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RECIT LITTERAIRE

IV. Les ateliers d’écriture

IV.3. Typologie des ateliers

Les grandes tendances qui ont marqué l’histoire des ateliers d’écriture se diversifient et se multiplient au gré des recherches effectuées tant en littérature qu’en didactique. Le regroupement de ces tendances en quatre grandes familles se veut une tentative menée par Eva Kavian (2007) pour les répertorier et les catégoriser à des fins pédagogiques. En effet, elle dégage quatre types d’ateliers à savoir les ateliers récréatifs, les ateliers de développement personnel, les ateliers à objectifs sociaux et les ateliers littéraires. Dans les lignes qui suivent nous apportons des explications relatives à chacun de ces quatre types.

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IV.3.1. Les ateliers récréatifs

L’objectif principal de ces ateliers est la mise en place de séances périodiques au cours desquelles l’écriture est envisagée comme le moyen de s’amuser et de se retrouver lors des rencontres créatives. Le principe de ces ateliers est de considérer les jeux comme une clé pour la découverte du monde de l’écrit et pour progresser dans ses pratiques scripturales. Cela passe dans une atmosphère de convivialité et de réceptivité.

IV.3.2. Les ateliers de développement personnel

La spécificité de ces ateliers est de conduire progressivement les scripteurs vers la découverte de leurs capacités communicatives afin de développer leur estime en soi. Ce même objectif est fortement poursuivi par le Centre Interculturel de Communication, Langues et Orientation Pédagogique (CICLOP) dont les adeptes affirment que « l’écriture est au service du développement personnel » (Lafont-Terranova, 1999 : 36). Pour eux, l’atelier d’écriture favorise prioritairement la spontanéité de l’expression à partir d’un déclencheur (mot, expression, situation…) proposé au groupe par l’animateur ou par n’importe quel autre participant. Pour plus de liberté, ni les lectures obligatoires des textes produits ni les réactions sont recommandées. Le projet du CICLOP ne s’inscrit pas dans aucune progression préalable ; chacun est libre de venir à l’atelier comme et quand il retrouve la vraie envie d’écrire.

IV.3.3. Les ateliers à objectifs sociaux

Ce sont des ateliers menés généralement dans des contextes particuliers où l’attention est focalisée sur l’intégration sociale des participants. Cette orientation implique la prise en compte de la dynamique du groupe et des interactions entre les communicants. Il n’est pas question ici de s’intéresser aux textes, à leur esthétique et aux règles de leur écriture mais de valoriser les échanges d’idées dans des situations précises. Les effets thérapeutiques de la communication aident les sujets à surmonter leurs difficultés d’expression dans la vie réelle, à prendre la parole en public et à donner leurs visions et leurs points de vue sur des sujets donnés.

IV.3.4. Les ateliers d’écriture littéraire

Ils mettent en avant une écriture axée sur la créativité, la narration et la fiction. Selon Eva Kavian (2007), l’atelier d’écriture de type littéraire se met en œuvre tout d’abord à partir d’une proposition d’écriture privilégiant un enjeu littéraire, à savoir le

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déclenchement du désir d’écrire. Quand chacun retrouve ce désir, il passe à l’écriture proprement dite pour transcrire ses idées et les transformer en texte cohérent et significatif. Vient ensuite la lecture des textes produits suivie par des commentaires des autres participants et de l’animateur.

Envisagée de la sorte, l’atelier d’écriture littéraire est pour Eva Kavian (2007 : 23) « un lieu d’expérimentation, d’échanges, et vise à construire l’espace de l’écriture

solitaire. Il s’agit d’aller vers l’inconnu que chacun porte en lui, vers l’Autre en soi qui parle dans le texte ». Dans ce cens, expérimenter l’écriture littéraire, c’est en quelque

sorte une invitation pour aborder le processus littéraire sous l’angle de la faisabilité loin des savoirs figés représentés dans les ouvrages théoriques de la littérature.

La classification des ateliers en quatre catégories établie par l’animatrice Eva Kavian est basée sur l’objectif assigné à chaque atelier. C’est en fonction de la fin que l’on peut atteindre suite à l’acte d’écrire que l’on classe l’atelier dans telle ou telle catégorie. Ecrire pour s’amuser, pour travailler sur soi-même, pour s’intégrer à la société ou encore pour accéder à la littérature sont autant d’objectifs que les sujets-écrivant pourraient atteindre.

Conclusion

Au cours de ce chapitre, nous avons tenu à apporter un éclaircissement d’ordre théorique sur les spécificités du processus scriptural engagé à visées didactiques. Notre objectif étant de montrer comment amener l’étudiant de langue à faire face à son insécurité scripturale, s’il l’on reprend le terme employé par Dabène (1987), nous nous sommes préoccupé de mettre la lumière sur les leviers sur lesquels il faudrait s’appuyer.

Une des suggestions qui semble susceptible d’apporter ses fruits et de fournir une réponse partielle à la problématique réside, à notre sens, dans l’articulation entre la lecture littéraire et l’écriture. Tenir compte de ce lien étroit démontré par les recherches récentes en didactique, c’est vouloir, en quelque sorte, construire un plan d’apprentissage efficace qui se démarque par sa vision assez globale à la littérature puisqu’on la détache du regard simpliste qui la réduit au simple fait de lire. Si, au contraire, on s’oriente vers l’angle du faire, une gamme de piste s’offrira à nous. A titre illustratif, nous citons les activités critiques, récréatives et créatives qui tendent à

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rapprocher les deux actes de lire et d’écrire dans une même logique d’enseignement de la littérature.

Puisque le récit présente un genre littéraire particulier, nous nous sommes proposé d’examiner de plus près les dimensions conceptuelles, linguistiques et textuelles qui se rattachent à son écriture. A cet égard, le modèle développé par Michel Fayol nous semble solide sur le plan théorique et pourrait faire l’objet d’exploitation pédagogique.

Au final, nous nous sommes attelé à présenter quelques principes directeurs des ateliers d’écriture dont l’apport pédagogique est la contribution au développement des performances langagières des apprenants. Ils attirent actuellement un large public et s’approprient bien à une démarche de didactisation de la littérature centrée sur le sujet-écrivant et conforme à la théorie de l’esthétique de la réception si mise en avant par les didacticiens.

Tout au long des quatre chapitres précédents, nous nous sommes proposé d’aborder la question de la lecture littéraire sous plusieurs angles afin de pouvoir entamer notre expérimentation dont les fondements seront explicités dans ce qui suit.

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CHAPITRE V : CADRE ET