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Une présence forte des types relatifs aux règles du jeu en Situation B pour Jean

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Résultats de l’Etude de cas n°1 : cours d’expérience de Karim et Jean et processus de transformation des types

2. La transformation des types relatifs aux règles du jeu

2.1. Une présence forte des types relatifs aux règles du jeu en Situation B pour Jean

2.1. Une présence forte des types relatifs aux règles du jeu en Situation B pour Jean

Au cours des Situations B, ce sont majoritairement des connaissances relatives aux règles du jeu qui se typifient, en comparaison avec les occurrences des autres catégories de connaissances. Les connaissances relatives aux règles du jeu sont celles entourées en rouge dans la Figure 15. Les carrés apparaissant sur les graphiques sont des types et la couleur indique si elles sont construites (bleu), actualisées (jaune), validées (vert) ou invalidées (rouge). Les carrés gris permettent d’identifier le déroulement des différentes situations au cours de la leçon.

Figure 15. Extraits de graphiques au cours des Situations B des Leçons 3 et 5 pour Jean : les types relatifs aux règles du jeu sont majoritaires par rapport aux autres catégories.

Lors de la Leçon 3, la situation mise en place par l’enseignante est celle du travail des contre-attaques, où chaque équipe passe en attaque puis en défense. Lorsqu’une équipe a tiré un panier, un membre de son équipe doit aller toucher un coin du gymnase pendant que les deux autres retournent en défense. Une autre équipe entre alors en attaque et se retrouve en surnombre le

temps que celui qui est allé toucher le mur revienne dans le jeu. Sur le graphique (Figure 15), nous pouvons repérer que la majorité des connaissances construites et actualisées sont celles relatives aux règles du jeu. Les connaissances relatives à la position en attaque – attendues par l’enseignante – n’apparaissent que très peu, et uniquement à la fin de la situation.

Au début de la mise en place de cette situation, à la fin des explications de l’enseignante, Jean marche à côté d’un camarade (Léo) sur le terrain et lui demande ce qu’il faut faire pour la situation de la contre-attaque. Léo lui explique alors l’organisation entre eux : l’alternance de ceux qui attaquent et de ceux qui défendent. En auto-confrontation, Jean nous explique à ce moment-là qu’il n’avait pas compris grand-chose, notamment la rotation des différents passages entre la défense et l’attaque. Les explications de son camarade sont complétées par des observations de Jean sur les joueurs qui passent avant lui sur l’exercice (Tableau 16).

Tableau 16. Extrait de la Leçon 3 : Jean demande des explications à Léo sur le fonctionnement de l’exercice.

Leçon n°3. 27min23-27min48.

Description de l’activité Entretien d’auto-confrontation Composantes du signe Jean marche à côté de Léo et

lui demande ce qu’il faut faire.

Léo : « ouais en gros c’est des attaques défenses, donc eux ils vont attaquer puis ils vont revenir défendre. Et une fois qu’ils auront défendu ils s’en iront ».

Jean : « lesquels, les oranges ou les verts ? ».

Léo : « euh les verts je pense… ».

Jean : « ouais … ».

Léo : « du coup ce sera à nous, nous on rentre, on attaque on va à l’autre panier on tire et celui qui a tiré doit aller toucher un coin de la salle avant de revenir et les autres ont le droit de revenir ». ça s’est bien passé parce que j’avais vu de l’autre côté. Mais le problème c’était vraiment l’échange de repasser, pour défendre puis revenir, puis échanger… ce que j’avais compris c’est qu’on devait marquer, enfin tirer, et puis qu’on marque ou qu’on gagne la personne qui a tiré doit toucher le mur et on doit repartir en défense de l’autre côté. Et donc du coup ça fait 3 contre 2 en attaque l’autre qui a dû toucher le mur de l’autre équipe revienne avec son équipe

Dans cet extrait, Jean écoute son partenaire Léo (R) et construit la connaissance qu’il faut d’abord aller attaquer puis le joueur qui a tiré va toucher le mur (I1). Il comprend alors que les joueurs seront en 3 contre 2 le temps que l’autre joueur revienne à sa position de défense (I2).

Quelques minutes plus tard, c’est au tour de l’équipe de Jean de passer sur l’exercice, mais il n’est plus sûr de ce qu’il faut faire après avoir touché le mur. Jean touche le mur après avoir

tiré au panier, puis court derrière ses partenaires et demande confirmation à Léo s’ils sont bien en position de défense (Tableau 17).

Tableau 17. Extrait de la Leçon 3 : Jean demande confirmation à Léo pour savoir s’ils sont bien en défense.

Leçon n°3. 29min52-31min15.

Description de l’activité Entretien d’auto-confrontation

Composantes du signe Jean reçoit la balle dans la raquette mais

elle glisse.

Léo : « Vas-y Jean vas-y ».

Jean rattrape la balle, l’envoie à Léo mais la balle est interceptée. La balle leur est rendue.

Jean avance vers le panier, reçoit la passe et tire au panier. La balle rebondit et ressort. Jean court toucher le mur à droite et recourt derrière les joueurs dans l’autre sens. sR – Actualisation : il faut aller toucher le mur après

Au cours de cet extrait, Jean tire au panier puis court vers le mur pour le toucher et repartir (eR1) mais il a un doute sur ce qu’ils doivent faire ensuite. Il demande alors à Léo s’ils sont en attaque ou en défense (eR2) et valide ainsi la connaissance sur le fait de venir en défense après avoir touché le mur (I).

L’organisation des passages par alternance des équipes met du temps à se mettre en place pour Jean. Il trouve l’exercice compliqué et a du mal à comprendre les rotations des différentes équipes dans l’exercice : « ça a mis un peu de temps à se mettre en place parce que l’exercice était un peu compliqué niveau relais, c’était pas simple » (extrait EAC9, Leçon 3, 33min28).

Dans cette situation, la majorité des connaissances typifiées par Jean portent sur les règles du jeu, notamment sur l’organisation et l’alternance entre les équipes en défense et en attaque.

Quelques connaissances apparaissent sur les positions en attaque, qui sont des attendus de l’enseignante dans la situation. Ces connaissances se typifient en faible nombre et uniquement en fin de leçon.

Lors de la Leçon 5, la Situation B correspond à des exercices à réaliser par groupe de quatre autour d’un panier. Les groupes sont hétérogènes, « afin que les meilleurs joueurs aident les

9 EAC : Entretien d’AutoConfrontation

autres à s’améliorer dans les différents exercices »10. Deux joueurs issus du groupe « confirmé » sont donc censés aider deux joueurs issus du groupe « débrouillé ».

L’objectif global de ces situations est de développer des connaissances pour passer un défenseur : « utiliser un pied de pivot », « feinter ou s’appuyer sur le défenseur pour le passer ».

Comme nous l’avons vu dans la Figure 15, beaucoup de connaissances sont liées aux règles du jeu lors de cette situation. Les consignes de l’enseignante portent sur les trois exercices à réaliser, où les élèves doivent mener dix passages chacun à chaque fois : a) les élèves doivent d’abord passer un défenseur face à eux en utilisant leur pied de pivot ; b) ils doivent ensuite essayer de feinter un défenseur après avoir reçu une passe ; c) ils doivent passer le défenseur en s’appuyant dessus après avoir reçu une passe d’un partenaire. Suite aux explications de l’enseignante, Jean se dirige avec son groupe et discute avec eux pour savoir quelle situation ils réalisent en premier. Il construit la connaissance que deux élèves endossent le rôle de coach pour conseiller les autres, et la connaissance que le premier exercice est celui où un joueur attaque et l’autre défend (Tableau 18).

Tableau 18. Extrait de la Leçon 5 : Jean et son équipe se mettent d’accord sur le premier exercice à réaliser.

Leçon n°5. 17min25-17min56.

Description de l’activité Entretien d’auto-confrontation

Composantes du signe Jean se regroupe avec ses

partenaires pour les exercices de la Situation B après les explications de l’enseignante. et enfin un qui regarde et qui coache quoi qui

Lors de cet extrait, Jean demande à Léo quel exercice ils doivent faire, puis construit la connaissance de faire le premier exercice où un joueur va au panier et l’autre doit défendre (I2).

10 Ces extraits illustrent des attendus de l’enseignant : ils sont issus des documents pédagogiques et des consignes qu’elle a données pendant la Leçon.

En écoutant les explications de Léo (R), il comprend également que Léo ne fait pas l’exercice et va les coacher pendant l’exercice (I1).

Au bout de plusieurs essais sur l’exercice, les joueurs de son groupe entendent l’enseignante dire qu’il faut faire dix passages chacun sur chaque exercice, alors qu’ils pensaient qu’il fallait en faire cinq. Les élèves doivent noter le nombre de passages réussis sur la feuille de l’enseignante pour chaque exercice. Comme ils n’ont fait que cinq passages, ils choisissent de multiplier par deux le score pour le noter sur la feuille de l’enseignante et éviter ainsi de refaire d’autres passages (Tableau 19).

Tableau 19. Extrait de la Leçon 5 : Jean et son équipe choisissent de multiplier le score par 2 pour ne pas avoir à refaire l’exercice.

Leçon n°5. 23min48-24min10.

Description de l’activité Entretien d’auto-confrontation Composantes du signe Jean s’approche de la fallait pas faire 5 par personne mais 10

C : Qu’est-ce que tu te dis là ? Léo : Euh je sais pas… bah je me disais que quand je réfléchissais à s’il fallait qu’on refasse ou s’il fallait qu’on laisse comme ça et puis finalement on a laissé… on était plus sur la partie statistique que sportive du coup.

C : Plus statistique ?

Léo : bah au final si on multipliait par 2 ça faisait 8 sur 10 donc c’était plutôt bien c’est un peu extrapolé mais ça reste bien.

sR – Actualisation : il faut noter le score sur les essais U : réfléchit s’il faut refaire

I1 – Invalidation : il faut faire 5 essais par exercice I2 – Construction : le score multiplié par 2 est un peu extrapolé

Lors de cet extrait, Jean entend l’enseignante dire qu’il fallait faire dix passages sur chaque exercice (R) et invalide le fait qu’il fallait n’en faire que cinq (I1). Pour ne pas avoir à refaire l’exercice, ils multiplient leur score par deux pour noter le score sur la feuille de l’enseignante, tout en se rendant compte que c’est un peu « extrapolé » comme score (I2).

Ces différents extraits montrent que les règles du jeu prennent une place importante dans l’activité de Jean dans les Situations B : il met du temps à comprendre les règles du jeu dans les situations de travail, ou alors il modifie les règles mises en place par l’enseignant pour ne pas refaire un exercice. Deux éléments peuvent expliquer cette place importante des règles dans les Situations B pour Jean : a) les consignes collectives verbales de l’enseignante ne semblent pas toujours faire sens pour lui, et il demande souvent à ses camarades des explications sur les

règles du jeu de la situation ; b) les Situations B mises en place par l’enseignante changent à chaque leçon, en fonction de ses objectifs et de ses attendus en termes de compétences à construire, ce qui peut expliquer le temps de compréhension à chaque leçon de la situation par Jean.

2.1.1. Une condition défavorable : les consignes ne font pas toujours sens pour Jean

Lors de la mise en place des Situations B, Jean demande souvent à ses camarades des explications sur les règles du jeu des situations, comme nous l’avons vu dans le Tableau 16. Ce constat peut s’expliquer par le fait que les consignes verbales de l’enseignante lors de regroupements collectifs ne font pas toujours sens pour Jean, et il a besoin d’explications supplémentaires. Ce constat est prégnant dans les extraits ci-dessus (Tableaux 16 à 19). En analysant la façon dont les perceptions de Jean participent à la typification des connaissances relatives aux règles du jeu, on peut voir que les Representamen portent principalement sur les autres élèves, en plus de ceux concernant l’enseignante (Figure 16). Les colonnes orange correspondent au nombre de fois où une connaissance relative aux règles du jeu se typifie en fonction d’un Representamen lié à un autre élève.

Figure 16. Typification des connaissances relatives aux règles du jeu pour Jean et leur lien aux différentes catégories de Representamen.

Les informations issues des autres élèves sont donc une source régulière pour Jean dans la typification des connaissances relatives aux règles du jeu, et particulièrement en Leçon n°3, comme nous l’avons vu dans les extraits précédents.

2.1.2. Une condition défavorable : le changement de la Situation B à chaque leçon

Un deuxième élément d’explication à cette place importante des règles du jeu dans l’activité de Jean dans les Situations B concerne le caractère changeant de ces situations. En effet, l’enseignante met en place des situations différentes à chaque leçon en fonction de ses objectifs et de ses attendus par rapport à la compétence visée. Ce changement à chaque leçon semble mettre en difficulté Jean, puisqu’il met du temps à comprendre les règles à chaque leçon.

L’exemple typique de la Leçon 3 met en évidence que les connaissances attendues par l’enseignante relatives à la contre-attaque sont peu nombreuses et apparaissent en toute fin de situation, tandis que les connaissances relatives aux règles du jeu se typifient tout au long de la situation.

Ce premier élément de résultat concernant la présence des règles du jeu dans la Situation B nous invite à comprendre l’importance des interactions entre les élèves au profit de la construction de connaissances relatives à la compréhension des règles du jeu. En effet, la condition essentielle pour que les objectifs de l’enseignante soient atteints concerne le fait que les élèves aient compris l’exercice et puissent y développer des connaissances en vue de la construction d’un agir compétent. Dans les extraits présentés, il semble que le temps de compréhension des exercices par Jean soit un obstacle au développement des connaissances attendues par l’enseignante : en effet, elles apparaissent souvent à la fin de l’exercice et en nombre moins important que les connaissances relatives aux règles du jeu. Le fait de changer les situations de travail à chaque leçon est un facteur explicatif de cette difficulté de compréhension par Jean, et constitue un obstacle à la construction d’un agir compétent : il n’a pas toujours le temps de construire les connaissances attendues par l’enseignante dans ces situations.

2.2. Peu de connaissances sur les règles du jeu lors de la Situation A pour Jean

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 159-168)

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