• Aucun résultat trouvé

Une « observation habitante » au cœur du dispositif de recherche au sein de l’équipe, dont le

5. Petit historique méthodologique d’un engagement dans le terrain

5.1. Une « observation habitante » au cœur du dispositif de recherche au sein de l’équipe, dont le

terrain d’étude, s’il était proche physiquement – et largement comparable au moins d’un point de vue climatologique, hydrologique et administratif – a fourni un éclairage comparatif contrasté (et ainsi très instructif) en termes de « socialisation des inondations ».

Cette première partie de la recherche n’a de valeur qu’en rapport avec l’intensité de la veille qui a été menée. L’information donnée ne peut-être pertinente que si l’observation a été soutenue, que s’il y a eu une véritable constance et assiduité dans la veille opérée sur le terrain. Je m’y suis efforcée autant que faire se peut ! Ainsi, il s'agit ici de questionner la méthodologie adoptée en décrivant ce qu'elle a eu de systématique et de particulier. Comme dans la majorité des travaux de tradition ethnologique, la posture de recherche adoptée s'est traduite par une installation sur le terrain et une immersion dans la vie locale. Comment mieux savoir ce qui circule entre les habitants qu'en devenant l'un de ces habitants ? Comment mieux observer la matérialité de la possibilité d'une inondation d'un milieu qu'en l'habitant soi-même ? Comment mieux questionner la transmission des savoirs sur les inondations qu'en se constituant nouveau-venu ?

Je me suis installée à Lattes en août 2008 et en ai déménagé à la même période 5 ans plus tard, alors que je rédigeais ce mémoire de thèse. La durée du travail de terrain, si on en exclut le temps consacré à la rédaction (où le suivi du terrain s’est fait plus lointain) et une interruption pour raisons personnelles35

33

J’ai ainsi pu échanger de manière soutenue avec des chercheurs en sciences sociales travaillant sur le risque inondation sur des terrains proches physiquement, notamment autour des travaux de thèse en sciences politiques de Joana Guerrin sur les politiques de gestion du risque inondation et la fabrication d’une politique publique locale sur le Rhône ; mais aussi sur des terrains éloignés, notamment par les échanges avec Jeanne Riaux, anthropologue travaillant sur les risques inondation et sécheresse en Tunisie. À ces échanges s’ajoutent encore ceux que j’ai pu avoir de manière soutenue avec des chercheurs travaillant sur d’autres type de risques liés à l’eau, et tout particulièrement ceux de Christelle Gramaglia sur l’habitabilité des sites pollués par l’industrie ; ou encore, adoptant un autre regard disciplinaire sur les inondations, je pense ici aux travaux de Pauline Bremond, Frédéric Grelot ou Guy Gleyses en économie sur la vulnérabilité économiques aux inondations.

34

Projet réunissant de nombreuses personnes de l’équipe mais aussi des chercheurs extérieurs, réalisé dans le cadre d’un programme Risque, Décision, Territoire (MEEDDM – ancien MEDDATT) : « Perception du risque et évaluation économique de l’exposition aux inondations » (Grelot, 2009) et offrant un regard croisé entre « deux contextes hydrologiques différents » : le bassin de la Vilaine et celui de la basse vallée de l’Orb. Sur ce dernier terrain, situé plus à l’ouest de Lattes dans l’Hérault, l’analyse sociologique été menée par l’encadrante Irstea de ce travail, Audrey-Richard Ferroudji. Les regards croisés sur ce deux terrain et celui de ma thèse ont notamment permit un travail sur l’écart de la publicisation locale des inondations : « Approche comparative des mécanismes de mise en (in)visibilité des inondations dans deux villes du sud de la France » (Durand and Richard-Ferroudji, 2012).

35

Je me suis extraite – sans pour autant quitter physiquement mon terrain puisque je demeurais alors habitante – de mon travail de recherche d’août 2012 à décembre 2012 pour la naissance de mon second enfant.

, fut de 4 ans. Pendant cette période, je me suis impliquée au travers de ma vie quotidienne dans la réalité sociale locale et j’ai interagi avec

28 ceux qui la forment par mes relations avec les commerçants, ma participation aux associations ou aux festivités locales, la scolarisation de mon enfant, le suivi de l’activité municipale et la participation aux principales animations, l’accès aux services publics, etc. Dans la présente lecture interactionniste, Lattes était alors appréhendée comme constituée de milieux sociaux dans lesquels il n'était pas demandé au chercheur de se fondre mais où il ne s'agissait pas non plus de projeter d'analyses en termes de facteurs et de déterminants sur les conduites des uns et des autres. Il s'agissait juste de pénétrer ces milieux sociaux et de rejoindre, d’approcher du sens que les individus les constituant donnaient au milieu qui les entoure.

Les bavardages informels ont été largement utilisés afin de recueillir de l’information sur ce qu’habiter à Lattes veut dire. Les transports en commun de la ville ont été empruntés en ce qu'ils constituent des moments privilégiés d'appréhension des sujets de discussions courantes. Les balades du dimanche, les allées et venues quotidiennes ont constitué autant de situations pour mener une véritable chasse aux détails, aux informations sur le vivre à Lattes autant qu'aux traces discursives, pratiques, matérielles attestant de la prise en compte de la possibilité d'une inondation. « L’observation habitante » au quotidien, avec la tenue méticuleuse d’un carnet de terrain, rempli quotidiennement, a alors permis une accumulation de petits détails qui auraient pu passer inaperçus avec un regard plus rapide ou sous d’autres modalités de recherche. Ces détails ont ensuite été liés les uns aux autres et ont pris sens dans leur articulation. Cette accumulation ne peut s’opérer que dans le temps long, dans l’attention quotidienne à ce qui entoure. Un matin un portail entrouvert laisse apercevoir une cour, un soir une voisine s’attarde et se confie, un autre jour le bus a du retard et une discussion s’enclenche entre les passagers impatients… Peu à peu, à travers les observations répétées, appuyées, approfondies, à différentes temporalités, dans différentes situations sociales, l'addition de ces détails prend sens sous l'œil du chercheur.

La « discipline ethnographique » (Weber, 1991) s’exerce alors et permet de consigner toutes les observations avec minutie et sens du détail. Il s’est agi, pour reprendre les termes de Florence Weber, d’« y consigner les événements observés ou partagés et accumuler ainsi des

matériaux pour analyser les pratiques, les discours et les positions des enquêtés, mais aussi pour mettre au jour les relations qui se sont nouées entre l’ethnographe et eux et pour objectiver la position de l’observateur » (Weber, 1991: p.72). Deux types de matériaux ont

ainsi été recueillis : celui qui permet la description et l’analyse du phénomène étudié mais aussi les réflexions que ces informations ont suggérées au fil de l’étude ; et ainsi, avec la chronologie scrupuleusement notée, qui rend possible la réflexivité sur le cheminement de l’enquête. Les notes de terrain ont été mises au propre36

36

Action réalisée pour des fins pratiques au départ, celles de numériser les informations afin de les transmettre à mon directeur de thèse qui se « nourrissait ainsi des éléments de terrain pour alimenter sa réflexion « à distance », mais qui s’est vite révélée tout à fait utile pour l’analyse. Elle a permis en impliquant une mise à distance avec l’observation du terrain, de rendre plus dynamique le va-et-vient entre l’enquête de terrain et l’analyse.

régulièrement et ont permis de tester des premiers classements thématiques, qui, croisées aux thématisations relevées dans les entretiens notamment, ont participé à construire l’ordre logique de la présentation du travail dans ce mémoire.

29 L’observation participante présente ici la particularité d'avoir été menée avec un premier un choix méthodologique fort : celui d'une tentative d’interférer le moins possible sur les conditions d’énonciation de la possibilité d’une inondation dans ce milieu exposé. Il s’agissait de ne pas forcer les acteurs à se prononcer sur un sujet par lequel ils ne se sentaient pas forcément concernés. Le choix a ainsi été fait – dans un premier temps au moins37 – de ne pas révéler explicitement le sujet de la recherche afin d'écarter la possibilité de faire « sur parler » les habitants des inondations. Il s'est agi de se fondre dans la vie de ce quartier et d'observer ce qu'il s'y passait sans être identifiée comme « l’ethnographe des inondations ». Il a ici été fait le pari d'un gain informationnel d'une première période dans une telle posture, que je qualifie « d'observation habitante discrète ». Il ne s'agit pas ici de nier l'intérêt d'une ethnologie du proche qui prend le parti de considérer l’ethnographe comme un acteur du phénomène social qu'il étudie et de justement l'inclure à l'analyse (Althabe, 1990). Cette « observation habitante discrète » n'empêcha pas l'implication de l'ethnographe. Seulement, et c'est ce qui constitue une des originalités de l'approche, cette implication ne s’est pas faite, dans un premier temps au moins, en tant qu'ethnographe des inondations mais comme celle d’une nouvelle habitante, parmi d’autres. Ainsi, c’est à travers ce que le chercheur est personnellement, que l'implication sur le terrain s’est faite. À savoir : une jeune femme, maman, représentante des parents d'élèves, pratiquant la danse, locataire dans le quartier des Filiès38

37 Cette première période d’observation, qui a été menée en parallèle de lectures sur la thématique des inondations et l’histoire du terrain ainsi que la conduite de premiers entretiens exploratoires, s’est étendue de l’installation sur le terrain entre août 2008 et août 2010, soit pendant 2 ans.

38

La localisation de mon lieu de résidence, en bordure Est du quartier des Filiès est visible sur la photo (gauche) de la figure 19 (p.117).

, chercheur en sciences humaines dans le domaine de l’eau, etc. Ce positionnement soulève cependant des questionnements déontologiques. En effet, cette posture « d’observation habitante discrète » vient bousculer le rapport enquêteur-enquêté tel que les disciplines le conçoivent classiquement, et ce à deux niveaux. D’une part parce que cette position contrarie le principe de transparence vis-à-vis de l’enquêté et d’autre part – et c’est la conséquence du premier point – parce que la frontière entre ce que l’on peut observer sans le dire et le non respect de l’intimité peut alors paraître ténue. En guise de réponse, deux points également. Si je n'ai pas dit clairement que je m'intéressais au « vivre avec la possibilité d'une

inondation », il n’a pas pour autant été nécessaire de mentir. L’étiquette de sociologue a cela

de pratique qu’elle encourage rarement l’interlocuteur à poser davantage de questions. Et surtout, si cette observation n’était pas explicitement dite, elle ne s’est pas autorisée à aller au-delà de ce que les enquêtés révélaient publiquement dans la majorité des cas. Dans les autres cas, par exemple, les interactions en public limité comme les discussions en face à face, un effort de discernement de ma part fut nécessaire pour établir des limites dans mes observations afin d'en exclure celles qui relèveraient de l'intimité des personnes. Mais au-delà de cette question déontologique, il s’agit plutôt ici de s’interroger sur les situations sociales spécifiques offertes par une telle posture de recherche.

30 L’implication sur le terrain ne consistait pas seulement à s’intégrer aux réseaux sociaux lattois en avançant « masquée » mais avait pour ambition l’« appréhension immédiate et sensible du

réel » (Nicolas, 2008). En acceptant d’intégrer ma propre subjectivité dans mon analyse,

l’information recueillie par ailleurs devenait contingente de ma propre expérience, du fait même de vivre comme une habitante parmi les autres, intégrée donc au « groupe des lattois » (Nicolas, 2008). Cette intégration fut particulièrement prégnante autour de la scolarisation de mon fils. Dans ce cadre, je participai notamment au réseau des parents d’élèves en m’associant à la liste FCPE39

D'autres situations sociales particulières furent créées par l'imbrication complexe du personnel et du professionnel de mon expérience d’habitante ethnographe, et participent de l'appréhension de la situation observée. Les épisodes de déménagement ont été particulièrement représentatifs de cette démarche. Sur le plan de la recherche, le moment de l'emménagement constituait a priori un moment d'observation privilégié des logiques immobilières locales d'une part mais aussi des comportements d'accueil des voisins, et donc de la thématisation (et sa circulation) potentielle de la question des inondations, voire même, de sa « transmission ». D'un autre côté, un déménagement, forme « d’épreuve de l'habiter » (Breviglieri et Trom, 2003), atteint directement notre intimité puisqu'il nous faut changer du lieu où l'on peut se sentir chez soi, en sécurité. Cet épisode représentait un moment privilégié pour réfléchir sur mon implication personnelle dans mon travail de recherche, un des moments où les frontières entre professionnel et personnel s'estompent ou même disparaissent. Lors de mon arrivée sur le terrain, il fut très difficile de trouver un logement correspondant à mes attentes sur ce terrain paradoxalement prisé – nous y reviendrons. Dans le choix du futur logement, la question de l'exposition au risque ne m'avait jusque-là pas du tout effrayée puisque je cherchais justement à m'y contraindre. Toutefois, lorsque par hasard le logement trouvé s’est avéré être à l’étage, je me suis laissée surprendre par mon propre soulagement. Ce détail me permit alors de prendre la mesure de mon affection personnelle par comme représentante des parents. Cette position m’inscrivit de fait dans un réseau parental « partageant ou supposées partager les conflits et les tensions ou

au contraire les penchants et les sympathies contre tel(s) ou telle(s). » (Nicolas, 2008). Dans

les nombreuses situations qui se déployèrent autour de cette position et plus généralement de la scolarisation de mon fils, mon implication sur le terrain s’est ainsi faite plus « affectivement ». De plus, cette implication devenait alors « mutuelle » pour les autres parents concernés en ce que « j’avais pris part à quelque chose qui les concernait » (Féraud, 2010). Ainsi que Laurence Nicolas l’a analysé concernant sa situation particulière d’ethnographe ayant un lien affectif avec un acteur de son terrain, « durant ces moments de

haute perturbation, la question de l’empathie qui me troublait régulièrement s’évanouissait. J’étais « affectée », au sens de Jeanne Favret-Saada, en prise directe avec l’expérience concrète » (Nicolas, 2008).

39

31 la possibilité d’une inondation que je n’avais pas soupçonnée jusque là, révélant assez simplement l’intérêt de l’expérience par le chercheur.

Un peu plus tard, toujours concernant mon habitation, une autre épreuve personnelle de l’habiter s’est constituée en une des plus riches situations d’observation rencontrées jusque-là. Ce premier logement s'est rapidement avéré inadapté pour y vivre sereinement à cause de l’exposition à un autre type de risque (présence de chiens dits dangereux en voisinage sans entente entre voisins sur les pratiques à adopter). En forçant le déménagement, et donc la recherche d'un nouveau logement ainsi que de nouveaux locataires pour ce logement à quitter, cet épisode s’est constitué en une véritable opportunité pour l'enquête. Il a ainsi été possible de réaliser plusieurs visites et d'aborder en « situation naturelle » avec les locataires potentiels les raisons de leur envie d'habiter Lattes. Sur cette frontière du personnel et du professionnel dans un contexte de pression immobilière forte, ce qui s'est révélé très intéressant fut alors de constater que pour fuir le risque engendré par la présence de ces chiens dangereux, il fut nécessaire de quitter ce logement à l’étage pour emménager dans un autre en rez-de-chaussée, exposé, lui, plus directement à l’inondation. Cette exemple de l'imbrication de la recherche et de l’intime, en permettant à l'ethnographe de vivre personnellement les limites d’une lecture rationnelle des comportements face aux risques, illustre bien combien l'implication du chercheur se constitue en une situation sociale particulière qui participe de l'appréhension du sens donné localement à l’habiter.

Parler « d'observation habitante discrète » ne signifie pas pour autant que j’ai adopté une attitude passive. Puisque la volonté de poser le regard sur une scène « de l’ordinaire » posait des questions méthodologiques évidentes, l’objectif principal étant de multiplier les manières de regarder, de faire varier les situations d’observations autant que faire se peut. Au-delà de l’appréhension d’un mode d’habiter considéré dans sa globalité, il s’agissait de repérer de manière systématique les cadrages situationnels où la question de l’inondation fut thématisée dans les discours ou organisatrice de pratiques. Pour observer les éventuelles occurrences de l'inondation dans les discours ou les pratiques, cette observation s'est armée de plusieurs dispositifs. Les observations dans des lieux publics, lieux de partage social des émotions, ont été attentives aux conditions météorologiques ou aux événements de l'actualité. S'il ne fut pas question de lancer la discussion sur le sujet mais au contraire de la laisser venir, dans les situations d'interaction où cela s'y prêtait, les relances ont été réfléchies en fonction de la recherche. Dans d'autres cas, il s’est agi de provoquer de telles thématisations. Par exemple, dans un conseil d'école auquel je participais en tant que représentante des parents d'élèves, l'inscription obligatoire à l'ordre du jour du dispositif d'évacuation de l'établissement en cas d'inondation s’est constituée en une opportunité pour interroger le concernement du personnel de l'établissement sur cette question. Un autre exemple est celui de l'opportunité qu'a offerte une alerte météorologique de se positionner en tant que nouvelle habitante pour formuler une demande d'information en mairie et ainsi investiguer en temps réel la gestion communale de la prétendue « peur des habitants ». Et ce, sans que je ne puisse être perçue

32 comme une « espionne »40

Ce changement d’identité locale avait été pensé comme une ressource pour montrer si et comment le statut de « spécialiste de l’inondation » faisait venir de nouvelles attentes (qui ne se seraient pas manifestées autrement) : ce serait pertinent comme test de « réceptivité » d’un terrain à la thématique. Dans cette « observation habitante » – alors explicite – il s'agissait d’observer en quoi ce nouveau statut modifiait les relations déjà tissées et/ou s'il en permettait de nouvelles ou encore, s'il en compromettait d'autre. Or, force fut de constater, ainsi que nous le verrons dans l’analyse des circulations du thème de l’inondation proposée en troisième partie de cette thèse, que ce changement de position n’eut que très peu d’effet, et qu’il n’est ainsi pas nécessaire ici de présenter en détail la continuité de cette posture d’observation, qui rejoint à peu près celle développée ci-dessus dans le cadre de la position discrète. Les nuances sur le sujet, et ainsi, me plaçant dans le cadre d’une « situation naturelle ».

Mais ce temps d’observation discrète ne fut que le premier d’une longue investigation du quotidien. C’est le terrain lui-même qui me fit sentir le moment propice au changement de posture. Alors que je conservai ma posture d’ « observation habitante discrète » depuis près de 2 ans, en août 2010 j’ai reçu un mail d’un représentant d’une association locale qui m’informa du suivi opéré par certains habitants de la « chose inondation ». La personne qui m’envoya ce mail avait repéré le sujet de ma thèse en effectuant une recherche par mot clé (en croisant inondation et Lattes) sur internet. Je saisis l’occasion pour solliciter un entretien avec cette personne mais surtout, ce contact me permit de réaliser que le temps était venu de présenter plus largement mon sujet de recherche. Cet horizon me fît alors prendre la mesure des craintes que je pouvais nourrir à pareille entreprise, et du relatif confort de la position d’observateur caché adoptée jusque-là. Envisager les « coming out », ainsi que se plaisait à les nommer mon directeur de thèse, fut un moment difficile émotionnellement, où de nouveau je pris conscience de mon affection personnelle dans la conduite de ce travail. Ayant anticipé – ainsi que je l’ai analysé a posteriori – que ce sujet ne pourrait les laisser « de glace », je craignais que les personnes avec qui j’entretenais des relations cordiales puissent se sentir

Documents relatifs