 4 575 4 118 458 2,3 14 0,6

Provence-Alpes-Côte d'Azur 10 527 7 099 3 428 9,7 2 21 736 13 363 8 373 11,0 2 2,2

Rhônes-Alpes 9 931 7 784 2 147 9,1 3 18 078 13 488 4 590 9,1 3 0,2

Total 108 754 77 823 30 931 100,0 198 406 130 033 68 373 100,0 0,0

Région

Arrivées Nuitées Evolution

2012/2011 des nuitées totales (en %)

Source : Mémento du tourisme 2013.

Concernant les hébergements de plein-air (camping), la concentration des nuitées est moindre et le classement différent : au nombre des nuitées des non-résidents, PACA devance de peu le Languedoc-Roussillon, puis l’Aquitaine et Rhône-Alpes, ces quatre régions totalisant 55 % des nuitées.

Pour les nuitées de campings des résidents, le Languedoc-Roussillon précède l’Aquitaine, puis PACA et les Pays-de-la-Loire (57 % à elles quatre).

Tableau 7 : Hôtellerie de plein air en France métropolitaine : arrivées, nuitées

Champagne-Ardenne 314 80 234 1,6 18 691 260 431 0,7 21 2,5

Corse 674 425 249 3,4 9 3 471 2 203 1 268 3,3 9 0,3

Franche-Comté 334 146 188 1,7 15 1 355 561 794 1,3 14 6,8

Ile-de-France 552 194 358 2,8 12 1 469 407 1 062 1,4 13 10,3

Languedoc-Roussillon 2 666 1 892 774 13,5 1 18 782 13 003 5 779 17,8 1 -0,4

Limousin 209 141 68 1,1 21 848 537 311 0,8 19 -0,8

Lorraine 320 100 220 1,6 17 852 370 482 0,8 18 6,6

Midi-Pyrénées 874 623 251 4,4 8 4 503 3 148 1 355 4,3 8 1,0

Nord-Pas-de-Calais 261 116 146 1,3 20 759 455 314 0,7 20 -0,7

Basse-Normandie 583 334 248 3,0 11 2 413 1 469 944 2,3 10 -7,9

Haute-Normandie 198 89 109 1,0 22 550 299 250 0,5 22 -5,5

Pays-de-la-Loire 1 673 1 369 304 8,5 5 10 050 8 069 1 981 9,5 4 -4,4

Picardie 330 137 193 1,7 16 1 084 505 580 1,0 16 -1,8

Poitou-Charentes 1 114 910 205 5,7 7 6 762 5 585 1 177 6,4 7 -2,0

Provence-Alpes-Côte d'Azur 2 215 1 322 893 11,3 3 14 681 8 857 5 824 13,9 2 0,3

Rhônes-Alpes 1 743 1 012 730 8,9 4 8 935 4 954 3 981 8,5 5 2,9

Une concentration des sites les plus visités et d’autres types

Dans le document et développement durable en France (Page 112-116)

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