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CHAPITRE V : CADRE ET CHOIX

I. Questions de recherche

Le défi que doit relever l’enseignement de la lecture littéraire face au renouveau pédagogique se concrétise dans son pouvoir de s’imposer comme une activité dynamique vouée à donner au sujet-lecteur toute son importance de telle sorte qu’il trouve les moyens pour manifester son expérience à la fois objective et subjective. Cela nous porte à croire que lire la littérature dépasse la simple transmission du patrimoine textuel et culturel aux générations et ne se limite plus aux connaissances et aux savoirs livresques, biographiques et sociaux. Dans cette logique, les textes littéraires sont appréhendés comme des documents authentiques exploités pour inciter les lecteurs à formuler un jugement esthétique et critique à propos des réalités auxquelles ils sont confrontés tout en acceptant la possibilité de transformer leurs attitudes et leurs visions du monde.

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Ainsi, l’enseignement de la littérature a tout l’intérêt de se donner pour objectif d’encourager la pratique effective de la lecture littéraire par le bais du développement des aptitudes de compréhension et d’interprétation, des compétences lecturales et la bonification des capacités culturelles et langagières des étudiants.

Par ailleurs, vu qu’elle participe de manière conséquente à la construction de l’identité personnelle et culturelle du lecteur, la lecture littéraire peut être donc envisagée comme une source appréciable de culture : bien que la littérature soit marquée par une discontinuité temporelle, elle dresse des ponts pour assurer une rencontre harmonieuse avec l’Autre où qu’il soit et indépendamment de l’aire temporelle ou géographique à laquelle il appartient.

Cette rencontre du lecteur à un texte fortement imbriqué de faits socioculturels nous interpelle particulièrement pour nous pencher sur la question du rapport qu’il entretient à la littérature et à l’acte de lecture en sa qualité d’activité métacognitive mais aussi subjective et personnelle. La problématique que nous soulevons s’articule également autour de l’appropriation de la littérature par des étudiants qui, longtemps habitués, à des pratiques enseignantes axées sur le savoir de l’enseignant, trouvent peu de place pour exprimer leurs points de vue.

Notre intérêt est porté plus précisément au récit en tant que genre discursif omniprésent dans les manuels et les méthodes d’apprentissage du français et très influent sur les pratiques scolaires et extrascolaires des étudiants. Un tel engouement est justifié par le fait que le récit est considéré comme étant « une forme culturelle si

répandue qu’il est impossible d’imaginer que les élèves n’aient pas bénéficié d’une imprégnation préalable qui les ait aidés à se forger une représentation de ce qu’il est le récit » (Plane, 1994 : 123). A ce propos, la prise en compte de la culture éducative des

apprenants parait comme une partie prenante qui précède toute conception de plan de formation pédagogique.

De plus, ce qui rend probablement le récit un genre scolaire très prisé serait sa structure conventionnelle et récurrente à la quelle les lecteurs sont habitués dès leur bas âge. Cela constitue un facteur important qui facilite la compréhension et la reproduction de tels textes.

Pour toutes ces considérations suscitées, la problématique de la didactisation de la lecture littéraire n’a pas cessé, ces dernières années, de faire l’objet de toutes les

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attentions. Dans le contexte universitaire algérien, elle constitue une « problématique

centrale dans la formation initiale des futurs enseignants à l’Université, et dans la conception et la production des programmes et des manuels scolaires dans le système

éducatif ». (Medjahed, 2018 : 93). Dans cette optique, nos interrogations trouvent leur

source dans notre volonté d’étudier les effets de l’agir enseignant et des pratiques professorales sur le développement de compétences lecturales, narratives, scripturales et communicatives chez nos étudiants.

Autre raison qui nous mène à orienter notre recherche vers la problématique de la didactisation du récit à l’université algérienne, en l’occurrence l’Ecole Normale Supérieure, est la place prépondérante qu’occupe le récit dans les programmes de formation des futurs enseignants algériens pour les préparer à enseigner cet objet d’étude très présent également dans les programmes scolaires conçus par le Ministère National de l’Education.

Compte tenu de cette réalité, nous étions conduit à cerner notre problématique centrale de recherche en nous interrogeant sur les modalités didactiques et pédagogiques à mettre en place en vue de favoriser une véritable culture de lecture des récits littéraires chez les étudiants de langue française.

En fait, nous chercherons plus spécifiquement à comprendre en quoi consistent les difficultés rencontrées par ces jeunes apprenants lors de la lecture des récits afin d’y remédier et de les doter d’outils efficaces susceptibles de les former à être, non seulement de bons lecteurs mais aussi à être des professionnels aptes à faire vivre à leurs futurs élèves des expériences riches et motivantes en lecture littéraire. Cela passe, à notre sens, par une formation réfléchie et basée sur des assises théoriques et pratiques solides.

C’est dans ce contexte particulier (initier des futurs enseignants à la lecture littéraire des récits) que l’on reformule l’interrogation centrale de cette recherche en ces termes :

- Dans quelle mesure la didactisation de la lecture littéraire du récit permet-elle aux étudiants de développer une compétence littéraire ?

A ce questionnement, d’autres questions connexes sont à poser :

– Devant la panoplie des conceptions didactiques relatives à l’acte de lire les textes littéraires, quelle(s) lecture(s) littéraire(s) faut-il encourager dans le

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milieu universitaire algérien et qui pourrait(aient) y correspondre le mieux ?

– Quelles pratiques enseignantes seraient-elles les mieux appropriées pour la lecture littéraire des récits à l’université algérienne ?

– Comment didactiser la lecture littéraire des récits en tenant compte à la fois du contexte universitaire algérien et des pratiques personnelles de lecture des étudiants ?

– Quelles modalités didactiques seraient-elles mises en place pour que la lecture littéraire des récits contribue au développement de la compétence littéraire des étudiants algériens de langue française.

Toutes ces questions nous guideront dans la réalisation et la structuration de notre thèse doctorale.