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Des liens débordant le milieu : l’ancrage des nouveaux

promesses : quand l’habiter rassure, mais éloigne et expose

Chapitre 4. Un milieu et des habitants en quête d’identité : urbanité et ruralité entremêlées

4.3. Des liens au milieu différenciés par le temps qui prédisposent les liens aux autres : des attaches à l’ancrage

4.3.2. Des liens débordant le milieu : l’ancrage des nouveaux

« Si vous aviez pu acheter cette maison, vous l'auriez achetée ? Non.

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Non, pourtant c'est une maison où on a vécu des moments forts parce que [prénom fils] y est né... Mais non. C'est vrai qu'on ne se voyait pas... C'est marrant, parce qu'on ne voit pas d'inconvénients, mais on ne se voyait pas spécialement rester, on n'était pas non plus spécialement attaché à Lattes. »

[Une habitante.]

L’explosion démographique récente a redistribué les cartes de l’appartenance locale. Le renouvellement partiel de la zone continue d’alimenter cette redistribution. Dans ce renouvellement des habitants les liens aux voisins sont mis à l’épreuve. Lorsque les voisins de votre habitation changent régulièrement, il devient difficile d’entretenir des liens avec eux.

« Lui : dans la vie de tous les jours maintenant : on fini par ne plus connaître nos voisins, quoi. Je vois dans le lotissement ici…

Elle : ben nous, on connaît nos voisins de proximité parce qu’ils ont été en même temps avec nous, quoi.

Lui : oui, voilà… Parce que l’on se connaît depuis l’origine, quoi ; mais c’est que sinon dans la vie de tous les jours…

Elle : [Elle le coupe] Après, les autres… euh… ça a bougé, après. C’est sûr que… ça déménage, ça… par rapport au travail… Il y avait beaucoup de gens d’IBM quand même ici, dans le lotissement… et IBM a licencié pas mal, et en fait il y en a beaucoup qui ont vendu leur maison, quoi… au bout de la rue… euh… voilà, quoi. Donc, c’est effectivement le travail qui fait que les gens ont bougé quoi. »

[Madame et Monsieur Commubain, habitants depuis 20 ans, salariés.]

Puisque les liens entre voisins sont souvent le fait d’expériences partagées, retisser de nouveaux liens avec chaque nouvel arrivant est coûteux en temps. Personnellement, sur les quatre années passées à Lattes plusieurs de mes voisins ont changé. Si j’avais pu construire certaines relations avec certains d’entre eux, je ne les ai pas forcément renouvelés avec les derniers arrivés. Le renouvellement partiel mais permanent de la population peut se traduire par des pertes substantielles de liens à ses voisins.

Dans ce contexte de mobilité résidentielle, la surreprésentation du facteur hasard dans le choix du lieu de résidence que nous avons évoquée plus haut est apparue de manière inductive alors que je réalisais les premiers entretiens exploratoires sur l’habiter. Souvent, ils sont là depuis peu de temps et ne se sentent pas vraiment qualifié pour répondre à des questions sur l’habiter à Lattes, ils y habitent mais pas suffisamment (encore) pour s’en sentir des « habitants ».

Par une après-midi chaude : balade dans la zone 2, l’après-midi. La plupart (au moins la moitié) des maisons sont complètement fermées : portail, volets, portes… La majorité des jardins ne sont pas visibles de la rue (murs très hauts). Les rues sont relativement désertes. Très peu de circulation. Au bout d’une demi-heure de marche j’aperçois enfin une personne : une femme (environ 50 ans) en train de ramasser des feuilles devant son portail. En m’apercevant se diriger vers elle, elle rentre rapidement dans sa cour et ferme le portail.

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Un peu plus loin, une autre dame (70 ans environ) est dans son jardin (muret bas) en train de ramasser son linge. Je m’approche et me présente. Je lui demande si elle peut me parler un peu de son habiter171

[Compte rendu Entretiens courts – Habiter à Lattes. Zone 1, été 2010]

.

« Je ne peux rien vous dire… je suis nouvelle ici »

J’insiste : « Mais si, cela m’intéresse aussi. Pourriez-vous me dire pourquoi vous êtes venue vous installer ici ? »

Elle me répond : « J’ai atterri ici par accident. J’ai habité longtemps à Montpellier avant. » Puis elle s’excuse car son mari est fatigué et il lui faut rentrer. Avant de rentrer elle me conseille d’aller voir un peu plus loin… les xxx. Je la remercie.

Plus loin, tout est fermé. Je rebrousse chemin et reprend une nouvelle rue où j’entends un bruit de disqueuse. Je m’approche.

Un homme (50 ans environ) est en train de bricoler sur son portail électrique.

De nouveau, je m’approche, me présente et lui demande s’il peut m’accorder quelques instant pour me parler de comment ils habitent ici. Il me répond : « Cela ne fait pas longtemps que nous habitons ici, il faudrait que vous alliez voir des gens qui habitent là depuis plus longtemps ». Je lui demande alors s’il peut me préciser comment ils en sont arrivés à habiter là. Il me répond :

« Par hasard. On a trouvé cette maison qui nous convenait mais cela aurait pu être ailleurs. » Ils vivaient précédemment non loin et voulaient acheter dans le coin.

Lorsque je lui demande s’il est content de son choix, il me répond : « Oui, tout à fait » [en me montrant du doigt la direction de la zone naturelle du Méjean non loin] : « Vous avez vu l’environnement ici ? »

Je m’éloigne un peu et marche à nouveaux une bonne demi-heure avant de rencontrer quelqu’un. J’accoste deux hommes qui n’ont pas le temps de me répondre, il s’en excuse.

Un homme (70 ans environ) marche avec un petit chien. Après m’être présentée, je lui demande s’il habite le quartier, il me répond que oui, il rentre chez lui. Lorsque je lui demande s’il peut m’en dire plus sur comment il habite ce quartier, il me coupe presque pur me dire : « Oh, vous savez, moi cela ne fait que 2 ans que j’habite là ». Quant aux avantages qu’il voit à ce choix de lieu de vie, il me répond comme c’est souvent le cas par la proximité : « Être à 5 minutes de la mer et à 5 minutes de Montpellier. »

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L’organisation des entretiens collectifs a néanmoins donné à voir l’importance que revêt la question de l’habiter ici, quand bien même ces personnes ne se seraient pas forcément dite « d’ici » a priori. Une dame installée sur la commune depuis quelques années seulement m’avait par exemple chaleureusement remerciée pour lui avoir donné l’occasion de parler de son habiter à Lattes. Une autre qui venait d’emménager m’avait confié que cela lui avait fait du bien de s’exprimer sur ce que signifiait vivre ici. Il n’est pas question ici de prétendre que le statut de nouveau-venu puisse empêcher d’y tisser des liens. Seulement, ils prennent

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Se référer à l’introduction générale pour les détails méthodologiques de ces entretiens courts de type « micro-trottoir » menés de manière exploratoire sur l’habiter.

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Il est à noter toutefois que cette expérience eu lieu un jour d’été ce qui participe à expliquer les maisons fermées, et en journée, ce qui explique peut-être la surreprésentation des retraités. En 2009, les retraités représentaient 21.5% des 15 ans et plus de la commune. Source : Insee, juin 2009.

141 désormais d’autres formes. Nous voyons dans les extraits d’entretien cité ci-dessus que d’autres critères viennent définir l’ancrage dans le milieu. La localisation géographique a joué un rôle déterminant dans le choix de l’habitat en fonction de critères précis tel que la proximité à tels ou tels services. Le milieu est approprié avant tout en ce qu’il constitue un milieu de campagne à l’abri de la ville. L’activité professionnelle se joue à distance, les relations amicales ne s’inscrivent pas forcément dans la proximité géographique. Ainsi que l’ont exprimé plusieurs habitants, le lieu de résidence n’est pas forcément celui où se développe les activités : « Moi, euh…. j'habite à Lattes mais… j'y vis pas tellement, hein. »173

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Le ton employé suggérant une évidence partagée [Monsieur Pavillobain, habitant depuis 25 ans].

Ces logiques habitantes s’inscrivent dans la catégorie des « ancrés » décrite en opposition à celle des « attachés » caractérisant les anciens. La sociabilité ne répond plus à une logique de proximité spatiale mais davantage à une logique de proximité sociale. Ici, « l'espace social ne

se construit pas à partir de ce qui est donné (famille) ou accessible (voisins) mais à partir de ce qui est choisi » (Sencébé, 2007). La résidence est « une base à partir de laquelle on rayonne » (Sencébé, 2007: p.6). La vie y est rythmée principalement par des activités à

l’extérieur ou se déploie dans l’espace privatif du chez soi. Inévitablement alors, les relations se lient plus difficilement dans la proximité. Yannick Sencébé (2007) propose de qualifier cette attitude « d’ouverture affinitaire » plutôt que de le rabattre sur la seule idée d’un « repli

sur soi ». Selon elle, la tendance au « repli sur soi » est adoptée uniquement lorsque la

résidence constitue le seul lieu sécuritaire de l’existence de personnes fragilisées par les épreuves de la vie. La tendance vers cette logique sécuritaire qui se donne à voir dans le mode d’habiter lattois, tout autant que les ressources sociales dont disposent les habitants, comme nous allons voir dans les sections suivantes, nous pousse ici plutôt à ne pas exclure totalement l’une ou l’autre de ces qualifications.

Bien sûr, le caractère foncièrement social de l’être humain ne fait pas exception à Lattes, et des relations existent entre les gens. Souvent cependant, les relations existantes se sont développées dans certains réseaux particuliers, qui peuvent ne jamais se rencontrer. Beaucoup des relations que j’ai développées sur le terrain se sont tissées dans le réseau associatif. Comme ce fut le cas pour la plupart des personnes rencontrées, mes rencontres se sont faites principalement autour des activités associatives de mon fils. S’associer uniquement par des réseaux très spécifiques, d’association de sport et/ou de culture, permet bel et bien de former un lien. Ce lien est toutefois spécifique, orienté. Il est constitutif d’un type de sociabilité particulier, que nous allons nous attacher à décrire maintenant.

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4.4. Une sociabilité orientée, des relations détachées

« Éléonore : Je ne sais pas s’il y a une identité lattoise [silence] Maurice : Ouais…

Éléonore : Parce qu’il il y a tellement de nouveaux arrivants, que finalement…

Maurice : En plus il n’y a pas de vieux quartiers, c’est vrai… Il n’y a pas de vieux troquets Gérald : [il rit] Oh, t’es dur quand tu dis qu’il n’y a pas de troquets !

Maurice : Non mais c’est vrai, on ne va pas se retrouver tous au Delphis… Non, mais y’a quoi ? Y’a rien franchement !

Gérald : Je vois ce que tu veux dire. Maurice : Si, des zones commerciales !

Gérald : Oui, il n’y a pas un gros cœur de ville où tu puisses dire, tiens là il y a un bon petit resto là, machin…

Gérald : Ouais, c’est vrai que ça manque…

Maurice Oui, c’est pavillonnaire, c’est résidentiel mais à côté de ça, bon…

Gérald : Donc tu réinvestis dans ton jardin, ou tu invites tes voisins, tu fais des grillades Maurice : Oui, tu invites plus chez toi ou tu te fais inviter chez les autres…

Gérald : C’est vrai que moi je suis en train de repeindre chez moi. Claudia : [Elle éclate de rire] Tu es bien lattois ! »

[Extrait entretien collectif n°1.]

L’idée répandue d’une ville tout confort est associée aux nombreux services disponibles localement. Parmi ceux-ci, beaucoup sont offerts par le secteur associatif. La ville est pourvue de nombreuses associations culturelles et sportives avec des animations diverses et fréquentes. Comme cela est souvent le cas dans les milieux où la croissance démographique fut rapide, les gestionnaires locaux se sont attachés à développer le tissu associatif pour encourager le développement de relations entre des habitants qui n’ont pas d’histoire commune. Aujourd’hui, le tissu associatif est très étendu avec plus d’une centaine d’associations sportives et culturelles sur la commune. La municipalité actuelle continue de soutenir fermement ce secteur associatif. Les éditions du journal municipal mensuel « Lattitude » ainsi que du tract hebdomadaire « Ça se passe à Lattes » permettent le rappel des nombreuses activités locales. De nombreux aménagements publics permettent le déploiement de ses activités. Les liens entre les habitants se tissent principalement dans le cadre des associations. La sociabilité sur Lattes ne se fait pas par rencontres opportunes et le réseau de proximité, sur un temps long, mais dans un cadre précis, celui d’activités communes.

« D’un autre côté, il n’y a pas tellement d’âme, pas tellement de cœur… du point de vue animation, quoi. Il n’y a pas l’esprit de pays, de fête, qu’il y a dans d’autres communes… Il n’y a pas cette... cette… [elle hésite]… cette envie de faire la fête ensemble. On fait la fête… disons, dans des associations, j’appartiens à une chorale, on fait la fête entre nous, à la gym on va faire la fête entre nous, euh… Mais, je trouve qu’il y a peu de fêtes qui réunit tout le monde. C’est parce que, si vous voulez, on a des amis par association, sinon, l’animation est quand même… assez limitée.

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D’accord. Je comprends

C’est le fait aussi que ce soit très près de Montpellier. Donc tout le monde est attiré, tous les jeunes vont faire la fête à Montpellier : ils ne font pas la fête sur Lattes. À la Fête de la musique, il y avait trois fois rien sur Lattes. Que voulez vous ? C’est comme ça… Et quand il y aura le tram, alors là, ce sera encore pire ! C’est important, quoi, comme phénomène. »

[Madame Paroissi, habitante depuis cinq ans.]

L’exemple de l’association Cien de Lattes est intéressant sur ce point. Ce regroupement associatif nous donne à voir un attachement au milieu sur le temps long mais où il a toutefois été nécessaire de passer par le statut d’association pour exister. Cette démarche d’institutionnalisation atteste d’un lien social qui ne se dit pas de lui-même. Selon Nina Eliasoph (2010), ce type d’association rejoint les formes de « communautés imaginées »174 qui fournissent la base d’identité réelle. Un autre exemple dans l’histoire de la ville rejoint cette idée de « communautés imaginées» par le recours à des « traditions inventées»175. Il s’agit de l’avènement par la Maire, dans les années 1970, de la culture taurine à Lattes avec la construction d’arènes, quand la culture taurine propre à l’identité de « petite Camargue » s’était historiquement arrêtée aux portes Est de la ville, au village voisin. Aujourd’hui encore, par l’animation annuelle d’une « journée à l’ancienne », organisée par l’association Cien de Lattes, cette appartenance locale historicisée apparaît davantage mise en scène que réellement vécue. La journée réunit les membres de l’association qui défilent dans les rues dans des vêtements « d’avant ». Le fait que l’interprétation de la temporalité de cet « avant » soit laissée à l’évaluation de chacun suggère un rapport plutôt confus à cet « hier » que chacun imagine à sa guise. Le désintérêt local dont souffre l’événement depuis sa mise en place accentue cette apparente artificialité. Mais bien que ces pratiques « d’invention de tradition » puissent paraître « dérisoires » parce qu’elles donnent à voir justement des traditions « en train de se faire », elles n’en répondent pas moins à un besoin, elles sont une réponse à un manque. Les traditions sont constitutives des identités locales. Leurs inventions participent de la construction de communauté. Bernard Picon, en Camargue, a ainsi analysé l’invention récente du « folklore camarguais », pourtant si ancrée aujourd’hui dans la forte tradition locale camarguaise (Picon, 1988)176

Dans le cas lattois, la tentative d’institution de traditions ne semble cependant pas prendre ; elle ne parvient pas à fédérer les habitants en nombre. Les quelques manifestations taurines estivales ne regroupent qu’un réseau relativement circonscrit de passionnés. Les organisateurs

.

174

Anderson, B., « L'imaginaire national. Réflexion sur l'origine et l'essor du nationalisme », Paris, La Découverte, 1996[1983]) cité par Eliasoph (2010 [1998].

175

Hobsbawm E. Ranger T., dir. « L'invention de la tradition », Paris, Éditions Amsterdam, 2006 [1983] cité par Eliasoph (2010 [1998].

176

Voir également l’ouvrage de Robert Zaretsky « Le coq et le taureau. Comment le marquis de Baroncelli a inventé la Camargue » (éditions Gaussen, 2008). L’ouvrage montre comment la Camargue, milieu de marais infesté de moustiques et où les courses de taureaux passaient pour barbares au XIXe est devenu un espace protégé, « symbole de la France », dont la sauvegarde est aujourd’hui un enjeu national. La popularité des ferias qui y ont cours chaque année ne cesse de grandir. Le tourisme y est devenu le principal enjeu économique. Cette mutation fut, en grande partie au moins, impulsé par le Folco de Baroncelli, manadier et poète disciple de Frédéric Mistral. Le marquis de Baroncelli en s’inspirant aussi bien de Buffalo Bill, de l’histoire des Amérindiens – dont il était passionné – que de la révolte du Midi de 1907, a participé à «  inventer  » la Camargue.

144 regrettent que les gênes à la circulation occasionnée par les abrivados177

L’imbrication de la vie familiale avec les zones commerciales environnantes se constitue en nouvel indice d’un mode relationnel qui tend à se désinscrire d’une logique de proximité. Mon expérience de nouvelle venue illustre bien ce fait. Je n’ai pas particulièrement été accueillie par mes voisins. Le jour de mon emménagement, à l’étage d’une maison divisée en quatre appartements (deux appartements à l’étage, deux au rez-de-chaussée), j’ai aperçu pour la première fois mon voisin du dessous. Celui-ci est resté assis sans mot dire, à nous observer, tout l’après-midi monter et descendre les escaliers chargés de cartons et de meubles ; nous n’étions que deux pour cet emménagement et la charge de travail était importante. Dans les soient ce que la plupart des habitants du quartier retiennent, sans participer à l’événement. Le président de l’association Cien de Lattes regrette quant à lui que le cortège de la journée à l’ancienne, s’il parvient à réunir une partie des anciens, qui participent à son animation, ne suscite que très peu d’intérêt chez les autres habitants, peu nombreux à sortir pour l’observer. L’appartenance locale apparaît fragile; participant encore à questionner les possibles transmissions des anciens au nouveau. On peut en effet s’interroger sur les possibilités de transmission lorsque les questions de définitions sont elles-mêmes en cours de constructions… et apparaissent peu partagées.

Dans l’analyse des formes de sociabilités locales, les relations autour des enfants se illustrent une caractéristique du type de sociabilité en présence. Une chose qui m’a beaucoup surprise est la tendance protocolaire des relations entre les parents autour des activités des enfants. Ici, inviter un copain à venir jouer une après-midi ne se fait pas au détour du portail à la sortie de l’école comme j’en avais l’habitude jusque là. Il faut s’y prendre suffisamment à l’avance et énoncer une invitation en bonne et due forme pour que cela puisse se faire. De la même manière, lorsque l’on reçoit ensuite l’enfant à la maison, il ne suffit pas de l’accueillir, on accueille aussi le présent qu’il fait au nôtre pour nous remercier de l’invitation. On se retrouve alors engagé dans une forme de relation à réciprocité immédiate où l’on pouvait davantage attendre la « promesse » de retour de l’invitation. Nous voici ici à l’opposé de ce qui ferait tenir le social selon Mauss. Dans sa théorie du don contre don (Mauss, 1973), il dessine le modèle d’une société reposant sur les dettes de tout un chacun envers l’autre. Les liens aux enfants sont ici inscrits dans des rapports sous contrat, où il y a une mise en équivalence systématique et immédiate des services rendus ; il n’est pas question d’engager une dette envers l’autre.

177 «

Abrivado : à l’origine, c’est-à-dire avant l’époque des camions transportant le bétail, l’abrivado consistait à conduire les taureaux des pâturages aux arènes où ils devaient participer à des courses. A Lattes, le parcours de l’abrivado va de la halte cavalière, située au bout du chemin de la Bascule, jusqu’aux arènes, au centre de Lattes. Les taureaux sont encadrés par une dizaine de gardians à cheval, formant un V. Les rues sont barrées par de hautes barrières afin d’empêcher les taureaux de s’échapper en rase campagne et d’assurer la sécurité des spectateurs. » [Extrait du Lexique des animations camarguaises, Dossier Les Rendez-vous de l’été, journal communal n° 45, juillet-août 2010, p. 9.]

145 semaines qui ont suivies, mon emploi du temps fut très chargé178. Une fois les démarches administratives et techniques pour l’appartement ainsi que les inscriptions diverses qui

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