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Ruralité urbaine, urbanité rurale : un milieu hybride

promesses : quand l’habiter rassure, mais éloigne et expose

Chapitre 4. Un milieu et des habitants en quête d’identité : urbanité et ruralité entremêlées

4.1. Ruralité urbaine, urbanité rurale : un milieu hybride

La trajectoire du milieu développée dans la partie précédente (partie 1) a mis en évidence la transformation rapide et récente d’un milieu rural en un milieu plus urbanisé. Ce milieu donne à voir aujourd’hui autant des éléments attachés à l’une ou l’autre de ces catégories. Située en première couronne de Montpellier et à la lisière d’espace naturel d’étangs et de marais, Lattes est un milieu hybride, entre nature et ville. La représentation cartographique de l’occupation des sols (figure 2 p.15) permet de se représenter la répartition des espaces bâtis et des espaces « naturels » de l’environnement lattois donnant à voir le caractère mêlé du milieu entre ville, campagne et marais. La zone nord de la commune (zone commerciale et quartier de Port Ariane) matérialise une tendance « ville », quand la zone sud (zone naturelle protégée, espaces agricoles et quartiers des lotissements sud) la tendance

« campagne ».

L’architecture de Lattes-centre se compose de trois éléments principaux : les mas agricoles qui existaient avant 1960, le (tout) petit centre-ville ancien et les quartiers résidentiels. Les bâtiments marquant l’histoire locale, les mas agricoles et le vieux centre, ne sont plus bien visibles aujourd’hui, noyés dans les quartiers résidentiels qui dominent largement le panorama. Le tout petit centre-ville « ancien », peu visible, est composé par le bâtiment de la mairie, l’ancienne chapelle, un ancien mas qui a été restauré et qui sert de local communal et d’un café, l’ancien café de la gare. Sur un rond point du centre-ville est mis en valeur un vestige du « petit train » d’antan qui apparaît dissous dans l’ambiance plus « moderniste » qui entoure. Ces éléments se mêlent à un espace commercial, l’espace Aragon, construit sous l’ancienne municipalité dans les années 1980, disposé autour d’une petite place circulaire avec un petit ensemble d’immeuble en R+4. Plus récemment cette place a fait l’objet d’un projet de réaménagement avec la disparition de l’ancien « foyer rural » pour la construction d’un espace multimédia, l’espace Lattara.

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Figure 13: Photos de Lattes-centre (1) Église et bâtiment annexe de la mairie (à gauche), rond point centre (au centre) et place Aragon (à droite) [S. Durand © 2009.]

Figure 14 : Photos de Lattes-centre (2) Espace Lattara (à gauche) et place Aragon (à droite).

[S. Durand © 2009.]

De la place circulaire a été fait le lien avec le quartier plus récent de Port Ariane qui se fait emblématique de l’urbanité moderniste lattoise.

Figure 15 : Photos du quartier de Port Ariane [S. Durand © 2009.]

Si l’on exclut ce dernier quartier de Port Ariane, les quartiers résidentiels n’ont pas fait l’objet d’un projet fédérateur architecturalement parlant. Répondant au modèle classique de la maison individuelle avec jardin, des différences apparentes s’expliquent par des constructions qui se sont échelonnées des années 1970 aux années 2000. La représentation ci-dessous permet de localiser les principaux différents quartiers résidentiels de Lattes-centre : Les Filiès, La Cougourlude, Fontvin, Le clos Méjean, Les Jardins de plaisance, Port Ariane, (par ordre d’ancienneté).

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Figure 16 : Représentation des quartiers de Lattes-centre158

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Pour plus de lisibilité, la présentation des noms de quartiers n’est pas exhaustive. Ne figurent pas les noms de quartiers plus petits dont l’usage se raréfie, comme Le village, La Pommeraie, La Closeraie ou les Argonautes. Ils sont englobés dans les autres quartiers aux noms plus courants présentés ici. Les quartiers des Jardins de plaisance et du Clos Méjean sont régulièrement confondus sous le nom de « lotissements Sud ».

[d’apèrs le plan réalisé par JML Communication ©].

117 L’architecture type des maisons varie sensiblement d’un quartier à l’autre en fonction de son ancienneté. Les premiers quartiers bâtis comprenaient des maisons traditionnelles rectangulaires – dont certaines se composaient d’une habitation en R+1 et de garage en rez-de-chaussée, en lien avec l’inondabilité de la zone – quand les quartiers plus récents sont constitués de maison de type « villa méditerranéenne». Les différents quartiers de Lattes-centre se ressemblent cependant beaucoup lorsque l’on arpente leurs rues, ainsi que nous pouvons le voir sur les photos ci-dessous.

Figure 17 : Photos des rues des quartiers de Lattes-centre (1) Clos Méjean (gauche), Centre (milieu) et Jardins de plaisance (droite) [S. Durand © 2013].

Figure 18 : Photos des rues des quartiers de Lattes-centre (2) Filiès (gauche), Cougourlude (milieu) et Jardins de plaisance (droite) [S. Durand © 2013].

Si ce sont les espaces urbanisés qui dominent aujourd’hui le panorama lattois aperçu globalement, en lisière des quartiers Sud et Est de Lattes-centre se situent des espaces de verdure, espaces agricole (Est) ou espace naturel du Méjean (Sud), et certaines caractéristiques « rurales » sont encore bien présentes.

Figure 19 : Photos de la ville – campagne. Vue aérienne des Filiès en limite Est de la ville – avec la localisation maison de « l’observation habitante « – (gauche) ;

limites Sud du lotissement des Filiès et début de la zone naturelle du Méjean (centre) ; champ agricole bordant le Sud du quartier du Clos Méjean (à droite) [S. Durand © 2013.]

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Figure 20 : Photos de paysages lattois. Terres du domaine de Fangouse à l’Est (gauche); cigognes en bordure sud du lotissement des Filiès (centre), vue sur l’étang du Méjean au Sud (droite). [S. Durand © 2012.]

La proximité à la nature prend corps au travers d'éléments physiques environnants comme le paysage ou les animaux qui le peuplent. Au quotidien, cette proximité se matérialise par des bruits associée à l’idée de la campagne, tel le croassement des grenouilles ou le gazouillis des oiseaux, nombreux dans ce milieu de marais aux portes de la zone naturelle du Méjean. Nous relevons ici que la nature dont il est question est une nature très aménagée. Une nature entretenue et utilisée par l’homme. Les espaces de verdures sont répartis entre la zone naturelle du Méjean, aménagée pour l’accueil du public et des espaces agricoles qui tendent à disparaître, nous y reviendrons. Il n’en reste pas moins que cette matérialité est davantage attaché à la campagne qu’à la ville. La matérialité de l’élément naturel est particulièrement prégnante en ce qui concerne l'eau. En balade vers la zone naturelle, informé de mon sujet d'étude, un ami me rappelait et me disait « mais comment certains ne peuvent ne pas savoir

que c'est inondable : il y a de l'eau partout ! » L'eau est en effet très présente : par les

nombreux ruisseaux et les nombreuses roubines qui serpentent dans la ville et ses entours (et dont certaines ont été recouverte par les routes), mais aussi par la présence de l'étang ou encore la proximité de la mer. L’humidité est ambiante.

Figure 21: Photos de l’eau à Lattes. Zone naturelle du Méjean (gauche) ; exemple d’aménagements hydraulique de la plaine (centre gauche) ; vue sur la vasque de port Ariane (centre droit) ; martelière pour la gestion hydraulique, rond-point du centre (droite). [S. Durand © 2011.]

C

e milieu de vie apparaît donc comme résistant à la dénomination. Forme hybride entre la ville et la campagne, située dans la première couronne de Montpellier, Lattes s’apparente à une banlieue cossue, ne rentrant pas bien dans les qualificatifs courants d’un périurbain subi, ainsi que nous allons le voir. Le qualificatif de « ville – campagne » de Jean-Didier Urbain (Urbain, 2002) qu’il définit comme « un mode de vie urbain vécu sous les

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espèces de la campagne » sied bien à ce tableau « hybride » aux attirances entremêlées des

modes de vie urbain et rural du vivre ensemble que Lattes offre. L’alternance contemporaine entre espaces urbanisés, d’habitation et de commerce avec des espaces vert, de parcs et de forêts, ou d’espace cultivés formerait une même unité, celui de la « ville territoire » (Chalas, 2009). David Mangin parle dans le même sens de « ville franchisée » dont les trois moteurs sont la voiture, la maison individuelle et le lotissement, et la place prépondérante des espaces commerciaux et équipements en tout genre (Mangin, 2004) qui sied bien à l’environnement lattois. La confrontation avec les justifications au choix du lieu de vie et les argumentations liées à l’habiter ici vont nous permettre maintenant de préciser la qualification de ce milieu hybride et de dessiner des profils habitants (section 4.2), ce qui permettra ensuite de discuter la nature du lien social associé à cette nouvelle urbanité interrogée par « la ville desserrée » (Bordreuil, 2000) lattoise (section 4.3).

4.2. Des urbains dans la campagne, des ruraux dans la ville :

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