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Introduction : du marécage à la résidence

Chapitre 1. Des zonages d’État qui viennent reconfigurer le vivre à lattes : le basculement des années soixante

1.1. Une petite bourgade agricole à proximité des étangs

En 1960, la ville comptait 1 600 habitants répartis dans les mas agricoles disséminés sur les 27,8 km2 du territoire communal étendu. Au regroupement humain du Moyen-Âge derrière les murs du port, s’est lentement substitué un habitat dispersé. L’abandon progressif du village s’est opéré par la disparition progressive de la petite paysannerie au profit de grands domaines. Du cœur historique de ce village ne demeure plus guère de traces aujourd’hui. Cette absence de cœur historique contribue à expliquer une impression de prime abord de « ville sortie de rien », sans histoire. La première fois que je me suis rendue à Lattes pour un repérage des possibilités de logement, accompagnée de mes encadrants de thèse, nous avons cherché, en vain, le cœur de la ville. Habituée aux formes classiques de constructions des villes du sud de la France, je cherchais une place centrale que je ne trouvai point. Et pour cause : la vie locale du milieu du siècle dernier était répartie dans les différents mas agricoles sans qu’un centre bâti ne la fédère vraiment. Les habitants, en tant que propriétaires ou travailleurs agricoles (principalement des immigrés italiens et des réfugiés espagnols) répondaient aux besoins en produits frais que le développement de la ville voisine de Montpellier avait créés.

Figure 7: Carte de la commune de Lattes avec répartition des mas [Source : DRAC, 2004].

59 Le développement de la ville de Montpellier a créé une aubaine pour les travailleurs immigrés ainsi que pour quelques familles de laitiers des zones montagneuses situées en amont (principalement de l’Aveyron) qui vivaient difficilement de leur production dans ces zones rurales. Ces familles se sont installées dans la zone des marais avec leurs bétails pour le potentiel en prairies offerts par ces terres. Des personnes interrogées témoignent de cet ancrage familial dans la commune :

« Mon arrière arrière grand-père comme beaucoup de gens, de jeunes gens habitant des pays de montagne, il est venu de l’Aveyron pour créer une laiterie sur Montpellier. Ces villes comme Montpellier elles étaient déjà, avec beaucoup d’habitants mais elles grandissaient quand même, moins rapidement qu’à l’heure actuelle, moins rapidement que ces dernières décennies mais elles grandissaient, et il y avait un besoin de lait qui s’imposait. Et comme le lait n’était pas un produit qui se conservait, il fallait que le lait soit produit sur place, alors donc cela a développé les laitiers […] C’était de l’activité familiale vous voyez […] Il y avait ce que l’on appelle le périmètre maraîcher et le périmètre laitier… C’était dépendant de la vie de la ville. Donc c’était la ceinture maraîchère dans les villages voisins de la ville de Montpellier, et la ceinture laitière c’était voisin aussi de la ville, mais voisin dans les territoires propices à la laiterie. C'est-à-dire que l’on faisait peu de lait au Crès parce qu’il n’y avait pas de prairie. Et à Lattes, ils étaient nombreux, il y avait beaucoup de laiterie. Pourquoi ? Parce que le terrain était propice à la nourriture du bétail. C’était des prairies et des très riches prairies à Lattes parce qu’elles étaient… euh… irrigable par le Lez.» [Monsieur Bourbieron, habitant natif, environ 85 ans, famille lattoise depuis sept générations.]

Tous vivaient de l’agriculture (principalement : élevage, maraîchage, petite viticulture, et arboriculture) à l’exception du tenancier du café et de quelques agents municipaux. Il n’y avait pas de commerce dans le centre du bourg : toute la vie économique se jouait en amont, à Montpellier, où l’on se rendait pour vendre ses produits et faire ses achats. Lattes faisait figure de monde rural vis-à-vis d’un monde urbain proche. La dépendance de Lattes à la ville y était alors double : pour y vendre sa production et pour s’approvisionner en biens que l’on ne produisait pas.

« À Lattes centre il n’y avait rien. À Lattes centre, comme dans tous les petits villages à ce moment là il y avait les cafés. Il y avait le café de la mairie qui était le café juste en face de la mairie, qui existe encore, et puis il y avait celui que l’on appelle le café Boutonnet, qui est là-bas, devant ce que l’on est en train de démolir, là… C’était le café de la gare. […] [Au centre de Lattes] il y avait juste des cafés et pour les courses on allait sur Montpellier. Ou bien c’était les courses que l’on faisait quand les maraîchers montaient leurs légumes au marché de Montpellier ou bien quand les laitiers allaient vendre leur lait, ils en profitaient pour acheter leur pain et leurs besoins, quoi. »

[Monsieur Bourbieron, habitant natif, environ 85 ans, famille lattoise depuis sept générations.]

Lattes, fortement dépendante de la ville amont, apparaît comme un centre de deuxième ordre vis-à-vis du centre urbain principal de Montpellier. Les centres urbains maximisaient leur pouvoir de contrôle sur des territoires plus vastes, telle une délégation de pouvoir pour mieux couvrir le marché selon leurs intérêts. Les ressources rurales y étaient appropriées par la ville et constituaient par là même les sources de la richesse des villes (Hannerz, 1983: p.128).

60 Terres agricoles peu habitées, à proximité des étangs et donc des moustiques, la terre de Lattes était réservée à ceux qui la travaillaient. L’organisation de la vie locale était alors fortement dépendante du milieu, où les alluvions déposées par les inondations offraient les potentialités pour la production agricole ainsi qu’en témoignent un habitant de la commune.

« À partir du Moyen-Âge jusqu’aux années 1960, 1970, finalement, euh… Vous avez une gestion qui est tout à fait intéressante, si vous voulez : les plaines inondables servent à faire de la pâture pour les vaches qui font du lait, pour nourrir Montpellier en fait, et quand il y a des crues en fait, les digues sont basses donc les crues sont quand même canalisées, les crues n’arrivent pas tout à fait et après cela sert à faire de la fertilisation, les alluvions, tout ça. Alors, en plus, à cette époque là il y avait des chevaux partout […] Donc vous avez un afflux d’eau qui est en même temps chargé de bonnes choses. Et après, les prés étaient magnifiques, et c’est un record dans les coupes de foin. […] Et donc il y a des prés à perte de vue avec des jonquilles, et d’ailleurs l’état d’esprit des Montpelliérains c’est de venir cueillir des fleurs à Lattes, c’est révélateur. Le petit train de Palavas s’arrêtait, les Montpelliérains descendaient et faisaient des brassées de jonquilles, de narcisses. »

[Monsieur Gangean, environ 50 ans, agriculteur, passionné d’histoire locale.]

Les seuls « étrangers » qui traversaient cette plaine agricole étaient les citadins, souvent montpelliérains, empruntant « le petit train » qui existait alors pour se rendre à la mer. « Le petit train » est le nom donné par ceux qui l’ont connu au train qui reliait Montpellier à Palavas-les-Flots (village voisin de pêcheur et station balnéaire situé au sud de la commune de Lattes) ; une des six lignes de la Compagnie des chemins de fer d'intérêt local du département de l'Hérault. Cette ligne fonctionna de mai 1872 à octobre 1968. Les bains de mer, prisés des Montpelliérains dès le XIXe siècle ont motivé sa création quand l'accès à Palavas depuis Montpellier n’était possible que par une petite route de terre, boueuse et inondable par temps de pluie, sans ombre en été. La fermeture de cette ligne s’explique par l’avènement de l’automobile. Mais, très appréciée des locaux, elle fut la dernière du département à fermer. Les arrêts sur la plaine y étaient rares et brefs et se limitaient principalement au printemps, saison où fleurissaient des étendues de jonquilles sur la terre fertile.

D

ans cette période Lattes nous apparaît à l’image d’un village rural. Peuplé d’une petite communauté aux ancrages familiaux forts, la vie locale se rythmait par celle de l’eau et des alluvions de l’inondation, indispensables à la vocation agricole du milieu. Deux projets d’État vont alors être source de bouleversements et changer considérablement, en quelques années, ce paysage lattois.

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1.2. La fin des moustiques, le début des lotissements

Dans un contexte de reconstruction d’après guerre et d’après décolonisation69 l’État centralisé veut redynamiser les régions françaises oubliées de la modernité (Rabinow, 2003). Nous retrouvons à Lattes les traces de cette volonté alors très forte du l’État pour aménager le territoire (Pasquier, 2012). La Délégation à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar) définit alors les orientations de développement pour les différentes régions provinciales jugées pas ou peu développées. Ainsi, dans le cadre d’une mission interministérielle d’aménagement du territoire, la mission Racine70, la région Languedoc-Roussillon est définie comme devant se destiner au tourisme. L’enjeu était alors d’arrêter le flux des nouveaux vacanciers français et nord européens vers la Costa Brava espagnole pour qu’ils séjournent ici durant leurs congés payés. Il s’agissait parallèlement de maîtriser le foncier pour éviter un éventuel bétonnage abusif pour des intérêts privés et de maintenir un intérêt paysager, en petite Camargue, aux portes de la plus grande zone humide de France. De grandes cités touristiques sont imaginées, dessinées puis planifiée (Carnon, La Grande-Motte). Leur développement nécessite un travail d’assainissement de la région alors couverte de marais et envahie par les moustiques. Une grande campagne de démoustication permit de dominer cette nature inhospitalière. Le chef de l’administration de la mission Racine, Edgar Pisani, né de l’autre côté de la Méditerranée fît appel à des ingénieurs d’État. Fort des tests réalisés auparavant dans les colonies françaises (Mitchell, 2002), ces derniers arrosèrent très

largement la zone de DDT71

L’usage massif du DDT sur la plaine vint opérer un changement important dans le façonnage local du milieu par l’Homme. Les effets néfastes d’un point de vue environnemental sont rapidement ressentis par les habitants agriculteurs. Plusieurs témoignent aujourd’hui du bouleversement opéré par cette campagne de démoustication. Dans leurs propos se donnent à voir alors non seulement les réticences vis-à-vis de l’impact sur l’environnement qu’ils y voyaient, mais aussi, peut-être même surtout, un regret de la perte du vivant engendré au nom du développement. Des visions opposées de ce que doit être la nature et la société s’affrontent . Lattes n’est pas directement concernée par les projets d’aménagements à vocation touristique, car située plus en retrait du littoral, mais la démoustication concerne les étangs qui bordent la ville… Et cette donnée va changer considérablement les choses en matière de possibilité de développement.

69 Dès 1954 pour le Cambodge et le Laos. 1956 pour le retrait en Tunisie, Maroc et Inde. 1958 pour la Guinée. 1960 pour : Dahomey (Bénin), Côte d'Ivoire, Haute-Volta (Burkina Faso), Mauritanie, Niger, Sénégal, Soudan, Congo, Gabon, Oubangui-Chari (Centrafrique), Tchad, Togo, Cameroun, Madagascar. 1962 pour l’Algérie (après 8 ans de guerre d’indépendance).

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Administration de mission à vocation interministérielle, la Datar, service du premier ministre, prépare, impulse et coordonne les politiques d'aménagement du territoire menées par l'État et accompagne les mutations économiques en privilégiant une approche offensive de la compétitivité. (Source : http://territoires.gouv.fr/la-datar; consulté le 2 avril 2012) La mission interministérielle d’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon, dite « Mission Racine », a, de 1963 à 1983, créé les conditions du développement des activités touristiques et de la protection des espaces naturels sur les 240 km de côtes qui vont du petit Rhône à la frontière espagnole.

Source : http://www.languedoc-roussillon.pref.gouv.fr/actions/missionlittoral/presentation.shtm; consulté le 2 avril 2012. 71

Le DDT pour Dichlorodiphényltrichloroéthane, est le premier insecticide moderne utilisé à partir de la Seconde Guerre mondiale militairement ou civilement pour la lutte contre les moustiques.

62 alors (Ingold, 2006). Avec nostalgie se mettent en mots le sacrifice que certains ont vu dans la transition de leur milieu de vie auquel ils étaient attachés, avec tous les individus qui le peuplaient, quand bien même furent-ils piquants.

« La démoustication, elle est arrivée en même temps que le projet de la Grande-Motte vous voyez. Moi personnellement je me disais : « Ils ne pourront pas les achever : ce n’est pas possible ! […] On n’y a pas fait tout de même que du bien ! Parce que le seul animal qui vivait sur la commune c’était l’Homme, même les chevaux ils en crevaient ! Les deux chevaux de mon grand-père sont morts de la démoustication ! Parce qu’ils arrivaient en hélicoptère avec des citernes pleines de DDT et on vous disait, on disait aux ménagères : « Ouvrez votre porte et mettez de l’eau avec du produit et surtout ne la jetez pas ! Écoutez, il n’y avait plus un seul oiseau, il n’y avait plus d’hirondelles, il n’y avait plus rien ! Il n’y avait qu’un animal qui a survécu : c’est l’Homme ! Je me demande même comment on a survécu car cela a duré des années ! Cela a duré jusqu’à ce qu’ils en aient supprimé l’utilisation72

Cette campagne de démoustication va créer localement une opportunité de transition des conditions de valorisation. La zone marécageuse et insalubre peut désormais devenir vivable pour d’autres personnes que des agriculteurs à la peau dure. La valorisation agricole locale, de plus en plus concurrencée, va laisser place à une valorisation foncière plus lucrative. Les premiers projets de lotissements résidentiels sortiront des cartons peu de temps après le succès de la démoustication, parallèlement à l’édification des cités balnéaires proches. Un notable de Montpellier vit en premier la possibilité d’accumulation que cette décision d’État offrait à Lattes. La plaine agricole, désormais démoustiquée, pouvait changer de vocation et offrir des zones de logement à proximité de la grande ville et de la mer, dans une région où la demande de logement était en constante augmentation. Pour les agriculteurs propriétaires des terres cette pression foncière augmentant sur la région constituait une opportunité financière, notamment pour les terres plantées de vignes dans un contexte de déprise française du vin de table. Dans une lecture « agricole » de l’espace, une famille de viticulteurs, dont le fils venait tout juste d’hériter du père, vendit ses parcelles de terrain les plus basses, le vin de sable étant encore moins valorisable que le vin de coteau, agissant de manière cohérente compte tenu des contraintes d’alors (Coenen-Huther, 2010

… »

[Monsieur Bourbieron, habitant natif, environ 85 ans, famille lattoise depuis sept générations.]

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72 L’usage du DDT n’excèdera cependant pas une dizaine d’année puisque le droit français en interdit l’usage sur tout le territoire en 1972.

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Coenen Huther propose le terme de cohérence plutôt que celui de rationalité pour l’action, permettant de souligner le caractère toujours située de celle-ci. Coenen-Huther J. (2010) « Les sociologues et le postulat de rationalité », Revue européenne des sciences sociales, XLVIII, 145, pp. 5-16.

, cité par Ducret, 2010). Dans un contexte de développement urbain, la vente pour parcelles à bâtir devenait une aubaine économique quand les terres agricoles valorisées jusqu’alors pour leurs productions étaient de plus en plus concurrencées par des circuits plus larges. Le développement concomitant de l’industrie agroalimentaire et des filières de distributions de produits d’Espagne rendait la production locale de moins en moins compétitive. S’amorça ainsi la mutation d’un milieu agricole en zone urbaine, le début de la densification. En 1962 est déposée la première demande de

63 permis de construire pour la première tranche d’un lotissement, le lotissement des Filiès74

À ce moment là, le cadre législatif français en matière d’urbanisme et d’inondations n’était pas encore très contraignant. Une réglementation – qui se renforce au gré de chaque événement catastrophique depuis la crue de 1856 – existe mais n’est que peu efficace (Labbas, 2010). Les Plans de surfaces submersibles (PSS) ont ainsi été instaurés par un décret-loi de 1935 qui ne sera jamais traduit en prescription et qui n’a donc pas servi à maîtriser quelle qu’urbanisation qui soit en zone inondable. Une circulaire du 5 avril 1952 (n°34) permet à l’État d’interdire la construction dans certaines zones inondables reconnues comme à fort risque. Les possibilités d’interprétation restant larges, les exceptions permettent toujours l’autorisation de construction (Ledoux, 2006). Si en 1955 la tentative de maîtrise de l’occupation des sols est renouvelée avec la création des Périmètres de risque

. Le premier permis fut délivré (1962) et la première tranche du quartier vit le jour en 1963. Il y en eu 14 autres entre 1962 et 1975, soit approximativement une demande d’extension par an. Les surfaces variaient de 10 000 à 40 0000 m2, avec des parcelles de plus en plus petites au fil des ans et des prix au mètre carré grandissant. Ainsi s’est amorcée la transformation progressive de la petite bourgade agricole en zone pavillonnaire résidentielle qu’elle est devenue aujourd’hui. Des habitants témoignent de cette évolution foncière révélatrice de la transformation profonde du milieu.

« Voilà. Il y avait, attendez, c'était pire, parce qu’à l'époque pour un terrain en vente il y avait dix acheteurs. Il faut se rappeler de ça. […] Si vous voulez, là, là on a bénéficié d'une époque… Où… Où les villages périphériques sont devenus des villages dortoirs. Je me rappelle à Saint-Clément c'était un peu le cas, d'ailleurs. Eh bien… Voilà. Disons que… Le terrain ne valait pas le prix d'aujourd'hui si vous voulez. Aujourd'hui le terrain et il coûte plus cher que la maison. Si vous achetez un terrain, déjà miracle si vous en trouvez un, et si vous voulez acheter un terrain de trois ou 400 m sur Lattes, c'est-à-dire que vous aurez vos maisons jumelées, il va vous coûter plus cher que la maison que vous allez y mettre dessus. Parce que sur un terrain de 300 m² vous n'allez pas faire un château. Voilà. Alors qu'à l'époque… Le terrain ne valait que 10% de la maison que vous pouviez…

Et donc il y avait beaucoup de demandes ?

Ouf ! Ha oui…C'était… C'était ce qui servait d'arguments, en disant : il y a de la demande il faut libérer des terrains, voilà. »

[Monsieur Traditiona natif, habitant, environ 65 ans famille lattoise depuis quatre générations.]

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, cette réglementation resta très inégalement appliquée par les services de l’État et donc encore sans efficacité réelle76

Moi à ce moment là mon frère était en train de construire sur notre propriété, comme ça, avec une simple demande, il y avait un minimum de terrain exigé mais on pouvait construire

. Des habitants témoignent de la liberté d’alors laissée à la construction.

« Et à ce moment-là il n’y avait pas de plan d’aménagement du territoire. On construisait...

74 Se reporter à la figure n° 16 p 116 pour la localisation des quartiers de la ville. 75

Articles R111-2 et R111-3 du code de l’urbanisme. Voir annexe 1 pour détails. 76

Le travail de synthèse bibliographique de Meriem Labbas « Que connaît-on en France du lien entre risque inondation et foncier ? » a permis d’établir une chronologie complète depuis 1856 des textes de lois successifs réglementant l’urbanisation en zone inondable. Pour les détails sur cette évolution se référer à l’annexe 1.

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n’importe où et n’importe comment ! »

[Monsieur Bourbieron, habitant natif, 85 ans, famille lattoise depuis sept générations.] « Aujourd'hui, ils ne pourraient pas faire ce qu'ils ont fait, avec les contraintes à… D'abord les contraintes qu'exigerait la commune, parce qu’aujourd'hui on a un droit de regard… À l'époque… Dans les années 1960 vous faisiez un peu ce que… »

[Monsieur Traditiona, habitant natif, environ 65 ans, famille lattoise depuis quatre générations.]

En matière d’urbanisme, dans une époque où le bien fondé du développement économique n’était pas, ou peu remis en question, l'Administration jouit d'une grande liberté d'appréciation. Pendant les constructions parallèles des premiers lots du quartier, l’État a rédigé une circulaire77 sur le développement urbain en zone inondable qui déclarait qu’au-delà des zones inondables par les crues les plus fréquentes, l'inondabilité ne devait pas constituer un obstacle au développement urbain : le laisser-faire de l’Administration est d’autant plus important que l’absence de crues fortes en France contribuait alors à accroître la pression urbaine en zone inondable (Ledoux, 2006). La dissolution dans le temps de la mémoire des événements passés participe activement à expliquer le développement de l’urbanisation en zones inondables. Or, la dernière inondation ayant marquée les mémoires dans la région montpelliéraine remontait à 1933, soit à près de quarante ans et elle ne pesait

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