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Résumé : Pour réfléchir par soi-même aux modalités permettant à l’AB de changer d’échelle "sans perdre son âme", la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France a initié une recherche-action menée par un panel de producteurs bio. Elle se centre sur la problématique de l’organisation économique des producteurs bio. Cette organisation est-elle capable d’accueillir de nouveaux acteurs tout en portant le projet socio-économique et environnemental des producteurs bio ? La construction d’un cadre d’analyse des organisations économiques de producteurs bio par rapport au sens recherché d’une économie relocalisée, durable et solidaire constitue le premier résultat de ce programme.

Mots-clés : recherche-action, économie, filières bio, territoire, gouvernance

Projets dans lesquels s’intègrent les travaux : Programme FNAB bénéficiant de la contribution financière du CASDAR (Compte d’affectation spéciale "Développement agricole et rural")

Partenaires impliqués : INRA SAD, UMR Innovation Supagro Montpellier, MBIM, EBF, Coheflor Bio

Contexte

Depuis 2007, l'AB connait une nouvelle phase de changement d’échelle. Ces périodes engendrent des mutations notamment dans les modes de commercialisation des produits, qui peuvent provoquer une altération progressive des principes constitutifs du mode de production bio. La multiplication des acteurs change les équilibres et engendre une confrontation de plus en plus forte à des logiques de compétitivité prix qui peuvent aboutir à force de pressions et de tensions sur les systèmes de production à la dégradation des pratiques sociales et environnementales. Quelles sont les modalités d’organisation permettant l’optimisation des coûts sans détériorer les pratiques performantes en termes sociaux et environnementaux ?

Objectifs et enjeux du travail de recherche

Il s’agit d’accompagner les producteurs bio dans un cheminement leur permettant de théoriser leurs innovations organisationnelles de mise en marché collective et de valoriser les spécificités du mode de production biologique. L’enjeu est de rendre visible ces innovations, et de les inscrire dans un cadre théorique approprié pour penser leur pérennité et leur expansion. L’objectif d’une forte implication des producteurs est qu’ils construisent eux-mêmes ce cadre, se l’approprient et s’en inspirent pour structurer leurs réflexions et actions, et enfin qu’ils puissent le partager avec d’autres acteurs des filières et territoires.

Démarche scientifique

C'est une démarche innovante de recherche-action sur une approche transversale des filières de production, où les producteurs endossent le rôle de chercheurs. Accompagnés par ceux-ci, ils ont élaboré leurs questions de recherche : "Quels modes d’organisation des producteurs pour accompagner le changement d’échelle de l’AB et permettre une économie agroalimentaire relocalisée, durable, équitable et solidaire ?" et la problématique associée. Ils ont mobilisé des chercheurs de diverses disciplines et retenu les concepts suivants :

- "conventionnalisation", pour appréhender le contexte,

- "diversité", comme source d’innovation et de résilience mais nécessitant d’être identifiée et pilotée,

- "interdépendance" : né de la rencontre entre écologues et économistes, ce concept considère comme centrales, dans la réflexion économique et organisationnelle, les interrelations entre territoire, environnement, milieu social et activité économique agricole,

- "gouvernance", comme processus de mise en relation et de gestion des interdépendances et de la diversité,

- la théorie des transitions sociotechniques, permettant d’appréhender les mécanismes de transitions d’une économie de niche à un nouveau modèle, notamment l’hybridation au modèle dominant.

Acquis scientifiques

Par la mobilisation de ces concepts, le panel a construit un cadre d’analyse (Figure) de ses organisations par rapport au sens recherché d’une économie agroalimentaire relocalisée, durable et solidaire. Celui-ci repose sur un projet systémique de transformation socio-économique des territoires au sein desquels les interdépendances sont considérées comme centrales. Les performances sociales et environnementales ne sont plus considérées à la marge3. Ce qui induit la nécessité de "co responsabiliser" les acteurs autour de celles-ci. Des partenariats multiples permettent de mobiliser les capitaux territoriaux, de gérer la diversité des systèmes et des productions, et de penser les complémentarités entre les différentes échelles territoriales. Ce cadre a été validé par 13 entretiens ouverts auprès d'organisations économiques de producteurs bio. L’analyse de ces entretiens a également permis d'identifier et caractériser des dispositifs de mise en pratiques des dimensions du cadre d'analyse qui feront l’objet d’un recueil dont la publication est à venir.

Figure : Cadre d'analyse pour une gouvernance agroalimentaire relocalisée durable et solidaire

Impact des résultats / applications / résultats opérationnels

Cette recherche-action permet de rendre visibles des innovations organisationnelles construites par les organisations économiques de producteurs bio pour valoriser les performances sociales et environnementales des filières biologiques et mettre au cœur de l’économie la cohésion sociale et environnementale. Par exemple, certains entretiens ont montré comment la concertation entre organisations de producteurs bio et entreprises d’insertion, partageant un projet social, aboutit à des partenariats commerciaux valorisant ce projet. Producteurs et entreprises d’insertion partagent ainsi leurs réseaux et augmentent leurs capacités d’action. Ils contribuent à sensibiliser par de l’information et à impliquer par leurs actes d’achat leurs clients dans un projet social et environnemental. Les entretiens permettent de confirmer que le cadre d’analyse est pertinent pour interroger les pratiques des organisations économiques de producteurs bio à l’aune de leur projet socio-économique et environnemental. Le thème de la concertation interne a longuement été développé ; une fiche du recueil lui sera consacrée, explicitant les dispositifs mis en place par les organisations pour impliquer les producteurs dans les décisions, renforcer les liens entre producteurs et salariés, donner vie à un projet commun. D’autres fiches relèveront les dispositifs de partenariat avec les acteurs du territoire ou des filières.

Perspectives

Cette recherche a permis de rendre lisible le modèle prôné par les producteurs bio. Il sera la base d'un outil "bilan des pratiques des organisations économiques de producteurs bio", leur permettant de faire le point sur leurs pratiques autour des thèmes abordés par le cadre d’analyse, de "re convoquer le projet", de favoriser son appropriation par les adhérents et de suivre des indicateurs sur plusieurs années. Il sera également la base de discussions à venir avec les partenaires économiques des filières et des territoires. Les conditions de son développement et de sa pérennité sont à affiner et à construire avec les acteurs des filières et des territoires. Pour en savoir plus

http://nouvelleeconomiebio.blogspot.fr/

"La nouvelle économie bio ; Témoignages et expériences", novembre 2012, FNAB, 17 pages. Consultable en ligne

3Le concept d’externalité utilisé par le modèle économique dominant tend à considérer les impacts environnementaux et sociaux d’une activité économique

Session "Dynamique des filières et des territoires" Poster 25

Projet en cours

Securbio : Sécurisation des filières biologiques par la gestion des contaminants et la prévention

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