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La transformation des types relatifs à l’évaluation du niveau de jeu

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 170-174)

Résultats de l’Etude de cas n°1 : cours d’expérience de Karim et Jean et processus de transformation des types

3. La transformation des types relatifs à l’évaluation du niveau de jeu

Les types relatifs à l’évaluation du niveau de jeu concernent l’évaluation de son propre niveau de jeu par les élèves, celui de son équipe et des autres joueurs. Deux éléments ressortent de l’analyse de la transformation de ces connaissances : a) elles sont majoritairement non liées aux attendus de l’enseignante, car Jean situe principalement son niveau de jeu en fonction de ses échecs au tir ; b) elles sont liées aux attendus de l’enseignant lorsque Jean situe le niveau de son équipe à partir des consignes délivrées par l’enseignante.

3.1. Jean juge son niveau moyen à partir de la perception de ses échecs au tir

Le premier élément sur ces types relatifs au niveau de jeu concerne le fait qu’ils sont majoritairement non liés aux attendus de l’enseignante, comme le montrent plusieurs points rouges sur les extraits de graphiques suivants (Figure 19).

Figure 19. Liens entre les connaissances relatives au niveau de jeu de Jean et les attendus de l’enseignante.

À plusieurs reprises, Jean juge son niveau de jeu en fonction de ses échecs au tir, et trouve que son niveau est plutôt mauvais à partir de ce critère. Un exemple typique apparait en Leçon 5 où les élèves s’échauffent par deux en faisant des passes et en tirant lorsqu’ils arrivent au panier. Jean nous explique : « bah en général en fait j’ose pas tirer donc je lui repasse à chaque fois » (Extrait EAC, Leçon 5, 12min51). Puis, lors de cette même leçon, il est face au panier avec un camarade en attendant que l’enseignante lance le début de la situation. Jean tend le ballon à son camarade : « tire toi parce que je suis nul moi » (Extrait, Leçon 5, 31min). Jean s’évalue donc à un niveau plutôt bas, parce qu’il voit qu’il n’arrive pas à marquer des paniers, que ce soit à l’échauffement comme en match. Cette connaissance qu’il a construite de son niveau faible au tir se transforme en une connaissance relative à l’évaluation d’un niveau faible au basket plus globalement au cours du cycle.

Ce point de résultat est en décalage avec les attendus de l’enseignante pour qui le résultat au tir n’était pas forcément la priorité : elle cherche surtout à ce que les élèves soient capables de construire des attaques et d’être en position favorable de tir. Par exemple, au cours d’une consigne collective lors de la Leçon 5, l’enseignante leur dit : « le jour de l’évaluation, vous êtes autant valorisés en tant que porteur qu’en tant que non porteur… Il faut essayer de faire jouer tout le monde pour tous ces déplacements, on regarde pas mal les non porteurs, tout ce qu’ils vont proposer comme solutions. Après la finition, c’est pas très grave, c’est pour ça que je vous dis que le tir, le ballon soit marqué ou pas c’est pas grave du tout, c’est les déplacements déjà et le fait de proposer des solutions qui m’intéresse » (Extrait Enseignante, Leçon 5, 41 minutes). Même si l’enseignante insiste à plusieurs reprises sur cet élément de l’évaluation, Jean semble plutôt focalisé sur son échec au tir pour évaluer son niveau de jeu en Basket.

3.2. Jean évalue le niveau de jeu de son équipe

Un deuxième élément concernant les connaissances relatives à son niveau de jeu concerne le fait que Jean situe le niveau de son équipe lors de deux moments saillants : a) lorsqu’il comprend les statistiques de tirs et de possessions de balle de son équipe ; b) lorsqu’il comprend, au cours d’un débriefing de l’enseignante, que son équipe se précipite trop dans le jeu.

3.2.1. Une condition favorable : l’utilisation d’indicateurs statistiques

Lors de la Leçon 2, l’enseignante demande aux élèves qui sont en attente, d’observer à l’aide d’indicateurs, l’activité des joueurs sur le terrain afin de faire un point sur l’efficacité de l’équipe en attaque. Les élèves doivent alors compter le nombre de possessions de balle, les

situations favorables de tirs et les paniers marqués. L’utilisation de ces indicateurs doit permettre aux élèves de se rendre compte de leur capacité à créer des opportunités favorables de tir, et de leur réussite au panier selon ces opportunités créées. À l’issue du match, Jean vient voir les statistiques au tableau pour regarder le ratio entre le nombre de possessions et le nombre de tirs réalisés. Il construit alors la connaissance que son équipe a de bonnes possessions de balles mais qu’ils ont mis peu de « tirs cadrés » par rapport au nombre de tirs réalisés (Tableau 21).

Tableau 21. Extrait de la Leçon 2 : Jean construit des connaissances relatives au niveau de jeu à partir de l’outil « statistiques » lors de leur match.

Leçon n°2. 28min30-30min25.

Description de l’activité Entretien d’auto-confrontation

Composantes du signe Jean tire et rate le panier.

L’enseignante siffle la fin du match et leur dit d’aller voir leurs statistiques.

Jean marche vers le tableau.

L’enseignante regarde les statistiques : « alors les sans couleur vous êtes à 9 tirs sur 11 possessions donc ça c’est positif, ça veut dire que vous ne perdez pas la balle sur la montée de balle… par contre la qualité des tirs ? Y’en a 3 qui touchent il aurait fallu mettre un peu plus de tirs cadrés mais bon …

R : voit les statistiques au tableau

eR : regarder les statistiques de son équipe

U : regarde les statistiques au tableau

I1 – Construction : son équipe a de bonnes possessions et pas mal de tirs ce qui répond à l’objectif de tirer quand on a la balle I2 – Construction il faut mettre plus de tirs cadrés Les critères utilisés pour rendre compte du niveau de jeu de l’équipe semblent faire sens ici pour Jean en regardant le tableau (R) qui construit la connaissance relative au fait que son équipe doit être plus efficace dans les tirs pour qu’ils marquent plus de paniers (I2), puisqu’elle a déjà de bonnes possessions de balles et de tirs (I1).

3.2.2. Une condition défavorable : un décalage entre les attendus de l’enseignant et la perception des meneurs par Jean

Plus tard au cours de la même leçon, l’enseignante met en place des « meneurs » dans les équipes qui sont des joueurs issus des groupes de meilleur niveau pour qu’ils aident à mieux

organiser les montées de balle et à calmer le jeu pour être plus efficaces dans la construction de l’attaque. À la fin du match, l’enseignante fait un bilan avec eux mais qui n’est pas en lien avec ses attendus : les meneurs ont eu plutôt tendance à accélérer le jeu, ce qui a nui à la qualité du jeu. Pour Jean, le meneur n’a pas trop d’importance, hormis le fait qu’il est meilleur et est censé marquer plus de paniers (Tableau 22).

Tableau 22. Extrait de la Leçon 2 : Jean évalue l’utilité du meneur lors de l’explication de l’enseignant sur le fait qu’il permet de marquer des points.

Leçon n°2. 61min-61min20. que ça allait plus vite dans leur groupe. buts et tout mais sinon j’y pensais pas.

R : entend l’enseignante parler de leur match

eR : écouter l’enseignante sR1 – Actualisation : le meneur dans son équipe est meilleur et arrive mieux à mettre des paniers

sR2 – Actualisation : le jeu va plus vite dans le groupe des meilleurs

U : écoute l’enseignante parler des meneurs

I – Construction : les meneurs ont plutôt accéléré le jeu que le calmer parce que ça va plus vite dans leur groupe

Lorsque Jean écoute l’enseignante qui parle de leur match avec les meneurs (R), il comprend que ces derniers n’ont pas forcément aidé à calmer le jeu, mais qu’ils l’ont plutôt accéléré (I).

Il construit cette connaissance parce qu’il sait que ce groupe de joueurs est meilleur et joue plus vite d’habitude (sR2). Il nous explique d’ailleurs que l’avantage qu’il voit à la présence d’un meneur est le fait qu’il mette des paniers parce qu’il est meilleur ; sinon il n’y pense pas forcément. Cet extrait révèle ici un décalage entre l’objectif de l’enseignante dans l’intégration de ces meneurs dans le jeu, et les connaissances que Jean construit à propos des meneurs, qu’il identifie plutôt comme des joueurs qui permettent de marquer plus de points car leur niveau est meilleur. Cette perception renvoie également à ce qui fait sens pour Jean dans l’évaluation de ce qu’est un bon niveau de jeu, le sien comme celui des autres : le fait de réussir ou non à marquer des paniers.

Finalement, les connaissances relatives au niveau de jeu pour Jean se transforment à partir de deux conditions principales : d’un côté, Jean juge son niveau plutôt faible à partir de sa non-réussite aux tirs ; de l’autre il évalue le niveau de son équipe à partir de l’outil statistique mis en place par l’enseignante ainsi que des explications qu’elle donne auprès de son groupe. Nous avons par contre vu un décalage entre l’enseignante qui prête attention à la construction du jeu et moins à la réussite au tir, et Jean, pour qui c’est un des éléments principaux lui permettant de juger de son efficacité ou de celle des autres tout au long du cycle.

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