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Considérer le dire des gens : les entretiens individuels

5. Petit historique méthodologique d’un engagement dans le terrain

5.4. Considérer le dire des gens : les entretiens individuels

Les entretiens individuels menés47, de type ethnographique, s’inscrivent dans l’approche dite compréhensive (Kaufmann, 1996). Ces entretiens furent la plupart du temps des entretiens longs48

Les entretiens ne fournissent pas des faits mais des mots qui restituent ce que la personne interrogée a vécu (ou est en train de vivre) et délivrent une vision sur le monde défini individuellement (Demazière et Dubar, 1997: p.7). Ainsi, ces « mondes », que la conduite d’entretiens visaient à appréhender, ne se révèle pas d’eux-mêmes. La parole qui les rend audibles constitue « une construction dialogique complexe » dépendante de l’interaction avec l’enquêteur. « Comprendre le sens de ce qui est dit, ce n’est pas seulement être attentif,

, non pré structurés - ou seulement dans de très grandes lignes. Il s’agissait d’orienter l’interviewé vers l’explicitation de son point de vue en adoptant une attitude la moins directive possible. L’intention principale de l’attitude adoptée était d’initier un échange dans un mode conversationnel, en essayant autant que possible de briser la hiérarchie de l’interaction enquêté/enquêteur. Par le ton employé, la manière de dire, il s’agissait de signifier à mon interlocuteur toute l’importance que revêtait à mes yeux son point de vue et de lui faire oublier le contexte d’une enquête ethnographique à notre rencontre. Le fait que la quasi-totalité des entretiens aient été menés au domicile de l’enquêté a contribué à faciliter une ambiance de conversation. Installés le plus souvent dans le salon, régulièrement autour d’une boisson, voire d’une collation, l’échange se faisait régulièrement sous le mode du bavardage.

La notion de « définition de situation », introduite dans la sociologie par les travaux de W. I. Thomas de l’École de Chicago, permet de saisir le statut accordé dans ce travail « aux dires des gens ». Il s’agissait donc, en adoptant une attitude la moins directive possible, de considérer les « enquêtés » comme des personnes exprimant leur point de vue, leurs expériences et leurs définitions de situations vécues, en orientant l’interviewé vers l’explicitation de son point de vue. Suivant les travaux de Didier Demazière et de Claude Dubar, la situation d’entretien fut appréhendée comme une situation de dialogue marquée par la confiance (Demazière et Dubar, 1997). La fréquence des incursions d’ordre très personnel dans ces entretiens individuels atteste d’une certaine réussite dans cette volonté de « pénétrer l’intimité de la personne » et de l’inviter à analyser ses prises de positions.

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Au total, une quarantaine d’entretiens individuels ont été conduits. Le descriptif des enquêtés figure en annexe 2. 48

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écouter et faire siennes les paroles entendues, c’est aussi analyser les mécanismes de production du sens, comparer des paroles différentes, mettre à nu des oppositions et corrélations les plus structurantes » (Demazière et Dubar, 1997: p.7). Ainsi, dans l’approche

menée, le type de posture adoptée est tout aussi important que le mode de traitement analytique dont ce corpus ainsi constitué a fait l’objet. L’analyse de ce corpus « du dire des habitants », de type analyse thématique, a visé à considérer les « catégorisations naturelles » (en opposition aux catégories savantes ou officielles) des enquêtés comme le processus clés de la « constitution du sens dans le discours » (Demazière et Dubar, 1997: p.9). Cette analyse a tout d’abord consisté à retranscrire intégralement tous les entretiens, en veillant à noter les détails concernant la situation d’entretien (moment de la journée, lieu, météo du jour, manière dont le rendez-vous a été fixé, etc.) afin de rendre le plus sensible possible à la situation les relectures postérieures, au fil de l’analyse. Ces retranscriptions ont été réalisées en notant scrupuleusement tout les éléments, les mots certes, mais aussi les silences, hésitations, les intonations, etc., qui, tout aussi intéressant en termes de gain informationnel que les mots eux-mêmes, ont été inclus à l’analyse. Les variations de ton ou de volume de voix sont des indicateurs de l’état émotionnel ou de l’intérêt que suscitent la discussion, les silences ou les non dits sont porteurs de sens au même titre que les mots. Julien Langumier (2006) a ainsi montré, par exemple dans les entretiens ethnographiques qu’il a menés sur après l’événement inondation de 1999 dans l’Aude, que les silences et les non-dits révélaient l’« indicible pour

la morale ordinaire », qui ne pouvait s’exprimer avec des mots. Sur la base de ces

retranscriptions intégrales soucieuse du détail, les entretiens ont fait l’objet d’une analyse thématique évolutive sur la base des « catégories naturelles » relevées.

Suite à une première phase dite exploratoire, la conduite des entretiens s’est déroulée en deux temps49

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Le descriptif des phases d’entretien figure en annexe 3.

. La phase exploratoire a consisté à mener des entretiens avec trois habitants (pour lesquelles mon introduction s’est effectuée par le biais de relations d’interconnaissance via des collègues de Irstea) et cinq autres avec des personnes dites « expertes », soit de la chose inondation, soit de la chose urbanistique. Ces entretiens ont été menés en toute connaissance du sujet (entendre par là que mes interlocuteurs connaissaient mon sujet de recherche, à la différence des personnes de la première phase d’entretien). Ils m’ont surtout permis d’acquérir de l’information sur le développement de la ville et son contexte politique et de découvrir de premières pistes en matières de mode d’habiter local et de considérations sur les inondations. Ils m’ont permis aussi de constater que le sujet des inondations mobilise particulièrement de l’affect même chez les personnes se pensant « experte » de la question ou affirmant avoir du recul face à ce risque. Ces entretiens ont surtout considérablement orienté le protocole des entretiens en me révélant l’intérêt qu’il pourrait y avoir à ne pas orienter l’entretien sur la chose inondation dans un premier temps. Ces entretiens exploratoires m’ont en effet donné à voir que mes interlocuteurs, s’étant « préparés » à l’entretien, anticipaient mes éventuelles questions, me livrant tout à tour les différentes considérations qu’ils semblaient avoir ordonnancées pour l’occasion. L’entretien avec Madame Reciti fut particulièrement probant

38 sur ce point. Le contact avec cette habitante s’est fait par connaissance interposée. Identifiée comme informatrice privilégiée potentielle (cela fait 35 ans qu’elle habite sur le terrain), le sujet de recherche ne lui avait pas été clairement présenté en début d’entretien (entretien axé sur la vie en quartier périurbain, la relation à la ville, la relation à la nature) mais elle en avait entendu parler par la personne que nous connaissions en commun. Ainsi, le simple fait de savoir que je m’intéressais aux inondations a considérablement orienté l’entretien puisque c’est sur ce sujet qu’elle a commencé directement. Or, la suite de l’entretien a révélé qu’elle ne se sentait pas spécialement concernée par les inondations et que cet horizon ne faisait pas partie de ses questionnements habituels.Pour rentrer davantage dans le « vécu des lattois », et afin d’appréhender au mieux en quoi « le vivre avec la possibilité d’une inondation » est déterminant dans leur relation à l’habiter, sans « biaiser » l’échange, sans pousser la personne interrogée à « surparler de », il m’est ainsi apparu, par le terrain, que commencer à mener ces entretiens avec des habitants en questionnant comment on habite ici et non comment on habite avec le risque inondation serait bien plus opportun.

La première phase d’entretien50 a donc consisté à mener des entretiens sur l’habiter à Lattes d’une manière générale sans orienter le cours du dialogue sur la chose inondation. Avant de conduire ces entretiens ciblés sur cette question de l’habiter, j’ai réalisé de premiers entretiens très courts, de types « micro-trottoir »51. Initialement, j’avais prévu de consacrer à ces « entretiens courts », une déambulation dans les rues à la rencontre des habitants pour leur poser quelques questions très ouvertes sur leur habiter, en autant de demi-journées que j’avais déterminés de zones d’étude dans Lattes-centre. Ces zones avaient été définies par les différents quartiers de Lattes, fruits de « vagues » d’urbanisation successives52

J’ai mené une dizaine d’entretiens longs sans dévoiler mon sujet réel d’enquête. Il s'agissait de partir de l'habiter pris dans sa globalité et de voir comment le risque l'impacte éventuellement plutôt que d'observer l'habiter avec le prisme du risque. J’entends par là de questionner le rapport à l’habiter en milieu périurbain de manière générale (en axant plus . Après la première journée dans la zone du Centre et l’échec flagrant du dispositif – je n’ai rencontré que très peu de personnes et peu d’entre elles étaient disposées à me parler, même quelques minutes – j’ai revu ce protocole et décidé de contracter des rendez-vous pour des entretiens longs. Cette prise de rendez-vous s’est faite « au fil du terrain », en fonction des occasions et suivant la méthode dite « boule de neige », en veillant parallèlement à faire varier autant les variables sociologiques les plus classiques (âge, sexe) que les lieux de résidence. S’il ne s’agissait en aucun cas de prétendre constituer un échantillon représentatif, il s’agissait de veiller à diversifier les points de vue, autant par le profil des habitants que celui de leur habitat, et à leur croisement, les trajectoires habitantes.

50 Voir annexe 3.

51 Présentation type : « Bonjour, je suis étudiante en sociologie et je réalise une étude sur la manière d’habiter dans la région méditerranéenne et j’ai choisi comme zone d’étude Lattes. Pourriez-vous m’accorder quelques minutes afin de me parler de votre vie ici ? ». Puis dans la discussion : questions sur les motivations à l’installation et les avantages/inconvénients perçus à habiter ici.

52

39 particulièrement sur les questions de la dualité d’un rapport à l’urbanité et d’un rapport à la nature, des modes d'habiter, des critères du choix à l'installation, des questions du bien-être et du sentiment de sécurité...) afin de laisser le « vivre avec la possibilité d’une inondation » émerger par lui-même et d’observer ainsi quand et comment il apparaît dans les discours, et surtout ce qu’il en fait. Cette première phase a permis de dégager des catégories sur ce que vivre à Lattes veut dire qui furent par ailleurs confirmées par « l’observation habitante » et l’analyse du journal communal. Elle a permis également de révéler les cadrages conversationnels des émergences spontanées du sujet, que nous analyserons en détail dans la partie 3 de cette thèse consacrée aux circulations de la thématique de l’inondation.

Dans un second temps, d’autres entretiens, considérant cette fois-ci directement le vivre avec le risque inondation, ont été menés53

5.5. La mise à l’épreuve de ses analyses par les entretiens collectifs

. Cette seconde phase d’entretien est divisible en deux. Un premier groupe d’une dizaine d'entretiens qui ont été conduits en deux temps avec des personnes non informées au préalable de mon sujet d’investigation. Un autre groupe d’une douzaine d’entretiens qui ont été conduits de la même manière mais avec des personnes qui étaient préalablement informées de mon sujet de recherche. Un premier temps de l’entretien était consacré, comme dans la première phase, à l’habiter à Lattes pris dans sa globalité, et un second temps de l’entretien était consacré à l’habiter avec le risque que je questionnais plus directement. La transition entre les deux temporalités de l’entretien s’est parfois effectuée en rebondissant sur le dire de mon interlocuteur qui nommait ou évoquait l’inondation. Dans la majorité des cas cependant, la transition dut être de mon fait. Ces situations furent particulièrement riches d’informations en termes d’expérimentation par l’ethnographe de la situation, ainsi que nous le verrons plus loin dans l’analyse.

Le choix de compléter les dispositifs méthodologiques que nous venons de voir par la conduite d’entretiens collectifs fut motivé par la volonté de faire varier encore les situations d’observations ainsi que la posture de l’ethnographe afin d’enrichir le matériau récolté. Il s’est agi également de mettre à l’épreuve des acteurs les premiers éléments d’analyse du matériau récolté. Plusieurs moyens d’observations des pratiques et des dires avaient été utilisées jusque là : « l’observation habitante », l’observation de réunions publiques variées54

53

Le descriptif des phases d’entretiens figure en annexe 3. 54

Conseils municipaux, réunions d’informations sur les travaux de protections, réunion annuelle d’informations pour l’accueil des nouveaux venus, vœux public du maire.

, l’analyse d’archives presse et le suivi de la presse contemporaine, ainsi que la conduite d’entretiens individuels semi-directifs, comme nous venons de le voir. Les entretiens individuels m’avaient permis de confirmer certaines analyses issues de mes observations et des résultats présentés dans la bibliographie du domaine ainsi que d’ouvrir des pistes sur les dimensions sociale et collective des systèmes de significations sur le risque inondation. Les discussions des entretiens collectifs furent cadrées sur les premiers éléments d’analyse. Nous suivons ici

40 le propos de Marc-Henri Soulet (Soulet, 2010) lorsqu’il invite, dans le travail d’interprétation, à ne pas raisonner en termes de preuve mais de mise à l’épreuve : il s’agissait de tester la résistance des interprétations antérieures.

L’observation participante effectuée sur le terrain, depuis trois ans à ce moment-là, avait permis l’observation de multiples scènes d’interactions sociales et d’inférer sur un certain sens partagé à propos du risque, ou du moins d’en dégager certaines caractéristiques. Les entretiens collectifs pouvaient alors permettre de « renforcer les éléments communs au

groupe, et [peut-être d’approcher55

Selon le courant américain

] au sens commun, aux modèles culturels et aux normes » (Duchesne et Haegel, 2004: p.36). La conduite des entretiens collectifs, en créant des situations d’interactions provoquées, allait me permettre d’observer les bases d’interlocutions pour adresser le « problème » de l’inondation. L’analyse du corpus de ces situations d’interactions provoquées venait alors d’enrichir celui constitué par l’observation des situations d’interactions « naturelles » recueilli par « l’observation habitante » ( par exemple dans le cas des situations de conseils d’écoles où j’ai pu questionner le sujet directement) ainsi que dans le cadre des situations d’interactions provoquées en face à face par les entretiens individuels.

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55 L’expression initiale des auteurs « ainsi d’accéder » qui comprend une dimension de certitude est ici modérée. 56

Les entretiens collectifs, ou focus group, seraient d’origine américaine, nés dans les années 1940 et dont les précurseurs que l’histoire a retenus sont Merton et Lazarfield. (Duchesne et Haegel, 2004).

, l’intérêt de la méthode se présente principalement en ce qu’elle est « centrée sur une expérience vécue par l’ensemble des enquêtés. Ceux-ci ont

préalablement été engagés dans une situation particulière et concrète.». Cette méthode

permet de «faciliter le recueil de la parole individuelle (…) et d’élargir l’éventail des

réponses recueillies» (Duchesne et Haegel, 2004: p.11). C’est dans cette lignée que je

désirais inscrire la conduite d’entretiens collectifs pour mon travail de recherche avec, dans le cas qui nous intéresse ici, comme expérience commune celle d’habiter une zone inondable particulière : Lattes. Je me différencie en ceci de l’approche française, plus influencée par la psychologie sociale et qui concentre davantage l’analyse sur la dynamique de groupe. Ici, il ne s’agit pas d’expliquer ce qui se passe au sein du groupe mais plutôt de comprendre ce que la situation de discussion en groupe produit. Cependant, sans me concentrer sur la dynamique de groupe, ni penser que celle-ci soit une quelconque entrave à la fiabilité de la méthode, je ne considère pas l’entretien collectif comme une somme d’entretiens individuels. En analysant les interactions sociales dans le groupe, le regard s’est porté autant sur ce qui était dit que sur le comment cela était dit. Il s’est agi d’observer « les interventions des uns et des autres, les

arguments d’autorité et les stratégies d’influence, les tentatives de marginalisation de certaines positions, l’évitement du désaccord sur certaines sujets ou, au contraire, la facilité avec laquelle il est assumé sur d’autres » (Duchesne et Haegel, 2004: p.40).

41 L’approche sociologique française des entretiens collectifs est facilement associée aux travaux « d’intervention sociologique » initiés par Touraine, connus pour leurs propensions à l’action sur la réalité sociale et la facilitation de l’auto-analyse des participants. Je ne partage pas cette orientation. Même si je conçois tout à fait que la participation à un tel dispositif n’est pas sans effet, je ne le différencie cependant pas franchement de l’effet qu’un entretien individuel produit sur l’individu où il est amené, en situation de face à face, à se positionner sur un sujet. À mon sens, la facilitation de l’accès des participants à l’auto-analyse peut être tout aussi présente dans le cadre d’entretien individuel. Ce que je retiens alors de cette inclinaison à faciliter l’auto-analyse des participants dans l’approche « tourainienne » se situe dans ce qu’elle vise à ce que le groupe soit tourné vers le mouvement social dans lequel il s’inscrit et qu’il incarne. Ainsi que le mettent en mots Sophie Duchesne et Florence Haegel (Duchesne et Haegel, 2004: p.16) « Le niveau d’analyse n’est ni l’individu, ni le groupe,

mais bien la réalité historique. » Il s’agit bien de considérer l’entretien collectif non pas pour

faire du groupe mon objet de recherche, mais de considérer l’entretien collectif comme « un

outil de production de discours et le groupe comme le cadre de recueil de ces discours : (…) il s’agit de recueillir des données produites dans un cadre collectif » (Duchesne et Haegel,

2004: p.18). Mon recours aux entretiens collectifs rejoint ainsi davantage l’approche anglo-saxonne où cette méthode est valorisée pour saisir le sens partagé, voire du consensus sur un sujet.

Enfin, au delà de la question de savoir où placer nos entretiens collectifs sur le continuum observation - expérimentation – intervention, il s’est surtout agi - comme le réclame mon approche de type ethnographique – de se situer dans le prolongement de « l’observation habitante » ; et ainsi dans la lignée des « usages ethnographiques de l’entretien collectif ». Cet usage implique de privilégier la recherche de « naturel » à travers les situations. Sans pour autant nier qu’il puisse y avoir de la « production de discours marqué par des déterminations

extérieures et des relations sociales non contrôlées » (fait qui pousse certains auteurs à

insister sur la nécessaire « coupure » avec le milieu naturel des personnes concernés afin d’éviter le parasitage), une nouvelle fois, il me semble que sur ce point les entretiens collectifs se situent au même niveau que les entretiens individuels. Bien que reconnaissant le caractère construit de l’interaction à l’origine du discours, je ne désirais pas m’inscrire dans une approche expérimentale qui oblige une forte standardisation du dispositif et le contrôle des variables.

Afin que la discussion revête un caractère proche de la réalité de la vie quotidienne, deux choix méthodologiques en ont découlé : celui de la constitution des groupes et celui du choix du lieu de réunion. Concernant le lieu de réunion, qui cadre matériellement cette possibilité, le choix s’est porté sur le domicile même du chercheur. J’ai invité et accueilli les habitants à mon domicile, en soirée et autour d’un apéritif dînatoire. Le cadre personnel et idoine au questionnement - puisqu’il s’agissait d’un habitat lattois - visait à encourager le mode conversationnel recherché, s’approchant le plus que possible de la situation « naturelle ». Le fait que la plupart des participants soient arrivés avec une participation gustative ou

42 désaltérante pour la « soirée » fournit un indice de leur définition commune de la situation. Pour la constitution des groupes, ceux-ci furent formés par le recours au réseau social établi sur le terrain depuis mon installation. Ce type de formation de groupe présente, selon la littérature, deux risques principaux. Le premier a trait au fait que les personnes se connaissant bien (et se ressemblant ; la règle d’or de formation de groupe étant l’homogénéité sociale des groupes) n’ont pas forcément besoin d’expliciter leur propos dans le détail car ils se

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